Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l’affaire Dreyfus Les médias se sont affirmés depuis la fin du xixe siècle comme des éléments forts qui agissent à la fois pour façonner l’opinion et lui donner la parole. Cette ambiguïté apparait de façon patente lors des grandes crises politiques qu’a connues la France. Il n’existe pas de définition précise de la notion de « crise politique ».
On peut considérer qu’elle s’applique ici ? des moments clés de l’histoire au cours desquels la France a rencontré soit des situations critiques frappant tous ses citoyens, oit des moments pendants lesquels une partie des Français s’est opposée violemment pays était difficileme Quelle a été l’action grandes crises politiq des périodes où le n publique lors des 1. Crise, médias et a Irmation de l’id e r publicaine (1894-1918) A. Les médias français sous la Ille République • Un cadre républicain pour la presse La Ille République s’est engagée au début des années 1880 dans une grande bataille pour les libertés.
Celle de la presse, modalité fondamentale de la liberté d’expression, est garantie par la loi du 29 juillet 1881. Ses seules limites sont l’interdiction des rovocations au meurtre ou à ‘atteinte aux biens d’autrui. • Un lectorat renouvelé La presse est alors le seul média et son lectorat touche désormais les masses, car l’école libre et républicaine depuis les lois Ferry de 1882 fait progresser l’alphabétisat Swlpe to vlew next page l’alphabétisation. • une presse contrastée Plusieurs types de presse coexistent. La presse populaire (Le Petit Journal, Le petit parisien) touche un large public en cherchant le sensationnel.
La presse engagée, ou presse d’opinion, est particulièrement vive dans ses propos. Certains journaux sont de roite, comme La Croix, d’autres de gauche, comme L ‘Humanité. Des lobbies ou des réseaux d’influence agissent souvent pour financer cette presse. B. L’affaire Dreyfus : une crise qui engage les médias • Une crise qui cristallise l’opinion L’affalre Dreyfus éclate le 1er novembre 1894 lorsqu’un journal d’extrême droite, animé par le journaliste antisémite Édouard Drumont, brise le secret militaire et révèle qu’un officier juif est accusé d’avoir trahi la France, en espionnant, au profit de l’Allemagne. ?? Une presse qui prend parti La plupart des journaux s’engage. Certains sont ntidreyfusards : La Croix, Le Petit Journal. D’autres servent de tribune pour des intellectuels (ce terme est créé alors) qu défendent l’innocence de Dreyfus. Le 13 janvier 1898, c’est dans L’Aurore que Zola publie son « J’accuse » ; dans La Petite République que Jaurès, la même année, publie « Les preuves Exercice no 1 • Quelle audience pour les médias dans cette crise ? L’opinion est fortement marquée par la presse, notamment par les caricatures de l’un et de l’autre camp.
La reconnaissance de l’innocence de Dreyfus consacre le rôle de la presse comme actrice de la démocratie. C. Les médias face à la Première Guerre mondiale •Des libertés suspendues Avec le déclenchement de la guerre, la presse est strictement contrôlée contrôlée pour éviter une rupture de l’Union sacrée et la démobilisation de 1’« arrière ». Ce retour de la censure est qualifié de « bourrage de crâne La crlse polltique est évitée au prlX de la liberté d’expression. ?? Le maintien dune presse libre Pour lutter contre ce contrôle, une nouvelle presse libre apparaît, fondée sur la dérision. Le 1er septembre 1915 apparaît Le Canard enchainé. Exercice n02 2. Médias et opinion publique face aux crises de l’entre-deux- guerres à la Seconde Guerre mondiale (1918-1945) A. La diversification des médias • une presse active Dans les années 1920 et 1930, les journaux jouissent à nouveau des libertés républicaines. De nouveaux titres paraissent. • Une presse engagée Cette presse renoue avec le vif engagement de la presse d’avant- guerre. ? l’extrême droite s’affirme désormais CAction française, fondée par Charles Maurras. À gauche, L ‘Humanité est devenu un journal communiste. L’apparition de la radio Ce nouveau moyen de communication se diffuse rapidement ? artir des années 1920. La moitié des foyers en possède en 1936. L’État dispose du monopole des émissions et des concessions d’antennes. Les programmes évitent autant que possible de s’engager lors des crises, si ce n’est en soutien à la ligne du gouvernement. B.
La presse et la crise du 6 février 1934 • Une crise particulière Le 6 février 1934, des ligues de droite appellent à une manifestation devant l’Assemblée nationale pour protester contre la corruption supposée des arlementaires suite à l’affaire Stavisky, compromettant d vec un corruption supposée des parlementaires suite à l’affaire Stavisky, ompromettant des députés avec un escroc. La manifestation dégénère. Ily a quinze morts. • une presse engagée La presse de gauche, tel Le Populaire, dénonce une tentative de coup d’État d’inspiration fasciste. LiAction française évoque en revanche un crime contre des manifestants.
La crise a contribué à créer un fossé entre républicains et partisans d’un régime autoritaire. C. Les médias face à la mise en place du régime de Vichy • Une presse assommée par la défaite Dès la declaration de guerre le 1er septembre 1939, la presse est sous contrôle. Staline étant allié à Hitler, le journal ommuniste L Humanité est interdit. Lorsque les pleins pouvoirs sont attribués au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, la presse est déjà sous contrôle ou favorable à ce vote et ne dénonce que peu cette rupture avec la République qui s’annonce. ?? Des médias au service du régime Le régime du maréchal Pétain s’appuie sur les journaux de droite des années d’avant-guerre et sur les actualités projetées au cinéma et diffusées à la radio, notamment sur Rad10 pans. • Des médias en résistance La Résistance réagit par l’impression et la diffusion de journaux clandestins comme Libération. Le prestige de cette presse demeura après la guerre. Radio Londres contribue à entretenir le lien entre les Français et le général de Gaulle. Exercice n03 3. Nouveaux médias et crises politiques depuis 1945 A.
Les nouveaux médias : un nouveau rapport à l’opinion publique • La naissance de la télévision Après la euerre, la télévisio PAGF première émission date télévision Après la guerre, la télévision apparait. La première émission date de 1947. À partir de 1949, un journal télévisé est diffusé tous les jours. À partir des années 1950, la télévision se diffuse rapidement. Elle est strictement contrôlée par l’État par le biais de l’ORTF. Exercice n04 • La presse et la radio La presse d’opinion se modernise et adopte la forme de magazines : Paris-Match, L’Express, Le Nouvel Observateur.
B. De la guerre d’Algérie à mai 1 968 : des médias mobilisés • La crise du 13 mai 1958 Ce jour- à, une tentative de coup d’État a lieu à Alger par des militaires partisans de l’Algérie française. L’appel au général de Gaulle permet de sauver la République et conduit à la proclamation d’une nouvelle constitution, celle de la Ve République. De Gaulle s’appuie alors sur la télévision our parler directement aux Français et expliquer le sens de ce nouveau régime. Par ailleurs, la presse continue d’être contrôlée en Algérie, notamment celle de gauche, favorable ? l’indépendance. ?? Médias et échec du putsch de 1961 Le 22 avfll 1961, quatre généraux tentent un putsch pour maintenir l’Algérie française. ‘intervention du général de Gaulle à la radio le lendemain lui permet de s’adresser directement aux appelés du contingent qui ne suivent pas les putschistes. Le recours aux médias a court-circuité la crise. • Mai 1968 ou des médias dépassés par l’opinion ? En mai 1968, les médias traditionnels, proches du pouvoir ou d’une « gauche bourgeoise sont contestés par les jeunes, qui créent leurs propres journaux sur le modèle des fanzines américains ou des dazibaos chinois.
La plupart de ces titres journaux sur le modèle des fanzines américains ou des dazibaos chinois. La plupart de ces titres disparaissent avec l’essoufflement du mouvement dans les années 1970. C. Le 21 avril 2002 . un nouvel engagement médiatique face à une crlse • Les médias et les sondages Depuis les années 1980, un nouveau rapport entre médias et opinion apparait par le biais des sondages. Par ailleurs, on note une baisse des ventes des journaux dits d’« opinion P. La télévision et la radio proposent des émissions consensuelles. ?? Les médias dépassés ? La présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles de 2002 apparaît comme une surprise. Aucun sondage ne l’avait prévue. Exercice n05 • La mobilisation à travers les nouveaux médias : téléphone portable et Internet Les rapports entre médias et opinion se sont profondément transformés par l’usage massif d’Internet, qui enlève aux grands médias l’initiative de la diffusion de l’information et qui la rend eaucoup plus rapide.
Ces réseaux ont été particulièrement activés pour organiser la grande manifestation républicaine contre le Front national entre les deux tours de 2002. Ainsi, les médias ont été de puissants révélateurs des grands mouvements de l’opinion publique, mais aussi du passage à une information destinée aux masses et non plus seulement à une élite. Dans chacune des crises politiques, les médias ont été le témoin de l’intensité de la vie politique et de l’engagement des citoyens. Elles ont été aussi un enjeu que le pouvoir a souvent tenté de contrôler.