1 1. 1 – Une contrainte légale De part et d’autre de l’Atlantique, les grandes entreprises sont aujourd’hui dans l’obligation légale de rendre compte de l’impact environnemental, so d’autres termes d’év dans les domaines s La protection de l’en l’entreprise 3 p g activités.
Il s’agit en té de l’entreprise te écologique de La santé et plus généralement le bien être de ses salariés ainsi que le respect des droits de la personne au sein de l’entreprise L’équité et l’honnêteté de ses pratiques commerciales avec ses clients comme avec ses fournisseurs L’amélioration et le renforcement du tissu social dans lequel sont nserées l’entreprise et ses implantations.
En France, depuis la loi NRE (Nouvelles Régulations Economiques) de 2001 , les sociétés cotées avaient l’obligation légale d’intégrer dans leur rapport annuel une information officielle sur les « conséquences sociales et environnementales » de leurs activité. Cette disposition a été renforcée par les Lois Grenelle et Il (2009 et 2010) qui d’une part étendent cette obligation à toutes les entreprises de plus de 500 salariés, et d’autre part exigent que cette information fasse l’objet d’un document spécial : le rapport ? extra-financier » de l’activité de l’entreprise. ommuns à la manière des normes comptables qui structurent la présentation des résultats des entreprises. S’il existe des sociétés indépendantes qui ont leur propre système d’évaluation de la performance des entreprises (Eiris Itd, Inrate, MSCI ESG, Oekom research, Sustainalytics, Vigeo, etc. ), aucune n’a pu imposer un standard RSE. Chaque entreprise dispose donc de ses propres indicateurs et tableaux de bord qui lui permettent de se comparer à elle-même au fil des ans, et de vérifier le rythme de sa rogression en matière de RSE.
Si la norme ISO 26000 définit bien les domaines de l’action des entreprises en matière de RSE (cf plus bas, p. 7), elle ne prescrit pour aucun de ceux-ci des normes permettant d’évaluer les bonnes pratiques, pas plus qu’elle ne propose des méthodes de mesure des performances. 1. 1. 2 Un enjeu d’image de marque Au delà de la contrainte légale, l’action des entreprises en matière de RSE est également un enjeu d’image de marque et de réputation d’entreprise.
Aujourd’hui, comme toutes les Institutions et tous les pouvoirs, les entreprises sont soumises ar les parties prenantes de leur activité à l’exigence de devoir répondre de leur action (en quoi consiste littéralement la responsabilité). La nécessité pour les entreprises d’être profitables n’est plus guère mise en cause aujourd’hui. Leur rôle en tant que moteurs de l’économe, principales pourvoyeuses d’emploi et actrices majeures de la prospérité n’est plus condamné dans son principe par l’opinion.
En revanche la critique s’est faite plus pragmatique : on admet que les entreprises doivent être profitables, mais on souhaite que le profit soit redistribué équitablement entre ceux ui ont contribué à le générer (dirigeants, 2 OF profit soit redistribué équitablement entre ceux qui ont contribué à le générer (dirigeants, actionnaires, ou salariés). On concède que la meilleure performance est un objectif légitime, mais on exige qu’elle soit atteinte dans le respect des personnes et sans détériorer l’environnement.
Leur nouvelle légitimité à peine acquise, les entreprises se retrouvent sous le feu des questions que leur adressent les secteurs les plus variés de l’opinion publique. Nous avons voulu savoir comment elles assument cette responsabilité devant la ociété ; comment elles répondent à leurs parties prenantes sur l’impact de leur action sur l’environnement, sur la manière dont elles se conduisent avec leurs collaborateurs, et plus généralement sur leur contribution au bien commun de la société. 1. 1. – Une question culturelle A l’absence de normes et de métriques communes à l’ensemble des entreprises pour évaluer leur action en matière de RSE s’ajoute la variation du sens des notions associées au thème de la RSE selon les cultures régionales des territoires où interviennent les entreprises. Les notions d’équité, d’environnement, de itoyenneté, voire même de responsabilité, ont-elles le même sens pour toutes les entreprises du monde et notamment pour les entreprises françaises et américaines ?
Angie et Scan-research se sont ainsi associés pour comparer les discours des grandes entreprises sur leur responsabilité sociétale afin de d’identifier et d’évaluer les convergences et les divergences de part et d’autre de l’atlantique. 1. 2. 1 – Objectifs de l’étude L’étude a cherché notamment à répondre aux questions suivantes : Quels sont les thèmes associés à la notion de responsabilité d’entreprise pour chacun des deux pays ? OF sont les thèmes associés à la notion de responsabilité Sont-ils les mêmes ? Chacun de ces thèmes a-t-il le même poids dans le discours des entreprises de l’un et l’autre pays ?
Utilisent-elles le même registre de vocabulaire ? Ces différences et ces similitudes indiquent-ils des différences d’interprétation de la notion même de responsabilité sociale et sociétale entre les entreprises françaises et américaines ? Et si oui lesquelles ? 1. 2. 2 – Principe de l’étude : analyser le discours des grandes sociétés Cenquête a pris pour matériau les discours des entreprises rançaises et américaines publiés au cours de l’année sur leurs sites Internet à propos des questions de responsabilité sociale d’entreprises.
Afin de déterminer quelles entreprises devaient entrer dans le périmètre de l’étude, nous avons retenu les classements des entreprises les plus importantes dans chacun des deux pays : le SBF 120 pour la France et le Fortune 500 pour les USA. On trouvera en annexe la liste des entreprises entrant dans le cadre de rétude ainsi que les adresses internet (URL) des pages étudiées. 1. 2. 3 – Le recueil des données Le corpus est composé de la manière suivante France : sociétés du SÛFI 20 20 684 documents ont été recueillis sur les sites institutionnels de ces sociétés.
USA : sociétés du Fortune 500 40 455 documents ont été recueillis sur les sites institutionnels de 1. 2. 4 – Grille d’analyse : suivre les prescriptions de la norme Iso 26 000 Censemble de ces docum nalvsés de facon ? 4 action en matière de RSE. pour organiser ces thèmes nous avons suivi la division proposée par la norme ISO 26000 qui est le standard adopté aujourd’hui internationalement pour analyser les performances des entreprises en matière de RSE/CSR.
La norme ISO 26000 distingue « sept questions centrales de responsabilité sociétale : la gouvernance de l’organisation / organizational governance les droits de l’Homme / Human rights les relations et conditions de travail / Labor practices l’environnement / Environment la loyauté des pratiques / Fair operating practices les questions relatives aux consommateurs / Consumer issuess les communautés et le développement local / community involvment and development Nous avons ainsi identifié dans le discours des entreprises les différents thèmes qui se rapportent à chacune de ces 7 questions.
On parvient ainsi à la grille d’analyse suivante : RSE et actionnaires / holders information Indicateurs et RSE / CSR Indicators Performances économiques / Business performances Respect des droits de l’homme / CSR an human rights Améliorer le monde / Make the world a better place LGBT / LG3T Parité-Mixité / Gender parity Protection de la vie privée / Protection of private life Diversité / Diversity-lnclusion Handicap : CSR and disabled persons RSE et collaborateurs / CSR and HR Dialogue social / Collective ba ainin Hveiène et sécurité / Healt s OF l’environnement Protection de Penvironnement / protection environment
Limitation des émissions de C02 / reduction of carbon footprint Protection de la biodiversité / protection of biodiversity Relations avec les fournisseurs : CSR & relationships With suppliers les questions relatives aux consommateurs / consumer issues RSE et consommateurs / sustainable consumption Contribution aux économies locales Entreprise citoyenne / corporate citizenship Protection de l’enfance / Childhood welfaire Mécénat / Corporate sponsorship (arts & culture) Sponsoring sportif / corporate sponsorship (sports) La grille des thèmes du discours des entreprises françaises sur la esponsabilité sociétale d’entreprise La grille des thèmes du discours des entreprises américaines sur la Corporate Social Responsibilty (CSR) 1. 2. 5 – Le traitement des données Rappelons que le principe de Vétude est d’évaluer l’importance relative accordée à chacune de ces questions dans le discours des entreprises.
Pour ce faire, le traitement consiste en deux opérations : identifier les occurrences de ces thèmes parmi l’ensemble des documents collectés 6 OF cette question n’arrive qu’en deuxième place dans celui des entreprises françaises. On constate également que les entreprises américaines ccordent une place relativement plus importantes que les entreprises françaises aux questions liées à la gestion elle- même (gouvernance, loyauté des pratiques, relations avec les fournisseurs, etc. ). Inversement les entreprises françaises accordent relativement une place plus importante à leurs relations avec les consommateurs La contribution des entreprises aux communautés dans lesquelles elles sont implantées est pour les deux pays un enjeu important.
On constate toutefois que le sens de cette contribution n’est pas tout à fait le même pour les Américains et pour les Français. our ces derniers, il s’agit le plus souvent de l’aide apportée par les entreprises au développement des pays dans lesquels ils sont implantés. Cette dimension n’est pas absente du discours des entreprises américaines, elles y ajoutent cependant une nuance caractérisitique plus rare dans le discours des entreprises françaises : être de « bons voisins Les entreprises américaines étendent en effet leur responsabilité sociétale jusqu’à leur participation en tant que citoyens à la vie des collectivités qui les accueillent notamment dans leur pays d’origine, et pas seulement dans leurs filiales étrangères.
En matière de relations sociales, les entreprises américaines, autant que les françaises se bornent le plus souvent à indiquer que non seulement elles respectent la législation du travail dans les pays où ils interviennent, mais que plus encore, ils respectent les normes internationales plus exigentes (ONU, BIT, etc. ). Il convient ici de souligner un effet induit potentiellement important d OF exigentes (ONU, BIT, etc. ). important de la démarche de RSE. Le discours des entreprises en matière de droit sociaux, vise à indiquer qu’ils ne se limitent pas aux prescriptions des pays dans lesquels ils sont implantés, ais qu’ils tendent à satisfaire aux exigences internationales plus élevées, voire à celles de leurs marchés d’orgine (par exemple sur la question du travail des enfants).
On voit ainsi s’amorcer un mouvement d’extension et d’amélioration des normes sociales depuis les pays occidentaux vers les pays émergents dans lesquels les multinationales son implantées ; mouvement porté par l’action des entreprises plutôt que par les luttes sociales ou les politiques gouvernementales. Une remarque analogue peut être faite à propos de l’exigence de respect des droits de l’homme. On remarquera une différence de nuances dans la manière dont Français et Américains interprétent leurs obligation en matière de responsabilité sociétale dans leurs relations avec leurs employés. Pour les Français la RSE est un ensemble de normes à respecter dans le cadre des relations sociales au sein de l’entreprise. Pour les Américains, elle intègre également les incitations et le soutien des entreprises à leurs salariés quand ils s’engagent volontairement dans des actions d’intérêt général.
La comparaison des discours de responsabilité en matière ‘environnement fait moins apparaître des différences nationales que des différences de secteurs d’activité. Le cllivage sur ce plan passe moins entre entreprises françaises et américaines, qu’entre entreprises dont Fimpact sur l’environnement est direct (énergie, transport, hôtellerie, etc. ) et celles dont l’impa 8 OF l’environnement est direct (énergie, transport, hôtellerie, etc. ) et celles dont l’impact est moins direct (service, banque, assurances, etc. ). Le discours sur rempreinte carbone est celui où les entreprises se montrent les plus précises (plus que sur la bio-dlversité).
Il est en ffet possible de mesurer avec précision l’action de l’entreprise dans ce domaine ; l’unité de compte universelle étant la tonne de C02 rejetée. Ceci rend sensible par contraste l’absence de consensus sur des indicateurs clairs de performance dans les divers champs de la RSE (chaque entreprise optant pour le sien propre, ou ceux d’organisations de certifications diverses). Ily a l? clairement une limitation importante de l’efficacité de l’action des entreprises en matière de RSE. 3. 1 Tableau comparatif du poids de chacune des questions centrales de responsabilité sociétale dans les discours des ntreprises américaines et françaises 3. 2 Premières remarques Cette première comparaison fait apparaître des différences significatives entre les deux discours.
On constatera en premier lieu une divergence importante quant aux questions considérées comme les plus importantes en matière de RSE. Pour les entreprises françaises, ces trois questions sont les suivantes 1. la communauté et le développement local (30% des documents) 2. les relations et les conditions de travail (25% des documents) 3. fenvironnement (18 % des documents) Si on retrouve ces trois questions en tête des sujets traités par les ntreprises américaines, leur hiérarchie n’est pas la même 1. les relations et les condi il (34 % des documents) l’environnement (19 % des documents) 3. la communauté et le développement local (11 % des 3. 2. 1 : Les entreprise les plus préoccupées par le social ne sont pas celles que l’on croit.
Ce qui frappe évidemment dans ce classement c’est Paccent mis par les entreprises américaines sur les relations avec leurs employés (près de 10 points d’écart avec leurs homologues françaises sur cette question). Autrement dit, des deux pays, c’est celui dans lequel la législation est la moins directement rotectrice de l’emploi que l’on semble se sentir le plus responsable des conditions dans lesquelles travaillent les salariés et de la qualité des relations qui se nouent avec eux au sein de l’entreprise. 3. 2. 2 : Une préoccupation équivalente sur les questions d’écologie. Sujet emblèmatique de la responsabilité sociétale des entreprises, l’environnement est une question à laquelle les entreprises des deux bords accordent la même importance : du corpus français, contre du corpus américain. 3. 2. : Une différence importante sur l’impact de l’activité de l’entreprise sur les communautés et le développement local. Une véritable différence entre les cultures nationales d’entreprise est en revanche manifeste si l’on observe l’importance qu’elles accordent respectivement à l’impact de leur activité sur les communautés locales (30% pour les entreprises françaises, 16% pour les entreprises américaines). Cette différence tient pour une part à l’attention des entreprises françaises disposant d’une implantation mondiale, à leur action dans les pays en voie de développement ; comme si les multinationales françaises avaient pour hantise, au travers de leurs discours sur la RSE, de se disculper de toute accu 0 3