Lagarce

Texte A- Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1ère partie, scène 3 SUZANNE. – Parfois, tu nous envoyais des lettres, parfois tu nous envoies des lettres, ce ne sont pas des lettres, qu’est-ce que c’est ? de petits mots, juste des petits mots, une ou deux phrases, rien, comment est-ce qu’on dit ? elliptiques. « Parfois, tu nous envoyais des lettres elliptiques. ? Je pensais, lorsque tu es parti (ce que j’ai pensé lorsque tu es parti), lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie (l? ue ça commence), je pensais que ton m ce que tu souhaitais toute façon allais faire dans la p g d’écrire) ou que, de – et nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, tu Swige to next page ne peux pas ne pas le savoir, une certaine forme d’admiration, c’est le terme exact, une certaine forme d’admiration pour toi ? cause de ça -, ou que, de toute façon, si tu en avais la nécessité, si tu en éprouvais la nécessité, si tu en avais, soudain, l’obligation ou le désir, tu saurais écrire, e servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore. Mais jamais, nous concernant, jamais tu ne te sers de cette possibilité, de ce don (on dit comme ça, c’est une sorte de don, je crois, tu ris) jamais, nous concernant, tu ne te sers de cette qualité – c’est le mot et un drôle de mot puisqu’il s’agit de toi – jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes, avec nous, pour nous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. Cest pour les autres. 2