LE FUTURISME (1909-31 1. Le mouvement. Le Futurisme est un mouvement artistique et littéraire italien du 1er 1/3 du XXe siècle, qui exalte le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, la machine et la vitesse, et rejette la tradition esthétique. Le Futurisme côtoie la révolte de l’Expressionnisme et annonce le mouvement Dada. Ce mouvement est né en Italie autour du poète Filippo Tommaso MARINETTI (1876-1944), qui fonda, en 1904, la revue Poesia et publia, le 2 technique de la littér org passé et exalte la jeu ssz Sni* to View nextÇEge la splendeur du mon beauté de la vitesse. , le Manifeste l il attaque le us déclarons que eauté nouvelle : la rse avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents l’haleine explosive… une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace». De nationalité italienne, MARINEITI écrivait aussi bien en français qu’en italien et faisait l’apologie de la vitesse, caractéristique, pour lui, de Pénergie virile, de la guerre et de la modernité. Selon lui, les institutions et la morale de l’Etat bourgeois mettaient en avant des valeurs efféminées qu’il dénonça dans un roman intitulé Mafarka le Futuriste (1910).
En 191 5, il poussa l’Italie à entrer en guerre dans son recueil de poésie Guerra sola igiene del mundo (De la guerre comme hygiène du monde) et fut, dès 1919, un partisan avoué du fascisme (il adhéra même au Parti Fasciste de Benit Benito MUSSOLINI) : il y voyait la concrétisation des idéaux futuristes (Futurisme et Fascisme, 1924). Le ralliement de MARINEITI au fascisme provoqua, à terme, la disparition du Futurisme. Le 11/02/1910, une série de peintres se rallient à MARINETTI et publient 2 manifestes (Manifeste des peintres futuriste et Manifeste technique de la peinture futuriste) : ce sont Giacomo
BALLA (1871-1958), carlo CARRÀ (1881-1966), umberto BOCCIONI (1882-1916), Gino SEVERINI (1883-1966) et Luigi RUSSOLO (1885-1947). Ils empruntent au Cubisme et à la technique divisionniste pour faire interférer couleurs, formes, lumière et rythmes, afin d’exprmer «la sensation dynamique, éternisée en tant que telle», une simultanéité des états d’âme et des structures multiples du monde visible. Ce mouvement fut l’occasion de démonstrations en Italie et d’une exposition à Paris en 1912.
Le succès des futuristes s’atténue des la Première Guerre mondiale, malgré les efforts de MARINET[I pour le faire sun,’ivre. Dans les années 191 0/7, un mouvement futuriste, le Cubo- Futurisme, est apparu en Russie autour du peintre Kazimir MALEVITCH (1878-1935) et de l’écrivain Vladimir Vladimirovitch MALAKOVSKI (1893-1930), mais il ne fut apprécié que de manière temporaire, le temps de la Révolution.. 2. Les idées. Le mouvement futuriste fait l’exaltation de l’ère de la machine, de la vie moderne, des villes et de la vitesse.
En fait, bien plus qu’un style, il s’agit, avant tout, d’une idéologie. Il se veut révolutionnaire et veut abolir l’art du passé pour pouvoir mettre en place une esthétique et une société nouvelles, fondées ur les sensations dynamiq sur les sensations dynamiques. Il réagit, aussi, contre le Cubisme, qu’il considère trop statique. 3. Le style. Tout comme les cubistes, les futuristes utilisent le principe de l’interpénétration des plans et de la simultanéite, mais ils multiplient ces formes pour suggérer le mouvement et la vitesse. Ils décomposent le mouvement pour donner un effet de rythme.
L’effet de mouvement et de vitesse est accentué grâce aux techniques mises en place par les impressionnistes et les postimpressionnistes : les couleurs, juxtaposées par touches distinctes, donnent une impression de palpitation lumineuse et e vibration. 4. Les artistes. a. Giacomo BALLA (1871-1958). Il fut, de 1910 à 1930, l’un des grands animateurs du Futurisme italien par ses études de décomposition de la lumière et du mouvement. BALLA évolue de manière indépendante par rapport aux autres futuristes. Il s’attache aux détails plutôt qu’? l’ensemble.
Après un long séjour à Paris, il s’orienta vers le Divisionnisme avant de rejoindre, en 1910, le groupe futuriste, fondé un an plus tôt par MARINETTI. BALLA composa des œuvres dans lesquelles l’effet de vitesse est rendu par des formes géométriques tendant vers l’abstraction. Suite à une période d’ex érimentations plastiques sur divers matériaux, ouvrant sur l’él sculptures cinétiques, pac;F3œFq dans les années 1930. * Dynamisme d’un chien en laisse (1912, Buffalo, Musée Albright-Kox). ‘k Fillette courant sur un balcon (1912, Milan, Civica Galleria d’arte moderna). Les Rythmes de Varchet(1912, Londres, ate Gallery). Analyse détaillée et décomposition du mouvement de l’archet. * Vibrations prismatiques (1912, Turin, Galerie d’art moderne). BALLA essaie de créer, par des jeux de couleurs et de lignes, l’illusion des rayons lumineux. D’une grande qualité décorative, ette toile tente de rendre compte de la vibration des couleurs ? travers la lumière. La multiplicité des angles aigus et des lignes ascendantes sert une composition pleine de mouvement et d’une réelle force plastique. * Auto + Vitesse + Lumière (1 913, Milan, Pinacothèque Brera).
Vitesse abstraite (Une automobile est passée) (1913, coll. Privée). Sans utiliser la couleur, BALLA évoque, ici, la rapidité de l’automobile. La vitesse est le sujet de ces 2 œuvres, dont la composition repose sur la répétition de formes qui suggère le déplacement d’une automobile en des instants successifs. Mercure passant devant le Soleil (1914, coll. privée). b. Carlo CARRA (1881-1966). Il a participé, tour à tour au Futurisme, à la tendance «métaphysique», puis au r ition des années 1920. étudie les arts appliqués à l’Académie de Brera et s’intéresse à la peinture divisionniste.
A Milan, il rencontre MARINETTI et participe, dès 1910, au mouvement futuriste en signant le Manifeste. Après un nouveau séjour à Paris, pendant lequel il rencontre Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918) et Pablo Ruiz PICASSO (1881-1973), il évolue, comme les autres membres du groupe futuriste, du Divisionnisme vers une fragmentation cubiste de ‘image, traduisant le dynamisme et le mouvement. CARRÀ pratique, également, la technique du collage, qui culmine avec le Manifeste interventionniste Fête patriotlque, collage abstrait, de tendance cubo-futuriste, œuvre majeure du collage futuriste.
Cependant, en désaccord avec certains membres du groupe futuriste milanais, notamment MARINETTI et BOCCIONI, CARRÀ s’en écarte, puis en démissionne en 1915. Il participe, alors, à la revue Lacerba. En 191 6, il publie Guerrapittura, puis, après une période naiVe, inspirée du Douanier ROUSSEAU (1844-1910) et des maitres toscans, il se tourne vers la «peinture métaphysique», près sa rencontre avec Giorgio DE CHIRICO (1888-1978) et Alberto SAVINIO (1891-1952). A partir de 1917, il exécute, ainsi, des œuvres telles que La Chambre enchantée et La Muse métaphysique, où il crée une atmosphère d’ « inquiétante étrangeté».
Après 1921, CARRÀ se met en quête de la pureté primitive des formes plastiques. Ses œuvres adoptent une forme simplifiée et se rapprochent de l’art de Giotto Dl BONDONE (1266-1337) et de MASACCIO (1401-28). Il participe à la revue Valori plastici et plaide en faveur d’un retour aux valeurs esthétiques traditionnelles de la rande peinture italie aveur d’un retour aux valeurs esthétiques traditionnelles de la grande peinture italienne. CARRÀ exécute, à partir de 1925, des paysages influencés par l’œuvre de Paul CÉZANNE (1839-1906) et, à partir de 1926, une série de paysages marltimes (Pêcheurs, 1929-35).
Ses œuvres tardives s’orientent vers le dénuement pictural. CARRA a, également, été critique d’art à L’Ambrosiano pendant de nombreuses années. * Les Funérailles de l’anarchiste Galli (1 910/1, New York, Museum Of Modern Art). Tourbillon de formes, de hachures et de lumière. Réalisé ? partir d’une scène de rue remontant à 1904, ce tableau haut en ouleur évoque une agltation dramatique qul met aux prises des manifestants et des soldats armés de lances et montés sur des chevaux.
La violence de l’atmosphère est rendue par la complexité des lignes enchevêtrées. * Portrait de Marinetti (1910/1, Turin, coll. privée). Dans ce portrait, CARRÀ rend hommage au prophète du Futurisme MARINETTI, qui signe même le texte écrit sur la gauche, dédicace du tableau à la Marquise CASATI. La valorisation du visage du poète et la violence de la gamme colorée confèrent ? cette toile une force correspondant à l’exaltation de ‘énergie dans la pensée futuriste. Peinture-Mots en liberté (1914, Milan, coll. rivée). Carlo CARRA reprend ici le procédé cubiste du collage et de l’insertion de lettres dans le tableau, mais il donne au texte une valeur plus forte : le mot «ltalia», au centre de rayons concentriques, et la répétition de certaines lettres («viivaaa») suggèrent les cris d’une foule désireuse de voir l’Italie entrer en guerre. * Rapporto di un nottambulo milanese (1914, coll. priv l’Italie entrer en guerre. * Rapporto di un nottambulo milanese (1914, coll. privée). * Solitude (1 917, Zurich, coll. privée).
Enigmatique, cette toile montre un mannequin sur un socle, face ? un tableau noir, dans un espace à la profondeur très marquée, proche du style de CHIRICO. c. umberto BOCCIONI (1882-1916). Il est le principal peintre et sculpteur futuriste. Il a emprunté à l’arabesque de l’Art nouveau, au Cubisme et au Divisionnisme les moyens d’exprimer le mouvement. Auteur, également, de sculpture mêlant bois, carton, fer, lumière électrique et verre, BOCCIONI tenta d’illustrer l’interaction entre un objet en mouvement et l’espace alentour.
Il mourut en 1916, alors même qu’il commençait à se détacher du Futurisme. * La Ville qui monte (1910/1, New York. Museum Of Modern Art). ?Synthèse du travail de la lumière et du mouvement », La Ville qui monte est une œuvre majeure de BOCCIONI. Seule l’architecture aperçue à l’arrière-plan apporte au tableau un semblant de stabilité. Le reste de la toile, dominée par des couleurs vives, distribuees en hachures tournoyantes, procure à l’ensemble l’ondulation d’un feu dont le grand cheval central serait la flamme principale. ElastiCité (191 1, Milan, * ces Etats d’âme (191 1, *Etats d’âme II : Ceux coll. Junker). New York, Museum Of Modern Art). (1911, New York, s’intègrent à un triptyque qui figure des couples sur le quai d’une gare. Les compositions suggèrent l’opposition entre la violence du départ et le désarroi de ceux qui restent. Des visages apparaissent au sein de formes disloquées qui ne renvoient pas ? l’apparence du monde, mais à sa vision subjective. * Dynamisme d’un cycliste (1913, Milan, coll. G. Mattioli).
BOCCIONI exprime son sens du mouvement en montrant un mouvement décomposé. Le peintre suggère le mouvement ? l’aide de lignes obliques qui s’entrechoquent et d’une opposition des couleurs chaudes et froides, qui créent un effet de relief impressionnant. * Le Dynamisme d’un joueur de football (1913, New York, Museum Of Modern Art) Formes uniques de la continuité dans l’espace (1 913, New York, Museum Of Modern Art). Par cette sculpture, BOCCIONI réussit à donner toute la forme monumentale et la mesure aux objectifs du courant futuriste.
Cette œuvre est un enchaînement de surfaces, qui paraissent se fondre et se reformer sans cesse. La décomposition de la figure et la mise en valeur de ses lignes de force suggèrent une interpénétration dynamique de l’espace et des formes. c. Gino SEVERINI (1883-1966). Les peintures de SEVERINI célèbrent le spectacle joyeux de la Après un séjour à Rome, où il se lia avec Giacomo BALLA, il e rendit à Paris, où il fit la connaissance de Franco MODIGLIANI (1918-). Il a été influencé par Georges SEURAT (1859-91) et se rallia au Futurisme en 1909, dont il devint le principal représentant.
Ses œuvres cherchent alors à saisi l’action, ou le mouvement, dans des c tournoyantes de lignes mouvement, dans des compositions tournoyantes de lignes brisées et de formes, comme en témoignent ses multiples études sur la danse. A partir de 1915, il peignit de nombreuses natures mortes de facture cubiste, utilisant le collage o les mots peints. Après 1920, il se consacra, notamment, à l’art sacré et à la osaïque. * Danseuse bleue (1913, Genève, coll. privée). A mi-chemin entre abstraction et figuration, ce portrait évoque le mouvement gracieux d’une danseuse par un savant montage de lignes courbes.
Le thème peut sembler étrange au sein de l’univers souvent violent des futuristes, mais il a été traité ? maintes reprises par SEVERINI, qui était fasciné par le monde du spectacle et, notamment, de la danse. * Canons en action (1915, Milan, coll. privée). A la recherche d’une subversion culturelle, les futuristes ont mis, un temps au moins, leurs espoirs dans la guerre, dont l’artiste ente, ici, une synthèse dlmages et de mots non exempte d’une certaine naïveté. d. Luigi RUSSOLO (1885-1947).
Les tableaux de RUSSOLO se caractérisent par l’organisation très réglée de leur surface. * Dynamisme d’une automobile (1912/3, Paris, Musée national d’Art moderne). L’automobile est l’un des motifs fondamentaux du Futurlsme. La représentation de la machine sert, surtout, de prétexte à inventer une traduction picturale de la vitesse. La succession, de gauche à droite, d’angles de plus en plus aigus dynamise et ordonne la surface de la toile, que scandent les violentes oppositions de bleus et de rouees. *AGF g c,Fq