Cyrano de Bergerac

La salle est un carré long ; on la voit en biais, de sorte qu’un de ses côtés forme le fond qui part du premier plan, à droite, et va dernier plan, à gauche, faire angle avec la scène, qu’on aperçoit pan coupé. Cette scène est encombrée, des deux côtés, le long des coulisses, par des banquettes. Le rideau est formé par deux tapisseries qui peuvent s’écarter. Au-dessus du manteau d’Arlequin, les armes royales. On descend de l’estrade dans la salle par de larges marches. De chaque côté de ces marches, la place des violons. Rampe de chandelles.

Deux rangs superposés de galeries latérales : le rang supérieur est divisé en loges. Pas de sièges au parterre, qui est la scène même du théâtre ; au fond de ce parterre, c’est-à-dire à droite, premier plan, quelques bancs formant gradins et, sous un escalier qui monte ers des places supérieures, et dont on ne voit que le départ, une sorte de buffet orné de petits lustres de vases fleuris, de verres de cristal, d’assiettes de gâteaux, de 139 Les lustres sont baissés au milieu du parterre, attendant d’être allumés. _9_ e public, qui arrive peu à peu.

Cavaliers, bourgeois, laquais, pages, tire-laine, le portier, etc. , puis les marquis, Cuigy, Brissaille, la distributrice, les violons, etc. (On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement. ) LE PORTIER, le poursuivant. Holà ! vos quinze sols ! LE CAVALIER. J’entre gratis ! LE PORTIER. Pourquoi ? Je suis chevau-léger de la maison du Roi ! LE PORTIER, à un autre cavalier qui vient d’entrer. Vous ? DEUXIEME CAVALIER. Je ne paye pas ! -10 Mais… DEUXIÈME CAVALIER. Je suis mousquetaire. PREMIER CAVALIER, au deuxième. On ne commence qu’à deux heures.

Le parterre Est vide. Exerçons-nous au fleuret. (Ils font des armes avec des fleurets u’ils ont apportés. ) UN LAQUAIS, entrant. S 39 HOMME, s’asseyant par terre avec d’autres porteurs de provisions de bouche. Lorsqu’on vient en avance, on est bien pour manger. -12- UN BOURGEOIS, conduisant son fils. Plaçons-nous là, mon fils. UN JOUEUR. Brelan d’as ! UN HOMME, tirant une bouteille de sous son manteau et s’asseyant aussi. Un ivrogne Doit boire son bourgogne.. (Il boit. ) à l’hôtel de Bourgogne ! LE BOURGEOIS, à son fils.