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JULIA JAMES A la folie… passionnément coup DE CŒUR Alanna Richards passait nonchalamment en revue les robes de cocktail suspendues sur leurs cintres. Protégées par un film transparent, toutes portaient le nom d’un grand couturier. Un petit sourire d’autodérision se dessina sur ses lèvres. Elle aussi avai Avec des tenues tout p u orso le garde-robe. eyantes les unes que les autres. A cett ‘ pt. impérativement Sni* to nextÇEge paraître à son avanta Chaque jour. Et chaque nuit. Son sourire se crispa. Des souvenirs, enfouis depuis longtemps, remontèrent soudain à la surface.

Un visage ui apparut, un visage aux yeux sombres, brûlants de désir. Elle laissa retomber sa main brusquement et se remit en marche, foulant silencieusement les épaisses moquettes. Il était plus que temps de rejolndre Maggle et les garçons. Ce moment de faiblesse était ridicule. A quoi bon ressasser le passé ? Ses souvenirs étaient soigneusement enfermés tout au fond d’elle, et elle n’avait pas le droit d’ouvrir la boîte de Pandore. Jamais. Peut-être un jour, quand elle serait une vieille femme, elle les laisserait s’échapper pour les contempler à loisir. rand et du plus prestigieux des grands magasins ondoniens, dont, à une époque, elle avait été une cliente attitrée. Cela falsait une éternité qu’elle n’y avait pas remis les pieds. D’ailleurs, ce jour-là, ce n’était pas elle qui en avait eu l’idée. C’était Maggie qui avait insisté pour faire visiter aux garçons le département des jouets et les vitrines mepu’eilleusement décorées pour Noël. « Pas pour acheter quoi que ce soit, bien sûr ! » s’était exclamée en riant son amie, gentille jeune femme qui, comme Alanna, élevait seule son petit garçon. « Juste pour regarder.

Ben et Nicky seront tellement contents ! » Et en effet, ils s’étaient bien amusés, poussant des cris d’extase devant les jouets tous plus sophistiqués les uns que les autres et s’émerveillant devant la magie du décor. Les deux garçons étaient habitués à « regarder seulement » quand il s’agissait de jouets. Ni Maggie ni Alanna n’avaient les moyens de leur offrir ces cadeaux sophistiqués. Un vif sentiment de regret lui serra brièvement le cœur. Parfois, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si elle avait eu raison de se débarrasser de l’argent de Nikos comme elle ravait fait.

Et c’était touJours au moment des fêtes que lui venait ce genre d’idées. Non, c’était la meilleure chose à faire. La seule chose ? faire. Il s’agissait d’un argent auquel elle n’avait pas droit. Le peu qu’elle avait gardé avait suffi jusqu’à ce jour pour subvenir à leurs beso 0 pas droit. subvenir à leurs besoins, à Nicky et à elle-même. L’an 4 prochain, quand le petit garçon commencerait à fréquenter l’école, elle pourrait chercher du travail et ses finances s’en porteraient mieux. Mais plus jamais, plus jamais elle ne porterait de telles toilettes.

Toutes ces robes magnifiques, dont les prix n’étaient même pas affichés, n’étaient pas faites pour elle. Plus maintenant. Elle aperçut une blonde impeccablement moulée dans un tailleur de grand couturier qui considérait, la moue aux lèvres, une magnifique robe en lamé. Dire qu’elle avait été une femme de ce genre ! A cette idée, un petit frisson la parcourut. La femme devait avoir un peu moins de trente ans, comme elle, et son corps soigné, sa coupe de cheveux dont pas une mèche n’avait échappé à l’art du coiffeur, tout en elle disait qu’elle ne faisait rien d’autre de ses journées que de s’occuper de son apparence.

Exactement comme elle, il y avait… une éternité. Alanna ralentit sa marche pour mieux observer l’inconnue. Oui, elle avait été exactement comme ça. Toujours en train de chercher ce qu’il pouvait y avoir de meilleur pour elle. Habitée par la seule obsession de paraître toujours absolument fabuleuse. Alanna prit le temps d’observer l’inconnue. Elle aussi avait passé son temps, tout son temps à s’efforcer d’être la plus belle. Pour Andréas. Les souvenirs l’assaillirent 50 tout son temps à s’efforcer d’être la Les souvenirs l’assaillirent de nouveau, la prenant à la gorge, lui coupant le souffle.

C’était ici que tout s’était passé, dans cet univers factice de luxe et d’argent. Et voilà que, ? la seule vision de ces robes de soirée, le fragile rempart qu’elle avait érigé, jour après jour, année après année, venait de s’effondrer. Un rempart destiné à la protéger d’un homme. Un seul homme. Andréas Andreakos. Grec. Riche. Beau. Fantastiquement, merveilleusement, irrésistiblement beau. Depuis ses épais cheveux bruns jusqu’à ses jambes longues et puissantes. Un homme qu’elle ne reverrait jamais. Le visage d’Andréas se levait maintenant derrière le rideau de ses paupières, tourmentant sa mémoire.

Cet angle arrogant de sa mâchoire, ces pommettes hautes, et ces yeux oirs, si sombres, abrités par des cils si longs, si épais que c’en était presque un scandale chez un homme ! Tout, dans ce corps d’homme, souple et viril à la fois, qu’elle avait jadis connu si intimement, était réussi… Mais à ces souvenirs, sa bouche se contracta en une grimace de dépit. Elle n’avait jamais connu Andréas Andreakos. Elle avait connu son corps comme il avait connu le sien… Oh Comme il l’avait connu… et honoré ! Mais lui, elle n’avait jamais su qui il était vraiment. Il ne l’avait jamais permis.

Toujours, même dans la merveilleuse tourmente de leur union physique, au milieu des Jamais perms. union physique, au milieu des moments les plus intenses de leur plaislr, il avait maintenu une distance, sans jamais la laisser s’approcher de lui. S’approcher vraiment. Maintenant, la mélancolie et la tristesse faisaient place à la colère et à l’amertume. La douleur amère qu’elle avait refoulée pendant cinq longues années explosait en elle en une lente spirale, suffocante, insupportable. 6 Pourquoi souffrir ? Elle savait bien à l’époque qu’Andréas ne l’aimerait jamais. Pire que cela.

Il la haïrait toujours. Elle avait vu cette haine jaillir de ses yeux. brûlante omme une coulée de lave, tranchante comme un couteau plongé en plein cœur. De la haine pour ce qu’elle avait fait à sa famille, à son propre frère. Une autre émotion la traversa alors, envahissant sa bouche comme un acide âcre. Elle s’efforça de la refouler, elle aussi, mais en vain. Elle s’imposa, la submergeant bientôt, menaçant de la renverser. Le remords. Le remords envers Nikos, qui était mort à cause d’elle. Alanna se força à rouvrir les yeux. Elle devait oublier, revenir dans le monde réel.

Se laisser reprendre par la banalité des choses. Il fallait qu’elle oublie cette nuit terrible. La nuit de la mort de Nikos. Son regard se posa sur la première chose qui se présenta. Et ce fut cette blonde sophistiquée qui tâtait d’une main experte l’étoffe scintillante de la robe en lamé, PAGF s 0 cette blonde sophistiquée qui tâtait d’une main experte l’étoffe scintillante de la robe en lamé, se demandant si elle mettrait suffisamment en valeur sa beauté. Alanna la considéra d’un œil vague, encore perdue dans la brume de ses souvenirs. Tout à coup, la femme tourna la tête. Alors, un sourire éclaira son visage.

Un sourire de bienvenue, de plaisir, et de satisfaction. ne satisfaction presque animale. Un homme traversait les rayons à longues enjambées, se dirigeant tout droit vers la femme blonde qu’il devait couvrir de cadeaux en échange de partager sa couche. Elle souriait et il lui souriait. 7 Alanna sentit ses jambes lui faire défaut. L’espace se mit à tournoyer autour d’elle. Quelle horrible coïncidence ! Non, c’était impossible ! Et pourtant… c’était vrai. Le sang lui battait les tempes, Passourdissant presque. Pour la première fois depuis toutes ces années, ces interminables années, elle revoyait Andréas Andreakos. 2. Alanna était incapable de bouger. Elle restait comme paralysée tandis qu’en face d’elle, Andréas s’approchait de sa maitresse. De la femme que, peut-être, il aimait. L’éclat et l’agitation de ce magasin de vêtements de luxe s’évanouirent. Les années s’évanouirent. La jeune femme se retrouvait soudain derrière le comptoir de la minuscule boutique d’objets de luxe d’un grand hôtel alors que le plus bel homme qu’il lui ait été donné de voir se dirigeait droit vers elle. PAGF 6 0 alors que le Il s’approchait avec un sourire et le cœur de la jeune femme prit son envol comme un oiseau plongeant dans le vide.

Et, tel un oiseau, elle s’apprêtait à s’abattre à ses pieds, à se prosterner dans un geste d’adoration pour sa beauté parfaite. Pourriez-vous faire un paquet cadeau pour cet objet ? demanda-t-il, son regard parcourant brievement son interlocutrice avant de se reporter sur la cascade de foulards multicolores suspendus sur un présentoir. De longs doigts bronzés sélectionnèrent rapidement un foulard de soie beige orné de roses aux nuances délicatement déclinées. Je prendrai celui-ci. 9 Le décrochant de son support, il le posa devant elle sur le comptoir. Puis son regard se reporta sur la jeune femme.

Et s’attarda. S’il vous pla-t, ajouta-t-il. Alanna s’arracha à l’espèce de transe qui s’était emparée d’elle depuis l’arrivée de l’inconnu. Grand, brun, le teint mat, il était vêtu d’un costume gris acier à la coupe impeccable et il avait des yeux… des yeux qui faisaient chavirer son cœUr. Oui, oui monsieur. Tout de suite, balbutia-t-elle d’une voix étranglée. Voulez-vous que je le fasse porter à votre chambre ou préférez-vous attendre ? Comment avait-elle pu prononcer ces deux phrases, elle aurait été incapable de le dire. C’était à cause de ces yeux. Non, de cette bouche.

De tout, n fait. Il avait 7 0 de le dire. en fait. Il avait des yeux si noirs, mais avec une lumière, tout au fond, comme un croissant d’or sombre dans un puits de ténèbres. Elle aurait voulu se laisser glisser tout au fond, glisser, glisser… — J’attendrai… si ce n’est pas trop long, dit-il. Sa bouche était généreuse, bien dessinée, parfaite. La voix était grave et mélodieuse, avec un accent d’ailleurs, un accent des bords de la Méditerranée. Alanna, noyée dans ses sensations, s’entendit murmurer : Très bien, monsieur. Et, machinalement, sa main se tendit pour salsir le papier d’argent.

Elle tremblait, incapable de quitter le visage de l’inconnu du regard. Mais il fallait qu’elle réagisse. Elle ne pouvait pas rester là, à regarder cet homme. Il fallait qu’elle emballe ce foulard. C’était ce qu’il attendait d’elle, n’est-ce pas ? Comment elle s’en sortit, elle aurait été incapable de le dire. L’homme restait devant elle, parfaitement immobile, 10 les yeux posés sur la tête inclinée de la jeune femme tandis que ses doigts s’emmêlaient dans le ruban d’or et les ciseaux. D’ordinaire, Alanna était habile, mais ce soir-là, on aurait dit qu’on lui avait jeté un sort.

Pendant tout ce temps, il ne dit rien. Mais elle sentait croître son impatience. Une fois, il jeta un regard à sa montre. Elle le vit du coin de l’œil faire un vif mouvement du poignet et perçut l’éclat pâle de l’or sur 8 0 Elle le vit du coin pâle de l’or sur la peau mate. Finalement, ce fut fat et la jeune femme, d’un dernier geste habile avec la lame du ciseau, fit boucler joliment le ruban brillant. Et, avec un soulagement indicible, elle fit passer l’étiquette devant le lecteur électronique et enregistra le code-barres. Le prix de ces babioles de luxe l’étonnait toujours.

Elle aurait pu s’offrir une tenue complète avec ce que coûtait ce minuscule chiffon de soie. Mais tout ce qui se vendait dans cet hôtel cinq étoiles la surprenait. Et le plus étonnant, c’était qu’il existât des gens qui pouvaient se permettre de s’offrlr tout cela. A commencer par un séjour dans un tel endroit. A l’évidence, pour l’homme qui était devant elle, la question ne se posait même pas. Alanna avait appris ? reconnaître le vrai luxe. L’habillement et les accessoires de l’inconnu rassemblaient ce qui se faisait de mieux dans le genre.

Tout en lui, depuis son costume impeccablement oupé jusqu’à l’extrémité de ses fines chaussures de cuir italiennes, respirait le luxe et l’argent. Tout en lui, dans son corps et dans son allure, était parfait. Et, de nouveau, il allait falloir qu’elle le regarde ! Impossible d’achever la transaction les yeux rivés sur son comptoir. Dans un immense effort, comme si un poids énorme était posé sur sa nuque, la jeune femme leva les yeux. — Voulez-vous régler PAGF g 0 énorme était posé sur sa nuque, la jeune femme Ieva les yeux. — Voulez-vous régler tout de suite, monsieur ? Ou dois-je porter ceci sur votre note ?

Quand leurs yeux se rencontrèrent, Alanna sentit son cœur faire un nouveau plongeon et un petit cri s’étrangla dans sa gorge contractée. Une fraction de seconde, le regard de Pinconnu se rétrécit, comme s’il la regardait vraiment pour la première fois, puis il sourit. L’impatience nerveuse qui ne l’avait pas quitté s’évanouit comme par enchantement et le regard sombre l’enveloppa tout entière. La caressa tout entière. A sa grande confusion, Alanna se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Quelque chose changea dans le regard de son interlocuteur. Maintenant, il avait l’air amusé. Et c’était encore pire.

Mettez-le sur mon compte, ordonna-t-il de sa voix profonde. Chambre 1209. Et c’est à quel nom, monsieur ? Prenant le ticket qu’elle lui tendait, il le signa. — Andreakos, mademoiselle. Andréas Andreakos. Puis, prenant entre deux doigts le mince paquet argenté, il murmura : Kalispera, thespinis. Et il s’en alla. Grec, pensa-t-elle alors confusément. Cet homme est grec. Grec. Riche. Et beau. Et maintenant, toujours dans un cadre luxueux, cinq ans après qu’il avait bouleverse sa vie, Andréas Andreakos réapparaissait. Incapable de faire le moindre mouvement, elle le regardait. Chaque muscle de son co