Flaubert

Le titre d’un roman donne toujours une indication sur l’aspect le plus important de l’œuvre. Ici, il s’agit du nom d’un personnage est donc clairement désigné comme étant PhéroÎne. Le sous-titre, quant à lui, Mœurs de province, est une indication de genre (on aura une étude de mœurs, donc presque plus un « documentaire » qu’un roman) et une indication de lieu (la province opposée paris). Ce titre, comme ce sous-titre, ne peuvent que faire penser Balzac, auteur de La Comédie humaine, autre auteur classé comme « réaliste Flaubert, tout en le critiquant, respectait son génie.

Par exemple, on rapprochera, pour mieux en comprendre la singularité, Madame Bovary. Mœurs de province de Eugénie Grandet. Scène de la vie de province. On note tout d’abord qu’il énom de l’héroïne, 3 0 d’épouse de Charles Bovary (« Madame » Bovary). Cest un moyen pour Flaubert d’attirer, dès le titre, l’attention du lecteur sur un aspect qu’il juge essentiel de son roman : le drame de la femme 12 Madame Bovary mal mariée et poussée par la monotonie du mariage à radultère.

Il y a, du reste, de l’ironie à appeler ce roman Madame Bovary, et non Emma Bovary, puisque le nom d’épouse est, comme le dit Rodolphe, à Emma, « le nom d’un autre » (celui du mari), mais il est aussi le nom d’autres femmes (la mère de Charles et sa premlere femme, HéloiSe Bovary). Le nom de « Bovary » donne aussi une indication sur le statut social du personnage : il s’agit d’une bourgeoise, et non d’une aristocrate (avec absence de particule), ce qui indique une des sources de la frustration du personnage.

Pour Flaubert, le nom des personnages est, en quelque sorte, le début de l’œuvre. Son ami Maxime du Camp raconte que, alors qu’il voyageait avec Flaubert en Orient, celui-ci se serait exclamé : « J’ai trouvé ! Eurêka ! Eurêka ! Je l’appellerai Emma Bovary ». Si le choix du nom est aussi crucial, c’est qu’il sert à donner l’illusion de la réalité des personnages et, en même temps, à fournir sur eux des indications. Il a un sens. Ainsi « Bovary » fait penser aux bovins et rappelle la bêtise de Charles mais aussi celle d’Emma derrière ses prétentions romantiques.

On peut aussi lire « Bove a ri ce qui pourrait annoncer le rire final d’Emma à l’agonie et inscrirait 4 0 « Bove ari», ce destinée dans son nom, ou « B ovary » (ovaire en anglais), ce qui rapprocherait son comportement de ‘hystérie. D’autres ignifications sont possibles. À chaque lecteur de les trouver. SUR QUEL PERSONNAGE S’OUVRE ET S’ACHÈVE LE ROMAN ? QU’EN CONCLURE ? Flaubert a choisi d’ouvrir son roman sur le récit de l’enfance de Charles et de l’achever sur la mort de ce dernier.

Il a donc mis l’accent sur ce personnage que l’on pourrait considérer comme secondaire. Madame Bovary est un roman en trois parties. La première partie présente les personnages et raconte le malentendu croissant entre les époux Bovary. La seconde partie présente les premières esqulsses 4 études 13 de solution trouvées par Emma à son ennui : une fois provoqué épart pour Yonville, elle vit son premier amour platonique pour Léon et sa relation charnelle avec Rodolphe.

La troisième partie ouvrant son roman sur l’enfance et la jeunesse de Charles, Flaubert souligne par avance sa bêtise ou plutôt son inintelligence, son absence de toute réflexion originale (« La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans susciter d’émotions, de rires ou de rêverie » juge Emma, p. 72). Le lecteur peut ainsi deviner l’insatisfaction à venir de la future Madame Bovary.

Par ailleurs, l’inintelligence de Charles s’inscrit avec cohérence dans ce roman de la bêtise qu’est Madame Bovary. En effet, il ny a pas que la conversation de Charles qui soit un répertoire d’idées reçues. On pourrait le dire des propos de tous les autres personnages… La seconde raison qu’a pu avoir Flaubert de mettre ainsi Charles en avant vient peut-être de sa sympathie pour les humbles, les personnages qui ont plus de cœur que d’idées. On peut penser à la servante mise en scène par l’écrivain dans Un cœur simple, personnage à l’horizon intellectuel étroit mais au grand cœur.

Le écit de la mort de Charles qui se consume de chagrin et d’amour irait dans le sens de cette hypothèse. 14 QUEL EST LE PREMIER MOT DU ROMAN ? QUI CE MOT DÉSIGNEDTDIL 10 6 0 entre pour la première fois. Cependant ce pronom personnel disparaît par la suite. À quoi sert-il alors ? Ce pronom « nous » pourrait un instant donner l’illusion que l’histoire est racontée entièrement par un ancien condisciple de Charles. Cependant il n’en est rien, puisque le « nous » disparait au bout de deux ou trois pages après avoir alterné avec le pronom « on », au sens plus vague.

En fait, l’emploi du pronom « nous » ise à permettre une entrée plus douce dans la fiction ainsi relayée, apparence par un narrateur. On a un peu le même effet que lorsque, au cinéma, un personnage s’adresse en voix off au spectateur, lui permettant ainsi de mieux entrer dans le film. Une fois le spectateur pris par le film, la voix off disparait. L’emploi du pronom personnel « nous » sert aussi à rendre plus vivante la scène de persécution qui ouvre le roman. Celle-ci paraît d’autant plus choquante que remploi du pronom « nous » peut aussi englober, à la limite, le lecteur.

En effet, la première scène du roman est d’une grande cruauté oute la classe se moque du jeune Charles parce qu’il ne connait pas les codes de son nouveau milieu. De fait, Charles est un « gars de la campagne » (p. 23). Tout dans ses vêtements et son air « fort embarrassé » (p. 23) en témoigne. C’est cet embarras qui fait de une victime toute désignée et lorsqu’il essaie avec timidité d’articuler son nom que les autres entendent « Charbovari » ou « Charivari programme que les élèves mettent aussitôt à exécution.

Le professeur « Charbovari » ou « Charivari lui-même tourne Charles en dérision en se moquant de sa asquette, se mettant ainsi dans le camp des autres élèves Débarrassez vous donc de votre casque, dit le professeur qui était homme d’esprit 15 p. 24). De fait, professeur et élèves peuvent se liguer contre parce que tous partagent une même origine sociale et géographique (ce sont des bourgeois citadins). QUELS SONT LES PRINCIPAUX OBJETS AUXQUELS FLAUBERT ACCORDE DE L’IMPORTANCE ? Tout au cours de rœuvre apparaissent un certain nombre d’objets que Flaubert veut rendre sign’ficatifs.

Certains figurent une fois (la casquette de Charles) d’autres plusieurs (le curé en lâtre à Tostes, la tête phrénologique, l’arsenic même). Pourquoi cette invasion par les objets ? Le premier objet sur lequel s’attarde le narrateur est la casquette de Charles, à son arrivée a est décrite en ces 8 0 possesseur, car c’est Charles qui possède « le visage d’un imbécile » doté de « profondeurs d’expression lui qui meurt d’amour à la fin du roman, ce que les amants d’Emma se gardent bien de faire !

Au reste, la casquette est composite au point que sa description provoque chez le lecteur un sentiment de pitié comique. D’autres objets, comme le curé en plâtre, dont on apprend nsuite qu’il s’est cassé dans le déménagement de Tostes Yonville, à la grande tristesse de Charles, servent à donner une impression de réel. Il est question d’objets familiers comme SI les personnages qu’ils entourent n’étaient pas des personnages de papier. Certains objets tels la belle tête phrénologique toute marquetée de chiffres jusqu’au thorax et peinte en bleu » (p. 43) ont une portée comique, d’abord parce qu’un tel objet n’existe pas (la phrénologie ou science des crânes n’a rien à faire des thorax l), 16 ensuite parce qu’elle est un don de l’amoureux d’Emma, Léon, au ari complaisant qu’est Charles. Du reste, la tête phrénologique réapparaît lors de la saisie des effets des Bovary, saisie dont elle est exceptée en raison de sa valeur d’outil professionnel. Cest une nouvelle notation comique dans la mesure où Flaubert ne croyait pas à la scientificité de la phrénologie.

Enfin, d’autres objets, tel l’arsenic qu’absorbe Emma concourent directement à la narration. À ce sujet, on peut même aller jusqu’ dire que tous les objets achetés à crédit narration. À ce sujet, on peut même aller jusqu’à dire que tous les objets achetés à crédit par Emma (prie-Dieu othique, tapis, rideaux, toilettes, cadeaux pour ses amants) jouent un rôle majeur dans le roman puisque ce sont ses dettes qui vont pousser Emma au suicide. On peut donc aussi lire Madame Bovary un roman où les objets prendraient le pouvoir.