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Facebook : La culture ne s’hérite pas elle se conquiert FRANCK THILLIEZ PUZZLE Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fid saveur restent encor des âmes, à se rappe espérer, sur la ruine porter sans fléchir, s or4fi6 Sni* to View presque impalpable, l’ ditice immense du souvenir. Du côté de chez Swann, Marcel Proust Facebook : La culture ne Shérite pas elle se conquiert Toute l’équipe médicale qui suivait Lucas Chardon s’était éunie autour de son lit.

Dès son réveil, on avait retiré les différentes électrodes de l’électroencéphalogramme fichées sur son cuir chevelu. L’électrocardiogramme et les divers appareils encore reliés à son corps témoignaient d’un état parfaitement heureusement, les sangles sont là pour m’empêcher de me faire mal, n’est-ce pas ? La psych’atre s’assit au bord du lit et écarta la mèche châtaine qui masquait le regard de son patient. pour une fols, cette belle femme aux courts cheveux bruns, d’à peine trente ans, était habillée en civil, débarrassée de cette blouse blanche trop fficielle.

Cet hôpital public se trouvait à une petite centaine de kilomètres de lunité pour Malades Difficiles où elle exerçait. — Vous savez bien que nous ne pouvons pas faire autrement, Lucas. — On peut toujours faire autrement. Comment vous sentez-vous ? Le jeune homme tourna la tête vers la seule fenêtre de la chambre. Le ciel était chargé, menaçant. Ses yeux revinrent vers ceux, très bleus, de sa psychiatre. Combien de temps avez-vous essayé de me soigner avant mon arrivée ici, docteur Cléor ? — Vous ne vous le rappelez pas ? Comment le pourrais-je ?

Ne suis-je pas censé être fou ? Difficile, pour un fou, d’avoir des notions de réalité et de temps, non ? Cléor ne répondit pas sur-le-champ. Pour une fois, le discours de son patient lui paraissait extrêmement clair et cohérent. Et non agressif. — Quatre mois. Vous êtes resté quatre mois à l’UMD… jusqu’à présent. Et vous jugiez les électrochocs vraiment nécessaires ? Vous rendez-vous compte de la douleur que vous m’avez infligée durant toutes ces semaines ? z-vous ce que ça fait de recevoir des centaines de volts dans l’or anisme ?

On a l’impression que les yeux vont vous sortir l’organisme ? On a l’impression que es yeux vont vous sortir de la tête, que toutes vos veines vont exploser. Vraiment. Il faudrait que vous essayiez, un jour, vous comprendriez. Les psys devraient toujours tester leurs traitements sur eux-mêmes avant de les faire subir aux autres. Sandy Cléor observa brièvement les sangles qui immobilisaient son patient aux poignets. Il était capable d’agresser quelqu’un en une fraction de seconde. Il l’avait déj? fait, à maintes reprises. La psychose était une maladie perverse, destructrice.

Les malades qui en étaient atteints souffraient de sévères hallucinations, d’idées délirantes, et vivaient la plupart du emps dans une réalité parallèle, ce qui rendait toute forme de traitement extrêmement délicate. D’autant plus que Lucas Chardon, paranoïaque même dans ses moments de lucidité, prenait toute tentative de soin ou d’approche du personnel pour une persécution ou une conspiration contre lui. — Grâce à Félectrothérapie, certains souvenirs ont refait surface. Votre mémoire s’est rouverte à votre passé. Cela vous a aidé, quoi que vous en pensiez. ?? Arrêtez, docteur ! Vous n’avez fait qu’accroître ma peur et ma souffrance. Vous pensiez me soigner, mais vous avez seulement aggravé les choses. Le bip de l’électrocardiogramme s’affolait. Le cœur battait désormais à cent vingt pulsations par minute. Le jeune homme fixa l’aiguille de la perfusion dans son avant-bras et respira avec calme. — Vous avez eu de nombreuses conversations, ici même, avec ce grand fumeur de p respira avec ce grand fumeur de pipe qu’est le Dr Paul Gambier, alors que vous me croyiez « absent h. z-vous que vos mots ont failli me rendre, chaque jour, un peu plus fou ? ?? J’avoue avoir du mal à comprendre. Il eut une amorce de rire qui finit en un mauvais rictus lorsque sa poitrine se contracta. Il reprit la parole : Parlez-moi de Cécile Jeanne. Comment va-t-elle ? Continue-t-elle à voir des morts errer dans son sillage ? — Oui. Les morts sont toujours là, auprès d’elle. Et s’arrache-t-elle toujours la peau dès que vous lui ôtez sa camisole de force ? Elle ne va malheureusement pas beaucoup mieux. — Elle n’ira jamais mieux. Ces morts qu’elle voit en permanence continueront à la harceler tant qu’elle restera enfermée dans votre hôpital. Il soupira. ) Quel dommage. C’est une belle femme. Elle a de si jolis cheveux noirs. Ils tombent jusqu’au creux de ses reins ; j’ai toujours aimé les regarder, les oucher. Cécile Jeanne est quelqu’un qui compte beaucoup pour moi, vous savez ? —Je sais, oui. Il eut une absence dans le regard avant de revenir vers son interlocutrice. — Il s’est passé quelque chose pendant tout le temps où j’étais allongé dans ce lit d’hôpital, docteur Cléor. Quelque chose qui, je crois, pourrait remettre pas mal de vos pratiques barbares en question.

La psychiatre ne voyait pas sur quel terrain il voulait l’emmener mais elle ne se laissa pas déstabiliser, elle avait l’habitude de ce genre de comportem l’habitude de ce genre de comportements et de propos agressifs. ?? Si vous avez la solution miracle, je vous écoute, se contenta-t-elle de répondre. — J’ai une question auparavant. Vous êtes une brillante psychiatre. Pensez-vous que l’esprit est capable de se guérir luimême ? De se purger de sa propre pourriture sans intervention extérieure, sans médicament, sans médecin ?

Vous savez, un peu comme ces blessures que l’on se fait aux genoux quand on est enfant, et qui, même sans Mercurochrome, finissent par disparaitre d’elles-mêmes. Elle hocha la tête. Guérir, c’est aller à la rencontre d’une partie de soi-même, celle qui a été volontairement occultée par l’esprit. La plupart du temps, les patients sont incapables d’aller seuls à cette rencontre, parce que la maladie les en empêche. Nous, psychiatres, sommes justement là pour les aider à briser les barrières. Le jeune homme attendit qu’elle le fixe, il voulait qu’elle prenne la pleine mesure de ses propos. ?? Je connais la vérité. Je sais exactement ce qui s’est passé, ce jour- à, le 22 décembre, docteur. Je sais qui est l’assassin de ces huit joueurs. Je vois son visage, comme je vous vois, vous. Sandy Cléor se redressa. Jamais son patient n’avait prononcé de telles paroles. Pour lui, elle n’était d’ordinaire qu’une ersécutrice, elle faisait partie du complot visant à le détruire. Elle essaya de garder un ton neutre, mais l’excitation brûlait en elle. — Et qui est-il ? Que savez-vous Et qui est-il ? Que savez-vous sur la journée du 22 décembre, précisément ?

Lucas Chardon regarda l’horloge fixée au-dessus dun poste de télévision. Sortez donc votre petit Dictaphone gris, docteur, vous savez, celui auquel vous confiez toutes vos déductions et vos analyses à deux sous. — Je l’ai laissé à l’UMD. Ça tombe bien. Prenez la route avant qu’il neige, retournez dans la chambre que j’occupais avant d’arriver ici. II y a quelque chose que j’ai caché, à l’intérieur de l’un des barreaux métalliques du lit. J’aimerais que vous le rapportiez avec votre Dictaphone, ça en vaut vraiment la peine.

Et j’espère que vous avez tout votre temps. Parce que Phistoire que je vais vous raconter dépasse tout ce que vous pourriez imaginer. 2 Le 22 décembre Il faisait froid et sec ce matin-là, au cœur des Alpes. Le genre de météo mordante mais idéale pour chausser les raquettes et partir se promener, ce que s’apprêtait à faire l’adjudant-chef Pierre Boniface s’il n’y avait pas eu ce terrible appel en toute fin ‘astreinte. À l’autre bout de la ligne, le guide avait peiné ? s’exprimer, encore sous le choc de sa découverte.

L’hélicoptère de la gendarmerie nationale qui transportait Boniface et son coéquipier survolait à présent une forêt de mélèzes. Devant, les premiers rayons du soleil jouaient avec les montagnes, leurs pointes soyeuses se perdaient à l’infini, jusqu’en Suisse dun côté, et en Italie de l’autre. En vingt-deux année perdaient à Pinfini, années de carrière, Boniface ne s’était jamais lassé de ce spectacle, différent chaque jour et aussl subtil que les couleurs a palette d’un peintre. Ce matin-là, pourtant, il n’y prêtait guère attention.

Son esprit était ailleurs. L’hélicoptère bleu et blanc dépassa un lac et se posa dans une petite clairière, à plus de mille quatre cents mètres d’altitude. Les rotors en mouvement soulevèrent des nuages de neige. Courbés, le nez enfoui dans le col de leur parka bleu nuit et des raquettes dans les mains, les deux gradés coururent jusqu’à [‘homme engoncé dans une chaude tenue de montagne. Ils se saluèrent, chaussèrent leurs raquettes et s’éloignèrent rapidement. Vous n’avez touché à rien ? emanda Boniface. Le guide rebroussa chemin en suivant ses propres traces.

C’était un gaillard costaud, large d’épaules, et qui faisait un pas quand Boniface en faisait deux. Heureusement, cet endroit de la forêt était relativement plat, à mi-chemin entre la vallée et les pentes qui zigzaguaient jusqu’aux sommets. — Non. J’ai immédiatement appelé la gendarmerie. Vous avez bien fait. À présent, racontez-nous plus précisément ce qui s’est passé. Au loin, le pilote de l’hélicoptère avait coupé le moteur, rendant aux montagnes leur calme blanc. La forêt se densifiait, roncs se resserraient tellement autour d’eux que la lumière filtrait dans les feuillages comme des paillettes d’or.

En cette matinée d’hiver, la natur lumière filtrait d’hiver, la nature tout entière semblait retenir son souffle. Dès qu’on aura rejoint le sentier, on trouvera le refuge du Grand Massif, une ancienne bâtisse qui appartient aujourd’hui ? la ville. Il s’agit d’un lieu de repos, sans eau courante, sans chauffage, où une petite dizaine de randonneurs peut passer la nuit à l’abri des intempéries. Elle est située au milieu d’une petite ile, sur un lac. —Je connais, fit Boniface. J’ai déjà eu l’occasion de randonner dans le coin avec ma famille, il y a un bout de temps.

L’endroit est magnifique. Le guide se frayait un chemln à travers les arbustes. — Magnifique, oui, on peut dire ça… La semaine dernière, des marcheurs ont signalé à l’office de tourisme une petite fuite dans le toit. J’ai monté quelques outils hier matin, il y avait un colmatage à faire et des tuilettes à cimenter. Un couvreur devait finir de réparer aujourd’hui. Boniface et son subordonné respiraient de plus en plus difficilement. Le froid extrême prenait à la gorge et le guide rogressait toujours aussi vite. Ce type semblait fait de granit.

Le refuge est plein toute l’année, même pendant cette période aux conditions météo difficiles. Les randonneurs arrivent et, s’il n’y a plus de place, se rendent à un autre refuge, payant celui-là, situé un peu plus en altitude. Les trois individus se baissaient, écartaient les branches chargées de cristaux avec leurs gants. Ce blanc, partout, offrait un décor s écartaient les branches décor surréaliste. La nature présentait ses plus belles parures, mais elle restait dangereuse dans cette partie de la montagne, incitant ne vigilance de chaque seconde. ?? Il a neigé jusqu’à minuit environ, avant que les températures chutent. Quand je suis arrivé ce matin au refuge, j’ai tout de suite su que quelque chose clochait, parce qu’il n’y avait aucune trace de pas ou de raquettes dans la neige, aux alentours. Pourtant, des gens étaient arrivés la veille, ce qui signifiait que… personne n’en etait sorti. Les hommes quittèrent la forêt de mélèzes quelques minutes plus tard. La lumière réapparut, aveuglante au ras des cimes. Boniface chaussa ses lunettes de soleil. L’absence de nuages nnonçait une journée d’exception.

Le gendarme regrettait de se retrouver ici, surtout un dimanche. En tant que premier intervenant sur une scène de crime, il savait qu’il aurait des comptes à rendre et beaucoup de paperasse à régler. Le lac et son île étaient en contrebas, encore dans l’ombre glaciale des montagnes. Le guide continuait à parler : — Il y avait du sang partout. Sur les lits, les murs, le plancher. j’ai vu au moins trois corps, à gauche de l’entrée. Presque tous avaient dormi habillés et portaient encore leurs chaussures de randonnée — il a fait tellement froid cette nuit.

Ils ont été frappés dans le dos, comme si… comme si une pluie de grêle les avait transpercés. Je ne suis pas rentré là-de si… comme si une pluie de grêle les avait transpercés. Je ne suis pas rentré là-dedans. J’ai couru et j’ai passé des coups de fil. J’en ai oublié mon sac dehors. Il s’arrêta et fixa Boniface. — Cette fuite, c’était sans doute stupide. J’aurais dû vérifier s’il y avait encore des survivants. — Vous avez bien agi. Au moins, la scène de crime est restée intacte, c’est l’essentiel. Boniface économisait ses mots, concentré sur la descente érilleuse.

Marcher avec des raquettes demandait de la technique et de l’attention. Assez rapidement, ils atteignirent le lac et la passerelle qui permettait d’accéder à file. Après avoir marché quelques rmnutes dans une petite forêt, ils pamnrent enfin ? l’imposant abri de pierre, contre lequel reposait le gros sac du guide. Le gendarme s’arrêta net, l’œil rivé au sol. par instinct, il dégrafa le bouton de son holster situé à sa ceinture. Ces traces de pas.. Des empreintes sortaient du refuge, en plus de celles que le guide avait laissées une ou deux heures plus tôt.

Elles partaient sur la droite, puis vers Parrière de l’habitation. L’individu qui les avait faites avait auparavant marché dans du sang. Elles n’y étaient pas, fit le guide. — Sûr ? Certain. Ce matin, la neige était immaculée, toute fraîche de la nuit. Ils se turent. L’adjudant-chef scruta attentivement les alentours. Le guide était-il arrivé au moment où l’assassin venait de commettre ses crimes et s’apprêtait à s’enfuir ? Il n’osa imaginer ce qui se serait passé si leur accompagnateur était entré dans le refuge. Avec des gestes rapides il ôta ses PAGF ID OF