Paroles Pour La Guyane Noir Marron Aprosep

COLLECTION POESIE GUYANAISE or 14 Sni* to View palabres du Sénégal, Renouait le fil rompu dans renfer des cales, Pareil au totem d’antan fourmillant de conseils. Parfois la nuit, furtivement, on y venait enterrer un nombril, reconnaitre un enfant, le nommer. Le vénérable protégeait les secrets crinière feuillue, Prêtait ses niches aux amants, son ombre en surplus Aux détresses qui lui ensanglantaient les jeunes feuilles Et serrait les poings de toute son ecorce : « Ah Dieu veuille Que tout cela finisse un jour ! » Priait-il le Maitre de tout. On ne l’avalt jamais coupé. Il était né avec l’habitation.

Témoin involontaire de l’orgueil qui pousse à dompter La rebelle nature, le continent noir, les fortes constitutions Dont l’abondance en fruits permet de supputer, de compter Que maintes transgressions en vaudraient la chandelle. Aussi était-il parfois défiguré d’un étrange fardeau. Il n’avait d’épouvantail que l’allure, sentait la poubelle. C’était un homme victime d’une histoire qui ne disait mot. LA MAISON RUSTIQUE D’énormes escaliers de pierre Menaient à l’immense véranda Qui embrassait les champs frémissants, La rue case-nègre, la piste de latérite D’où parvenaient les nouvelles et les décrets.

Un écrin de fleurs, balour berçait au bruit du cours d’eau en contrebas Qui chantait et se trémoussait en serpentant A travers les abattis et les cannes à sucre ployées par les souffrants de la monarchie de juillet. De la cuisine un peu penchée sur le côté Montait les effluves des canaris Car des mains expertes et tremblantes Préparaient des succulences pour ces Excellences Dont la simplicité cachait mal les exigences. Le porte flambeau déjà s’affairait Et lui aussi suait sang et eau. Il suffisait d’un rien, il suffirait de peu pour que la journée finisse par un drame

Comme on en voyait alors : supplice, sévices, crime. QUESTION DE DIFFÉRENCE Quelle différence entre nous, Sous le soleil, sous la pluie, Devant le jour qul s’enfuit Sous la chandelle qui luit Le babillard des criquets fous, Face aux maringouins piquant partout ? Quelle différence entre des cœurs Exilés du pays natal, peinant dans l’aridité, Sous la terreur du désir, de la haine, de la cupidité Qui déteint impitoyablement dans l’horreur ? Contrepoint de toute réussite, de tout bouquet de fleurs. C’est de force que l’on devient esclave, L’horizon se dénature et vomit mille cris. La méconnaissance voilée de artis ris

Renforce des ehettos d’où PAGF se vit comme une des mamelles du Créateur. RENONCEMEN Il pleuvait depuis des lustres Tout était arrêté pour un temps Devant Porage malencontreux. Tout s’etait calmé pour un temps. Le commandeur cessait ses persécutions On attendait et goûtait du repos à profusion. Plus d’appels, plus de fouets, Et l’orée du bois était tout près. Un couachy coulait dans ses veines. Il bondirait, fuirait la plantation. La pluie se ferait complice de sa peine, De son désir, de son besoin, de sa passion. Elle effacerait toute trace de ses pieds. Car le hocco de sa peau est hérité

De lignées qui plongent dans l’éternité Leur amour de la liberté, leur caractère entier. Mais, soudain, comme un enfant, Il tendit les deux mains. Comme un enfant insouciant, Il se mit à rire et à danser sous la pluie. ERREUR FATALE 2 pleine d’espoir. Pour élever sagement un enfant noir Et connaître sur le tard le repos du soir, Avoir la main leste et rame bien nolre Alors qu’on eut voulu les gaver tels des loirs. La sagesse, en ces temps, s’était déportée d’un cran. GENESE DE LA BANQUE DE GUYANE « Acquitté, il a été acquitté ! » La servitude est un réseau d’acier. Les barbaries implacables

Ne suffisent pas à faire des coupables, La justice coloniale étant indécrottable. Ainsi tel habitant sucrier Au conseil des colonies convié Approuvé et considéré, Avoue ne pouvoir s’empêcher de les tuer. L’ordre social est à ce prix Qu’il faille des hommes morts Pour d’autres capables d’ignominies, Le hors la loi étant le Sieur Remords. Quand, pour la Banque de Guyane, Un dépôt conséquent fut nécessaire, La 101 saisit l’indemnité en savane Et constitua le capital du peuple martyrisé. Effet pervers d’un système corbeau Qui a trouvé son renard. PAGF s OF couleuvres Et par des choses se nourrissant de sang. esclavage qui git au fond des mémoires Rendues opaques par le kaléidoscope du vide… Oh Je voudrais dire esclavage Comme d’autres disent : PLUS JAMAIS Ou comme certains disent : THE END Pour ne pas imiter ceux qui dès VADE RETRO Se signent, se soumettent et s’insurgent CONTRE Le droit sale, lapidaire, le moche Celui qui ne dure que pour mourir. Et contre ces maladies des âmes enfuies De tous ces corps torturés, arrachés, diffamés d’eux-mêmes. Quelle pluie, quel cyclone avait détruit les remparts ? Ces mots quotidiens qui scandent encore La haine des uns, le désespoir des autres..

Et contre ces chuchotements intolérables Qui font agoniser les lierres au dessus des jardins brûlés Et appeler discipline les résurgences de l’infamie ! Il faudrait dire esclavage pour ne pas imiter ceux qui osent dire : VADE RETRO. L’excès de douleur se délivre en déserts, Où est cet amour venu d’ailleurs ? A l’abolition commémorée PAGF 6 OF ce qui me concerne Ne vas pas chercher plus loin C’est parce que je veux dire NON D’autres encore et ça se voit, Pabhorre Parce qu’il se fâche avec fouet, Qu’il brûle, qu’il frappe jusqu’au sang Moi je ne veux pas le savoir C’est pas ça l’important pour moi

C’est non que je veux dire Tellement de gens le combattent. Ils l’ont percé à jour. Ils ont trouvé la force d’aimer Ou de se révolter. En mon for intérieur Je me dis que la seule chose qu’on oublie C’est qu’il faut pouvoir dire NON 7 2 noir marron où la laideur Sembla en être la raison d’être. N’ont-ils pas menti, n’ont-ils pas rusé ? N’ont-ils pas évalué la force et abusé Du bon vent et de toute négligence à ses heures ? Cymarrone ! La conscience du malheur Fut Paiguillon d’un invraisemblable sursaut. N’ont-ils pas eu peur du fouet l’assaut ? N’ant-ils pas compté les coups de la faux

Au point de considérer la forêt, l’appeler ma sœur ? Aujourd’hui Neg-marron de la culture Pour toi toute création est ferveur. Tu refuses d’instinct trop de rigueur. La Vérité, en ces temps, allait vers son futur. PARS Pars avant qu’il ne soit trop tard pars et ne reviens pas I Loin d’ici, pour toujours, pars Le monde a d’autres frontières, pars . Pars avant que la saison ne vire Pars, tu y perdrais peut-être l_Jn membre ou même la tête Ta force ira en déclinant. A l’heure où tombent les chaînes, pars Pars avant de retomber en enfance. A croire qu’ils sont supérie jeunesse, fuis

Loin de la plantation, son système de mépris ! La pluie tombe drue, profites en sans pitié ! Va avec la révolte qui est la tienne. Qu’elle actionne des muscles d’acier Forgés dans la canne, par le coutelas. Puis, dans l’allégresse d’une danse roucouyenne Dis-moi, sur ta vie, merci Pour toi je me meurs suppliciée. MARRONAGE La rivière traversée depuis peu Le marron ressentit la paix. La meute était semée, hors jeu. Il était libre, il était vrai. « Forêt splendide, accueille-moi, Mon nom est personne, prends moi » Dit le marron étonné d’être Depuis peu son propre maître. Et il marcha vers ceux là même

Qui au loin, parfois, hululaient Quand il sondait les abîmes Et que son courage alors s liberté. MERCI FORET DE GUYANE L’Amérindien disait : « Je t’aime ma forêt, Vibration profonde Du début du monde. Que ton chant envahisse Mon âme et l’enrichisse ! Chant des rapides bleus, Chant des petits oiseaux bleus, Chant des palétuviers Qui sanglotent en janvier. Soyons, nous aussi, fiers Des Grands Bois généreux Bourdonnant des ornières Où la vie reprit feu. Des essences se dévoilent • Gonfolo, acajou, Amaranthe, wacapou Polis, vernis, dorés comme des bijoux. Que nos meubles en témoignent. MANA ALLÉLUIA