L’esclavage moderne touche aussi le Canada Par Pascale Guéricolas Une Éthiopienne, recrutée dans son pays d’origine, a dû travailler au service d’une famille dans le nord de l’Ontario pour 70 euros par mois. Enfermée, cette jeune fille devait s’occuper des enfants, faire le ménage et la cuisine et ne mangeait qu’une fois par jour.
L’une de ses compatriotes déjà installée au Canada a raconté ? Radio-Canada comment elle avait aidé cette esclave d’aujourd’hui à fuir L’histoire vécue par Meron Yeshoa, qu’un journaliste de Radio- Canada a rencontré à Sudbury dans le nard de POntario, essemble à un scén d’une association po es compatriote éthiopie Snipe to View qu’elle a besoin d’aid qui lui ont confisqué cette responsable igrants croise une it comprendre hez des patrons e de nourriture.
Finalement, elle s’enfuit un matin, avec l’aide de Meron Yeshoa et trouve refuge à Toronto. Le cas de cette aide-domestique réduite à l’esclavage par des employeurs la faisant cuisiner, garder leurs enfants, faire le ménage pour 70 euros par mois n’a rien d’unique, mais impossible d’obtenir des chiffres fiables sur un phénomène essentiellement souterrain. On sait cependant que Pexploitation exuelle d’adultes et de mineurs constituerait la part la plus importante de cette forme d’esc avage moderne.
Des immigrants, recrutés aux quatre coins de la planète sous de faux prétextes, sont pris en Swipe to vlew next page en charge à leur arrivée au pays par des proxénètes qui les isolent, leurs confisquent leurs papiers, et les obligent à se prostituer. Ne parlant pas l’anglais ou le français la plupart du temps, ils hésitent à porter plainte contre leurs oppresseurs car ils craignent les représailles contre leur famille restée au pays. our la police, enquêter sur ce genre de crime présente e grandes difficultés. Prouver que quelqu’un est réduit en esclavage nécessite beaucoup de témoignages, pas toujours évidents à recueillir. Depuis peu, les enquêteurs disposent du Centre national de coordination contre la traite des personnes. Des policiers spécialement formés sensibilisent leurs collègues au trafic humain, et leur expliquent comment mettre les victimes en confiance pour qu’elles portent plainte.
Les responsables reconnaissant cependant que bien souvent les criminels sont épinglés pour d’autres raisons que la traite de personnes, qu’il ‘agisse de proxénétisme, d’agressions sexuelles, ou de menaces. Un nouveau projet de loi proposé par une députée du Parti conservateur doit par ailleurs étoffer le code criminel en donnant à la justice des exemples précis de ce que signifie l’esclavage moderne. Depuis quelques années, l’augmentation du nombre de travailleurs temporaires étrangers venant pour un temps limité au Canada constitue aussi une autre source de trafic humain.
Qu’ils arrivent des Philippines, d’Inde, de Pologne, de Chine, d’Ethiopie ou du Mexique, ces immigrants temporaires tombent parfois ntre les mains d’employeurs qui les exploitent, leur confisquent leurs papiers, les empêc parfois entre les mains d’employeurs qui les exploitent, leur confisquent leurs papiers, les empêchent de sortir. Plusieurs cas ont été recensés dans des entreprises de transformation des allments ou dans des fermes. Là encore, les victlmes hésitent ? dénoncer. Elles craignent souvent d’être expulsées vers leur pays d’origine. ne crainte fondée selon des ONG qui viennent en aide aux immigrants. Si les autorités canadiennes acceptent souvent de prolonger leur permis de résidence, cela reste encore une esure assez arbitraire. Première condamnation pour esclavage moderne à Londres Saeeda Khan, Britannique condamnée pour esclavage moderne (Suzanne Plunkett/Reuters) (De Londres) Pendant plus de trois ans, Mwanahanisi Mruke a travaillé dix-huit heures par jour comme esclave domestique, sans repos ni salaire. Son ex-patronne a été condamnée cette semaine à lui verser 28 600 euros de dommages et intérêts.
Elle échappe cependant à la prison ferme. C’est une histoire presque trop banale pour faire la une des journaux. Mwanahanisi Mruke 48 ans, n’a pas été battue ni busée sexuellement. Mai Ile a quitté sa Tanzanie finit par accepter roffre de Saeeda Khan, propriétaire de l’établissement, qui lui propose de venir travailler chez elle ? Londres, où elle vit depuis trente ans. Elle lui promet chaque mois 11,50 euros pour six heures de travail par jour, ainsi que 57 euros versées sur un compte bancaire en Tanzanie, pour financer les études de sa fille.
Le contrat n’a jamais été honoré. Dès son arrivée à Harrow, banlieue résidentielle de l’ouest londonien, Mwanahanisi est soumise à un train d’enfer. « J’étais traitée comme une esclave » La journée débute à 6 heures du matin : ménage, cuisine, jardinage, disponibilité de tous les instants pour les deux enfants handicapés de la maîtresse des lieux. A minuit, la bonne à tout faire, nourrie de pain sec, est autorisée à déplier un matelas dans la cuisine pour dormir quelques heures, avant de recommencer le cycle infernal, sept jour sur sept.
Au bout de quelques mois, le « salaire » n’est plus versé. Son passeport lui est confisqué. Ses modestes biens sont cadenassés dans la cabane à outils, au fond du jardin. Ses contacts avec sa famille en Tanzanie sont étroitement surveillés. On lui refuse l’autorisation de rentrer à Dar-es-Salam pour enterrer ses parents, puis pour marier sa fille. L’isolement de Mwanahanisi Mruke est renforcé par son incapacité à communiquer autrement qu’en swahili, sa langue natale. Des mois plus tard, elle s’est confiée, lors du procès de sa tortionnaire. « L’amour de ma famille me manquait.
Je n’avais pas de temps pour moi. Je travaillais des heures impossibles – parfois sans dormir. J’espérais recevoir un sala PAGF pour moi. Je travaillais des heures impossibles — parfois sans J’espérais recevoir un salaire pour améliorer mon quotidien. Mais es espoirs ont rapidement été anéantis. Je me sentais stupide. J’étais traitée comme une esclave. » Sauvée par un traducteur anglais-swahili En février 2010, après quarante mois d’enfer, Mwanahanisi Mruke finit par être autorisée à voir un médecin pour de graves problèmes de varices.
C’est le traducteur swahili-anglais, présent lors de la consultation, qui va sonner l’alarme. Il prend contact avec l’association de soutien aux travailleurs migrants domestiques Kalayaan, qui alerte la police. L’enquête est confiée à la section « Exploitation humaine et crime organisé » de Scotland Yard. Elle débouche sur le premier procès devant un tribunal britannique pour esclavage domestique. Durant les audiences, l’accusée, Saeeda Khan, médecin à la retraite de 68 ans, continue à nier l’évidence en affirmant que la victime était heureuse de travailler pour elle.
Le 16 mars, Saeeda Khan a été reconnue coupable de trafic d’êtres humains. Son comportement a été qualifié par le juge d’« inhumain et cupide L’infraction est passible d’une peine maximale de dix ans de prison. Mais elle n’a écopé que de neuf mois, une peine que le juge a suspendue pendant deux ans, en nvoquant l’âge et la santé fragile de l’accusée, ainsi que le fait qu’elle ait deux enfants handicapés à charge. Saeeda Khan a donc quitté libre la salle d’audience.
Sa seule punition est le versement de 28 600 euros de dommages et intérêts à Mwanahanisi Mruke, ainsi qu’une amende de 1 le versement de 28 600 euros de dommages et intérêts ? Mwanahanisi Mruke, ainsi qu’une amende de 17 000 euros. « 90 centimes de l’heure » de dommages et intérêts L’assoclation Kalayaan, qui a contribué à briser la loi du silence en assistant la victime, a salué une décision de justice historique, out en déplorant que la peine ne soit pas à la hauteur de l’enjeu. « Nous sommes déçus que la peine soit si faible.
La travailleuse domestique a perdu quatre années de sa vie. Nous sommes perplexes face à la logique qui a conduit à fixer le montant de la compensation. Rapporté aux nombres d’heures travaillées, cela revient à une rémunération de 90 centimes de l’heure » Affiche de la campagne britannique contre fesclavage moderne (38 Degrees) Les organisations de défense des droits de l’homme espèrent que cette première condamnation pour esclavage moderne permettra ? d’autres victimes d’avoir le courage de témoigner.
On estime à un millier le nombre de personnes réduites à un état de servitude en Grande-Bretagne, comme travailleur domestique, saisonnier dans l’agriculture ou ouvrier en usine. La grande majorité d’entre eux sont des étrangers en situation irrégulière et la menace d’expulsion les dissuade bien souvent de porter plainte. Les associations exigent des garanties sur la protection des victimes. Une pétition a été lancée pour réclamer la ratification par le gouvernement de David Cameron de la législation européenne contre le trafic d’êtres humains.