ca santé, le 1 er mai 2005 La radio, ce matin : « Le Printemps des poètes 2005 bat son plein Ici, il n’y a pas de printemps. Sur les murs du couloir B : « Atelier poésie, ouvert à tous Que peut ici la poésie ? Ils ne savent pas quoi inventer… D’ailleurs, je n’ai pas étudié… je n’irai pas… La Santé, le 15 mai 2005 La vieille affiche jaunie dans le couloir B m’a hanté toute la nuit. Pendant deux semaines, je n’ai pas osé… Aujourd’hui, j’ai frappé à la porte de l’atelier avec un étrange sentiment de malaise au cœur. La honte peut-être. ?? Des poètes prisonniers, je peux vous en citer au moins dix- neuf… ça vous étonn tête et Je passe la soi mystérieux : Musset, donc pas tous des an avoir. JY retournerai, Puissance d’évasion La Santé, le 16 mai 2005 OF4 S. v. p next page nnent dans ma cle ces noms razin… Ce n’étaient , pas de honte ? Aujourd’hui, j’ai découvert « Spleen » : « Quand le ciel bas et lourd.. J’ai été saisi : j’ai presque cru un moment que c’était moi qui avais écrit ces vers. Comment un être qui n’a pas connu la prison peut il rendre avec autant d’acuité ce que je ressens tous es jours dans ma morne cellule ?
Mais j’ai aussi voyagé aujourdhui : « à la Grande Ourse » a Sv. ‘ipe to avec Rimbaud. Comme son Bateau ivre, j’ai eu un instant l’impression avoir largué les amarres et « fixé des vertiges Lui, il se sentait en prison dans la vie, moi, c’est ici. La poésie me crée des mondes encore plus beaux que celui de « dehors Soyons fataliste : si je n’étais pas en prison, jamais je ne connaitrais ces mondes mystérieux. Transfigurer le réel ca santé, le 2 juin 2005 J’ai décidé, à partir d’aujourdhul, d’ouvrir chacune de mes journées par une parole de poète…
Le poète sera mon premier interlocuteur. Chaque jour un poète couvrira de ses images et de ses paroles venues d’ailleurs les sinistres : « Promenade » ou « Gamelle » hurlés dans le couloir. Ma promenade sera une « Promenade sentimentale » comme la tienne, pauvre Lélia. Je soignerai mes blessures mentales avec la magie des mots. Je trouverai un poète qui fera rimer « prison » avec « maison », « cellule » avec « libellule Verlaine, et le ciel qui est par-dessus ton toit, ta palme et tes vers l’ont transformée, je me suis évadé par ce coin de ciel « si bleu, si calme
Le lecteur sollicité, créateur La Santé, le 9 juin 2005 En même temps, je ne les comprends pas toujours, ces poèmes. Mais j’aime ce jeu où je dois déchiffrer ce qui est dit sans être dit, comme un défi. Je cherche depuis plusieurs semaines ce que veut me dire Saint- John Perse : « Le banyan de la pluie perd ses assises sur la Ville. » 2 ce que veut me dire Saint-John Perse : « Le banyan de la pluie perd ses assises sur la Ville. » Qu’importe ? Tout ce que je ressens, tout ce que je comprends, n’est ni juste ni faux. Un poème est une gerbe de sens, une infinité de possibles.
En poésie, il n’y a pas d’erreur, pas de faute, pas de délit. Donc pas de condamnation, pas de prison. « Cest une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait même mortelle, que de prétendre qu’à tout poème correspond un sens véritable, unique dit Valéry. Alors, moi aussi je peux interpréter ? Quelle puissance pour un pauvre prisonnier ! Adoucit les mœurs ca santé, le 17 juin 2005 Aujourd’hui, des gars en sont venus aux mains. Que de violence entre ces quatre murs ! Je leur ai récité un poème de Boris Vian : « Ils cassent le monde… » Ils se sont tus.
Vertu des mots et de la musique poétiques… Vous collez des poèmes dans le métro, messieurs de la RATP ? Pourquoi les murs de nos prisons ne sont-ils pas aussi tapissés de poèmes ? La poésie adoucit les mœurs. Elle nous fait redevenir et sentir hommes, êtres sensibles. Le prisonnier fait peur : Un dur qui n’a pas de cœur. Pourtant la carapace que chacun, malmené par la vie, s’est forgée, il suffit de la percer. La poésie a percé la mienne. Je ne suis plus le même. Force argumentative de la poésie engagée La Santé, le 21 juin 2005 Je ne veux plus de vous, avocats. Je voudrais a 3