Fiche de lecture La prospérité du Vice, D.Cohen

La prospérité du vice, Daniel Cohen L’œuvre en général Daniel Cohen est un économiste français spécialiste des questions d’endettement et d’histoire financière récente. Dans cet ouvrage, il retrace Phistoire de Fhumanité pour nous montrer que finalement la paix n’est pas compatible avec la prospérité. Il s’inquiète de l’avenir du monde, les erreurs européennes du passé pourraient•elles se répéter ? A quelles sortes de menaces devons-nous maintenant faire face ?

Parties de l’œuvre p g Pourquoi POccident ? L’Occident s’impose vite comme le modèle dominant du fait e ses divisions conduisant à l’équilibre des pouvoirs (balance of powers). En effet, les rivalités entre nations entraînent une émulation dans de nombreux domaines : militaire, commerce, science, etc.. Ainsi, le féodalisme recule petit à petit au profit de l’autorité royale, qui commence elle aussi à perdre son pouvoir absolu dès 1214 avec la Magna Carta.

La révolution industrielle apporte une croissance sans précédent, tirée par de nombreuses innovations, contredisant la loi des rendements décroissants associée à la stagnation des niveaux e vie de Malthus qui gouvernait jusque là. Le progrès technique (Solow) est si important que l’on voit émerger des modèles de croissance perpétuelle basés sur le fait que la hausse de la population entraîne une hausse des idées (Kremer), ou sur la du fait de la loi des rendements croissants.

Le processus de « destruction créatrice » de Schumpeter se répandant dans l’économie avec les innovations, assurant le caractère éphémère des monopoles. Ainsi, « Tout va bien aussi longtemps que la croissance est assez forte pour panser les plaies qu’elle ouvre constamment dans le orps social. Qu’elle ralentisse ou, pis, qu’elle devienne négative sous le coup d’une dépression majeure, et réquilibre peut volet en éclats. ? Prospérité et dépression Le début du XXe siècle est marqué en Europe par la tragédie de la Première Guerre mondiale, rendue possible par le recours à des technologies issues de la seconde révolution industrielle (moteur à explosion, chimie, électricité, etc. ). A l’issue de ce premier conflit meurtrier de l’ère industrielle, la paix de Versailles impose à l’Allemagne défaite une « paix carthaginoise pour reprendre a mise en garde formulée par John Maynard Keynes dans son essai, Les conséquences économiques de la Paix, publié en 1919.

L’ampleur des réparations imposées à l’Allemagne humiliée obère les perspectives de paix sur le continent et contribue à la montée en puissance du nazisme, sur fond de volonté de revanche. Samorce pourtant une décennie marquée par une certaine prospérité économique (aux Etats-Unis notamment), souvent baptisée les roaring twenties, « les années 1920 rugissantes usqu’à la crise de 1929, où l’expansion s’interrompt brutalement ar un mouvement de panique sur les marchés financiers américains.

La contraction de l’activité frappe très durement les Et 2 panique sur les marchés financiers américains. La contraction de l’activité frappe très durement les Etats-Unis (le taux de chômage atteint 25 % en 1933 et la production industrielle se réduit de moitié entre 1929 et 1932), avant que la crise ne se propage ? IE-urope, notamment en raison de l’effondrement du commerce international consécutif au repli protectionniste des nations, mais aussi à l’inaction des banques centrales face à l’ampleur de la rise bancaire (et dont les leçons seront tirées face à la crise de 2007-2008).

Keynes insistera sur l’impératif de la dépense à tout prix pour soutenir la demande globale, initiant ainsi une véritable révolution scientifique en réhabilitant le rôle de l’Etat, alors que la théorie néoclassique insistait plutôt sur la capacité des forces du marché à restaurer l’équilibre.

Après la Seconde Guerre mondiale, s’ouvre une période demeurée dans l’imaginaire collectif comme celle d’un âge d’or de la croissance, celle des « Trente Glorieuses » our reprendre la célèbre formule de Jean Fourastié, portée par la rapidité des gains de productivité et accompagnée de la montée du secteur tertiaire — qualifié de Grand Espoir du XXe par le même Fourastié, puisque le travail physique s’efface progressivement devant l’effort cérébral.

La croissance de cette période est d’autant plus exceptionnelle qu’elle est fondée sur le rattrapage du pays leader, les Etats-Unis, de telle manière qu’elle finit par s’essouffler inéluctablement.

Elle a toutefois permis de soutenir la socialisation d’une partie des revenus et le déploiement de toutefois permis de soutenir la socialisation d’une partie des revenus et le déploiement de l’Etat providence (notamment le système de retraites), même si la rupture de la croissance à partir de 1973 marque un tournant pour les sociétés occidentales, confrontées à des problèmes redoutables, parmi lesquels la crise des finances publiques. Le bonheur des sociétés est ainsi particulièrement fragile : « c’est l’amélioration de sa situation qui rend une société heureuse.

Les sociétés modernes sont avides de croissance, davantage que de richesse. Mieux vaut vivre dans un ays pauvre qui s’en ichit (vite) que dans un pays (déjà) riche et qui stagne » A Pheure de la mondialisation Les défis de la mondialisation On peut considérer que l’entrée de la Chine et de l’Inde dans le jeu du capitalisme mondial constitue le trait le plus marquant de la phase actuelle de mondialisation de l’économie. En 2005, le revenu total de la Chine était ainsi le troisième du monde derrière les Etats-Unis et le Japon.

Selon les projections de la banque américaine Goldman Sachs, elle pourrait devenir le pays le plus riche du monde dès 2030, même si d’autres prévisions se ontrent moins optimistes. Le capitalisme chinois est néanmoins confronté à un certain nombre de fragilités, notamment parce qu’il est engagé dans un processus d’exode rural comparable à celui qu’a connu l’Europe en son temps et qui exerce une pression forte sur la progression des salaires.

La croissance du niveau moyen des revenus conduit à une élévation du taux d’épargne (notamment parce que le système de 4 moyen des revenus conduit à une élévation du taux d’épargne (notamment parce que le système de protection sociale est insuffisant et laisse la place à la prévoyance individuelle) : l’excès ‘épargne est la contrepartie d’une économie en forte croissance, et qui adopte progressivement les normes de consommation des sociétés occidentales. Fukuyama ou Huntington ?

La chute du Mur de Berlin et l’effondrement des économies planifiées ont conduit à un élargissement de la sphère du marché à l’échelle mondiale : Francis Fukuyama parlait de « fin de l’Histoire » pour désigner la convergence des sociétés vers l’économie de marché et la démocratie représentative. Mais les attentats du 1 1 septembre 2001 ont renouvelé les analyses en ermes de « choc des civilisations » pour reprendre la formule de Samuel Huntington dans un monde culturellement fragmenté où chaque civilisation persévère dans son être propre et ne converge pas avec les autres.

En tout état de cause, les civilisations sont aujourdhui confrontées à des crises financières de plus en plus violentes, dautant que la finance contemporaine a laissé se déchaîner la cupidité – les analyses de Max Weber montraient au contraire que le déploiement du capitalisme reposait sur la capacité à rationaliser les appétits et la cupidité, à les maîtriser. Plus fondamentalement, les sociétés sont exposées au risque de krach écologique.

Citant le livre de Jared Diamond, Effondrement, qui rappelle de manière magistrale comment de nombreuses civilisations ont succombé aux désastres écologiques, Daniel Cohen rappelle S de nombreuses civilisations ont succombé aux désastres écologiques, Daniel Cohen rappelle que la volonté collective doit d’urgence se manifester pour éviter un désastre collectif, même « s’il faudra un immense effort coordonné de recherches scientifiques et de décisions politiques pour s’entendre sur de ouvelles normes internationales L’économie immatérielle constitue à l’évidence un nouvel espoir pour les nations, même si le cybermonde crée en réalité une mondialisation des images de la mondialisation et peut, face ? l’exemplarité affichée du modèle occidental, conduire en retour ? une crispation sur les identités de référence.

Le rattrapage des émergents est également facteur d’inquiétudes dans ce vaste et rapide processus « d’occidentalisation du monde vers une forme, inédite dans llHistoire, de civilisation unique. Au contraire de l’Europe qui raisonnait dans le cadre d’un rogrès infini, l’humanité est sans doute à un stade où elle doit mentalement apprendre à raisonner dans le cadre d’un monde fini. Daniel Cohen nous montre donc ici que l’humanité, et principalement les pays émergents vont devoir s’adapter pour évoluer et faire face aux nouvelles menaces, qu’elles soient écologiques ou virtuelles. L’homme doit chercher le bonheur dans la solidarité, car s’il continue à se sentir heureux par comparaison à son groupe de référence, l’arrivé du monde virtuel lui permettant d’être proche du monde entier ne le rendra que plus malheureux.