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fiche de Mme RÉALINI — professeur de lettres au lycée Descartes – 781 80 COURS L’ AUTOBIOGRAPHIE 1ère L L’étymologie grecque du mot « autobiographie » permet de définir ce genre : soi-même + « bios » = la vie + « graphein » = écrire. « auto » Une autobiographie est donc le récit que fait quelqu’un de sa propre VIe. org | 0) Les caractéristiqu de • a ) définition : Liauteur (l’écrivain), I dans le récit) et le ique ante et qui dit « je » personnage (ou protagoniste = personnage principal du récit) sont une seule et même personne.

Les événements racontés se sont réellement passés. Les personnages évoqués ont tous véritablement existé eux aussi. Rien ne doit être inventé ou fictif. Tel est le « pacte » que passe l’auteur avec son lecteur. Philippe LEJEUNE, spécialiste du genre, définit l’autobiographie comme « un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, qui met l’accent sur sa vie personnelle, et en particulier sur I ‘histoire de sa personnalité L’autobiographie raconte les aléas et les anecdotes de la vie de l’écriture.

L’auteur souligne tout ce qui l’élogne ou le rapproche de l’être qu’il fut dans le passé. c) le point de vue Le point de vue adopté est toujours interne, donc subjectif ; c’est celui de l’auteur, qui raconte ses souvenirs. Le lecteur voit tout à travers le regard du narrateur-personnage. Cette situation du « je », à la fois auteur, narrateur et personnage, implique une sorte de dédoublement : l’auteur, âgé, à partir de son présent, part à la recherche de son « moi » passé et plus jeune.

On peut donc parfois avoir deux points de vue ou Jugements sur les personnages ou les actions : celui du personnage, dans le passé (l’enfant, le jeune homme), au moment des événements ; et celui de l’écrivain, bien lus tard, au moment de l’écriture (l’adulte, ou l’homme âgé). d) l’énonciation – Un récit autobiographique est presque toujours écrit à la première personne (pronoms personnels, déterminants possessifs, etc.. ). Les indices de temps et de lieu sont présents ; les indicateurs temporels, et les temps verbaux surtout, permettent de bien distinguer le temps de l’histoire ou époque du récit (z plan des événements racontés 0 temps de référence = imparfait / passé simple ; ou, par moments, le présent de narration) -78180 et le temps de l’énonciation, ou époque de l’écriture (û temps de éférence = le présent + éventuellement le passé c pacte de sincérité L’auteur d’une autobiographie se donne pour but d’être le plus sincère possible, afin que le lecteur se sente concerné par un témoignage authentique.

Cependant, le temps éculé entre les événements et le moment de l’écriture peut faire que les souvenirs s’estompent, ou même se déforment. D’autre part, il est difficile de parler de soi avec objectivité… Sur le sujet du « pacte autobiographique », il faut se référer aux études du spécialiste Philippe LEJEUNE, cf. L’autobiographie en France (éd. A. Colin) et Le pacte autobiographique (Seuil, coll. « Points » poche). bref aperçu Selon Lejeune, tout récit autobiographique « commence rituellement par un pacte, un exposé d’intention, des circonstances où l’on écrit, de réfutation d’objections ou de critiques.

Mais le rite de présentation a une fonction beaucoup plus importante pour l’autobiographe, puisque la vérité qu’il entreprend de dévoiler lui est personnelle, qu’elle est lui. Ecrire un pacte autobiographique (quel qu’en soit le contenu), c’est d’abord poser sa voix, choisir le ton, le registre dans lequel on va parler, éfinir son lecteur, les relations qu’on entend avoir avec lui : c’est comme la clef, les dièses ou les bémols en tête de la portée : tout le reste du discours en dépend.

C’est choisir son rôle.  » L’autobiographie s’oppose à la fiction, mais aussi à la biographie ou à l’histoire, parce que c’est un texte relationnel : l’auteur demande au lecteur quelque chose (de le croire, de lui faire confiance), et il lui propose quelque chose (de se dévoiler) ; il demande au lecteur de l’aimer en tant qu’homme et de l’approuver. Le discours autobiographique implique une demande de econnaissance, ce qui n’est pas le cas du discours de fiction.

Il conviendra donc d’étudier selon Lejeune 1 . la relation du narrateur avec le « personnage » (le regard de l’adulte sur l’enfant) : – identification et nostalgie tonalité lyrique (élégiaque) tonalité comique, distanciation, humour, voire rejet picaresque 2. la relation du narrateur avec lui-même : – analyser la composition de son récit problèmes posés par la mémoire : les lacunes, le désordre (étudier la chronologie, la vitesse narrative) 3. a relation du narrateur avec son éventuel lecteur : – anticiper le regard critique du lecteur, son jugement roblèmes de la sincérité : ce qui est inavouable et ineffable (notamment tout ce qui touche à la sexualité, au bonheur) b ) une progression chronologique La progression du récit autobiographique suit le plus souvent la chronologie des événements, débutant par le récit de l’enfance et se terminant ? l’époque où l’auteur écrit.

Cependant, l’auteur sélectionne certains souvenirs, qu’il juge plus marquants ou plus importants pour comprendre son évolution ; des périodes entières de sa vie peuvent être passées sous silence. De toute façon, il ne peut pas TOUT aconter ; donc obligatoirement, il opère des choix… iche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au l•ycée Descartes – 78180 78180 30) Les raisons d’écrire une autobiographie pour comprendre l’enjeu d’un texte autobiographique, il faut déterminer la ou les raisons qui ont poussé l’auteur à écrire l’histoire de sa vie. Le lecteur doit se demander quelles sont les motivations qui ont poussé une personne à écrire le récit de sa propre vie. Ce peut être pour : D évoquer pour soi-même des souvenirs personnels, heureux (pour les faire revivre) ou malheureux (pour s’en débarrasser… laisser à la postérité ou à ses amis, ses descendants, un souvenir de soi, un portrait, son histoire ; chercher un sens à sa vie ; analyser sa propre évolution ; faire un bilan à la fin de sa D sauver le passé de l’éphémère, échapper à l’oubli, au temps qui passe, à la mort ; Cl chercher à se justifier des fautes qu’on a commises, ou que l’auteur estime qu’on lui a imputées à tort ; chercher une certaine exemplarité (en quoi la vie de l’auteur est représentative de son milieu, de son époque.. Cl apporter un témoignage sur des événements historiques qu’on vécu, ou des personnages célèbres qu’on a côtoyé de près (cf. les Mémoires). D’ailleurs, plusieurs de ces raisons peuvent être invoquées par l’auteur. Écrire son autobiographie, c’est aussi chercher à échapper à l’éparpillement et à l’apparente absurdité de l’existence, pour lui donner du sens. Mais c’est surtout opérer u r des choix : on choisit ce faut toujours s’interroger sur ce qui est écrit ( QUOI ? COMMENT ? POURQUOI ? ) et mettre en valeur les effets produits, et le but recherché..

On peut faire un rapide tableau de synthèse pour analyser le récit autobiographique : AUTOBIOGRAPHIE est un intention de l’auteur : temps des verbes organisation signification du « JE » perspectives domnantes registres dominants RÉCIT de VIE se raconter temps du récit . imparfait, passé simple.. selon la chronologie le « moi » d’autrefois le monde, les événements épique, pathétique, comique et un AUTOPORTRAIT s’analyser temps du discours . présent, passé composé… par thèmes l’auteur-narrateur le mol lyrique, didactique, ironique 40) Les différentes formes autobiographiques Il existe plusieurs types de textes autobiographiques 1 . ‘autobiographie propre peut prendre la forme Retz, les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, les Mémoires de guerre de Charles de Gaulle… 3. le journal intime, qui est écrit jour après jour. L’auteur privilégie la sincérité et l’analyse immédiate des faits et de ses réactions ; le moment de la rédaction est très proche des événements, ce qui supprime le problème de la mémoire, mais l’auteur manque de recul sur ce qui lui arrive. Théoriquement, le journal intime n’a pas d’autre destinataire que l’auteur lui-même.

Ex : le Journal d’Anne Franck, le Journal de Zlata . 4. l’essai : l’auteur se ivre à une réflexion sur le « moi » qui épasse son cas personnel, il se penche sur la condition humaine en général. Ex : les Essais de Montaigne, Si c’est un homme de Primo Levi 5. l’autoportrait est un texte dans lequel l’auteur essaie de se décrire de la façon la plus exhaustive possible, analyse les diverses facettes de sa personnalité actuelle, sans raconter le déroulement de sa vie [donc pas de diachronie, de rétrospection 0 récit synchronique].

Ex : les Portraits de La Rochefoucauld, le début de L’Age d’homme de Michel Leiris 6. le roman autobiographique, dans lequel l’auteur écrit à la troisième personne et onne des noms de fiction à ses personnages, alors qu’il raconte en fait tout un épisode de sa propre vie. Souvent, il reconnaît dans d’autres écrits (des lettres, par exemple), qu’il s’agit bien là d’un épisode onnelle, mais qu’il a voulu ou le souvenir d’enfance de Georges Perec ; la trilogie L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé de Jules Vallès ; Le Petit Chose d’Alphonse Daudet… 7. ‘ autobiographie fictive ou « fausse autobiographie » : c’est en fait une biographie, déguisée en autobiographie ! Dans ce type de texte, un auteur, après s’être sérieusement documenté sur son personnage, décide d’écrire la vie de ce ersonnage, en faisant comme si c’était lui qui la racontait ; il mélange donc vérité historique et fiction, il recompose des faits et invente parfois des épisodes, notamment des dialogues. S’appuyant sur des documents historiques et des recherches, l’auteur imagine donc les sentiments, pensées intimes et réactions de son personnage… u’il fait parler à la 1ère personne. Ex : Les Mémoires d’Hadrien (empereur romain) récit écrit par Marguerite Yourcenar au XXO siècle ; L ‘Allée du roi de Françoise Chandernagor (fausse autobiographie de Mme de Maintenon). 8. ‘autobiographie romancée, qui mêle des passages d’autobiographie « classique », authentique, et des passages « inventés, reconstruits » par l’auteur, soit sur lui, soit sur d’autres personnages que lui, ou sur des épisodes qu’il estime vraisemblables mais dont il n’est pas sûr.

Ex : Un secret de Philippe Grimbert, où tout ce qui concerne le héros est attesté, mais où les pages qui concernent Hannah sont « inventées » quoique plausibles. Ou La Promesse de l’aube de Romain Gary, dont la fin e e façon plus romanesque [comme l’indiquent très clairement les biographies de Romain Gary par Dominique BONA et Myriam ANISSIMOV]. fiche de Mme RÉALINI — professeur de lettres au l•ycée Descartes g. n a vu apparaître au XXème siècle li « autofiction Ce nouveau terme est dû ? Serge Doubrovsky, qui l’a employé en 1977 dans son roman Fils. Dans ce type d’écrit, il n’y a pas de pacte initial, on propose des jeux et des variations ? partir du biographique, on ne demande pas au lecteur de croire que tout ce qui est raconté est « vrai »… Le mot « autofiction » désigne tout l’espace entre une autobiographie qui ne veut pas dire son nom, et une fiction qui ne veut pas se détacher de la iographie de son auteur. 10.

Attention aux ROMANS qui, écrits à la 1ère personne, font croire au lecteur qu’il s’agit d’une autobiographie Ex : Manon Lescaut, de l’abbé Prévost ; Gil Blas de Santillane de Lesage ; La Vie de Marianne ou Le Paysan parvenu, de Marivaux Tout texte écrit à la 1ère personne n’est pas forcément une autobiographie ! La seule « preuve » qu’on ait du caractère autoblographique d’une œuvre, c’est lorsqu’on peut poser ‘égalité auteur (Nom sur la couverture) = narrateur (celui qui raconte) = personnage, héros, protagoniste. Conclusion :