Corpus bac blanc

BAC BLANC L’AFFRONTEMENT AU THEATRE Texte A. Molière (1632-1673), ce Misanthrope (1666) Acte IV, scène 3. Texte B. Victor Hugo, Le Roi s’amuse (1 832), Acte Ill, scène 2. Texte C. J-P Sartre, Les Mains sales (1947), 6ème tableau, scène 2 Texte D. Bernard-Marle Koltes, Le Retour au désert (1988), extrait. ELEMENTS DE CORRE p g QUESTION Après avoir rapidement défini l’enjeu de l’affrontement dans chacune de ces scènes, vous direz laquelle vous paraît la plus intense. Vous justifierez votre choix..

Enjeux des conflits enjeux matériels chez Koltes enjeux idéologiques et moraux : la fidélité pour Alceste, ‘honneur pour Triboulet, la pureté révolutionnaire pour Sartre, la respectabilité pour les bourgeois de Koltes. enjeux affectifs : l’amour (amour sentimental pour Alceste et Célimène, filial pour Triboulet), la vengeance dans le cas du Retour au désert. Deux scènes apparaissent intenses par leur aspect spectaculaire : arguments fondés. Etant donné la différence entre les scènes et l’aspect plus subjectif de la question on admettra une présentation texte après texte mais on valorisera la confrontation ordonnée.

COMMENTAIRE Victor Hugo, Le Roi s’amuse (1832), Acte Ill, scène 2. Problématique : qu’est-ce qui rend cette scène d’affrontement intense ? I. une révélation BOULEVERSANTE : révélation et renversement de situation a. Un personnage marginal et exclu est placé au centre de l’action : le pouvoir du bouffon est révélé. – une scène éminemment spectaculaire . Effets de surprise marqués dans les didascalies externe et interne comme « vous restez muets » . Exclamation Séquences courtes, cassure de l’alexandrin. Toutes les passions sont exprimées dans les didascalies : colère, rire, frayeur, désespoir, gaîté, rrr indignation, détresse. (Pour nous : Toutes les spatialités théâtrales sont réunies espace dramatique, espace scénique, espace imaginaire (ce qui se passe derrière la porte du roi), espace théâtral puisque le théâtre devient un forum. ) – Triboulet est au centre de la scène, tous les regards convergent vers lui, il interpelle les autres personnages. – Triboulet est aussi spectateur puisqu’il contemple les courtisans médusés : vous restez muets..

Nous assistons ainsi à un acmé de la théâtralité où s’accomplit le pouvoir de la monstruosit é, montrer. 2 maîtresse) et le cri du cœur « Je veux ma fille » un père particulièrement possessif (noter le rôle des pronoms) ma fille, mon enfant – une fille idéalisée : une vierge, elle est jeune, elle est belle : tout l’inverse de lui, personnage laid et animalisé : les loups n’ont-ils pas leurs famille ? » – le pathétique : à la fin du texte : il se lamente, s’arrache les cheveux, questions oratoires, insistance sur son rôle de victime, son désarroi « Moi qui n’ai qu’elle Le spectateur est profondément impliqué. . L’imprécateur sous le masque du serviteur : une diatribe révélant les vices de la noblesse. la violence des propos polémiques qui remettent en cause tous les principes de noblesse : la lignée notamment. Les didascalies indiquent qu’il les exécute l’un après l’autre, toi, toi… – le constat d’une décadence morale assortie à l’injustice et ? l’abus de pouvoir. – il domine les puissants, par la puissance de sa voix, moralement, presque physiquement en menaçant le page. par la double énonciation il interpelle le public, le rallie à sa cause. C’est un véritable renversement de situation : une scène révolutionnaire au plein sens du mot. Il. UNE SCENE TRAGIQUE : TRIBOULET TRIPLEMENT ANEANTI . Ecrasé par l’ordre social et politique – un roi de droit divin dont le bon plaisir remplace les décisions insensées des dieux antiques. – Triboulet se jette contre une barrière infranchissable : la porte. . la porte délimite l’espace du secret, de l’interdit : que se passe-t-il derrière ? 3 les courtisans b.

Ecrasé par sa difformité – Quelle que soit sa grandeur morale Triboulet est maudit car son infirmité le place à l’écart de l’humanité : « Peut-il couvrir mon nom d’un nom comme les vôtres? / Peut-il me faire beau, bien fait, pareil aux autres? c. Ecrasé par son masque de bouffon. La colère de Triboulet n’interrompt pas la fête : le page boit, on plaisante : On chuchote, on se parle en riant de la chose. » – même dans sa colère, même dans sa malédiction Triboulet n’est pas pris au sérieux. « Ah çà drôle ! » lui répond-on quand il insulte la lignée des nobles.

Le masque de bouffon lui colle à la peau. CONCLUSION . – une scène emblématique du théâtre romantique de Hugo par l’alliance du grotesque et du sublime. – Un personnage poignant qui a inspiré Verdi dans Rigoletto : http://www. youtube. com/watch? v=BYxFFi39fYO Autre video : Le Roi s’amuse à la Comédie française ttp://www. youtube. com/watch? v=03kT76vA8Lg Je place une video de l’adaptation de cette scène dans l’opéra Rigoletto. Guide de notation : On attend des élèves qu’ils aient étudié l’aspect spectaculaire de cet affrontement les effets sur le spectateur, notamment la surprise, le pathétique.

La dénonciation de l’ordre féodal injuste, la puissance révolutionnaire de la pièce, dans une moindre mesure le sort fait aux femmes… 4 dont Triboulet est prisonnier de son personnage de bouffon. DISSERTATION En vous appuyant sur le corpus, vos lectures et éventuellement votre expérience de spectateur, vous vous demanderez e quelles ressources spécifiques dispose le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains. Un plan analytique est le bienvenu .

Depuis toujours le théâtre est fondé sur l’affrontement des hommes et des idées. a) Les personnages incarnent souvent des idées ou des passions conflictuelles. Dans la tragédie antique l’être humain est au prise avec la puissance divine et avec ses propres passions. Agon dans protagoniste signifie combat. Plus prés de nous Harpagon est l’incarnation de l’avarice : passion exclusive au pouvoir estructeur qui menace l’ordre social et le bonheur des siens. Songeons à l’affrontement entre Béranger, caractériser par sa naiVeté et Jean, incarnation du monstre dans Rhinocéros de Ionesco? ) Le théâtre permet d’exposer en un temps et un espace réduit des thèses, des points de vue différents. Exemple, L’IIe des esclaves, Les Justes, Les mains sales, Antigone. Vous pourriez aussi citer Tartuffe : deux clans opposés : des conflits qui dans Ika vie réelle sont étalés, dilués, ici sont concentrés dans le temps c) Le théâtre est depuis toujours assimilable à un tribunal : un lieu e règlement des conflits. La tragédie est une sorte de tribunal, différents points de vue s’opposent. Exemple : le discours de Clytemnestre contre celui Electre chez Euripide. ar la double énonciation, le public est inter ellé amené à s’impliquer et ? luger. Il est impliqué com s un tribuna S public est interpellé, amené à s’impliquer et à juger. II est impliqué comme un juré dans un tribunal. Souvenez-vous des textes du corpus Justice au théâtre. Il. Le langage théâtral dspose dun langage riche et divers pour représenter les conflits a) Le texte théâtral en lui-même : les stichomythies par exemple ans les tragédies ou dans l’affrontement Dora-Stepan dans Les Justes; le monologue qui retrace et éclaire le conflit intérieur, par exemple les Stances de Rodrigue dans Le Cid. ) L’occupation de l’espace théâtral est en elle-même liée au conflit par exemple dans la scène d’exposition de Roméo et Juliette les deux clans s’affrontent sur la première scène (front stage : conflit public) tandis que Roméo exprime son mal-être d’adolescent dans la « grotte » en arrière plan (conflit intérieur) en fin le duc apparaît sur le balcon pour menacer les combattants, sa position élevée symbolise alors l’ordre social supérieur. Dans Le Roi s’amuse la porte du roi défendue par les courtisans devient la représentation de l’interdit, de la limite à ne pas franchir, de l’oppression aussi. Dans le théâtre moderne les éclairages symbolisent cette division de l’espace. c) Le décor et les costumes sont également des formes de représentation du conflit. Ils rendent sensibles des idées complexes. Dans Médée de Corneille les projections de figures monstrueuses en arrière plan rappellent le pouvoir terrifiant de Médée; dans Don Juan la statue du commandeur par sa fixeté et sa dureté désigne le pouvoir supérieur et intangible auquel e heurte le libertin : pouvoir du père, du roi, de Dieu. Dans Le Mariage de Figaro, le lit (ou plutôt) le grand fauteuil bergère au centre de Dieu.

Dans Le Mariage de Figaro, le lit (ou plutôt) le grand fauteuil bergère au centre de la chambre nuptiale rappelle l’enjeu du conflit : la possession de Suzanne. Ill. L’implication du spectateur. La représentation théâtrale instaure également un lien fort avec le spectateur. a) Implication affective : nous nous identifions à un personnage. Exemple, le bossu pathétique Triboulet ou la femme révolté de Koltes. b) Implication émotive par la représentation directe de la iolence : meurtre de Tybalt, mort de Romeo et Juliette, assassinat du duc dans Lorenzaccio. ) Implication intellectuelle et morale par l’appel au jugement du spectateur. Dom Juan agit avec cynisme mais il est plus séduisant que Pierrot qui pourtant nous inspire de la pitié; nous abhorrons Tartuffe mais nous méprisons Orgon; Célimène nous révolte mais Alceste nous exaspère. Finalement la représentation théâtrale transporte le conflit en nous, les spectateurs. Conclusion : le théâtre, art total, rend intelligible ce qui est violent et chaotique, rend sensible ce qui est abstrait. Ces deux fonctions permettent de mieux comprendre et mieux ressentir les conflits.

BAREME : la théâtralité, l’aspect spectaculaire du conflit. La représentation symbolique des idées dans le décor n plan en deux parties est nécessaire et acceptable même s’il U n’est pas détaillé. On valorisera les exemples. On valorisera aussi les études de personnages. personnages ? Comment signifier théâtralement la violence de l’affrontement dans le décor, les mouvements des acteurs, etc ? Imaginons Une Célimène coquette : elle ne doit pas lever la voix, se jouer, d’Alceste passionné et emporté.

Une Célimène amoureuse : elle élude mais marque son trouble, elle s’emporte enfin quand Alceste veut lire la lettre, crie presque son refus. On peut imaginer que Célimène est atteinte dans sa pudeur, blessée du peu de confiance d’Alceste. Alceste lui pourrait-être un personnage souffrant, inconscient de la tendresse qu’il inspire. Une Célimène qui préfigure les féministes contre un Alceste autoritaire, dominateur, presque violent « macho » en somme. Tout repose donc sur le ton et la gestuelle. La lettre pourra être utilisée de manière théâtrale, brandie en triomphe, jetée avec age ou bien repoussée avec dédain.

Le décor, les costumes : une scène d’intimité ou une guerre, ou les deux. Dans un cas, un salon, un boudoir, dans l’autre un espace plus ouvert, des couleurs et des éclairages plus violents. Comment symboliser la duplicité de Célimène, pourquoi ne pas mettre des miroirs qui renvoient leur image à l’infini, on évoquerait aussi de cette manière l’obsession d’Alceste pour la recherche d’une insaisissable vérité. GUIDE DE NOTATION L’étude psychologique On pénalisera ceux qui n’ont pas réalisé détude du caractère des personnages pour sien tenir à de simples généralités. 8