Albert CAMUS (1913-1960) est un philosophe, romancier, nouvelliste, et dramaturge français du XXème siècle. La plupart de ses œuvres développent un humanisme fondé sur la prise de conscience de l’absurdité de la VIe humaine. Il qualifiera sa première réflexion à ce sujet de « cycle de l’absurde », dans lequel quatre œuvres figurent, dont une pièce de théâtre intitulée Caligula (1945).
Dans cette pièce, Camus met en scène un jeune empereur du même nom que l’œuvre, se transformant après la mort de sa sœur en un homme « obsédé ‘impossible, [et] emprisonné de mépris et d’horreur ce personnage étant inspiré du célèbre empereur romain Caligula (37 à 41). Dans la scène 8 de l’acte I de cette œuvre, on assiste au dialogue entre Caeso Caligula lui-même, au mettre en place. On naissance d’un tyran. au sujet du pouvoir e or 5 Sni* to View la), un intendant, et ce dernier compte relève de la a théorie de Caligula s analyserons les principes et les conséquences n gatives de cette tyrannie.
Albert Camus Tout le raisonnement de Caligula repose sur la logique, il le dit lui-même, « [il] [a] décidé d’être logique » (l. 6). Son discours est extrêmement bien construit : connecteurs logiques, connecteurs temporels, conjonctions d Swipe to vlew next page de coordination (« premier temps » (1. 2) ; « A raison de » (l. 7) ; « en effet » (1. 12) ; « mais » (l. 17), tous les moyens sont utilisés pour rendre son propos indiscutable, les didascalies étant également là pour renforcer cet effet, puisqu’elles nous disent qu’il est « imperturbable » (l. 2), ce qui nous laisse penser que Caligula est sûr de lui. Son plan est donc très facile à suivre • remièrement « tous les patriciens [devront]obligatoirement déshériter leurs enfants puis ils seront tués « dans l’ordre d’une liste établie et ce « en faveur de l’Etat Aucune place n’est laissée à l’implicite, puisque « gouverner c’est voler » autant qu’il le fasse « franchement » et qu’il « vol[e] directement les citoyens » plutôt que de le faire de manière indirecte.
Il utilise donc une logique implacable à partir d’un postulat gouverner c’est voler ») pour justifier la spoliation directe des biens par un raisonnement par analogie (« il n’est pas lus immoral de voler directement les citoyens que de glisser des taxes indirectes Mais derrière ce discours si implacable et si autoritaire se cachent de réelles absurdités. En effet, dans son discours, Caligula se contredit lui-même à plusieurs reprises.
Il dit tout d’abord que les patriciens seront tués « dans l’ordre d’une liste établie » pour ensuite enchainer sur « l’ordre des exécutions n’a en effet, aucune importance Y, pour ensuite dire que « ces exécutions sur « l’ordre des exécutions n’a en effet, aucune importance our ensuite dire que « ces exécutions ont une importance égale » et que de ce fait « elles n’en ont point Ces équivalences fondées sur un pseudo syllogisme aboutissent à des absurdités logiques et à une confusion dans l’échelle des valeurs, ce qui décrédibilise son raisonnement.
Mais Caligula n’en a que faire, puisqu’il est l’empereur, et que quelle que soit la chose qu’il veut faire, il pourra toujours la faire : il a tous les pouvoirs. Ce discours s’apparente donc parfaitement à celui d’un tyran, les excès et la violence n’étant pas oubliés. En effet, le fait que « gouverner, c’est voler » n’implique pas forcément le fait que la politique tenue soit monstrueuse ou violente.
C’est Caligula qui veut que les choses soient ainsi en tant que tyran. Cette violence se voit notamment dans son autoritarisme : les riches « doivent obligatoirement déshériter Il fait les choses dans la précipitation, il faut que tout soit fait « sur l’heure », ou « dans un mois au plus tard Son raisonnement est basé sur l’extrémisme : il « exterminer[a] les contradicteurs et contradictions volera, « fer[a]mourir » des gens.
C’est Caligula lui-même qui rend cette politique monstrueuse, et avoue lui-même agir de manière arbitraire puisqu’à deux reprises il utilise le mot « arbitrairement Il est donc pleinement conscient que ce qu’il reprises il utilise le mot « arbitrairement Il est donc pleinement conscient que ce qu’il fait n’a pas de réelle justification, et est plus dans l’ordre du « caprice » d’un maître, qui n’agit pas du tout dans l’intérêt public, mais « en faveur de l’Etat » (donc dans son propre intérêt).
Mais c’est moins la question de l’argent qui l’intéresse ue le fait d’exercer sa volonté, sa liberté pour changer le monde à sa façon. Cette négation de Pintérêt public le conduit donc au mépris de l’autre, au meprls des humains, et donc au mépris de la vie elle-même. Cela est parfaitement caractérisé lorsqu’il dit « si le Trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas puisqu’il place l’argent au-dessus de tout, y compris au-dessus de la vie de ses sujets. Cela se traduit également au travers de la relation qu’il entretient avec son intendant, qu’il méprise totalement.
Il le désigne en effet de manière très péjorative : « imbécile il lui donne : « écoute bien » (1. 2) ; « envoie Caligula va des ordres même jusqu’à lui dire que « [il] ne [lul a] pas encore donné la parole s, alors même qu’il ne le laisse pas s’exprimer tous ceux qui pensent comme toi et même le menace, en lui disant que « s’il le faut, [il] commencer[a] par [l’exterminer] lui Cusage de la terreur et le mépris des valeurs sont les caractéristiques des tyrans. Cela relève tout autant de la pentersité que du nihilisme complet PAGF