Louis Hébert L’ Analyse des textes littéraires Une méthodologie complète [Extraits du livre en vente sur le site de l’éditeur: www. classiques-garnier. com] Cliquez sur l’adresse web ci-haut en italiques pour atteindre la page] PARIS CLASSIQUES GARN IER 2015 INTRODUCTION Le livre que nous pro or 16 Sni* to View ile et original. utile • si les textes qui analysent des œuvres ou d’autres phénomènes littéraires (genres, figures, thèmes, mouvements, événements, etc. ou qui présentent des théories littéraires abondent, nous manquons sans doute d’ouvrages de méthodologie en analyse littéraire. Original : il occupe un créneau, semble-t-il, vide. En effet, il n ‘existe à notre c onnaissance aucun livre qui à la fois présente : (1) la manière de produire une analyse, des principes Jusqu’aux aspects formels (définitions de Fanalyse, sortes d’analyses, parties phases du texte d ‘analyse, plan, argumentation, opinion, citations, contextes, d’événements littéraires).
Des approfondissements touchant les chapitres sur les aspects et approches du texte littéraire peuvent être trouvés dans le livre Internet 8 L’ANALYSE DES TEXTES LITTÉRAIRES ‘analyse des textes littéraires : vingt approches, disponible ? ‘adresse : http://www. signosemio. com/documents/approches-analyse- litteraire. pdf. Pour faire des commentaires ou suggestions, on peut contacter l’auteur ? l’adresse : louis_hebert@uqar. ca. Nous tenons à remercier les nombreux professeurs et chercheurs, en littérature ou en sémiotique, qui nous ont inspiré, parmi lequel flgure notre maître intellectuel principal, M.
François Rastier, de même que les étudiants qui nous ont forcé à nous poser des questions et ? tenter d’y répondre. APPROCHE, ASPECT ET CORPUS L’analyse de produits sémiotiques (par exemple, des textes) se réalise ans la combinaison des composantes suivantes : un ou plusieurs corpus, une ou plusieurs approches, un ou plusieurs aspects, une ou plusieurs configurations et une ou plusieurs ro ositions. Notre propos visera chapitre qui présente différentes approches. L’aspect est la facette de l’objet d ‘étude que I ‘on analyse.
Pour prendre un exemple simple, traditionnellement on considère qu’un texte se divise sans reste (et en principe sans recouvrements, mais ce n ‘est pas si sûr) en deux parties ou deux aspects : le fond (les c ontenus, notamment les thèmes) et la forme (la manière de présenter les c ontenus). Un aspect peut 28 se décomposer en sous-aspects, c ‘est le cas notamment des aspects fond (qui se décompose en thème, motif, etc. ) et forme (qui se décompose en ton, rythme, etc. ). Pour une liste et une présentation des aspects dans le cadre d’une analyse de textes ittéraires, voir le chapitre sur le sujet.
Ce que nous appelons la « configuration » est Vélément particulier vise dans l’aspect, par exemple Yamour pour l’aspect thématique. L’aspect et la c onfiguration sont donc le « quoi Il faut distinguer la configuration et le sous-aspect. Par exemple, si ‘on considère que l’analyse thématique porte soit sur des thèmes soit sur des motifs, thèmes et motifs sont alors des sous-aspects mais pas des configurations. Par c ontre, le motif de la femme méprisée dans Hamlet PAGF sur la base de critères objectifs, conscients, explicites, rigoureux et pertinents pour l’application souhaitée.
Voir le chapitre sur le corpus. APPROFONDISSEMENT COMBINAISONS ASPECT-APPROCHE Posons que chaque objet d’analyse, dont le texte littéraire, est décomposable en aspects (parties, c omposantes, facettes, niveaux, dimensions, ASPECTS DU TEXTE LITTÉRAIRE Plutôt que de dresser un impossible inventaire des aspects du texte en tenant c ompte de la variation de cet inventaire en fonction des différentes conceptions du texte et de ses aspects, d ‘un théoricien ou d’une époque à l’autre, nous avons décidé de prlvilégier, pour l’essentiel, une approche raisonnée plutôt q u’encyclopédique.
Cet inventairel des aspects ne présente pas directement une méthode d’analyse, mais quelques angles d ‘analyse d ‘une œuvre (par exemple, il ne suffit pas, pour obtenir une analyse satisfaisante, de repérer quelques phénomènes dans un texte et de les classer sous les divers spects). Si, pour produire une analyse, on prend plusieurs aspects, en général on choisira des aspects qui sont c omplémentaires en eux-mêmes (par exemple, grammaire des approches de produits sémiotiques.
Nos propos porteront sur la littérature, mais on peut les généraliser, avec ou sans aménagements, à tout produit sémiotique artistique voire à tout produit sémiotique tout court. Nous avons vu qu’« approche » est un concept plus général que celui de « théorie en ce q u’une théorie n ‘est pas nécessairement destinée directement à l’application et en ce que toute analyse n ‘est as nécessairement la mise en œuvre consciente, explicite et soutenue d’une théorie.
Cependant, toute analyse présuppose une approche et toute approche présuppose une théorie littéraire, fût-elle rudimentaire et non conscientisée par l’analyste. Distinguons trois formes de critique littéraire de nos jours, qui sont autant de familles d ‘approches : la critique normative, essentiellement journalistique (on indique les ouvrages parus, on les résume, on les caractérise, on les évalue) ; la critique descriptive, essentiellement universitaire (on analyse de manière rigoureuse et en principe objective) ; la ritique créatrice ou critique des écrivains (pour des détails, voir Cerisuelo et Compagnon, s. . ). Les deux premières formes de critique peuvent être dites « extérieures » puisqu’elles ne sont pas généralement le fait d ‘écrivains, et la dernière, « intérieure » puisqu’elle provient d’écrivains (nous n’employons pas les termes « externe » et « interne » ui ossèdent une autre signification PAGF s OF d’approches généralement non immanentes. Il s’agit en fait de tendances, une approche n’est Jamais totalement immanente ou totalement non immanente. Comment peut-on prétendre c mprendre un phénomène immanent à I ‘œuvre sans un minimum de c ontextualisation externe ?
Comment une analyse non immanente pourrait-elle rendre compte d’une œuvre sans se raccrocher minimalement à des phénomènes qui sont immanents à cette dernière ? Parfois, une même approche peut, selon le cas, être interne (immanente) ou externe (par exemple, la psychanalyse de ‘auteur : externe ; et la psychanalyse des personnages : interne). De plus, les luttes de préséance ou de prééminence entre les approches immanentes et celles qui ne le sont pas sont non avenues.
L’approche mmanente n’est pas en soi un simple auxiliaire d’une approche non immanente qui donnerait le sens définitif de l’œuvre et inversement. L’approche externe n’est pas un préalable nécessaire et jamais terminé avant de pouvoir entreprendre légitimement une approche immanente. Chaque type d ‘approche, sous réserve de sa validité scientifique, est a prlori c omplet en lui-même. L ‘approche immanente intègre les éléments non immanents à partir de son point de vue et l’approche non immanente intègre les éléments immanents à artir de son point de vue.
Une approche peut être in sans être immanente. PAGF 6 6 alphabétique des approches possibles et proposons quelques noms de personnes qui leur sont associées. Proposons également une présentation succincte et forcément grossière des approches ; c omme approche et Approches du texte littéraire 75 aspect sont liés (comment parler, par exemple, de la stylistique, sans parler de style ce chapitre aura des recoupements avec celui présente les aspects. Des approfondissements touchant les aspects et les approches du texte littéraire peuvent être trouvés dans Hébert, 2013-.
DECONSTRUCTION Sorin Alexandrescu (dans Greimas et Courtés, 1986 : 62) résume ainsi les opérations constitutives de la déconstruction : « découvrir ‘opposition qui domine le texte donné et le terme privilégié de celui-ci [une opposition est faite de deux termes opposés] ; dévoiler les présuppositions métaphysiques et idéologiques de l’opposition ; montrer comment elle est défaite, c ontredite dans le texte même qui est censé être fondé par elle ; renverser l’opposition, ce par uoi le terme précédemment non privilégié font l’objet d’une analyse.
Au sens restreint, il s ‘agit d ‘un produit ou d ‘un roupe de produits sémiotiques intégraux retenus sur la base de critères objectifs, conscients, explicites, rigoureux et pertinents pour I ‘application souhaitée 1. Critères objectifs : Un groupe de produits peut être choisi simplement par désir. On peut parler de produits d’élection. À moins que ce désir ne soit doublé par des critères c onscients, explicites, rigoureux et pertinents, il ne s’aglt pas à proprement parler d’un corpus.
Critères pertinents : « Les romans qui sont dans ma bibliothèque » est un exemple de critères objectifs, conscients, explicites, rigoureux ais non pertinents pour une analyse universitaire en général. Produits intégraux : On qualifie parfois de corpus des passages de produits sémiotiques (mots d ‘un texte, extraits d ‘un texte, etc. ) voire des unités isolées de presque tout contexte (les mots d’une langue, par exemp e). ? proprement parler, il ne s ‘agit pas de corpus ; en effet, pour prendre ‘exemple des textes, « le texte est pour une linguistique évoluée l’unité minimale, et le corpus l’ensemble dans lequel cette unité prend son sens. » (Rastier, 2011 : 33) Cela étant, « les sous-corpus de travail arient selon les phases de rétude et peuvent ne c ontenir que des passages pertinents du texte ou des textes étudiés. » (Rastier, 2001 : 36) Nous reviendrons sur les sous-cor us de travail plus loin.
REMARQUE : CORPUS À PAGF 8 6 produit qui réponde aux critères. Ce n’est pas la même chose que de décider, avec des critères extérieurs à fanalyse envlsagée (l’amour que l’analyste porte à telle œuvre, ou la fascination que celle-ci suscite chez lui, par exemple), de faire porter celle-ci sur un seul produit. Les principaux aspects relatifs au corpus sont : ses formes ypologiques, sa nature épistémologique, ses objectifs, ses phases de traitement, sa représentativité et son homogénéitél.
TYPOLOGIE DES CORPUS Une approche (par exemple, les approches de la sémiotique, de la narratologie) peut être utilisée de deux manières relativement au corpus. Un produit ou un groupe de produits sémiotiques (par exemple des littéraires) peuvent être analysés par une approche (l’approche est un moyen, le produit est la fin) ou encore peuvent être utilisés pour illustrer une approche voire, si elle n ‘est pas encore c onstituée, ‘établir (l’approche st la fin, le produit est le moyen).
En principe, lorsqu’un groupe de produits sémiotiques sont analysés ensemble, c’est qu’ils constituent un corpus. Rastier (201 1 : 36) distingue – à propos des textes, mais l’on peut généraliser à tout produit sémiotique – quatre niveaux de définition pour le corpus : (1) L’archive réunit l’ense ents accessibles pour l’ambition]. 1 Nous remercions Éric Trudel d ‘avoir attiré notre attention sur les textes de Mayaffre (2005) et de Habert (2001). TABLE DES MATIÈRES Première partie PRINCIPES L’analyse Définition de l’analyse . Opérations de fanalyse
Objets possibles pour une analyse . Analyse d ‘un texte ou d’un groupe de textes Analyse d ‘un élément théorique . Théorie et objet d’application. Où se trouvent les théories littéraires ? Sortes de théories . Formes de la compétence théorique Relations entre théorie et objet d ‘application Deuxième partie COMPOSANTES DE L’ANALYSE Approche, aspect et corpus . Présentation générale Approfondissement 340 Aspects du texte littéraire Connotation, dénotation Contexte . Croyance, valeurs, idéologie Disposition . a umentation 7 . 11 . 12 . 15 . 16 . 21 22 . 22 . 27 . 33 . . 36 37 . 39