Les sept concepts de la relation d’aide La présence La relation est d’abord une présence à l’autre, « être là Ce concept peut se définir comme la capacité physique d’être là et la capacité psychologique d’être avec la personne. Il symbolise ? la fois la force qui suscite la confiance et qui rassure, et la douceur que suppose une approche humaine et bienveillante. Sa signification lui vient des richesses intérieures de la/du soignant(e) qui l’assure, sans même parler, celle-ci par sa qualité d’être, laisse émaner calme, espoir et sécurité.
Swipe to nex: page L’écoute L’écoute est souvent ais aussi de dispon ce que dit l’autre. L’é silence, mais un silen à la demande du mal or 14 Sni* to View ité dans le temps, e prêt(e) à accueillir et parole, elle est le verture bienveillante Ce n’est pas le silence froid de la neutralit ou le silence vide de la distraction, mais le silence chaleureux de la/du soignant(e) qui laisse une place au malade, qui lui donne un espace de vie, un pouvoir, et qui lui communique par là son désir d’écouter.
L’acceptation Il s’agit d’un sentiment d’ouverture à l’expérience de l’autre, à sa souffrance et à sa maniere d’être sans exigence de changement, e qui constitue la première condition à l’établissement d’une relation daide. L’aida L’aidant(e) reconnait Paidé dans toute sa dignité en dépit de son aspect physique, de son caractère, de ses valeurs et de sa conduite, et consent à s’en occuper de manière active et chaleureuse. Le respect chaleureux La relation d’aide repose sur la confiance et le respect. ar le respect, l’aidant(e) reconnait dans l’autre une personne humaine investie d’une dignité et d’une valeur très grande. Elle la perçoit comme un être unique et libre capable de prendre ses propres décisions, même si c’est parfois avec de l’aide. La respecter, c’est lui manifester de l’estime, la traiter avec déférence et politesse, c’est l’accueillir dans sa différence et lui montrer une considération réelle pour ce qu’elle est.
L’empathie, le socle de la relation d’aide L’empathie est un profond sentiment de compréhension de l’aidant(e) qui saisit la difficulté de l’aidé comme si elle pénétrait dans son univers, comme si elle se mettait à sa place pour se rendre compte de ce qu’il vit et de la façon dont il le vit, et qui lui apporte le réconfort dont il a besoin, mais sans s’identifier à son vécu et sans en vivre elle -même les émotions.
La relation d’aide informelle est surtout fondée sur Pempathie et, au cours d’un entretien formel, l’aidant(e) crée un climat de compréhension empathique, source de confiance, et de connivence thérapeutique, et la base du soutien qu’elle apporte ? l’aidé. L’authenticité Il s’agit de la capacité de l’aidant(e) de demeurer stricte 12 à l’aidé. Il s’agit de la capacité de l’aidant(e) de demeurer strictement elle- même au cours de la relation avec l’aidé.
Grâce à l’authenticité, la/ le soignant(e) reste transparent(e), spontané(e) et ouvert(e), ne cherche pas à présenter une façade artificielle et ne se prétend as être l’expert(e) de la situation de l’autre. Cette capacité est essentielle à l’établissement du climat de confiance et de simplicité nécessaire à la création d’une saine alliance thérapeutique entre l’aidant(e)et l’aidé. L’authenticité est souvent confondue avec la congruence, il existe un lien profond entre ces deux concepts. Une personne authentique manifeste un certain degré de congruence entre ce qu’elle pense, ressent et exprime.
La congruence Il s’agit de la manière d’être de l’infirmière qui manifeste une certaine adéquation entre ce qu’elle ressent, ce qu’elle pense, ce u’elle dit et ce qu’elle fait, et entre son comportement verbal et son comportement non verbal. En agissant ainsi, elle crée une harmonie entre ses émotions, ses pensées et ses actions. Cette harmonie interne lui permet d’exprimer ce qu’elle pense de manière thérapeutique ou de faire ce qu’elle croit approprié afin de faciliter une prise de conscience chez l’aidé ou une évolution de la relation qu’elle entretient avec lui. elation d’aide comme fiction créatrice Par Antoine Hennion Avec des sociologues issus de plusieurs centres de recherche, à Lyon et à paris, nous avons réalisé deux enquêtes thnographiques sur l’aide à domicile (réfs. ci-dessous). Il serait dailleurs plus juste de dire que, de façon réciproque, elles portaient sur le handicap tel qu’il peut être mieux saisi à travers la relation d’aide, et sur l’aide telle qu’elle se révèle au contact du handicap.
Outre cette variété de l’expérience même du handicap, de la dépendance ou de la vulnérabilité, tant pour les aidés que pour les proches ou les aidants, la recherche rend visibles les compétences inédites surgies de la confrontation avec des épreuves de nature et de gravité hétérogènes : risque de chute, limentation ou prise de médicaments difficile, comportements agressifs ou dangereux, mesures de protection contraignantes, isolement, placement, etc.
Le care en pratiques : de l’invention individuelle et collective ? l’éthique de situation Nous avons été très sensibles à la capacité d’invention individuelle et collective, à la fois technique et morale, que le sens continu de l’adaptation nécessalre à Chambre Davidl ces situations d’épreuves avait démontrée, et aussi au peu de reconnaissance que reçoit cette compétence.
Il est vrai qu’elle est difficile à mettre en mots, à analyser, à enseigner : aux antipodes ‘une liste administrative de « bonnes pratiques elle se déploie dans la variété et la 2 d’une liste administrative de « bonnes pratiques D, elle se déploie dans la variété et la souplesse d’arts de faire, comme dirait Michel de Certeau.
L’attention aux détails et aux circonstances imprévisibles, le sens de la situation et la vigilance du guetteur, ou les subtilités d’une relation d’apprivoisement délicate, tout cela, plus qu’aux manuels vantant l’art du soin, renvoie aux analyses faites par les philosophes grecs sur la ruse ou la chasse, ou encore à cette sensibilité au rapport de soi aux utres que Foucault, lui aussi dans le fil des Grecs, appelait déj? une esthétisation de la vie : non pas le luxe du dandy, mais une intégration des sens dans la morale ordinaire.
Cest d’ailleurs un autre apport important de l’enquête ethnographique que de donner un contenu concret aux beaux textes promouvant le care sur un registre éthique et politique très général, ce qui permet peut être aussi de prendre en compte de façon plus réaliste ce que la relation d’aide contient nécessairement de tension, de contrainte, voire de violence. L’échec est une dimension de ‘action, et l’analyser ne revient pas seulement à prescrire un idéal.
Partir de l’observation des relations permet en quelque sorte de prolonger en l’inversant la problématique du care : les handicapés ne seraient-ils pas, à leur manière, des professeurs de vie pour tout le monde ? La gestion du handicap ou de la dépendance, une création collective Nous sortons donc de longues enquêtes sur PAGF s OF handicap ou de la dépendance, une création collective Nous sortons donc de longues enquêtes sur Paide à domicile, qui ont donné lieu à deux rapports. Il ne s’agit pas ici d’en résumer es 600 pages.
Ce que je vais plutôt essayer de faire, c’est de revenir sur ce travail à partir d’un thème précis, celui de la fiction, qui permette de le voir sous un autre angle : peut-on interpréter comme étant une création la gestion collective du handicap ou de la dépendance par les « personnes concernées selon la belle expression de John Dewey, à commencer par les handicapés eux- mêmes (mieux nommés handicapables), mais aussi les proches, les aidants, les institutions, ou, pour le dire mieux, le collectif pluriel que, bon gré mal gré, ceux qui vivent une telle expérience ont amenés à former ?
Comment faire faire quelque chose à des personnes qui ne l’ont pas demandé ou n’en voient pas [‘intérêt ? Ou inversement, vu de l’aidé, faire s’adapter des professionnels à un cas toujours Aide a_dom-Mezerette-VilleRezeparticulier, et réviser leurs normes ou leurs habitudes ? L’aide implique l’installation incertaine d’une relation, d’un espace commun dans lequel la relation d’aide peut « avoir lieu Pour développer cela, c’est à Paul Ricœur que nous avons emprunté la notion de fiction, dont il propose une lecture très riche, qui peut se décliner sur plusieurs niveaux.
Elle permet de reformuler en partie, d’abord, la façon même dont nous avons enquêté : c’est-à-dire 6 2 permet de reformuler en partie, d’abord, la façon même dont nous avons enquêté : c’est-à-dire ne pas partir de définitions existantes du handicap, médicales ou sociales, qu’il s’agisse du savoir du médecin ou du regard de l’autre, mals de ce que les gens font eux-mêmes de leur handicap. Premier sens, donc, la fiction-récit, pour nous les chercheurs, mais aussi pour les handicapés : comment rendre compte de ces expériences ?
Pour notre part, nous sommes par exemple restés à deux plusieurs ournées entières avec des handicapés, surtout physiques, pour observer les séries d’épreuves qu’est la vie pour eux, puis, sur des cas concernant plutôt le handicap mental ou psychique cette fois, nous avons suivi sur le long terme le « dossier » qu’ils deviennent, au sens quasi administratif du terme : la série de démarches, d’aides sociales, de traitements, de prises en charge que leur parcours croise, avec les diagnostics, les jugements, les décisions que cela implique, et surtout, de façon moins institutionnelle, la série continue des petits choix, des appréciations, des mpressions à peine formulées qui vont engager pourtant de façon décisive le cours des choses.
La fiction, le singulier comme expérience partagée La flctlon, en ce premier sens narratif, c’est une façon d’atteindre des vérités plus profondes par le singulier : le diable est dans les détails. Comme dans les romans, une attention fine aux situations spécifiques, aux problèmes particuliers, fait c 7 2 dans les romans, une attention fine aux situations spécifiques, aux problèmes particuliers, fait comprendre des vérités tout à fait singulières mais qui, par cette singularité même, font irectement écho à des expériences au contraire très partagées. Les cas particuliers donnent en quelque sorte un contenu, un sens à des sentiments ou des vérités généraux, dont ils sont moins l’application que la matière.
Ici, à propos du handicap au quotidien, il s’agit de quelque chose qui est beaucoup plus fart que ce que suggèrent des expressions à la mode, comme le « vecu », le « ressenti D, tous mots trop centrés sur une psychologie personnelle, qui font comme si le handicap était donné et que l’affaire était celle de son acceptation par le handicapé. Cest à bien mal en parler : ce dont il est question, c’est vralment de la façon dont le handicapé et ses proches forgent ce qu’est le handicap pour eux, dont ils le re-forment, le réinventent. Ou encore, pour le dire avec des mots plus savants mais plus justes : comment ils le « performent C’est le sens fort que nous reprenons à l’idée de fiction : ils installent le handicap sur une scène commune.
Fiction, cela ne veut pas dire irréel, fruit gratuit de l’imagination, cela veut dire fabrication, travail pour produire autrement de la réalité, tous les jours, au fil des épreuves mprévisibles qu’ils ne cessent de rencontrer, mais aussi petit ? petit sur un plus long terme, à travers les rôles qu’ils dessinent, rencontrer, mais aussi petit à petit sur un plus long terme, ? travers les rôles qu’ils dessinent, les relations qu’ils établissent, l’intrigue collective qu’ils inventent peu à peu. La fiction, création d’un monde commun Ce deuxième sens du mot nous entraîne vers la description d’un travail collectif de narration, de mise en intrigue, de théâtralisation des relations.
Travail bien présent dans le soin : qu’on pense, dans les pas de Erving Goffman cette fois, à tous es gestes d’acteur, ces sourires, cet entrain nécessaire pou mettre Invisibles-N Djemai-Ph Delacroixune ambiance agréable ou faciliter un soin délicat, ces petits mensonges par omission sur fétat des personnes, ces façons d’éviter de leur falre perdre la face, cet art de ne pas voir ce qu’il ne faut pas voir, de savoir parler d’autre chose quand il le faut, voire de ruser avec les autres, plus ou moins avec leur accord, pour que se déroule au mieux une relation remplie de moments difficiles. L’idée de fiction aide ici à voir les jeux de rôle, l’usage des gestes, des corps, des xpressions, les façons de se tenir, de parler, et plus largement le fait que se découpe ainsi une scène, un cadre accepté, dans lequel chacun peut plus facilement trouver sa place que dans l’interaction au coup par coup.
Enfin, cette technique au sens théâtral est réciproque bien sûr, c’est-à-dire qu’au delà des mots et des actes, un peu comme dans le couple, elle permet d’installer progressivement une scèn PAGF progressivement une scène commune qui fait que les deux partenaires sont acteurs de leur propre relation, ce qui autorise aussi les accrocs, une relation mons nalVe, qui peut avoir ses rottements, qui ne se rompt pas au premier énervement, qui tolère les disputes ou les agacements, parce que la fiction commune a créé une durée, base d’une relation de confiance. La fiction comme invention de soi Parler de fiction, bien au delà de cela, c’est donc ouvrir sur l’idée que le handicap est créateur.
Dire que le handicapé crée la fiction de son handicap, c’est montrer qu’il n’y en a pas de définition fixe, que le handicap est pluriel, qu’il est ce qu’on fait de lui – même et surtout si, comme dans la bonne fiction, cela ne veut pas dire qu’on puisse faire n’importe quoi. Je donne un exemple ref de cela : avec la même maladie, deux personnes, contactées à travers la même association, qui font de leur handicap tout autre chose dans les deux cas. L’un, tétraplégique, a entièrement construit sa vie pour ne pas être handicapé, c’est-à-dire vivre « comme » tout le monde – non pas une dénégation de son état ou une fuite de la réalité : une sorte de sur-maîtrise du handicap, au contraire. Le confiner, faire tout ce qu’Il faut pour s’en occuper, et pouvoir ensuite être un dessinateur, un mari, un ami, bref autre chose que son propre handicap. Il a donc tout organisé, sa demeure, sa relation aux