Eugène Labiche 1. 2 Carrière théâtrale Pour les articles homonymes, voir Labiche. Au retour du voyage, qui a duré plus de six mois, il entame des études de droit, qu’il poursuit jusqu’à la licence, tout en faisant publier dans de petits magazines de courtes nouvelles. Il rencontre ainsi Auguste Lefranc et MarcMichel, avec lesquels il fonde une association en vue de créer des pièces de théâtre. Ils prennent le pseudonyme collectif de Paul Dan Labiche photographi Œuvres principales • Un chapeau de paill OF S. v. next page • Le Voyage de monsieur Perrichon (1860) À leur grande surprise, leurs pièces sont acceptées mmédiatement et sans le moindre problème. Labiche confiera plus tard : « Je suis vraiment honteux de la simplicité de mon début. […. l Je n’ai eu qu’à tirer le cordon pour entrer. » Il est possible que la parenté d’Auguste Lefranc avec Eugène Scribe (ils étaient cousins) ait beaucoup aidé les choses, sans même que Labiche s’en soit rendu compte. • La Poudre aux yeux (1861) • La Cagnotte (1864) • Doit-on le dire ? 1872) et fantaisiste, les Incitent à se tourner exclusivement vers vaudeville et à ses pochades passionnelles et domestiques. la comédie et ses sous-types : vaudeville, farce, pochade, evues et leurs hybrides. Débutant en 1837, la production de Labiche est tout d’abord modeste : deux ou trois pièces en moyenne par an, 1 Biographie parfois aucune pour cause de voyages à l’étranger, en fait le rythme d’un jeune bourgeois dilettante aimant l’écril. l Enfance et adolescence ture théâtrale, mais n’en ayant pas véritablement besoin pour vivre.
C’est durant cette période qu’il publiera son Eugène Marin Labiche est Issu dune famille bourgeoise seul roman, La Clé des champs (1839). Mais, à partir de aisée. Son père, tout d’abord épicier en gros, est devenu 1848, ette production s’accélère, puisqu’il fait jouer en industriel en montant, puis en exploitant une petite usine moyenne près de dix pièces par an jusqu’en 1 859, son plus de fabrication de glucose à Rueil-Malmaison, dans la ban- grand succès sur la période étant Un chapeau de paille lieue ouest de Paris. ‘Italie en 1851 Eugène fait des études de jeune homme de bonne famille : il suit les cours au lycée Condorcet, qui s’appelle alors le collège Bourbon, et il obtient facilement son baccalauréat de lettres à 18 ans, en 1833. Il n’entame pas immédiatement des études supérieures. D’une part, le décès de sa mère cette année-là lui a procuré des revenus convenables, et, d’autre part, il est attiré par l’écriture littéraire.
Cannée suivante, en 1834, son père l’autorise ? faire un voyage en Italie avec quelques camarades (l’un d’entre eux, Alphonse Leveaux, sera l’ami de toute une vie et comptera aussi plus tard parmi s 20F 14 vie et comptera aussi plus tard parmi ses collaborateurs en adoptant le pseudonyme dAlphonse Jolly pour éviter l’association Labiche/Leveaux[1] puis le rythme se ralentit progressivement, ce qui peut s’expliquer par les évènements : Labiche se marie le 25 vril 1842 avec une riche héritière de 18 ans, Adèle Hubert ; il achète en 1853 le château de Launoy à Souvignyen-sologne, avec 900 hectares de terre qu’il exploite luimême, a son seul enfant le 12 mars 1 856 et enfin est nommé maire de Souvigny en 1868. À cette occasion, il déclare modestement qu’il a été nommé (les maires n’étaient pas élus) parce qu’il était le seul de la commune à posséder et ? utiliser un mouchoir[3] . Il s’était déjà aventuré en politique en avril 1848 comme candidat républicain ? l’assemblée constituante.
Battu, il s’était par la suite rallié à Louis- Napoléon Bonaparte et avait été l’un des prel 2 ‘ŒUVRE miers, dans le monde du spectacle, à approuver son coup d’Etat en 1851 [4] . Ce soutien au prince-président, puis Empereur lui permit alors de bénéficier de nombreux appuis pour promouvoir son œuvre théâtrale[5] . En 1858, il présente ainsi devant Napoléon Ill et son épouse au palais de Compiègne sa pièce Un Gendre en surveillance. connaitra un certain succès, Les Trente Millions de Gladiator, suivi d’un autre en 1876 avec Le prix Martin. Arrive enfin 1877, date de sa dernière pièce, La Clé. Labiche avait dit auparavant . ouiours pensé qu’il y 0F 14 pièce… C’est la dernière. Songez au vieil auteur Dans les années 1860, il connaît son apogée avec une sé- démonétisé… » rie de succès parmi lesquels Le Voyage de M. Perrichon (1860), La Poudre aux yeux (1 861), La Station Champl -3 Dernières années baudet (1862) et La Cagnotte (1864) . Il est sollicité par Jacques Offenbach, alors directeur des Bouffes-parisiens, Après le relatif échec de La Clé, Labiche prend la décision pour écrire le livret d’une opérette, L’Omelette à la Folde ne plus écrire, et il s’y tient. Il a alors 62 ans. lembuche, mise en musique par un compositeur débutant : Léo Delibes.
Il écrit aussi les livrets de plusieurs opéras- Il lui reste à vivre encore une dizaine d’années, ponccomiques : Le Voyage en Chine en 1 865, Le Fils du bri- tuées par de nombreuses reprises de ses pièces, certaines gadier en 1867 et Le Corricolo en 1868, tous trois créés ? triomphales, des joies et des deuils : élection à l’Académie l’opéra-comique en collaboration avec Alfred Delacour. française le 28 février 1880, succédant au fauteuil 15 à Ustazade Silvestre de Sacy, malgré l’indignation de En 1864, sa comédie Le Point de mire est présentée en Ferdinand Brunetière qui déplore « l’invasion des genres première à la Cour à Compiègne avant d’être jouée ? inférieurs et le refus de Victor Hugo de voter pour lui ; Paris au théâtre du Gymnase.
Sa comédie-vaudeville La mariage de son fils en 1882 et naissance de ses petits-fils Grammaire (1867) est également jouée à Compiègne par en 1883 et 1884 ; décès de sa belle-fille en 1885. le Prince impérial et ses amis devant leurs parents. En 1886, Labiche encourage le jeune Georges Feydeau lors de la représentation d 4 4 parents. lors de la représentation de sa première grande pièce Tailleur pour dames, qui triomphe au théâtre de la Renaissance. Souffrant depuis plusieurs années de sérieux problèmes cardiaques, il meurt le 22 janvier 1888 à son domicile parisien, 67 rue Caumartin, à l’âge de 73 ans. Ses obsèques ont lieu au cimetière de Montmartre.
Ludovic Halévy prononce l’éloge funèbre au nom de la Société des auteurs et maître Edmond Rousse au nom de l’Académie française. Henri Meilhac lui succède au fauteuil 15. Sa femme, Adèle, meurt en 1909. 2 L’œuvre Buste à Souvigny-en-sologne La guerre de 1870 et les événements de la Commune mettent un frein, comme pour la plupart des auteurs ramatiques, à la production de Labiche, sans en altérer pour autant la qualité comme en témoigne Doit-on le dire ? en 1872. En 1 874, un nouveau projet d’opéra-bouffe avec Offenbach, qui dirige désormais le théâtre de la Gaîté, est abandonné à la suite de la faillite de ce dernier.
Labiche recycle son livret en une comédie-vaudevllle qui 176 pièces, cela peut paraître un nombre considérable de nos jours. Il s’agissait pourtant pour l’époque d’une production honorable sans plus. Sans la concurrence du cinéma et de la télévision, les théâtres étaient fortement sollicités par un public ésirant se distraire et les directeurs de théâtre étaient constamment demandeurs de spectacles nouveaux. Des auteurs en vogue purent faire jouer plus de 200 pièces, comme Anicet-Bourgeois, Bayard, Scribe ou Clairville (plus de 400 pièces our chacun des deux derniers). En dépit de ses succès, pa ses triomphes, 4 derniers). En dépit de ses succès, parfois même de ses triomphes, Labiche ne fut jamais pleinement satisfait de ses œuvres.
Il ne se considère que comme un auteur de vaudevilles, genre peu considéré des gens de lettres. II fait même jouer a l’occasion des genres encore inférieurs : des pochades, es farces ou des revues écrites à la commande, des « roustissures »[7] comme il les appelle. Il écrit ainsi à son ami Leveaux : « Le théâtre du Palais-Royal m’aura 3 fait bien du mal, il aura confisqué au profit de la farce les quelques éléments de comédie que je peux avoir dans la cervelle. I aspire à quelque chose de supérieur, non le drame, qu’il a essayé à ses débuts et qui ne lui a pas réussi, non la « haute comédie »[9] ingénieusement versifiée, pratiquée par un Casimir Bonjour, mais au moins la comédie de mœurs.
Il aurait aimé quitter définitivement le monde du théâtre du Palais-Royal et de sa grosse igolade[10] , pour n’écrire que pour le théâtre du Gymnase au genre plus relevé ou, mieux encore, pour la Après des années d’effort, il finit en 1 864 par y faire accepter une pièce Moi, écrite avec Édouard Martin, un jeune homme plein d’ambition. Le succès est mince : la pièce est jugée plutôt ennuyeuse. Il recommence en 1876 avec l’aide cette fois d’un académicien, Ernest Legouvé, pour La Cigale chez les fourmis. Le succès est modeste. Cest la dernière tentative de Labiche pour entrer dans ce monde prestigieux. Il en conservera toujours un peu d’amertume.
En 1879, la reprise du Voyage de onsieur Perrichon est un triomphe à l’odéon, tandis que l’administrateur général de la Comédie-Française, Émile Perrin, est critiqué 6 4 Perrin, est critiqué dans les journaux pour avoir refusé Eugène Labiche cette pièce quelques mois auparavant. À cette occasion, Portrait par Marcellin Desboutin Labiche confie à Leveaux : « Cela me comble de joie et satisfait ma petite vengeance. « [13] • 29 degrés à l’ombre (1873) Labiche n’étant pas venu à la Comédie-Française, ce sera la Comédie-Française qui, bien après sa mort, viendra à Labiche. Il faudra en effet attendre plusieurs dizaines Pour outes ses autres pièces, il s’entoure d’une, de deux, d’années pour que certaines de ses pièces y soient admises voire de trois personnes.
Au total, 46 collaborateurs difll fait aujourd’hui partie des 20 auteurs les plus joués de férents sont associés à sa création théâtrale. Aujourd’hui cette Institution. Parmi ses pièces les plus connues, Le encore, on ignore comment s’organisait le travail, et cette Voyage de M. Perrichon ne fut inscrit au répertoire qu’en organisation variait sans doute selon chaque cas. Toul 906, Un chapeau de paille d’Italie en 1938, Un jeune jours est-il qu’aucun ollaborateur n’a revendiqué par la homme pressé en 1 959 et Le Plus Heureux des trois seule- suite la paternité ni la propriété d’une pièce et Labiche a pu publier en 1878 son Théâtre complet en 10 volumes ment en 1975. (voir #Bibliographie) sans aucune contestation.
Quand Sil est vrai que certaines des 1 76 pièces de théâtre de Edmond Gondinet publia à son tour son Théâtre complet, Labiche ne sont que d’insignifiantes farces (selon Gilbert il indiqua pour la pièce écrite en commun avec Labiche, Sigaux), il apparaît néanmoins comme un véritable aul_e Plus Heureux des trois : « coll Labiche, Sigaux), il apparaît néanmoins comme un véritable auLe Plus Heureux des trois : « collaborateur Labiche » teur satirique, fin observateur de la bourgeoisie à laquelle qui semble montrer qu’il n’y avait pas de hiérarchie défiil appartient. Ce monde étriqué dans lequel il exalte la nie dans ces travaux partagés. toute-puissance de l’argent renvoie au contexte financier Ces associations furent diverses, tant par leur durée, éphédu Second Empire. mère, épisodique ou régulière, que par la notoriété des collaborateurs.
Ceux-ci pouvaient être soit d’obscurs littérateurs, ont le nom n’est resté dans Phistoire que par cette 3 Les collaborations seule mention de collaborateur en première page d’une pièce (le reste, c’est-à-dire leur vie et leur œuvre, ayant toSur les 176 pièces que Labiche a signées, il ny en a que talement disparu de toutes les données écrites actuelles), quatre qu’il a écrites seul : soit des dramaturges prolifiques tel Anicet-Bourgeois, auteur de 200 pièces, soit enfin des écrivains prestigieux de l’époque tels Émile Augier ou Ernest Legouvé, tous deux • Un jeune homme pressé (1848) appartenant à l’Académie française plus de 20 ans avant Labiche. ?mile Augier raconte ainsi leur collaboration : • Un garçon de chez Véry (1850) « Nous avons fait ensemble un scénario très développe, • Le Petit voyage (1868) pour lequel je lui servais plutôt à l’exciter par la contra- 4 6 diction qu’à lui donner des idées après quoi, Il m’a demandé la permission, q éreusement octroyée, B4 de revoir son travail et de l’arranger à ma guise ; j’ai refait quelques bouts de scène, pratiqué quelques coupures, et voilà[14] On dispose d’autres témoignages, dont celui très détaillé de Leveaux conservé dans sa correspondance vec Labiche, qui montrent des façons de procéder un peu différentes. Il est vraisemblable que la façon de coopérer dépendait du collaborateur. NOTES ET RÉFÉRENCES ris, 1966-68, 3054 p. – Rééd. e cercle du bibliophile, coll.
Les Génies du théâtre français, 1970 C’est actuellement la seule édition complète : toutes les pièces Imprimées, ou dont on a retrouvé le manuscrit, y figurent, soit 164 sur 174 recensees ; • Eugène Labiche (éd. de Jacques Robichez), Théâtre (2 vol. ), coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1991, 2083 p. (ISBN 2-221-06679-0), (ISBN 2-221-06680-4) – Sélection de 42 pièces ; Les méthodes de travail de Labiche furent raillées, même si ces pratiques étaient communes à l’époque. Lors de la candidature de Labiche à l’Académie française, • Eugène Labiche (éd. de Henry Gidel), Théâtre Ferdinand Brunetière, qui lui était hostile, écrivit dans La (3 vol. ), Classiques Garnier, Bordas, paris, 1991, Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1879 : « On 2492 p. ISBN 2-04-017274-2), (ISBN 2-04-017427-3), ne fait pas asseoir une raison sociale dans un fauteuil (ISBN 2-04-017437-0) – Sélection de 46 pièces. académique[15] Cétait oublier des précédents comme Scribe et Alexandre Dumas fils. Dans son article de La Biographies Volonté du 22 octobre 18 le tome VI de ses nommer le • Philippe Soupault, Eugène Labiche : Sa vie, son théâtre de Labiche « Théâtre de Labiche et Cie », affir[16] œuvre, Le Sagittaire, 1945 (réed. Mercure de mant que c’est ce qu’il ferait dorénavant France, 1964) Liste des œuvres Note : sauf précisions, les œuvres ci-dessous sont toutes des pièces de théâtre (et, à quelques exceptions près, des comédies). ?? Emmanuel Haymann, Labiche ou l’Esprit du Second Empire, orban, 1987 • François Cavaignac, Eugène Labiche ou la Gaieté critique, coll. Univers théâtral, llHarmattan, 2003 (ISBN 2-7475-3903-2) 5 Bibliographie • Notices d’autorité • Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat Œuvres de Labiche La plupart des pièces de Labiche ont été publiées de façon séparée et en recueils. Parmi les éditions les plus complètes : 6 Notes et références [1] Eugène Labiche (édition de Hen Gidel), Théâtre, Classiques Garnier, Bordas, 1991 to 2. 0 4