« Alternatives de financement, rationnement du crédit, et relation bancaire » Ludovic Vigneronl Université Robert Shuman Strasbourg III LARGE 47, Avenue de la Forêt Noire 67082 cedex Université de Lille Il GERME ESA , Place Déli0t 59000 Lille (Version préliminaire Résumé : 4 Swip page D’un point de vue général, les entreprises les plus petites et les plus Jeunes éprouvent des difficultés à accéder à juste proportion de leurs besoins aux prêts bancaires.
Cette situation de rationnement basée sur Fimportante asymétrie d’informations dont souffre leur fournisseur de crédit les conduits ? utiliser des financements alternatifs coûteux de manière poursuivre et faire croître leur activité. Nous considérons lors de cette études trois de ces financements : le crédit fournisseur, la dette de court terme auprès de l’Etat et le crédit bail. Nous confrontons les mesures de leur utilisation à l’existence ou non d’une relation implicite de long stratégie de gestion des problèmes d’asymétrie d’information différente des banques décentralisés.
Mots clés : PME, Structure financière, Rationnement du crédit, Relation de clientèle, Banque principale JEL. G21 ; G32; E-mail : vigneron_ludovic@yahoo. fr 2 1. Introduction Nous étudions les conséquences sur le mode de financement des entreprises de la mise en place d’une relation de clientèle de long terme avec une banque. La théorie financière s’accorde sur rexistence de difficultés particulières d’accès aux financements pour les structures les plus petites et les plus jeunes.
Celles-ci souffrent de la situation d’asymétrie d’informations dans laquelle se trouvent leurs apporteurs de fonds conduisant ces derniers à limiter leurs interventions. Les créanciers bancaires n’échappent pas à ce hénomène. Ainsi, les entreprises les plus opaques doivent régulièrement faire appel ? des modes de financement alternatifs pour compenser le désagrégement du rationnement des apports en crédit bancaire.
Il serait, cependant, trompeur de considérer les banques comme uniformes dans leurs comportements vis ultés informationnelles 2 OF étude est d’examiner les conséquences de ces modes de gestion sur le rationnement du crédit bancaire subit par les entreprises en fonction de leur opacité. Les travaux antérieurs à la suite de Petersen et Rajan (1994), aux Etats-Unis, ettent en évidence dans leur grande majorité une réduction des difficultés d’accès au financement bancaire pour les entreprises les plus opaques avec l’instauration d’une relation implicite de long terme avec une banque privilégiée.
Ce résultat a été répliqué sur de nombreux pays. Par ailleurs, Berger et al (2005) et El Hajj Chehade et Vigneron (2006) relèvent que les entreprises ayant choisi une banque principale décentralisée, plus à même de fournir un financement relationnel selon Stein (2002), sont moins fréquemment rationnées que leurs homologues ayant réalisé le choix opposé. Pour notre part, à partir d’un échantillon de 5 401 relations banque principale/PME tirée de la base de données DIANE2, nous examinons le recours réalisé par les PME opaques à des financements de remplacement du crédit bancaire classique dans le cadre d’une relations avec une banque principale susceptible ou non d’adopter une gestion relationnelle.
Nous relevons que la mise en place d’une telle configuration permet bien de limiter le recours aux alternatives coûteuses que sont le crédit fournisseur, la dette auprès de l’Etat et le crédit bail, et donc de réduire les problèmes d’asymétrie 3 ême que les principaux résultats empiriques disponibles. La section 3 présente les hypothèses testées et décrit le jeu de données utilisé. La section 4 traite des différents résultats obtenus. La dernière section résume les principales conclusions. 2.
Littérature . La vision classique du marché sur lequel les prix permettent d’ajuster l’offre et la demande, et ainsi de satisfaire rensemble des agents, connaît dans le domaine du crédit bancaire d’importantes contradictions. Ainsi, Stiglitz et Weiss (1981) montrent que, dans le cadre d’une asymétrie d’information ex ante entre prêteur et emprunteur, une ugmentation du taux d’intérêt ne fera pas que réduire la demande de crédit mais influera également sur le risque des projets soumis à financement.
Le poids des charges d’intérêts supplémentaires rendent d’une part les remboursements plus difficiles (sélection adverse) et d’autre part incite les emprunteurs à entreprendre à l’avenir des activités plus risquées (hasard moral). Ceci conduit les banques à préférer limiter leurs encours de financement plutôt que de procéder à une augmentation de taux. Certains projets rentables se trouvent ainsi privés de financement faute d’ajustement du marché du rédit.
Ce phénomène de rationnement du crédit touche tout particulièrement les PME. En effet, celles-ci représentent, à la fois, la fraction du tissu productif la plus opaque, celle pour laquelle les asymétries d’informations sont les plus importantes, et la plus tributaire du financement bancaire (Allen et Bereer, 4 OF Richelieu 75002 PARIS) 4 Néanmoins, comme le soulignent Petersen et Rajan (1994), toutes mesures directes s’avèrent impossibles.
L’étude de ratios d’endettement bancaire présente à ce titre de graves limites. Le faible recours au crédit bancaire peut ? a fois être le fruit d’une limite d’offre matérialisée par un faible enthousiasme des banques à prêter, compatible avec l’hypothèse d’un rationnement, et d’une limitation de la demande exprimée par l’absence de besoins formulés. Cest pourquoi, il est généralement admis de recourir ? des solutions alternatives.
L’idée est la suivante. Si l’accès au crédit bancaire est limité, l’entreprise, si elle en a Foccasion, se tournera vers d’autres solutions de financement plus coûteuses. Leur degré d’utilisation reflète alors l’intensité de ces problèmes de rationnement (la contrainte d’offre). La première variable de ce type retenue dans la littérature fut le recours au crédit fournisseur (Petersen et Rajan, 1994, 1997).
Les entreprises rationnées en crédit bancaire ont ainsi tendance à retarder le paiement de leurs fournisseurs et ainsi renoncent ? bénéficier d’éventuelles ristournes pour paiement en avance, voire subissent des pénalités. Le coût d’opportunité d’un tel comportement se révèle important. Rapporté en base annuelle, le rendement rocuré r l’opération surpasse très largement le coût du s OF bénéficie pas nécessairement de la possibilité d’obtenir ce type de ristourne.
Les petites entreprises se voient ainsi moins souvent proposer cette possibilité que leurs homologues de grande taille. Cependant, des théories alternatives présentent le crédit fournisseur comme une solution au rationnement en crédit bancaire. Ainsi, Biais et Gollier (1997) montrent-ils qu’en début de vie, une entreprise opaque peut utiliser dans un premier temps une grande quantité de crédit fournisseur de manière à se signaler vis-àvis d’éventuels futurs prêteurs externes.
Dans le même ordre d’idée, Bukart et Ellingsen (2004) proposent le recours au crédit fournisseur comme solution our les entreprises sujettes au hasard moral. En effet, le risque de détournement des marchandises livrées Copération par exemple pour une remise de 2% obtenu en contre partie d’un règlement anticipé de vingt jours procure un rendement équivalent sur la période à un placement rapportant en base annuel de Û 01 + 100 6 OF du crédit fournisseur.
Faute de financement bancaire disponible, les entreprises rationnées retardent le règlement de leurs créances auprès l’Etat de manière à assurer un temps la liquidité de leur cycle d’exploitation quitte à subir les ourdes pénalités associées à un tel comportement. Une fois encore cette mesure nécessite de nombreuses précautions de manière à pouvoir clairement distinguer les situations de rationnement de celle de forte pression des prélèvements obligatoires. Le recours au crédit-bail a également été mis en avant comme une alternative au financement bancaire classique dans le cadre d’une limitation d’offre.
La garantie procurée par la réserve de propriété au bénéfice du crédit- bailleur sur l’actif financé limite fortement la possibilité de voir se développer chez l’entrepreneur un comportement éviant. Le risque de hasard moral en est d’autant réduit. Sharpe et Nguyen (1995) relèvent ainsi que l’utilisation du crédit-bail permet aux entreprises souffrant le plus des coûts liés à l’existence d’asymétries d’information de diminuer leur coût moyen pondéré du capital. Les plus opaques d’entre elles souscrivent ainsi le plus souvent à ce type de financement.
En extension de ce résultat, Filareto (2001) et De Bodt, Filareto et Lobez (2001) proposent un modèle de structure de financement externe des entreprises prenant ? la fois en compte la diminution des coûts d’agence, les coûts ssociés à la rétrogradation de la dette bancaire et la perte de flexibilité de factif générés par l’usage du crédit-bail. Ils montrent ainsi rexisten s de financement recourent majoritairement soit au crédit-bail, soit à la dette bancaire classique, les situations intermédiaires étant rares.
Celles qui font le plus de crédit-bail voient leur financement bancaire se renchérir en proportion et donc le réduisent de même. Les banques ne demeurent pas sans rien faire face aux situations de rationnement qui les privent d’opportunités de prêts rentables. Aussi, vont-elles par le truchement de 6 tructures contractuelles particulières chercher à diminuer l’importance des situations d’asymétrie d’information et leurs effets néfastes. La mise en place d’une relation implicite de long terme se présente comme la plus importante de celles-ci.
Sharpe (1990) montre ainsi qu’une banque est susceptible d’entrer dans un premier temps dans le financement d’une entreprise opaque, d’investir dans la réduction de son désavantage informationnel, afin de pouvoir, dans un second temps, en en apprenant plus que ses concurrentes, bénéficier de conditions tarifaires monopolistiques. Elle accorde alors tout ‘abord des crédits à taux faible, investit dans l’information, puis augmente ses taux relativement au risque réel de l’entreprise. Celle-ci lui reste alors fidèle pour deux raisons.
D’une part, si elle s’adresse à une nouvelle banque, elle doit à nouveau faire face aux problèmes d’asymétrie d’information et au rationnement associé. Et d’autre part, les banques concurrentes ne font as d’offres alternatives, car dans le cas où elles mauvaise qualité et renchérit jusqu’à sa limite de rentabilité pour les autres (Von Thadden, 1995, 2004). Cette configuration contractuelle particulière favorise ainsi es échanges d’informations entre prêteur et emprunteur garantissant la confidentialité vis-à-vis de la concurrence pour tout échange (Bhattachraya et Chiesa, 1995).
Ceci génère des économies de coûts de vérification des résultats des prêts accordés (Eber, 1999) et permet de faciliter d’éventuels renégociation afin d’utiliser plus efficacement certains instruments : clauses de gestion, garanties personnelles (Rajan et Winton, 1995). De nombreuses études empiriques confirment Faction positive de la mise en place d’un financement bancaire relationnel sur les problèmes des rationnement du crédit dont ouffre les PME et ce pour de nombreux pays.
Elles relèvent, ainsi, que les entreprises travaillant avec un nombre plus réduit de banques et travaillant depuis plus longtemps avec une banque particulière obtiennent plus facilement du crédit que leurs homologues (Petersen et Rajan, 1994 ; Cole, 1998, pour les Etats-Unis ; Angelini, Di Salva et Ferri, 1998 ; pour l’Italie ; Harhoff et Korting 1998 ; Elsas et Krahnen, 1998 ; Lehman et Neuberger, 2002 ; pour l’Allemagne ; De Bodt, Lobez et Statnik, 2005 ; pour la Belgique ; Ziane, 2003 , pour la France… . Stein (2002) montre que SI l’ensemble des banques est usceptibles d’offrir un financement relationnel certaines détiennent de part leur organisation un avantage difficilement transmissibles et vérifiables (soft) ? communiquer à d’éventuels préteurs relationnels. Celles-ci sont donc difficiles à faire circuler de manière efficace au sein des différents niveaux hiérarchiques des banques s’engageant dans leur financement.
Aussi, les plus décentralisées d’entre elles serontelles nécessairement plus à même d’utiliser ces informations et donc d’accorder un crédit dans ces conditions. Au sein de banques centralisées, les chargés d’affaires sont lairement découragés à entreprendre les démarches de mise en place de financements relationnels dans la mesure où ils éprouveront les plus grandes difficultés à justifier leurs décisions vis-à-vis de leur direction et ainsi n’en tireront que rarement bénéfice.
Les éléments empiriques tendant à appuyer ce résultats se multiplient. Ainsi, Nakamura (1994), Berger et Udell (1996), Strahan et Weston (1996) relèvent-ils que les banques de petite taille, comptant donc le moins de niveaux hiérarchiques, investissent une plus grande partie de leurs actifs dans le crédit aux PME que eur homologues de plus grande taille.
Berger, Klapper et Udell (2001 ) réalisent un constat équivalant concernant les banques étrangères, au sein desquels les niveaux de décisions sont plus éloignés de la base. Ces dernières prêtent moins fréquemment aux petites structures que leurs homologues locales. Berger, Miller, Petersen, Rajan et Stein (2005) de leur côté relèvent que les entreprises opaques n’ayant pour banque principale une banque centralisée paient plus tard leur crédit fournisseur our les premiers, leur créances auprès de l’Etat pour les 0 4