« Madame, Je reconnais, par expérience, que j’ai eu raison de mettre la gloire au nombre des passions; car je ne puis m’empêcher d’en être touché, en voyant le favorable jugement que fait Votre Altesse du petit traité que j’en ai écrit. Et je ne suis nullement surpris de ce qu’elle y remarque aussi des défauts, pour ce que je n’ai point douté qu’il n’y en eût en grand nombre, étant une matière que je n’avais jamais ci-devant étudiée, et dont je niai fait que tirer le premier crayon, sans y ajouter les couleurs et les ornements ui seraient requis pour la faire paraître à des yeux moins clairvoyants que ceux de Votre Altesse.
Je n’y ai pas mis aussi tous les principes de physique dont je me suis servi pour déchi accompagnent chaq pas or 6 déduire sans expliqu la humain; et c’est une entreprendre, bien q ements du sang qui e ne les saurais bien les parties du corps e l’oserais encore satisfait moi-même touchant la vérité des principes que j’ai supposés en cet écrit.
Dont les principaux sont : que l’office du foie et de la rate est de contenir toujours du sang de réserve, moins purifié que celui ui est dans les veines; et que le feu qui est dans le cur a besoin d’être continuellement entretenu, ou bien par le suc des viandes, qui vient directement de l’estomac, ou bien, à son défaut, par ce sang q page qui est en réserve, à cause que l’autre sang, qui est dans les veines, se dilate trop aisément,’ et qu’il y a une telle liaison entre notre âme et notre corps, que les pensées qui ont accompagné quelques mouvements du corps, dès le commencement de notre vie, les accompagnent encore à présent, en sorte que, si les mêmes mouvements sont excités derechef dans le corps par uelque cause extérieure, ils excitent aussi en l’âme les mêmes pensées, et réciproquement, si nous avons les mêmes pensées, elles produisent les mêmes mouvements; et enfin, que la machine de notre corps est tellement faite, qu’une seule pensée de joie, ou d’amour, ou autre semblable, est suffisante pour envoyer les esprits animaux par les nerfs en tous les muscles qui sont requis pour causer les divers mouvements du sang que j’ai dit accompagner les passions.
Il est vrai que j’ai eu de la difficulté à distinguer ceux qui appartiennent à chaque passion, ? cause qu’elles ne sont jamais seules; mais néanmoins, pour ce que les mêmes ne sont pas toujours jointes ensemble, j’ai tâché de remarquer les changements qui arrivaient dans le corps, lorsqu’elles changeaient de compagnie. Ainsi, par exemple, si l’amour était toujours jointe à la joie, je ne saurais à laquelle des deux il faudrait attribuer la chaleur et la dilatation qu’elles font sentir autour du cur; mais, pour ce qu’elle est aussi quelquefois jointe à la tristesse, et qu’alors on sent encore cette chaleur et non plus cette dilatation, j’ai jugé que la chaleur appartient ? l’amour,