SOMMAIRE INTRODUCTION Les travailleurs sociaux sont amenés à rencontrer des personnes de divers horizons et de diverses origines aux cours de leurs interventions. Ces rencontres avec un public d’une culture différente sont une des composantes que le travailleur social doit maitriser.
En effet, il doit être en capacité de proposer une action sociale tout en or75 République Française cu des usagers auprès d quels Avoir une réflexion s d’en connaitre les ch te des règles de la et le mode de vie ite d’abord ravail social est l’ensemble des interventions visant à assister, aider, accompagner t éduquer les populations considérées comme les plus vulnérablesl .
Les travailleurs sociaux sont employés au sein dinstitutions et d’organismes divers et variés, auprès des conseils généraux, des municipalités, dans des établissements spécialisés pour enfants et/ou adultes handicapés, en centre de loisirs, ? domicile, etc. Lorsqu’un travailleur social intervient auprès d’un public d’origine étrangère il est amené d’une manière ou d’une autre à confronter sa propre culture à celle de l’usager.
C’est pourquoi face à la difficulté que représente l’entrée en relation avec ces populatlons ?trangères, on a vu apparaître dans les années 1980 une prise en charge intra – ethnique de ses populations par la mise en place de médiateurs sur les quartiers. Ces Ces derniers ont la particularité d’avoir été choisi parce qu’ils sont issus des quartiers sur lesquels ils doivent intervenir.
Ces médiateurs, aussi appelés « les grands frères et les grandes sœurs » doivent entre autre leur existence à Gérard ANDREA. Cet homme qui est un ancien commissaire divisionnaire et conseiller à la RATP a mis en place remploi de jeunes des quartiers dans le transport en commun où de nombreux problèmes de omportement nuisaient à la tranquillité des voyageurs. De nos jours, plus de 16 ans après sa création, l’emploi des « grands frères » s’est poursuivit et il est toujours d’actualité.
La professionnalisation des travailleurs sociaux d’origine étrangère peut être considérée comme « le résultat d’un travail de construction de la compétence qui se fait dans la pratique d’un savoir technique spécialisé dû à l’interaction entre le milieu social d’origine et celui des assistés sociaux »2. Au cours de ma dernière année de formation d’assistant de en,’ice social je me suis questionné, à travers un mémoire de recherche sur les travailleurs sociaux d’origine étrangère.
La première partie de mon étude explicitera le cheminement qui m’a conduit à l’exploration d’une étude sur le thème de la prise en charge intra ethnique et présentera la méthodologie mise en place. La deuxième partie mettra en évidence l’analyse qui ? découler de mes recherches. La troisième partie annoncera la problématique et proposera la méthodologie que j’utiliserai pour confronter Phypothèse au terrain. PREMIERE PARTIE : OBSERVATIONS, QUESTIONNEMEN OF j’utiliserai pour confronter l’hypothèse au terrain.
PREMIERE PARTIE : OBSERVATIONS, QUESTIONNEMENTS ET METHODOLOGIE 1 . OBSERVATIONS ET QUESTIONNEMENTS I . 1. MES OBSERVATIONS ANTERIEURES A MA FORMATION D’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL (ASS) Avant d’entrée en formation d’A. S. S, j’ai eu de nombreuses activités dans le secteur social, notamment comme animateur en centre social, animateur auprès de personnes handicapées avec l’ADAPEl et médiateur dans un collège. Au cours de mon parcours professionnel, je me sus souvent demandé pourquoi j’avais été choisi pour tel ou tel emploi.
En analysant d’un peu plus près les publics avec lesquels j’ai travaillé, je me suis rendu compte que mes employeurs ne me choisissaient pas uniquement pour mes compétences professionnelles. En effet, mes origines étrangères ont, semble-t-il, été considérées comme étant une compétence professionnelle qui correspondait à un certain profil de poste. J’ai été employé dans un centre social dont le directeur m’avait clairement dit : « on a besoin de personnes comme toi, qui savent ce que c’est la vie dans un quartier, et qui comprennent mieux que nous leur fonctionnement Le public de ce centre social ?tait cosmopolite.
Sur les cinq animateurs du centre social, il y avait 3 animateurs d’origines étrangères. Lorsque je travaillais comme médiateur dans un collège, on m’a souvent demandé de prendre en charge des élèves qui avaient la particularité d’avoir des parents d’origines étrangeres. Il semblerait que l’on m’ait attribué des élèves comme si la meilleure des sol étrangères. Il semblerait que l’on m’ait attribué des élèves comme si la meilleure des solutions était qu’il fallait un travailleur social d’origine étrangère pour accompagner ces élèves.
Je me suis donc emandé pourquoi on m’avait assené à ces emplois ? j’ai aussi le sentiment que beaucoup de travailleurs sociaux d’origine étrangère travaillent dans les quartiers où la population d’origines étrangères est plus importante qu’ailleurs. Est-ce que ces travailleurs sociaux choisissent ces lieux d’interventions ou est-ce une volonté des employeurs de recruter des personnes d’origines étrangères pour travailler avec des populations d’origines étrangères ?
Selon Sophie DIVAY, docteur en sociologie, les médiateurs sont chargés « d’assurer la pacification des rapports sociaux dans les uartiers b. Les médiateurs sont souvent désarmés. Faute de formation suffisante, ils n’ont souvent pas d’autres choix que d’utiliser leurs « ressources personnelles et identitaires ». Les responsables de sites de médiation se sont inspirés du modèle des grands frères, repris entre autres à partir de 1994 par la RATP.
Afin de « canaliser les comportements perturbateurs de jeunes passagers cette entreprise a appllqué les prlncipes suivants : Une grande partie des jeunes perturbateurs étant d’origine immigrée (Afrique noire et Maghreb), il a été considéré, lors du ancement du dispositif, que les jeunes gens recrutés, eux-mêmes descendant d’immigrés, pouvaient adopter cette figure d’autorité de grands frères, propres, était-il supposé, à ces » cultures socia cette figure d’autorité de grands frères, propres, était-il supposé, à ces » cultures sociales « 3 dans un milieu urbain familier et auprès d’un public avec lequel ils partageaient un même habitus de classe, de façon d’être, de penser et d’agir liés au mode de vie d’une classe sociale L’auteur explique aussi que les principes moraux ne constituent pas « des repères fixes » et donnent lieu ? « des interprétations variables Cela signifie que chacun peut interpréter ces principes qui peuvent changer selon les situations, les mœurs, les politiques sociales. Cutilisation de leurs ressources personnelles n’a pas permis la constitution d’un groupe professionnel. « De telles compétences ne sont pas formalisables. En effet comment transmettre dans le cadre d’un organisme de formation des savolrs qui s’acquièrent dans la sphère privée et qui, de plus, sont spécifiques à un milieu social ? » 4. 1. 2. MES OBSERVATIONS AU COURS DE MA FORMATION D’A. S. S Durant ma formation d’A. S. S, lors de la première année d’étude j’ai été interpellé par un formateur qui parlait de . S. O. M.
Ce sigle signifie pour ce formateur « Travailleur Social d’Origine Maghrébine J’ai été surpris de voir que ce formateur, qui est lui- même un professionnel de l’action sociale, faisait une différence entre les professionnels du soclal selon leurs origines. Je me suis donc interrogé sur les raisons qui l’avaient poussé à faire catégoriser des professionnels selon leurs origines. pour lui, les travailleurs sociaux d’origines étrangères ne travaillent pas de la meme maniere que PAGF s OF es travailleurs sociaux d’origines étrangères ne travaillent pas de la même manière que les autres et il reconnaît comme étant une compétence le fait d’être un travailleur social d’origine maghrébine. Par la suite, je me suis renseigné sur ce phénomène et, au cours de mes lectures, j’ai retrouvé ce même genre de sigle, avec une variante, T. S. O. É5. e Sigle signifie Travailleur social d’origine Étrangère. Ce terme a été créé par Emmanuel JOVELIN qui est docteur en sociologie. Là encore, on retrouve une distinction flagrante entre les professionnels de l’action sociale selon leurs origines étrangères. Au cours de mes stages, j’ai été souvent confronté, de part les professionnels qui m’encadraient, à des problèmes de représentation. Lors d’un stage, ma tutrice m’a expliqué que l’on allait s’entretenir avec une personne d’origine marocaine qui vivait en France depuis trois ans et qui ne parlait pas très bien le français. Elle me raconta la situation de la famille en me précisant que le père était polygame.
Elle me demanda de conduire l’entretien en marocain et m’expliqua qu’il serait plus facile pour moi de m’entretenir avec cette personne que pour elle, étant donné que je suis d’origine étrangère et que je omprends mieux, selon elle, le mode de fonctionnement de cette famille. Elle fut très déçue lorsque je lui ai expliqué que je ne parlais pas le marocain et que je ne voyais pas en quoi j’aurais plus de connaissances qu’elle sur le mode de fonctionnement de cette famille. Je lui ai expliqué que je ne voyais pas pourquoi mes origines étrangères p fonctionnement de cette famille. Je lui ai expliqué que je ne voyais pas pourquoi mes origines étrangères pouvaient me permettre d’avoir une inteNention sociale différente de la sienne.
Ma tutrice est partie du principe qu’étant donné mes origines, il est normal ue je comprenne mieux les usagers de la même origine que la mienne et donc, qu’il me serait plus facile d’entrer avec eux. par conséquent je me suis demandé si la parenté ethnique permettait de faciliter l’action sociale ? Dautre part, des élèves Assistants de Service Social (ASS) et Educateurs Spécialisés (ES) qui se disent être d’origines étrangères m’ont expliqué que durant leurs stages, il est arrivé qu’on leur demande d’intervenir auprès d’usagers supposés d’origines étrangères. Selon eux, ils ont été perçus comme étant de la même origine que les usagers, par conséquent, il ?tait plus facile pour eux de se faire entendre et cela faciliterait leurs actions.
Certains d’entre eux utilisent quotidiennement sur leurs lieux de stage la langue maternelle de leurs parents. Pour eux, l’utilisation de la langue facilite l’entrée en relation et la communication. Ils sont souvent sollicités par leurs collègues pour parler et intervenir auprès de populations qui parlent la même langue qu’eux. L’emploi de celle-ci permet dans bien des cas de calmer les tensions naissantes ou de mieux comprendre l’interlocuteur. Dans des situations bien précises, rutilisation e leur langue maternelle représente un atout qui facilite les échanges, notamment en créant une proximité apaisante avec leurs 7 OF atout qui facilite les échanges, notamment en créant une proximité apaisante avec leurs interlocuteurs6.
Certains d’entre eux parlent d’ethnicisation ou de ghettoïsation du travail social sans être capables de vraiment saisir toutes les conséquences que peuvent avoir ces modes de fonctionnement du travail social. Il ressort aussi de nos discussions qu’il y la crainte d’être perçu comme le lien entre les usagers d’origines étrangères et l’institution. II y a aussi le risque d’être reconnu comme étant le représentant d’une communauté alors que ça ne doit pas être le cas car ce sont des professionnels et ils doivent agir en tant que tel. Ces compétences individuelles sont elles reconnues par les recruteurs ? par ailleurs, la réforme du diplôme d’Etat des assistants de sewices sociaux prévoit des cours de langues étrangères, ce qui m’a beaucoup questionné.
La réforme prévoit en effet que le DEASS soit reconnu au niveau européen et qu’il permette de travailler dans d’autres pays que la France. « L’objectif de cet enseignement est de permettre à l’étudiant ‘acquérir le vocabulaire professionnel du travail social ». 7 La connalssance d’une langue étrangère est elle en train de devenir une compétence professionnelle pour les travailleurs sociaux ? 1. 3. MES OBSERVATIONS A TRAVERS MES LECTURES Selon Pierre BILLION, sociologue, les professions sociales se déclinent en deux parties. Tout d’abord par les métiers qualifiés de « centraux c’est-à-dire les métiers reconnus par des formations et des diplômes nationaux. On retrouve parmi ces métie 8 OF les métiers reconnus par des formations et des diplômes nationaux.
On retrouve parmi ces métiers ceux d’assistants de ervice sociaux, d’éducateurs spécialisés, de conseillères en éducation soclale et familiale et d’animateurs sociaux. Ensuite, les métiers dits « émergeants » tels que médiateurs, agents de proximité, adultes relais agents de médiation, qui correspondent à de nouvelles fonctions apparues à la fin des années 1980 et surtout ces dix dernières années. L’auteur explique qu’il y a, d’un côté, les métiers centraux « qui mobilisent des savoirs et des compétences émanant des sciences humaines et sociales et de psychologie Ces métiers identifient de manière claire la frontière entre le professionnel et les usagers.
D’un autre côté, les métiers émergeants forment un ensemble « de petits boulots du social » où sont de plus en plus mobilisées des compétences « endogènes » ou « indigènes » qui tiennent de la connaissance du milieu, du territoire ou du quartier8. Ici, l’auteur parle de compétences indigènes et endogènes. Comment se définissent ces compétences ? Sont-elles reconnues dans le travail social ? Pierre BILLION, explique que parmi les travailleurs sociaux dits « centraux » on débat beaucoup sur le phénomène des grands frères. Il explique que selon eux tel jeune animateur pose roblème par son rapport à l’autorite et son manque de distance vis-à-vis de ceux qu’il prend en charge et que l’on s’inquiète de tel autre qui cumule plusieurs casquettes. ? Ce cumul était autrefois salutaire chez les travailleurs sociaux issus de la classe PAGF casquettes. « Ce cumul était autrefois salutaire chez les travailleurs sociaux issus de la classe ouvrière mais dans ce cas frappé d’illégitimité »6. Selon l’auteur, ce débat aboutit ? faire de « la différence et de la distance culturelle la source du problème »6. Pour l’auteur, dont l’article date de décembre 2001, e problème est avant tout celui de la définition des tâches, des missions et de leurs finalités ainsi que de l’extension de ce phénomène parmi les travailleurs sociaux des métiers centraux. On peut donc se demander si aujourd’hui, les métiers centraux sont ou non concernés par ce phénomène d’ethnicisation ?
Au niveau des politiques sociales, je me suis aperçu que face à la dlfficulté de travalller auprès des populatlons immigrées et d’établir avec elles une communication, les politiques ont proposé des prises en charge intra ethniques en prenant comme exemple les États Unis qui, dans les années soixante, à la suite ‘émeutes, ont tenté de solutionner la crise en mettant en place des mécanismes d’auto-prise en charge des problèmes sociaux par les groupes ethniques concernés. Le phénomène appelé melting pot aux Etats-Unis est l’équivalent du terme mixité sociale en France. Ce terme signifie le regroupement dans une zone géographique de personnes issues de catégories socio – professionnelles, de cultures et d’origines différentes. 9 En France, dans le cadre de la loi d’orientation pour la ville du 13 juillet 1991, la mixité sociale est considérée comme un moyen de diminuer les exclusions et ce qu’on appelle la fracture sociale. On 75