PREMIÈRE PARTIE – LES PHÉNOMÈNES MONÉTAIRES ET FINANCIERS Sommaire SECTION 1 – LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIEP. 2 I – Monnaie et finance : de quoi parle-t-on ? p. 2 Il -Les fonctions de la monnaie p. 3 Ill – Les formes de la monnaiep. 9 IV – La création monétairep. 15 SECTION II – LES MUTATIONS RÉCENTES DU SYSTÈME p. 19 FINANCIER D’une économ marchés de p. 19 Capitaux B- Le sens de ces m ors7 Sni* to View économie de n capitalisme p. 22 Financier de type « patrimonial » et nouveaux rapports de pouvoir.
La monnaie et la finance ont mauvaise réputation dans les apprentissages de l’économie. Le lieu commun les concernant consiste à dire que ce sont des « choses Techniques » que seuls des spécialistes austères seraient en mesure de comprendre. De plus, il serait, pense-t•on, superflu de s’en encombrer puisque la monnaie et la finance ne sont pas indispensables pour aborder les grandes questions économiques de notre temps (inégalités, chômage, mondialisation, etc…. ).
Cette manière de voir les choses ne relève pas que d’une mais n’ayant pas d’autonomie en soi. Or, comme l’avait bien compris KEYNES en son temps et comme l’ont montré les dérèglements monétaires et financiers de ces dernières années, a monnaie et la finance sont des choses importantes. Loin d’être autonomes, elles agissent sur l’économie réelle et elles y René Di Roberto – Cours d’économie / Licence Sociologie 2ème année / Université Victor Segalen Bordeaux 2 Réagissent, parfois de manière disproportionnée.
Se dispenser de comprendre les mécanismes profonds qui régissent la monnaie et la finance, les relations qu’elles entretiennent avec la croissance ou la crise, le chômage ou l’inflation, la répartition des revenus ou la redistribution, c’est, d’une certaine manière refuser de comprendre le monde social dans lequel nous vivons. Car les phénomènes monétaires et financiers sont dabord des phénomènes sociaux. Nous étudierons ces phénomènes en deux temps. Dans une première section, nous analyserons les modes de financement de l’économie.
Puis, dans une deuxième section, nous nous interrogerons sur les mutations importantes qui se sont produites dans la sphère financière depuis une vingtaine dannées. SECTION 1 – LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE I – Monnaie et finance : de quoi parle-t-on ? Pour trouver sur le march les services dont nous PAGF monnaie. Le fabricant a besoin d’investir dans des machines, de rémunérer ses salariés, de se rocurer des matières premières et des produits intermédiaires, de payer des impôts…. , De même, un ménage qui achète une résidence ou qui, plus simplement consomme, a besoin de monnaie.
Il est possible que le fabricant ou le ménage disposent d’une partie de ces moyens. Le fabricant utilisera par exemple le produit de ses ventes passées pour financer ses activités à venir. Le ménage utilisera l’épargne mise de côté. Mais il est probable que l’un ou l’autre doivent aussi emprunter de l’argent lorsque l’investissement ou la consommation représentent une somme importante. Le système financier est ce qui permet alors de transférer de l’argent épargné par certains agents (par exemple les ménages) vers d’autres agents (entreprises ou autres ménages).
Le système financier se définit donc comme le lieu d’ajustement des capacités de financement de certains agents et des besoins de financement d’autres agents. Le mécanisme qui permet cet ajustement est le crédit. Le crédit naît au moment où des agents à capacité financière prêtent leur monnaie à des agents ? besoins financiers. Dans ce cas, le crédit suppose l’épargne et le dépôt de cette épargne dans es institutions financières (par exemple, des banques). Mais le crédit peut aussi se faire sans épargne préalable.
C’est le cas lorsque les institutions financières créent de la monnaie pou satisfaire leurs clients. En résumé, on dispose, lors ue Hon a besoin de monnai PAGF 3 OF En résumé, on dispose, lorsque fon a besoin de monnaie, de trois modes de financement : – Le financement interne ou autofinancement, lorsque fon a soit même épargné la monnaie desirée. – le financement externe par recours à l’épargne d’autres agents. – le financement externe par recours à l’emprunt auprès des banques. Bien sûr, la monnaie prêtée ne l’est pas sans contrepartie. Le transfert d’argent est fondé sur la réciprocité.
C’est-à-dire que chaque opératlon de prêt crée deux situatlons symétriques : une situation de dette (de l’emprunteur vis-à-vis du prêteur) ; une situation de créance (du prêteur vis-à-vis de l’emprunteur). René Di Roberto – Licence Sociologie 2 ème année. -2- Cours d’économie année universitaire 2005-2006 Parfois cette réciprocité ne se traduit pas matériellement : si un ami me prête de l’argent, il ne me demandera aucune reconnaissance de dette parce qu’étant justement un ami, il a onfiance en moi. Il sait qu’à la date convenue, je le rembourserai.
Peut-être même, le jour du remboursement, je lui ferai un cadeau ou je l’inviterai au restaurant pour le remercier de son aide. La réciprocité se sera ici exprimée sur le mode de la « sympathie » pour reprendre l’expression d’Adam Smith. Mals lorsque le prêt intervient entre des personnes qui ne se connaissent pas, la sympathie ne suffira pas. En échange de la monnaie prêtée, l’emprunteur fournira un « titre » au prêteur. Ce titre traduira sa situation de dette et, inversement, la situation de créance du PAGF OF ituation de dette et, inversement, la situation de créance du prêteur.
Notons que cette contrepartie n’est pas spécifique aux sociétés marchandes et ne concerne pas que les prêts. Dans les sociétés anciennes étudiées par les ethnologues, tout don crée chez celui qui le reçoit une obligation de contre don. Le crédit suppose ainsi plusieurs conditions qui, toutes mettent en jeu la confiance – que toute monnaie prêtée (épargnée ou créée) ait une contrepartie : la confiance du prêteur sera d’autant plus grande qu’il disposera d’un titre sur son emprunteur. que le prêteur ne demande pas la restitution immédlate e son prêt : il faut donc que le prêteur ait confiance dans l’avenir, qu’il ne pense pas, par exemple, être mort au moment du remboursement sans quoi il risquerait de se priver d’une jouissance présente de sa monnaie sans pouvoir en profiter plus tard. que la monnaie rendue ait un pouvoir d’achat identique à la monnaie prêtée : si l’inflation a rongé la valeur de la monnaie, celle-ci ne vaudra plus grand-chose lors du remboursement.
Or, l’inflation ne tient pas à la mauvaise volonté de l’emprunteur mais à un état de la conjoncture, à priori imprévisible. C’est pour cette raison que le rêt va comporter un taux d’intérêt. Plus on craindra la perte de valeur de la monnaie, plus le prêteur exigera un taux élevé. Prenons un exemple simple : je prête à quelqu’un 1000 euros, remboursables dans un an, pour qu’il s’achète aujourd’hui un produit électroménager. Dans un an, au moment du remboursement, j’ai moi-même besoin de m’acheter ce produit et PAGF s OF électroménager. Dans un an, au moment du celui-ci vaut alors 1100 euros.
Je ne pourrai réaliser cet achat que si mon débiteur me rembourse non pas 1000 euros mais 1100 au moins. Cela signifie qu’il aura payé un intérêt de 100 uros pour 1000 euros empruntés. Soit, en taux : (1100/1000) x 100 = 10%. Si de plus, j’estime que le sewice que je rends à mon emprunteur vaut 50 euros, alors j’assortirai le prêt d’un taux de (1 1 50/1 000) x100 15%. Cet intérêt rémunère au fond ce que les économistes appellent la « renonciation ? consommer » Il – Les fonctions de la monnaie On peut distinguer deux approches fort différentes de la monnaie.
D’une part, une approche fonctionnelle qul a souvent la faveur des discours économistes. D’autre part, une approche essentialiste qui relève d’une lecture davantage sociologique de la monnaie. René Di Roberto – Licence Sociologie 2 ème année. Cours d’Économie année universitaire 2005-2006 -3- A – L’approche fonctionnel 6 OF complexes, il deviendrait difficile d’échanger « des produits contre des produits » et le règlement monétaire se serait imposé pour se libérer de sa dette.
Cette première fonction suppose alors deux « qualités » de la monnaie : – l’universalité : la monnaie doit être acceptée par tous les agents à paiement qui facilite les échanges. A l’origine, le troc aurait été suffisant parce que les échanges économiques étaient simples et peu fréquents. Dans des économies plus complexes, il eviendrait difficile d’échanger « des produits contre des produits » et le règlement monétaire se serait imposé pour se libérer de sa dette. l’universalité : la monnaie doit être acceptée par tous les l’intérieur d’une zone monétaire » paiement qui facilite les échanges – la liquidité : la monnaie doit permettre de se libérer immédiatement d’une dette. Ainsi, un avoir sur un compte d’épargne bloqué (type « plan d’épargne logement ») n’est pas de la monnaie. En revanche, on peut se libérer d’une dette sans monnaie, par exemple avec un compte courant : c’est de la « quasi-monnaie » – elle est une unité de compte. Un euro n’est pas seulement la pièce qui permet de payer un produit valant ce prix.
Cest aussi un « équivalent général D, comme disait Marx, qui peut exprimer le prix de toutes les marchandises. Alors que dans le système du troc, la valeur d’un bien dépend de sa comparaison avec un autre bien (par exemple, un kilo de poulet équivaut à cinq kilos de blé), dans un système monétaire, autre bien (par exemple, un kilo de poulet équivaut à cinq kilos de blé), dans un système monétaire, les valeurs de tous les biens sont référés à la même unité monétaire (par exemple, un kilo de oulet vaudra 5 € et un kilo de blé 1 É).
Dans un système monétaire, c’est donc le prix qui traduit une valeur en monnaie. NB :On peut comparer cette situation avec celle du mètre étalon qui traduit dans une référence commune toutes les longueurs et les distances. Cette fonction suppose plusieurs conditions : – qu’il y ait beaucoup de biens à échanger. Sinon, la traduction en monnaie ne serait pas nécessaire : on pourrait établir des équivalences produit contre produit (troc) -qu’il y ait beaucoup d’échangistes- Là encore, un petit nombre de partenaires pourrait s’accommoder de relations non monétaires.
Surtout qu’il y ait confiance entre les échangistes dans la valeur de la monnaie. Si celui qui cède un bien a le sentiment qu’il est payé dans une monnaie en voie de dépréciation, il hésitera à se séparer de son bien ou il tentera de la vendre plus cher pour se couvrir de la dépréciation qu’il redoute. Remarquons qu’aujourd’hui, les fonctions de paiement et d’unité de compte sont réunies dans le même signe monétaire. Cela n’a pas toujours été le cas. Sous l’Ancien Régime, les paiements se faisaient en or ou en argent alors que l’unité de compte a été la Livre tournois.
Plus récemment, avant le passage à 1’€, chaque pays européen avait comme moyen de paiement sa monnaie nationale alors que runité de compte, au sein de Européenne, était BOF paiement sa monnaie nationale alors que l’unité de compte, au sein de l’Union Européenne, était l’Ecu avant de devenir FEuro. René Di Roberto – Licence Sociologie 2 ème année. -4- c – elle est une réserve de valeur. La monnaie permet de conserver un pouvoir d’achat dans le temps et donc, de différer une dépense. C’est la fonction de l’épargne.
Bien sûr, cette fonction concerne davantage les personnes dont le revenu st suffisamment élevé pour envisager de reporter à plus tard une partie de leur dépense. Lorsque, pour reprendre l’expression de Keynes, la « propension à consommer » est forte, la monnaie détenue remplira intégralement sa fonction de paiement pour des achats immédiats. Lorsqu’elle est faible, ce qui est le cas de personnes aisées, celles-ci pourront exprimer leur « préférence pour le futur comme disent les économistes.
Cette troisième fonction suppose plus que toutes la stabilité du signe monétaire : stabilité physique, bien sûr (il faut que la monnaie soit durable, u’elle ne soit pas un produit périssable) ; stabilité économique également (il faut que la valeur de la monnaie se conserve dans le temps et ne soit pas soumise à une dépréciation). 2) La monnaie dans les th iques monnaie. Le partage principal s’est fait entre l’analyse libérale, qui s’est appuyée sur la fameuse « théorie quantitative » et l’analyse de Keynes qul va apporter une véritable modernité à la théorie monétaire. Les théories libérales (classiques et néo-classiques) ont vu dans la monnaie un simple intermédiaire des échanges, une simplification du système e troc. C’est la thèse de la « monnaie voile » qu’exprimera très bien Jean Baptiste SAY au début du XIXe siècle en disant que « les prodults s’échangent toujours contre des produits La monnaie n’est donc qu’un « voile » qui recouvre l’échange pour le rendre plus facile.
Mais elle ne peut jamais être désirée pour elle-même. On ne la thésaurise pas. Certes, on peut très bien ne pas en avoir un usage immédiat. Mais, dans ce cas, les banques transformeront l’épargne en crédits auprès d’entreprises ou de ménages n’ayant pas les ressources suffisantes pour leurs dépenses. La ? loi des débouchés » de J. B. SAY était alors vérifiée : tout revenu était dépensé (par soi ou par d’autres) et pouvait donc acheter tous les produits offerts.
L’offre créait bien sa propre demande. Cette conception d’une « monnaie voile » s’appuiera sur la célèbre « théorie quantitative de la monnaie L’origine de cette théorie est ancienne puisqu’elle remonte ? une célèbre controverse du XVI’ siècle entre le Seigneur de MALESTROIT et le philosophe Jean BODIN. Le premier avait été chargé d’une enquête sur la forte inflation qui fit rage durant ce siècle. IL conclu cette haus