Anthologie poétique sur le Voyage Sommaire or 8 Sni* to View 10 12 13 14 15 16 17 estourdis En vieillesse peine et tourment, Qui Bourgs et Chasteaux plus de dix Ont acquis cauteleusement, Piteux cris et gemissements, Gouttes aux mains, bras décroisez, Et avant leur deffinement, Le danger d’être racoursez. Je laisse au pillart espillé La pillade qui va pillant, Tant qu’ung pilleur l’aura pillé, Plus gorrier et plus espillant : S’il est en pillart aggrapillant, Il pillera sa pillerie, Et l’autre qui fut espillant Sera noyé en pillerie. Je laisse aux vueilx souldars sans dens,
Bientaillez d’etre mal souppés, Lesquels par bien donner dedens, Ont plusieurs membres decoupez ; Aucuns ont piedz et poings griffez, par approcher les horions, Et les aultres fort brelaffrez, Plaindans leurs grandes passions. Je laisse à ceulx qui sans raison Ont ravy les biens de ce monde, Vrays heritiers de la maison De l’ennemy ord et immonde : Qui sus la pillade se fonde, Et veult d’ault uy l’argent despendre, Il se lance en bourbe profonde ; Cer enfin convient rendre ou endre jean MOLINET (1435-1507) Ballade contre les ennemis de la France Rencontré soit de bêtes feu jetant
Que Jason vit, quérant la Toison dior ; Ou transmué d’homme en bête sept ans Ainsi que fut Nabugodonosor ; Ou perte il ait et guerre aussi vilaine Que les Troyens pour la prise d’Hélène ; Ou avalé soit avec Tantalus Et Proserpine aux infernaux palus ; Ou plus que Job soit en grieve souffrance, Tenant prison en la tour Dedalus, Qui mal voudrait au royaume de France ! Quatre mois soit en un vivier chantant, La tête au fond, ainsi que serfs Ealus En la forêt où domine Glaucus, Ou privé soit de paix et d’espérance : Car digne n’est de posséder vertus, François VILLON (1431-?
Moyen age PAGF tant de traits, Et touchez dans la main d’une amiable paix Je suis celui pour qui vous faites tant la guerre. Assiste, amour, toujours à mon cruel tourment ! Fortune, apaise-toi d’un heureux changement, Ou vous n’aurez bientôt ni dispute, ni terre. Théodore Agrippa d’Aubigné 1 570-1577 Ode sur un bruit qui courut, en 1 656, que Cromwell et les anglais allaient faire la guerre à la France Quoi ! ce peuple aveugle en son crime, Qui, prenant son roi pour victime, Fit du trône un théâtre affreux, Pense-t-il que le ciel, complice D’un si funeste sacrifice,
N’a pour lui ni foudres ni feux ? pourris, dans nos plaines, N’ont fait qu’engraisser nos sillons. [3] 17eme siecle nicolas boileau se brise dans mon sein. Au monde je n’aimais que lui, mon camarade, Que lui seul, et voici qu’on le mène à la mort. pour le voir fusiller défile la parade ; Et c’est nous, pour tirer, nous qu’a choisis le sort. On arrive : ses yeux contemplent la lumière De ce soleil de Dieu qui monte dans le ciel… Mais d’un bandeau voici qu’on couvre sa paupière : Dieu clément, donnez-lui le repos éternel ! Nous sommes neuf en rang, déjà prêts sous les armes.
Huit balles l’ont blessé ; la mienne, – de douleur Leurs mains tremblaient, leurs yeux visaient mal sous les larmes, – La mienne l’a frappé juste au milieu du cœur. Imité de l’allemand. Auguste Lacaussade, Études poétiques, 1876 Carte postale Je t’écris de dessous la tente Tandis que meurt ce jour d’été Où floraison éblouissante Dans le ciel à peine bleuté Une canonnade éclatante Se fane avant d’avoir été Guillaume Apollinaire 1913 difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos Photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments Et c’est alors que l’un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan n grand soleil d’hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. Louis Aragon, Le Roman Inachevé Louis Aragon, Le Roman inachevé 1956 Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956