Saison

Contrairement à ce que pourraient être tentés de laisser croire certains élus de droite, qui ont constamment accusé leurs adversaires d’« angélisme » avant de saluer le discours de fermeté prononcé par Manuel Valls à l’Assemblée nationale, mardi 13 janvier, le Parti socialiste ne découvre pas la lune en matière de sécurité. Le premier ministre en sait quelque chose, lui qui a constamment cherché à convaincre ses « camarades » d’adopter une position ferme sur le sujet. Ce qui, il est vrai, n’est jamais allé de soi.

Le 1er uin 2006, alors maire d’Évry, Manuel Valls inaugurait les locaux flambant neufs de sa police municipale, dont il avait doublé les effectifs lors des cinq premières années de son mandat. La veille, Ségolène Ro l’élection présidentiel notamment la créati militaire », pour les camp. M. Valls, lui, av p g vestiture du PS pour s martial, proposant ncadrement ui avait secoué son e. « Si la gauche n’est pas claire sur la question de la sécurité, on ne sera pas crédible sur le reste », assurait-il ce jour-là. un message qu’il répétait déjà depuis de nombreuses années. Ce 1er juin 2006, M.

Valls confiait avoir vu « monter le sujet » de la sécurité après son élection, en 1989, au conseil municipal d’Argenteuil (Val-d’Oise). Dix ans plus tard, sa double casquette de conseiller à Matignon et de candidat à la mairie d’Évry lui avait fait percevoir, ex Sv. ‘ipe to expliquait-il, le décalage entre la politique sociale du gouvernement et les préoccupations qui s’exprimaient sur le terrain. De cette expérience, qui s’était soldée par le traumatisme du 21 avril 2002, M. Valls avait tiré des leçons : « Pour l’opinion, a sécurité est le seul sujet que les politiques sont capables de traiter.

Et il est au cœur de la crise de confiance que traverse le pays « Les gens ne supportent plus l’idée de l’excuse permanente par la crise sociale poursuivait le maire d’Evry, qui disait avoir banni de son vocabulaire rexpresslon « sentiment d’insécurité La sécurité, « première des libertés » M. Valls n’avait pas été le seul à plaider en ce sens. Au début des années 1990, d’autres jeunes élus de l’Essonne et de Seine-Saint- Denis en prise avec les questions de délinquance, comme Julien Dray et Bruno Le Roux, s’étaient efforcés aux aussi de tirer la sonnette d’alarme dans le parti.

Caggiornamento eut pour chef d’orchestre Lionel Jospin. un premier pas est franchi lors de la campagne présidentielle de 1995, sous l’impulsion de Daniel Vaillant. Sous la pression conjuguée des élus locaux et des études d’opinion que lui soumet Gérard Le Gall, M. Jospin va plus loin lorsqu’il accède à Matignon, deux ans plus tard. Dans sa déclaration de politique générale, le premier ministre qual’fie la sécurité de « droit fondamental de a personne humaine » et l’érige en deuxième priorité (derrière le chômage).

SIX mois plus tard, lors d’un colloque organisé Villepinte (Seine-Saint-Denis), il affirme sa volonté de « privilégier la responsabilité individ 2 la responsabilité individuelle sur les excuses sociologiques Le changement de pied s’appuie sur une phrase, « la sécurité est la première des libertés », que reprendront plus tard… Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy. Incarnée par Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur de 1997 à 2000, l’image de fermeté affichée à Villepinte s’est ensuite stompée.

Dans un parti comme le PS, qui a une (forte) culture du débat, les divisions persistantes sur ce sujet sont étalées au grand jour. De ces passes d’armes à répétition, il résulte une impression de flou et de malaise que Jacques Chirac observe et exploite depuis l’Elysée. Dressant le bilan de son action à Matignon, le 3 mars 2002, M. Jospin reconnaît avoir « pêché un peu par naiVeté Cette phrase, puis son élimination dès le premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, ont relancé les tenants de la fermeté.

De « l’ordre juste » défendu par Ségolène Royal en 2007 à une phrase de François Hollande dans un entretien au Monde du 31 août 2013 – « Mon seul objectif, c’est la sécurité » de nouveaux mots ont conforté cette ligne. Cémotion suscitée par les attentats du 7 janvier pourrait également inciter le PS à aller plus encore dans ce sens en se rangeant derrière leur martial premier ministre. Sans pour autant mettre un point final à l’éternel débat entre défenseurs des libertés et partisans de la sécurité. Seul le curseur bouge.