Hugo, Discours d’ouverture du congrès de la Paix à Paris 1. Situation du texte Hugo a eu un parcours politique complexe. Du fondateur du Conservateur littéraire à rengagement républicain contre la misère, l’évolution a été lente et trente ans ont passé. C’est ici le député qui prend la parole, fhomme politique engagé connu par ses prises de position contre la peine de mort dans Le Dernier jour d’un condamné ou Claude Gueux, ou encore contre le travail des enfants dans le poème « Melancholia 2.
Unité et diversité (questions 1 et C’est la voix de Hugo orateur qui sert de cadre au discours et que ous trouvons aux lignes 3 à 6, puis 26 et 27, et enfin 31 et 32. À l’intérieur de ce ca qui aurait pu annonc battaient sans cesse ou entre provinces, q le pays connaîtrait l’u or 12 irÉ. Snipe to role d’un homme ux peuples qui se de France, entre VIIIes s cesseraient et que I-même rapporte d’autres paroles (l. 8-9), contemporaines de l’état de division et le constatant.
Ensuite cet orateur, dans une prosopopée, donne la parole à un « concile souverain » – métaphore désignant l’Assemblée nationale — qui s’adresse au peuple (l. 18-19) en légiférant sur la paix. On observe donc un emboitement complexe de discours directs, Victor Hugo incarnant tour à tour ces différents tribuns du passé porteurs d’un message de pax qui se prolonge dans le présent. Dans une visée de persuasion, l’orateur procède par accumulations qui amplifie Swipe to nex: page amplifient la portée du discours, dont il faut rappeler qu’il est effectivement prononcé en public, et renforcent l’expression des idées.
C’est tout d’abord une énumération (l. 5-6) des différentes provinces françaises qui se sont souvent affrontées au cours des siècles passés. Hugo évoque ainsi l’époque de la diversité provinciale, préparant l’antithèse avec l’entité unifiée qu’est ? présent la France. Aux lignes 12 et 13, c’est une énumération des armes utilisées qui montre à la fois la diversité des moyens utilisés et leur inutilité, puisque cette panoplie destructrice sera remplacée par une simple urne en bois, « l’urne du scrutin » (l. 14).
L’accumulation, là encore, prépare Pantithèse et met alors en valeur le contraste entre la lourdeur des moyens de faire la guerre et la simplicité de la paix. 3. Un orateur visionnaire (questions 3 et 4) Hugo construit une opposition radicale entre la vision d’un passé lointain où les hommes étaient divisés, enracinés dans des régions belliqueuses, et celle d’une unité à venir. C’est ce qu’indique, aux lignes 23-24, Fantithèse entre les attributs du sujet qui sont les noms des provinces d’antan : « Vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie… » et le dernier attribut « vous serez la France ».
La même antithèse joue entre le pluriel « des peuplades ennemies » et le singulier, où le déterminant indéfini a également sa valeur numérale « un peuple Le texte fonctionne sur le mode d’une extrapolation implicite : le procédé vise en fait à montrer, en prenant l’unité nationale comme exemple du possible, que la réunion pacifique de peuples qui se sont combattus est au 12 exemple du possible, que la réunion pacifique de peuples qui se sont combattus est aussi envisageable sur un plan plus large, ? l’intérieur de l’Europe, parce qu’elle correspond à ce que Hugo nomme « les desseins de Dieu » (l. 2) et qui est en fait le sens de l’Histoire. Si l’orateur fait référence au passé, c’est pour proposer une vision optimiste de l’avenir, tourné vers l’espoir ‘un avènement des « États-unis d’Europe pour des peuples qui se sont tant combattus, il y a peu, au cours des guerres de la Révolution puis de l’Empire. L’avenir lui donnera raison, mais il faudra attendre encore plusieurs guerres très meurtrières, et plus d’un siècle de déchirements. Ainsi, il fait naitre cette espérance que l’homme puisse dépasser les conflits liés aux nationalismes, même si cela parait utopique.
Le raisonnement indult chez les auditeurs est le suivant : puisque les hommes ont déjà accompli dans d’autres circonstances, pour constituer des états, ce qui araissait inimaginable Oh ! le songeur ! l. 27), ils peuvent aussi, à plus grande échelle, dans l’avenir, surmonter leurs divergences pour atteindre la paix universelle. Le discours du Dalaï-lama apporte certaines nuances a la thèse optimiste de Hugo : il ne nie pas l’importance de la paix, mais précise qu’à elle seule, celle-ci ne suffit pas à assurer le bonheur de l’homme. En effet, la paix qui ne s’accompagne pas de liberté (« les souffrances d’un prisonnier politique l. ), de respect des droits de fhomme un déboisement incontrôlé l. 5) ou de démocratie reste un vain mot. La situation du Tibet, envahi par la Chine et pacifié, certes, mais réduit 19 reste un vain mot. La situation du Tibet, envahi par la Chine et pacifié, certes, mais réduit au silence, est évidemment celle que le prix Nobel de la paix évoque ici : c’est pour cela qu’il oppose une paix apparente et illusoire à la seule qui compte vraiment la paix de [‘esprit », l. 8), qui ne peut être atteinte par le seul « développement matériel » (l. 12).
C’est bien le chef spirituel d’une nation qui s’exprime alors, et réclame une synthèse entre les satisfactions matérielles de l’homme et ses idéaux de vie. Valéry, La Crise de Hesprit L’essai dont est tiré ce texte fait partie d’un ensemble plus vaste, Variété, publié en 1924. Lui succéderont différents ouvrages, de Variété Il à Variété V en 1944, qui sont des recueils d’essais et de commentaires sur des sujets divers, littéraires et philosophiques. En 1922, Valéry a déjà donné une conférence en Suisse sur la crise de l’esprit et, en avril 1924, il a vu défiler les fascistes ? Rome.
Mais c’est surtout le bouleversement intellectuel qu’a provoqué la guerre dont il rend compte ici. 2. La civilisation en danger (question La particularité de la première phrase apparaît nettement : l’emploi réitéré (quatre occurrences) de nous pour désigner les civilisations signale une prosopopée. Ce sont elles qui prennent la parole. Elles annoncent une prise de conscience : après la Première Guerre Mondiale, elles ont fait l’expérience de leur vulnérabilité. Cette annonce initiale dramatise la situation et souligne le danger encouru, celui d’un retour à une forme de chaos, de barbarie. 3.
Fragilité des civilisations (questions 2, 3 et Une civi 2 à une forme de chaos, de barbarie. Une civilisation, d’après les éléments contenus dans le premier paragraphe, se définit par un ensemble de savoirs, de croyances, de productions de l’esprit humain qui se sont accumulées au fi des siècles ; elles ont jeté leur éclat comme un brasier ; comme l’indique la métaphore de la ligne 7 : « la terre apparente est faite de cendres il en reste des éléments résiduels, qui forment un socle commun. Les cultures antiques, objet d’études séculaires, sont assimilées à « d’immenses navires » (l. ) qui ont fini par couler, malgré Fimpression de puissance qu’ils dégageaient. Dans e deuxième paragraphe, l’emploi réitéré du substantif « nom qui apparaît aux lignes 12, 14 et 15, indique que ce qui nous semble solide, permanent, voire éternel, peut un jour n’être plus qu’un nom, c’est- à-dire la trace d’un objet disparu. Ainsi, des nations puissantes France, Angleterre, Russie b) pourrait un jour ne subsister que le souvenir, comme celui des cités enfouies depuis longtemps dans les sables : « Élam, Ninive, Babylone ». 4.
Le paradoxe des valeurs (questions 4 et Le paradoxe est exprimé de manière précise à la ligne 30 : « Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus En effet, Valéry se fonde sur l’expérience de la première Guerre mondiale vue du côté français. Le peuple allemand, qui représente l’aboutissement d’une certaine civilisation dont l’auteur semble faire l’éloge, et qui est associé à des valeurs éminentes comme « le travail « l’instruction » et « la discipline a engendré des comporteme PAGF s 9 a engendré des comportements destructeurs et a été responsable de la mort d’un grand nombre d’hommes.
Le paradoxe est là : ce sont ces vertus qui ont rendu possibles ces manifestations des pires horreurs. Le choc créé par ce paradoxe st souligné aussi par l’hyperbole des lignes 26-27 : « les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté n’a créé de vices Dans cette formule, Valéry retourne en quelque sorte la sentence : « l’oisiveté est mère de tous les vices pour l’invalider. Les deux piliers de la civilisation : « Savoir et Devoir » sont par conséquent affaiblis, objet de crainte ou de doute, qui se traduit dans l’interrogation : « vous êtes donc suspects ?
Les valeurs jusqu’alors les plus solides en apparence semblent remises en cause. En effet, l’Histoire récente l’a confirmé, le développement e l’esprit humain, de l’organisation rationnelle et des techniques, qui peut être la preuve de progrès de la civilisation, a failli entraîner l’anéantissement des civilisations, voire de l’humanité. Primo Levi, Si c’est un homme Prlmo Levi, docteur en chimie italien entré dans la Résistance italienne, a été déporté à Auschwitz en 1944.
Profondément traumatisé, survivant à des épreuves terrifiantes avant détre libéré par IArmée rouge, il choisit d’évoquer son expérience dans Si c’est un homme. Ce livre est un récit autobiographique, mais aussi une analyse sans complaisance du fonctionnement des amps. L’auteur veut témoigner contre l’oubli et la banalisation, et montrer de manière très pr PAGF 19 des camps. L’auteur veut témoigner contre l’oubli et la banalisation, et montrer de manière très précise et lucide la déshumanisation dont les déportés étaient victimes et acteurs.
L’univers du camp est disséqué jusque dans ses règles les plus inhumaines. 2. un monde binaire (questions 1 et 3)Cl L’auteur précise lui-même qu’il s’agit ici d’une métaphore. Les mats sont empruntés au lexique religieux, en particulier chrétien, selon lequel certains hommes sont choisis (« élus l. ) par Dieu pour être sauvés de la mort et promis à la vie éternelle, et d’autres destinés à la damnation, c’est-à-dire condamnés aux flammes de l’Enfer.
Ces notions s’appliquent à la vie dans le camp de concentratlon, puisque la vie y est d’une dureté telle que le destin des hommes y est scellé brutalement, certains étant condamnés d’avance, d’autres qui « ont su s’adapter » y devenant très forts ; ils sont ainsi assimilés à des élus : ils pourront survivre. Aussi celui qui résiste au Lager est un homme revenu aux instincts les plus primaires, qui réussit à s’imposer dans des onditions aussi terribles que celles des camps.
Les valeurs humaines reconnues sont inopérantes : ainsi, l’amitié et même la simple considération de ceux qui n’ont aucune chance de survie est inutile ne valent même pas la peine qu’on leur adresse la parole s, l. 30-31). La force d’adaptation la lutte pour la vie », l. 25) sans aucune considération morale, devient la règle absolue, comme l’indique l’expression : la loi inique est ouvertement en vigueur » (l. 26). L’oxymore « loi inique » indique bien qu’il s’agit d’un univers à part où la règle existe mais ne s 7 2