Gonzalez Marion TLI En quoi Lorenzo est-il un personnage ambigu ? Lorenzaccio est une pièce de théâtre écrite par Alfred Musset en 1830. L’action se déroule en 1535, à Florence sous l’emprise d’Alexandre de Médicis. Musset y dépeint une société de débauche dirigée par des nobles ayant perdu leurs sens de l’honneur et du devoir. C’est dans cet univers qu’évolue le personnage éponyme de Lorenzo, compagnon des agissements de son cousin qui règne en despote.
Pourtant, tout au long de l’intrigue, on découvre que le personnage de Lorenzo est moins monstrueux qu’il n’y plutôt le qualifier d’a mbigu signifie « don doute, une suspicion allons donc étudier e 3 Swip next page et qu’on devrait ire, le terme ui laisse planer un définition, nous Lorenzo est ambigu. Dans une première partie, nous verrons que son ambigüité tient du fait que c’est un personnage à la fois masculin et féminin : nous nous appuierons sur les différentes représentations dont le rôle principal était tenu par une femme puis sur le texte de Musset.
Dans un second temps nous observerons que Lorenzo est un personnage insaisissable qui oscille en permanence entre le bien et le mal, ce qui renforce son ambigüité. Puis, pour finir, nous nous pencherons sur le paradoxe de ce personnage qui se présente à la fois comme héros et anti-héros. Le personnage de Lorenzo a été de nombreuses fois joué par une femme. Après la mort d’Alfred, Paul de Musset, son frère, tentera plusieurs fois de faire adapter le drame de Lorenzaccio, jugé alors démesuré.
Cest finalement Sarah Bernhardt qui, sous la direction Arman d’Artois créé le rôle en 1896, inaugurant une tradition tenace, celle de faire jouer Lorenzo par une femme. Le choix d’une femme pour incarner Lorenzo de Médicis souleva des interrogations. En effet, a priori rien ne semblait justifier qu’une actrice féminine joue le rôle de Lorenzo : Dans I’Histoire, en 1537 à Florence c’est bien un homme, Lorenzo, qui assassine son cousin le tyran Alexandre dans l’espoir que les républicains rétablissent la République.
De plus, dans la réécriture de Musset, Lorenzo est également un homme. Pourtant, on ne peut pas totalement parler de trahison du personnage. En effet, bien que le rôle soit interprété par une actrice, elle apparait grimée en homme. Le physique et la voix de l’actrice apportent donc une dimension féminine au personnage et souligne son ambigüité en endant « l’équivoque et la fragilité de Lorenzo sur scène comme le souligne Thomasseau dans son étude littéraire Alfred de Musset, Lorenzaccio.
La pièce entrera au répertoire de la comédie française en 1927, dans une adaptation d’Emile Fabre, et dont le rôle-titre sera une nouvelle fois, interprété par une femme. La même année, au théâtre de la Madeleine, le metteur en scène A. Bour confie le r 20F 13 interprété par une femme. La même année, au théâtre de la Madeleine, le metteur en scène A. Bour confie le rôle de Lorenzo à Renée Falconetti. Comme lors de la première adaptation vec Sarah Bernhardt, il s’agit d’une actrice grimée en homme.
Robert Kemp la décrira en ces termes : « Elle a sous les cheveux noirs coupés court, un petit visage vert-de-grisé par rinsomnie , pommettes saillantes, joues creuses, lèvres blanches, menton Elle fait de Lorenzo une petite pourriture héroïque aigu, Encore une fois, l’interprétation du personnage de Lorenzo par une actrice intensifie l’ambigüité de Lorenzo : une ambigüité physique d’abord, d’un personnage à la fois féminin et masculin et dont la posture, la voix, la gestuelle de l’actrice traduisent son ambigüité morale. Marguerite Jamois ira même plus loin en interprétant le rôle en 1945.
Contrairement aux précédentes, Marguerite Jamois se démarquera en mettant en valeur sa féminité et apparaitra les cheveux longs et la silhouette gracile. Si le personnage de Lorenzo permet une interprétation féminine c’est parce que plusieurs éléments du texte de Musset font référence à la féminité du personnage. D’abord dans le texte on peut voir que les gens qui l’aiment le comparent ou le qualifient de femme pour excuser sa lâcheté. Sa tante Catherine dans l’acte I scène IV dit de lui « la lâcheté n’est as un crime Et pourquoi cet enfant n’aurait pas le droit que nous avons-nous toutes, nous autres les femmes ?
Une femme qui n’a peur 30F 13 droit que nous avons-nous toutes, nous autres les femmes ? une femme qui n’a peur de rien n’est pas aimable, dit-on- » . Le duc dit de lui dans l’acte I scène 4 que c’est une « femmelette, l’ombre d’un ruffian énervé On dit également de lui qu’il a un « corps maigre », des « mains fluettes et maladives Ce n’est donc pas un personnage viril ni un guerrier. Des mises en scènes récentes ont également mis l’accent sur sa relation trouble avec le duc ; c’est le cas de celle de Zeffirelli .
En effet, les didascalies ajoutées par Agnès Vinas pour préciser certaines caractéristiques de la mise en scène de Zeffirelli dans la captation vidéo de 1977, nous renseignent sur l’attitude que doit adopter l’acteur qui joue Lorenzo. Dans l’acte scène l, les didascalies nous apprennent que Lorenzo doit se lever, puis retourner s’agenouiller devant le duc. Francis Huster, qui interprète Lorenzo, renforce ces indications en apportant une attitude féminine au personnage. Lorenzo apparait gracile, la démarche sautillante, effectuant une danse autour du duc comme pour l’envouter.
La féminité e Lorenzo est également présente dans le surnom affectif « mignon » attribué par le duc et son « j’aime Lorenzo moi » de l’acte I scène IV. Ce surnom, ajouté à l’attitude des deux hommes, peut nous interpeler sur l’homosexualité de ce personnage. Cette hypothèse ne fait qu’accentuer son ambigüité. La bisexualité de Lorenzo est donc une sorte de métaphore de son destin et de son parcours dans l’œuvre. CYune certa 4 3 son parcours dans l’œuvre. D’une certaine façon, cette pièce explique comment Lorenzo dégradé en « fieffé poltron », « en femmelette » redevient un « homme » en assassinant le duc . ?? je voulais arriver à l’homme, me prendre corps à corps avec la tyrannie vivante » une femme fera donc d’avantage ressentir le rapport féminin, sensuel de Lorenzo avec le tyrannicide. Bien que « Lorenzetta » s’évanouisse devant une épée et que cette « femmelette » n’ait pas la force physique de tuer le duc, c’est pourtant bien elle/lui qui finit par l’assassiner . Ainsi, la première ambigüité de Lorenzo tient dans son attitude à la fois féminine et masculine. Cette ambigüité a été exploitée à de nombreuses reprises par les metteurs en scène qui ont attribué le rôle de Lorenzo à des actrices féminines telles que
Sarah Bernhardt, Marie-Thérèse Pierat, Renée Falconetti et Marguerite Jamois. Lorenzo est aussi un personnage ambigu car son attitude varie en fonction des personnages avec lesquels il se trouve : Lorsqu’il est avec le duc il est Lorenzaccio et lorsqu’il est avec Philipe il est Lorenzo. En effet, en compagnie du duc, le jeune homme apparait comme un personnage antipathique. Dès la scène d’exposition lorsque l’on voit apparaitre Lorenzo et son cousin Alexandre, tyran de Florence, c’est bien lui, Lorenzo qui semble le plus monstrueux. En effet, à travers les propos méprisants qu’il tient sur les femmes, on apprend 3