L’ingenu

Je m’aperçois, monsieur l’Ingénu, dit le grave bailli, que vous parlez mieux français qu’il n’appartient à un Huron. – Un Français, dit-il, que nous avions pris dans ma grande jeunesse en Huronie, et pour qui je conçus beaucoup d’amitié, m’enseigna sa langue ; j’apprends très vite ce que je veux apprendre.

J’ai trouvé en arrivant à Plymouth un de vos Français réfugiés que vous appelez huguenots, je ne sais pourquoi ; il m’a fait faire quelques rogrès dans la connaissance de votre langue ; et dès que j’ai pu m’exprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que j’aime assez les Français quand ils ne font pas trop de Snipe to View Sw p to n ext page questions.  » L’abbé de Saint-Yves, laquelle des trois Ian l’anglaise, ou la franç l’Ingénu. Est-il possi j’avais toujours cru q ment, lui demanda e, la huronne, ontredit, répondit le de Kerkabon ; était la plus belle de toutes les langues après le bas-breton. Alors ce fut à qui demanderait à l’Ingénu comment on disait en huron du tabac, et il répondait taya ; comment on disait manger, et il répondait essenten. Mademoiselle de Kerkabon voulut absolument savoir comment on disait faire l’amour ; il lui répondit trovander, et soutint, non sans apparence de raison, que ces mots-là valaient bien les mots français et anglais qui leur correspondaient.

Trovander parut très joli à tous les convives. Monsieur le prieur, qui avait dans sa bibliothèque la grammaire huronne dont le révérend Père Sagar Théodat, récollet, fameux missionnaire, lui avait falt présent, sortit de table un moment pour l’aller consulter. Il revint tout haletant de tendresse et de joie ; il reconnut Flngénu pour un vrai Huron. On disputa un peu sur la multiplicité des langues, et on convint que, sans l’aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé français.