anthologie

3. 4. 7. 8. anthologie Premium By cheir. ky. S6870 (beapanq II, 2015 | II pages De beaux textes Objectif : Fournir une sélection de beaux textes qui pourront être tout simplement lus pour le plaisir, ou bien reconstitués, mémorisés, mis en scène, etc. 1. Le petit garçon de la lune de Jacques Prévert (dialogue) 2. Chanson pour Anne-Marie en voyage de Jean Rousselot La rivière d’Henri Bosco Installation d’Alphonse Daudet 5. Nos arbres de Georges Duhamel 6. Le chêne et le roseau de Jean de la Fontaine Le jardin mouillé d’Henri de Régnier Le vent d’Émile Verhaeren 9.

Sur le Chemin de J 0. z-vous ce qu Sévigné 11. de Sully Prudho 12. En chemin d’Anat Le petit garçon de la lune 1 p g de Madame de Laissez-mol m’endormir sans berceuse. Laissez-moi retourner sur la lune. Je reviendrai demain matin et même pour aller plus vite je prendrai un aérolithe. Qu’est-ce que c’est ? Des petits astres qui font taxi. » — Ça doit coûter des prix astronomiques ? — Non. C’est comme le téléférique qui roule sur la voie lactée ; on peut monter, descendre en marche, on ne paie jamais, ça, n’a pas de prix. — Mais on risque de se faire mal ? ûr, tout ce qui brille est d’or. Non, rien n’est en or et tout brille simplement. — Et ils ne font jamais la guerre ? — Ils ont autre chose à faire ; embellir la lune leur prend tout leur temps. Jacques Prévert « L’opéra de la lune » Chanson pour Anne-Marie en voyage Une robe en astrakan Pour aller chez l’aga-khan, une robe en romarin Pour se baigner dans le Rhin, Une robe en pied-de-poule Pour aller pêcher la moule. U n, deux, trois, j’entends venir Les archers sur l’autre rive ; Un, deux. trois, j’entends hennir Les chevaux noirs du khédive.

Un bonnet cerclé de fer Pour s’en aller à la guerre, un couteau de bandit corse Pour tailler bateaux d’écorces, Et de gros souliers à clous Pour aller jusqu’au Pérou. n, deux, trois, j’entends sonner Les clairons et les trompettes ; Un, deux. trois, j’entends marcher une armée de pâquerettes. Une trois mille chevaux Il je pense, pour qui est sensible au ciel pur, aux feuilles tendres et aux fleurs fraîchement écloses. C’est pourquoi j’y cédai. Je partis à travers les champs. Ah ! le cœur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur.

Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d’herbes, d’arbres, d’écorce fraiche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu’à un boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l’air, où flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes. Plus loin, un verger d’amandiers n’était qu’une neige de fleurs où roucoulaient les premières palombes de l’année nouvelle. J’étais enivré. Les petits chemins m’attiraient sournoisement : « Viens ! Que t’importent quelques pas de plus ? Le premier tournant n’est pas loin.

Tu t’arrêteras devant l’aubépine. » Ces appels me faisaient perdre la tête. Une fois lancé sur ces sentes qui serpentent entre deux haies chargées d’oiseaux et de aies bleues, pouvais-je m’arrêter ? Plus j’allais et plus j’étais pris par la puissance du chemin. À mesure que j’avançais, il devenait sauvage. Les cultures disparaissaient, le terrain se faisait plus gras, et çà et là poussaient de longues herbes grises ou de petits saules. L’air, par bouffées, sentait la vase humide. Tout à coup devant moi se leva une digue. C’était un haut remblai de terre couronné de peupliers.

Je le gravis et je découvris la rivière. Elle était large et coulait vers l’Ouest : gonflées par la fonte des neiges, ses eaux puissantes descendaient en entraînant des arbres. El l’Ouest : gonflées par la fonte des neiges, ses eaux puissantes descendaient en entraînant des arbres. Elles étaient lourdes et grises et parfois sans raison de grands tourbillons s’y formaient, qui engloutissaient une épave, arrachée en amont. Quand elles rencontraient un obstacle à leur course , elles grondaient ; sur cinq cents mètres de largeur, leur masse énorme, d’un seul bloc, s’avançait vers la rive.

Au milieu, un courant plus sauvage glissait, visible à une crête sombre qui tranchait le limon des eaux. Etil me parut si terrible que je frissonnai. Henri Bosco L’enfant et la rivière Installation Ce sont les lapins qui ont été étonnés ! Depuis si longtemps qu’ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate- forme envahis par les herbes, ils avalent fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d’opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins…

La nuit de mon arrivée, il y en avait bien, sans mentir, une vingtaine assis en rond sur la plate-forme, en train de se chauffer les pattes à un rayon de lune… Le temps d’entr’ouvrir une lucarne, frrt ! oilà le bivouac en déroute, et tous ces petits derrières blancs qui détalent, la queue en l’air, dans le fourré. J’espère bien qu’ils reviendront. Quelqu’un de très étonné aussi, en me voyant, c’est le locataire du premier, un vieux hibou sinistre, à tête de penseur, qui habite le moulin depuis plus de vingt ans. Je l’ai trouvé dans la chambre du haut, immob 4 OF Il habite le moulin depuis plus de vingt ans.

Je l’ai trouvé dans la chambre du haut, immobile et droit sur l’arbre de couche, au milieu des plâtras, des tuiles tombées. Il m’a regardé un moment avec son œil rond ; puis, tout effaré de ne pas me reconnaître, il ‘est mis à faire: « Hou ! hou ! » et à secouer péniblement ses ailes grises de poussière – ces diables de penseurs ! ça ne se brosse jamais… N’importe ! tel qu’il est, avec ses yeux clignotants et sa mine renfrognée, ce locataire silencieux me plaît encore mieux qu’un autre, et je me suis empressé de lui renouveler son bail.

Il garde comme dans le passé tout le haut du moulin avec une entrée par le toit ; moi je me réserve la pièce du bas, une petite pièce blanchie à la chaux, basse et voûtée comme un réfectoire de couvent. Cest de là que je vous écris, ma porte grande ouverte, au bon soleil. Un joli bois de pins tout étincelant de lumière dégringole devant mol Jusqu’au bas de la côte. À l’horizon, les Alpilles découpent leurs crêtes fines… pas de bruit… À peine, de loin en loin, un son de fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mules sur la route…

Tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumière. Et maintenant, comment voulez-vous que je le regrette, votre Paris bruyant et noir ? Je suis si bien dans mon moulin ! C’est si bien le coin que je cherchais, un petit coin parfumé et chaud, ? mille lieues des journaux, des fiacres, du brouillard ! Alphonse Daudet « Lettres de mon moulin Nos arbres Quand la tempête arrive de l’ouest et passe sur notre jardin ; je moulin » Quand la tempête arrive de l’ouest et passe sur notre jardin ; je me mets à la fenêtre pour surveiller nos arbres.

Ils souffrent, ils résistent, ils m’inspirent de l’admiration. Ils ont une façon de rassembler parfois toutes leurs feuilles en paquet, pour fuir, sans changer de place. II en est qui sont fragiles : les peupliers se défendent mal et, dans chaque tourbillon, je les vois perdre quelque branche. L’autre hiver, deux grands arbres ont été brisés par le vent. J’en ai senti de la pitié. Les moignons, que l’on n’a as encore rognés, sont couverts cette année dune frondaison exubérante. La sève cherche issue, carrière, dédommagement.

Le grand sapin qui croît derrière notre maison, il a pris place dans mon inquiétude. Les jours d’ouragan, il se courbe jusqu’? baiser les murailles. Il a de mauvaises racines. Sil venait à se déchausser, il écraserait notre toit. Il nous faudra le faire abattre. J’y pense avec douleur. Les arbres périssent parfois de mort violente et accidentelle. Mais il leur arrive aussi de mourir assassinés. Quand les bûcherons posent la cognée pour achever leur victime en tirant sur les âbles, je suis saisi d’horreur. L’arbre en tombant fait entendre une sorte de cri terrible qui me déchire le cœur.

Que la brise vienne à se lever et j’écoute chanter les arbres. Ils n’ont pas tous la même voix. Le bouleau, le peuplier, dont la feuille est longuement et finement pédonculée, frémissent au moindre soupir. Ce sont les plus musiciens des arbres de notre vallée. Le marronnier a une bonne et forte voix qui s sont les plus musiciens des arbres de notre vallée. Le marronnier a une bonne et forte voix qui se marie assez bien avec celle des chiens de garde. Les sapins, aux feuilles aiguës, font une usique plus délicate.

Dès les premières gouttes de pluie, le catalpa résonne, avec ses feuilles charnues, comme un tambour innombrable. La feuille du tilleul est tendre, presque molle : elle ne ténorise pas ; elle excelle aux confidences… Georges Duhamel « Le Bestiaire et l’Herbier » Le chêne et le roseau Le chêne, un jour, dit au roseau : « Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ; Un roitelet, pour vous, est un pesant fardeau Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau Vous oblige à baisser la tête, Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil

Brave l’effort de la tempête. Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr. Encore, si vous naissiez à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n’auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l’orage. Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent. La Nature envers vous me semble bien injuste. Votre compassion, lui répondit l’arbuste, Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu’à vous redoutables ; Je plie, et ne romps pas.

Vous avez jusqu’ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos Mais attendons la fin. ? Co ces mots, il disait ces mots, Du bout de l’horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs. L’arbre tient bon ; le roseau plie. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.

Jean de la Fontaine « Fables, l, 22 Le jardin mouillé La croisée est ouverte, il pleut Comme minutieusement, À petit bruit et peu à peu, Sur le jardin frais et dormant. à la pluie éveille Carbre poudreux qu’elle verdit ; Au mur, on dirait que la treille S’étire d’un geste engourdi. L’herbe frémit, le gravier tiède Crépite et l’on croirait, là-bas, Entendre sur le sable et Iherbe Comme d’imperceptibles pas. Le jardin chuchote et tressaille, Furtif et confidentiel ; L’averse semble maille à maille Tisser la terre avec le ciel…

Henri de Régnier Les Médailles d’ar ile » vent, Au carrefour des trois cents routes ? ‘avez-vous rencontré le vent, Le vent des peurs et des déroutes, L’avez-vous vu, cette nuit-l? Quand il jeta la lune à bas Et que, n’en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient comme des bêtes, Sous la tempête ? Sur la bruyère, infiniment Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant novembre. Émile Verhaeren « Les villages illusoires » Sur le Cheminl Alors, devant mes yeux dessillés2, les Asturies3 déployèrent tous leurs charmes.

Ce fut, pendant ces jours merveilleux, une pavane interminable de vallées sauvages et de crêtes somptueuses, de villages inviolés et de chemins tracés comme des caresses divines au flanc des montagnes. Ce furent des heures vertes comme les pâturages d’altitude et des nuits bleues comme le ciel d’acier qui recouvrait ces paysages. La pureté des sources qui désaltèrent au moment ù l’on a soif, le moelleux blond des pains de village, la douceur troublante du vent qui glisse ses doigts dans la chevelure raidie de poussière du marcheur, tout est entré en moi avec force.

J’ai traversé des forêts et franchi des cols, enjambé les eaux noires d’un barrage et rencontré des horreos4 énormes, dressés sur des collines comme de fabuleux quadrupèdes ; j’ai cheminé ? l’ombre grinçante de gigantesques éoliennes et dormi au sommet de promontoires rocheux que bordaient d’immenses précipices plantés de résineux et de chênes verts. Et là, dans ces splendeurs, a confié son secret. 1 plendeurs, le Chemn m’a confié son secret.

Jean-Christophe Rufin5 Immortelle randonnée Compostelle malgré moi Gallimard 2013 – page 180 z-vous ce que c’est qu’un printemps ? Aux Rochersl, le mercredi 19e d’avril 1690 Je reviens encore à vous, ma bonne, pour vous dire que si vous avez envie de savoir, en détail, ce que c’est qu’un printemps, il faut venir à moi. Je n’en connaissais moi-même que la superficie ; j’en examine cette année jusqu’aux premiers petits commencements. Que pensez-vous donc que ce soit que la couleur des arbres depuis huit jours ? Répondez. Vous allez dire : « Du vert ». Point du tout, c’est du rouge !

Ce sont de petits boutons, tout prêts ? partir, qui font un vrai rouge; et puis ils poussent tous une petite feuille, et comme c’est inégalement, cela fait un mélange trop joli de vert et de rouge. Nous couvons tout cela des yeux; nous parions de grosses sommes — mais c’est à ne jamais payer — que ce bout d’allée sera tout vert dans deux heures ; on dit que non ; on parie. Les charmes ont leur manière, les hêtres, une autre. Enfin, je sais sur cela tout ce que l’on peut savoir… Madame de Sévigné2 Lettres Un songe Le laboureur m’a dit en son Je ne te nourris plus : grat « Fais ton pain me. » 0 1