E Dernier Jour d’un condamné Le Dernier Jour d’un condamné est un roman de Victor Hugo publié en 1829 chez Charles Gosselin, qui constitue un réquisitoire politique pour l’abolition de la peine de mort. p g Genèse Victor Hugo rencontre plusieurs fois le spectacle de la guillotine « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! L’œuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur l’angoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu’il subit et sur les conditions de VIe des prisonniers, par exemple dans la cène du ferrage des forçats.
Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d’âme… Il se fera exécuter sous la clameur du peuple qui voit sa mort comme un spectacle. Réception Avant la publication de son œuvre, Victor Hugo en fait la lecture quelques-uns de ses amis et c’est Édouard Bertin qui encourage l’éditeur Charles Gosselin, qui a déjà entrepris la publication des Orientales, à publier le roman.
Celui-ci, dans une lettre envoyée à Victor Hugo évoque ses craintes que ce roman sans action ne lasse le lecteur, que l’absence d’informations sur le condamné ne uise à la compréhension du récit et suggère à Victor Hugo de compléter son œuvre par une histoire du condamné. Victor Hugo refuse poliment mais fermement de suivre ces indications2. Ce sont pourtant ces deux points qui feront l’objet de nombreuses critiques à la sortie du livre.
Dès le 3 février 1829, Jules Janin critique l’œuvre dans la Quotidienne, la présentant comme une longue agonie de 300 pages et ne lui reconnaît aucune efficacité comme plaidoyer contre la peine de mort sous prétexte qu’« un drame ne prouve rien »3. Désiré Nisard parle d’une œuvre inutile qui n’a pas fait avancer la ause qu’elle défe 2 prouve rien »3. Désiré Nisard parle d’une œuvre inutile qui n’a pas fait avancer la cause qu’elle défend « la question (de la peine de mort) a-t- elle fait un pas de plus vers sa solution Je ne le pense pas » et lui reproche ses gratuites horreurs.
Il ne comprend pas que le personnage du condamné soit si mal précisé et remarque : « on est froid pour cet être qui ne ressemble à personne » (26 février 1829)4. Des voix s’élèvent pour accuser le livre de n’être que le plagiat d’un livre anglais ou américains. On le traite d’œuvre d’imagination morbide aux ressources romanesques limitées. Victor Hugo, sensible à ses critiques les parodiera dans sa préface du 24 février 1829 et défend son parti-pris d’anonymat concernant le condamné : le livre se veut être « une plaidoirie générale et permanente pour tous les accuses Cependant d’autres auteurs prennent sa défense.
Sainte-Beuve écrit : Jamais les fibres les plus déliées et les plus vibrantes de l’âme n’ont été à ce point mises à nu et à relief ; c’est comme une dissection à vif sur le cerveau d’un condamné » et Alfred de Vigny dans sa lettre du 9 février 1829, précise « C’est partout ous, toujours la couleur éclatante, toujours Fémotion profonde, toujours Pexpresslon vraie pleinement satisfaisante, la poésie toujours. Ils reconnaissent à l’œuvre sa valeur de plaidoyer et sa puissance romantique.
Gustave Vapereau, dans son Dictionnaire universel des contemporains, signale que l’œuvre fut finalement reconnue pour « la force de la pensée et I 3 contemporains, signale que l’œuvre fut finalement reconnue pour « la force de la pensée et la profondeur de Panalyse La longue préface de 1832 apportera à l’œuvre la force d’argumentation dont on lui reprochait l’absence. Préfaces On dénombre trois préfaces de Victor Hugo pour ce livre – Dans la première édition, Victor Hugo présente l’œuvre comme, au choix, un journal écrit par un condamné ou bien l’œuvre d’un philosophe ou un poète.
Victor Hugo laisse ainsi le lecteur décider. Le livre est alors publié sans nom d’auteur. – Très vite cependant, le nom de l’auteur se répand et, à la suite des critiques dont le livre fait l’objet, Victor Hugo rédige une autre préface pour la troisième édition du Dernier Jour d’un condamné (24 février 1829). Il s’agit d’une saynète parodique où il met dans a bouche de bourgeois et bourgeoises caricaturés les reproches faits au livre : « un plaidoyer nécessite une argumentation pas des sensations… e criminel ? On ne le connait pas… ce livre raconte des horreurs… le chapitre XXX est une critique de réglis et le chapitre XL celle de la Royauté…. » On y perçoit l’amertume de l’auteur incompris mais aussi la provocation pour susciter la curiosité du lecteur. – Mais la préface la plus aboutie est celle de 1832. Dans celle-ci, Victor Hugo prend le temps de développer son argumentation. I précise ses motivations : le livre est bien un plaidoyer contre la eine de mort.
Pour que ce plaidoyer soit efficace, qu’il ait valeur de généralité, il fallait que le person 4 mort. Pour que ce plaidoyer soit efficace, qu’il ait valeur de généralité, il fallait que le personnage principal soit le plus quelconque possible, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque. Il présente des descriptions très réalistes d’exécutions pour souligner la cruauté de celles-ci, explique comment en 1 830 1’abolition de la peine de mort a failli être votée par l’assemblée mais pour de mauvaises raisons.
Il interpelle les magistrats, traite le bourreau de « chien du juge » et propose, on pas brutalement une abolition de la peine de mort, mais une refonte complète du système pénal. Ainsi trois ans après avoir suscité l’émotion par la présentation de ce long monologue d’un condamné à la veille de sa mort, Victor Hugo présente une défense raisonnée de sa thèse. Composition de l’œuvre Le livre est découpé en 49 chapitres de longueurs très variables allant d’un paragraphe à plusieurs pages.
Victor Hugo rythme ainsi la respiration du lecteur et lui fait partager les états d’âme du condamné, ses éclairs de panique et ses longues souffrances. On istingue trois lieux de rédaction Bicêtre où le prisonnier évoque son procès, le ferrage des forçats et la chanson en argot. Cest là qu’il apprend qu’il vit sa dernière Journée. La Conciergerie qui constitue plus de la moitié du livre. Le condamné y décrit son transfert vers Paris, ses rencontres avec le friauche, l’architecte, le gardien demandeur de numéros de loterie, le prêtre, sa fille.
On partage ses souffrances, son angoisse devant la S numéros de loterie, le prêtre, sa fille. On partage ses souffrances, son angoisse devant la mort, sa repentance, sa rage et son amertume. Une chambre de l’Hôtel de Ville où sont écrits les deux derniers chapitres, l’un très long relatant sa préparation et le voyage dans paris jusqu’à la guillotine, l’autre très court concernant les quelques minutes qui lui sont octroyées avant l’exécution.
On remarque aussi plusieurs rétrospectives qui sont souvent des chapitres : Chapitre Il : Le procès Chapitre IV et V : le transfert et la vie quotidienne à Bicêtre Chapitre XIII et XIV : le ferrage et le départ des forçats Chapitre XXVIII : le souvenir de la guillotine Chapitre XXXIII : pepa Descriptions présentes : celle de Bicêtre au chapitre 4 elle du cachot au chapitre 10 celle de l’Hôtel de Ville au chapitre 37 celle de la place de Grève au chapitre 3 Diverses informations : chapitre 8 : fhomme compte les jours qu’il lui reste à vivre chapitre 9 : Phomme pense à sa famille chapitre 13 : le ferrage des forçats chapitre 16 : chanson d’une jeune fille lorsque l’homme séjourne à l’infirmerie chapitre 22 : transfert du prisonnier à la Conciergerie chapitre 23 : rencontre du successeur au cachot de la Conciergerie chapitre 32 : demande du gendarme par rapport aux numéros de la loterie chapitre 42 : rêve avec la vieille dame hapitre 43 : le condamné voit une dernière fois sa petite fille qui ne le reconnaît pas chapitre 48 : transfert à l’Hôtel de Ville toilette du condamné on emmène le reconnait pas on emmène le prisonnier à la guillotine. Le personnage principal Le personnage du roman est un être ordinaire, ni un héros, ni un truand. Il semble cultivé, il sait lire et écrire et connaît même quelques mots en latin. La richesse de son vocabulaire fait contraste avec Pargot parlé par le friauche ou chanté par la jeune fille. Mais on ne décèle en lui aucune grandeur particulière, il est e jouet de sentiments classiques : la peur, l’angoisse, la colère, l’amertume, la lâcheté, l’égoïsme, le remords… Jusqu’au bout, il espère sans y croire une grâce royale qu’il n’obtiendra jamais.
On découvre quelques bribes de sa vie passée : il a une mère et une femme qui sont évoquées brièvement, l’homme semble être résigné sur leur sort. On s’attache plus longuement à l’évocation de sa fille Marie qui est la seule visite qu’il reçoit avant son exécution mais qui ne le reconnaît pas et croit son père déj mort. Il raconte aussi sa première rencontre amoureuse avec Pepa, une fille de son enfance. On ne sait rien de son crime, sinon qu’il reconnaît mériter la sentence et qu’il tente de s’en repentir. Croyant, il n’a cependant pas une spiritualité telle qu’il puisse trouver dans la prière la consolation, ni suivre le discours du prêtre qui l’accompagne du matin jusqu’à l’heure de son exécution. Le faux chapitre XLVII, censé raconter sa vie, est vide.
Victor Hugo s’est longuement expliqué sur l’anonymat de son personnage. Il ne v est vide. personnage. Il ne voulait pas qu’on puisse s’attacher à l’homme, en faire un cas particulier, dire « celui-là ne méritait pas de mourir ais d’autres peut-être…. » Il devait représenter tous les accusés possibles, innocents ou coupables car selon Victor Hugo, la peine de mort est une abomination pour tous les condamnés. C’est également dans ce but qu’il fait passer à travers les sentiments du personnage de nombreuses contradictions. Roman à thèse Le roman à thèse est une expression utilisée en littérature pour classer des romans dans lesquels la réflexion philosophique ou politique prime sur l’histoire.