Paul Gauguin Nafea Faaipoipo (Quand te maries-tu? ) Comme celle de Seurat, la démarche de Gauguin (1848-1903) trouve son origine dans une réaction à l’impressionnisme, en dépit des ses débuts de paysagiste aux côtés de Pissarro. A la recherche d’une expression plus synthétique, découvrant à la Martinique en 1887 la puissance de la couleur, il élabore en Bretagne, lors de son séjour à pont Aven en 1888, le style de sa maturité.
La Vision après le sermon (1888, National Gallery of Scotland, Edimbourg) en donne l’exemple le plus achevé, associant le cloisonnisme hérité des estampes japonaises au ymbolisme de Puvis de Chavannes. En quête de l’être primitif, idéalement soustrait Bretagne lui a donné go or4 premier séjour (1 891 93 retour à l’exposition plupart des tableaux ture, dont la ur Tahiti. Du , présentée au ontrant comme la mes de l’île. Gauguin aime la grâce un peu lourde de ces silhouettes trapues, dont il accuse ici, par la position repliée, presque animale, de la figure du premier plan, l’allure primitive.
Le caractère local, la poésie de l’ailleurs s’affirment avec le nom du tableau- Gauguin tenait beaucoup à ses titres maoris- ou le paréo éclatant de la première figure. Cet exotisme a toutefois ses limites: la seconde femme est vêtue du modèle de robe occidentale, beaucoup plus sage, que les missionnaires ont imposé à leur arrivée. L’authenticité primitive en effet n’existe plusguère Swipe to vlew next page plusguère. Pour cette raison, mais aussi parce que l’art est pour lui une « abstraction », Gaugu n crée de pièces sa vision tahitienne.
Renforçant le caractère idal et intemporel, le souvenir d’oeuvres universelles se marie à l’observation: dans ses bagages, l’artiste a empoté, en photographies et en dessisn, « tout un petit monde de camarades », associant les estampes japonaises aux marbres u Panthéon. On retrouve ainsi dans Nafea Faaipoipo un écho des Femmes d’Alger de Delacroix -notamment l’attitude et l’expression mélancolique, ou quelque emprunt, pour la position recroquevillée de la première figure.
L’entretien intimistteévoqué par le titre se voit idéalisé par ces références comme par le geste énigmatique de la deuxième femme, figure que l’on a voulu rapprocher de l’art boudhique. Cette attitude hiératique Introduit ici un caractère sacré, perdu dans l’art occidental, que Gauguin cherche à retrouver. La conversation anecdotique est transposée en réflexion plus universelle sur l’amour et son expérience.
Le dessin synthétique- on remarque le cerne noir autour du paréo- souligne les arabesques décoratives du premier plan et contribue à transformer la scene en vision, soutenue par le pouvoir expressif des couleurs. Posées en aplats, elles atteignent une intensité éclatante, renforcée parfois pas la juxtapostion des complémentaires, comme le vert et le rouge du premier plan: « J’obtiens par des arangements de lignes et de couleurs des symphonies, des harmonies ne représentant rien d’absolument réel au sens vulgaire du mot, n’exprimant directement aucune idée, mais qui doivent faire pe PAG » OF d