Dissertation Fulbert de Chartres, Epistolae, 38, 1020, Lettre à Guillaume, duc d’Aquitaine Guillaume V d’Aquitaine, rencontrant des difficultés avec certains de ses grands vassaux, demande dans une lettre à Fulbert de Chartres quelques précisions sur les devoirs du vassal vis-à-vis de son seigneur. Et cette lettre de Fulbert de Chartres, datée de 1020, constitue un témoignage sur le sens de l’engagement vassalique, désormais ordonné plus directement à la concession du fief. Il tente de définir ce qu’est la fidélité et ce qu’elle engendre.
L’auteur, est un hom études à Reims. Il se it n 1007, les question l’Église le préoccupen or 7 fait de brillantes copal de Chartres à la discipline de administratives, comme le montre cette mise au point sur le contenu et les effets du contrat féodo-vassalique. « Le roi est loin, le seigneur est proche ». Voici un adage de la fin du IXème siècle traduisant la chute de rautorité du roi sur rensemble du territoire au profit d’une multiplication des seigneuries. A partir du Xème siècle, l’autorité royale ne va plus légiférer.
Ce sont les seigneurs qui vont diriger, chacun, leur domaine. Pour cela, ils vont s’associer de vassaux. La lettre intervient à une époque où l’État, incapable de remplir ses devoirs, a laissé place à une nouvelle organisation politique et sociale symbolisant l’appropriation privée du pouvoir politique : la féodalité. En tant que système politique, la féodalité a une double caractéristique, d’une part, le morcellement territorial et d’autre part, le démembrement de la puissance publique. Mais également par des liens contractuels appelés féodo-vassaliques.
Il s’agit de liens personnels de dépendance qui se matérialisent dans un contrat de vassalité ; des rapports d’obéissance se onstituent et permettent de dégager une hiérarchie féodale. Ce texte met en valeur l’évolution des relations contractuelles, au début du XIème siècle, entre les seigneurs et leurs vassaux à travers les obligations incombant à chacune des parties. Ce sont donc les ducs, comtes ou châtelains qui dominent la société féodale, en raison de l’absence d’autorité centrale effective.
L’apparition de la seigneurie banale ou justicière, dès la fin du Xe siècle, marque le stade ultime de ce processus de dislocation. La banalité désigne le droit en vertu duquel certains seigneurs, étenteurs d’un pouvoir de police, obligent leurs paysans ? faucher, moissonner ou vendanger. Pour contrer cette tendance à l’anarchie inhérente, ? l’autonomisation des seigneuries et à la multiplication des châteaux, il est nécessaire de reconsidérer le fondement du lien sociopolitique.
En quol les préclsion apportées par Fulbert de Chartres sont-elles révélatrices d’une redistribution des termes du contrat féodo- vassalique ? Conscient de la dégradation inexorable de l’élément personnel des relations féodo-vassaliques (l), le Fulbert de Chartres tend ? attacher les obligations positives du vassal à la concession du fief l. Consci PAG » rif 7 Chartres tend à rattacher les obligations positives du vassal à la concession du fief (Il). l. Conscient de la dégradation de l’élément personnel des relations féodo-vassaliques.
La lettre de Fulbert de Chartres est révélatrice de l’affaiblissement de la valeur normative des obligations qui naissent de l’hommage (A) et met parallèlement en évidence le caractère purement négatif de celles qui découlent du serment de fidélité (B). A. L’affablissement de la valeur normative des obligations qul aissent de l’hommage L ‘hommage est un engagement personnel au terme duquel un vassal se donne symboliquement à son seigneur, il consent ainsi ? devenir son homme et à s’abandonner à lui.
La forme la plus ordinaire de l’hommage est que le vassal est désarmé, voire humilié, privé des attributs qui attestent une aptitude guerrière. Certaines paroles sont parfois prononcées au cours de la cérémonie, comme «Je deviens votre homme, et vous promets fidélité dorénavant comme à mon seigneurs. Enfin, le seigneur l’embrasse, ce baiser, liosculum fldei, ne se donne oint aux roturiers, il est signe d’une co-appartenance à la noble gente.
De ce rituel de Ihommage découle une série d’obligations réciproques, comme on peut le voir dans le texte à la ligne 2 : « salut, sécurité, honneur, intérêt, facilité et liberté d’action P. En principe, le seigneur doit protéger son vassal, la raison en est essentiellement militaire, au seigneur de faire en sorte que son homme soit en mesure de l’accompagner à la guerre. A lui donc de lui fournir tout ‘équipement dont il a besoin. Cependant, PAGF3C,F7 l’accompagner à la guerre. A lui donc de lui fournir tout l’équipement dont il a besoin.
Cependant, l’affaiblissement de l’idée de service gratuit et désintéressé. Les contraintes portées par l’hommage se sont progressivement desserrées, ce dont témoigne le phénomène de la vassalité multiple. Cette dégradation de la qualité normative du lien vassalique amène Fulbert de Chartres à repréciser le contenu des obligations qui naissent du serment de fidélité, aux lignes 2-7 du texte, « ne point causer de dommage ne porter aucune atteinte et aux lignes 11-14 du texte « le seigneur doit dans tout cela agir e même à l’égard de son fidèle. … ]. ». Complément du rituel de l’hommage, celles-ci reçoivent un caractère purement négatif. B. Le caractère purement négatif des obligations qui naissent du serment de fidélité La lettre est sur ce point explicite. Elle insiste sur le sens de la fidélité, notion centrale dans une société encore largement dominée par une culture de l’oralité. La prestation de foi est associée à l’hommage, elle renforce les obligations subséquentes à l’engagement vassalique.
Le vassal qui jure fidélité, bien souvent sur des reliques ou sur la bible, st tenu à l’obligation de ne pas porter atteinte à son seigneur, comme on le voit a la ligne 7 8, « le fidèle se garde de ces attitudes nuisibles Six mots sont mentionnés, auxquels s’attachent des contenus négatifs. Ainsi, «sain et sauf» (dans le texte « salut ») rappelle au vassal qu’il ne doit pas causer de dommage au corps de son seigneur. Les autre mots sont «sûr, honnête, ut de dommage au corps de son seigneur.
Les autre mots sont «sûr, honnête, utile, facile» et «possible». Il faut savoir qu’obligation est faite au vassal de ne point révéler de secret ni de porter réjudice à la sûreté des forteresses de son seigneur, de ne pas lui faire de tort du côté de la justice et de ses honneurs, ni de ses possessions, et de ne pas lui susciter des obstacles qui pourraient le contrarier dans ses projets et entreprises, (lignes 3-7).
Cette définition négative de la fidélité est le signe éclatant d’un déclin de l’idéal chevaleresque de dévouement et de protection, désormais, le principal objectif de l’accord conclu entre le vassal et le seigneur est qu’il cessent de se faire tort, et non qu’ils fassent l’un et l’autre cause commune ou qu’ils se donnent l’un ? ‘autre de manière absolue et désintéressée. Cependant, le lien féodo-vassalique n’est pas réductible à un rapport interpersonnel, il comporte une référence au fief.
Fulbert de Chartres, témoin lucide de cette perte de substance juridique de la vassalité, tend à faire de la concession du fief le pivot des obligations positives du vassal à l’égard de son seigneur. Il. Fulbert de Chartres tend à rattacher les obligations positives du vassal à la concession du fief En plus du lien personnel tenant à la vassalité, un lien réel se noue entre le vassal et le seigneur. Il naît de la concession du fief, ou du bénéfice, mots qui figurent dans la lettre adressée au duc d’Aquitaine.
Fulbert de Chartres confère un caractère positif aux obligations qui découlent de la concession (B), au vu de la tend Chartres confère un caractère positif aux obligations qui découlent de la concession (B), au vu de la tendance au renforcement du lien réel des relations féodo-vassaliques (A). A. Le renforcement du lien réel des relations féodo-vassaliques Le vassal qui a juré fidélité à son seigneur reçoit des mains de celui-ci un bâton, une motte de terre, parfois un simple fétu de aille qui sont censés symboliser le fief.
Le rite de l’investiture formalisant la concession du fief suit nécessairement la cérémonie de la foi de l’hommage, « mais le chasement lui impose davantage » (ligne 8). Cet enchainement n’est pas arbitraire et, malgré l’évolutlon dans le sens d’une prééminence de la chose concédée, il ne sera jamais remis en cause. Il montre qu’à l’origine, le fief n’est conçu que comme une conséquence éventuelle de l’entrée en vassalité, que le rite créateur de la fidélité a la primauté dans la formation du contrat féodo-vassalique et que le dévouement absolu à l’égard u seigneur l’emporte sur toute autre considération.
Retenons que la lettre de Fulbert de Chartres insiste sur l’importance du fief, qui est finalement la cause essentielle de l’entrée en vassalité. La fidélité est de plus en plus affaire de commerce, elle résulte d’un calcul d’intérêts et n’est plus regardée en soi comme vraiment contraignante, puisqu’elle implique seulement que le vassal s’abstienne. Afin de conjurer les risques d’anarchie, le prélat affirme que le fief doit se mériter, conférant ainsi aux obligations qui naissent de sa concession par le seigneur un caractère positif. B. Le cara