Le Monologue Final De B Ranger

Le monologue final de Béranger Introduction Dans le cadre de notre étude, nous étudions le monologue final de Bérenger, extrait de Rhinocéros de Ionesco, auteur dramaturge du XXème siècle dont la thématique essentielle et dominante est l’absurde Le monologue final que nous nous proposons d’étudier a pour fonction de proposer un dénouement à la pièce de Ionesco. Pour situer le cadre d’ensemble, nous dirons que le monologue prend forme au moment du départ de Dudart, (personnage important de la pièce qui représente l’échec de l’intelligence face à la montée du t incarnait avec Béran or 12 triomphant est un éc c,

Sni* to View rhinocéros. Bérenger homme non transfo t). Daisy, qui ce au totalitarisme r rejoindre les n fait le dernier Oit donc de défendre la cause humaine contre la montee et l’invasion du rhinocérisme. Notre problématique : en quoi ce monologue reflète-t-il la condition d’enfermement du personnage et du langage, et comment Béranger parvient-il à évoluer? Nous verrons dans un premier temps l’enfermement de l’homme dans sa parole, puis la quête d’identité du personnage, avant de voir l’évolution du personnage lors du dénouement.

I – L’absurde au niveau du langage : l’enfermement de Ihomme dans la parole L’impuissance de la parole Le paradoxe s’ouvre dans un premier temps sur la d dislocation du langage. Bérenger devient héros malgré lui mais il est confronté à l’impuissance du langage. On voit l’absurde de la condition humaine, qui est douée de parole, mais qui ici, ne peut s’exprimer. L’homme a un langage disloqué voué au non-sens. Les mots échappent à l’homme, seul être doué de parole.

Notre héros se laisse dominer par l’impuissance linguistique et émotive, ses émotions le submergent et dans le même temps que les mats, lui échappent au point que le monologue devient à lui seul, un non-sens, une confusion. Pour montrer cet aspect de manière hyperbolique, Ionesco se sert d’une ponctuation abusive. Nous notons en effet un nombre important de points d’exclamation ainsi que des répétitions : « Crois moi Daisy! Daisy! Daisy…  » dans les quelques premieres lignes : 12 polnts d’exclamation dans des adresses à Daisy. s points d’interrogation soulignent également l’étrange confusion du monologue, on peut à cet égard citer : Daisy, où es tu, Daisy? Tu ne vas pas faire ça Daisy?  » ou encore :  » Quelle est ma langue? Est-ce du français?  » Les phrases nominales renforcent encore de manière paroxystique l’impuissance du angage : « un ménage désuni » 2 – Le malaise dans la communication des personnages Le langage extrêmement confus rend le monologue étrange et incompréhensible et la communication entre les personnages impossible.

Nous sommes dans le non-sens qui au niveau plus philosophique pourrait traduire le mal existentiel profond de Bérenger sombrant dans la plus parfait 12 Bérenger sombrant dans la plus parfaite et irréversible solitude. « Je suis tout à fait seul maintenant.  » p243 Sa parole, centrée sur elle-même nous renvoie au malaise du personnage qui se doit de prendre conscience et accéder à la lucidité de son état ritique : il est le seul homme à ne pas s’être métamorphosé en rhinocéros, perdu au milieu d’une humanité transformée et victime de rhinocérite aigue.

Il est donc porteur d’une humanité a priori perdue qu’il doit sauver en se prouvant qu’il est encore humain. Son recours : le langage, or le langage ne fonctionne plus, il ne remplit plus ses fonctions premières et l’absurde est à son paroxysme : « il n’y a pas d’autre solution que de les convaincre». « D’abord, pour les convaincre, il faut leur parler. pour leur parler, il faut que j’apprenne leur langue. ‘ p244. Les rhinocéros ‘entendent pas le langage des hommes, ils sont dépourvus de réflexion et de parole, c’est pourquoi, notre héros décide d’entrer en communication avec les animaux en barrissant.

Il va parler aleur langue» essayer de les imiter voire même devenir rhinocéros en parlant leur langue. cf. p245 « (Il essaye de les imiter par des onomatopées : « Ahh, ahh, brr! Non ça n’est pas ça! Essayons encore, plus fort! Ahh, ahh, brr!  » Cette scène tout en étant tragique peut avoir aussi une nuance comique, que la mse en scène peut faire ressortir. Mais en vain, l’échange attendu ne trouve pas de répondant et Béranger est coinc 9 ressortir. Mais en vain, l’échange attendu ne trouve pas de répondant et Béranger est coincé dans sa langue.

Il se retrouve seul face à lui-même. Transition On retrouve les thèmes de l’absurde dans cette difficulté de communication. Mais plus important encore est le thème de l’identité : ici les valeurs s’inversent, et l’homme se cherche Il/ Une inversion des valeurs, et une quête d’identité Béranger, seul être humain, ne sait plus qui il est. On le voit dans le thème du miroir, des photos et des tableaux. 1 – Identité et le reflet Béranger est seul, et il se tourne vers le miroir, pour comprendre ui il est.

En effet, Bérenger cherche toujours à refléter son image dans le miroir car son image n’est plus réfléchie dans le regard des autres, cet autre moi-même. Les tableaux, les photos, les miroirs sont liés à l’image et au reflet, ils renvoient donc à la question de l’identité. Béranger se demande qui il est. «QuelIe drôle de chose ! Mais à quoi je ressemble alors? » Son identité semble perdue car aucun homme ne peut plus la refléter. IL se cherche dans le miroir, puis dans les photos et dans les tableaux : « oui, je me reconnais ; c’est moi, c’est mail ».

Cette onfusion d’identité se retrouve dans le langage, qui ne peut que se refléter : on voit beaucoup de répétitions dans ce monologue, on voit le trouble du personnage : « un homme n’est pas laid, un homme n’est pas laid! « ,  » c’est mai, c’est moi! « je ne suis pas beau, je ne suis pas beau ». Dans l’évolution de ces répétitions, on p 2 c’est moi! « , « je ne suis pas beau, je ne suis pas beau ». Dans l’évolution de ces répétitions, on peut voir se dessiner une inversion des valeurs. – Une inversion des valeurs – Le règne des rhinocéros a commencé, ils envahissent la scène, Bérenger perd ses repères et confond les valeurs : Lexique laudatif appliqué aux rhinocéros qui sont ainsi humanisés : ils sont « beaux « leur couleur est « magnifique » « leur chant ont du charme Par comparaison, Bérenger fait de lui un autoportrait péjoratif : « laid », le front « plat les traits « tombants », le corps « trop blanc peau « flasque’ on a des antithèses même dans les didascalies : La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles.

La didascalie insiste sur la beauté des rhinocéros et la laideur des humains. – La frontière entre l’homme et ranimal n’est plus nette, le hinoceros « chante » et Phumain Bérenger « hurle Béranger se retrouve seul face à la majorité, qui devient belle, qui devient le repère. Il est « contre tout le monde », il le répète deux fois. Seul il devient l’intrus, le « monstre’ . Le personnage évolue dans ce monologue final entre attirance vers cette majorité et rejet. Ill le trajet du personnage : de la confusion à la résistance Les didascalies montrent l’évolution du personnage 1.

Didascalies qui montrent l’évolution du personnage (Il retourne vers la glace. ) (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la flace PAGF s 9 vers la glace. ) la flace. ). (Il regarde les paumes de ses mains. ) (Il essaye de les imiter) (Il tourne le dos à la glace. ) (Il a un brusque sursaut. ) (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinoceros, tout en criant:) Béranger est face à un dilemme, une partie de lui-même désire devenir un rhinocéros, la deuxième partie désire rester un homme.

Les trois dernières didascalies montrent un changement de ton : Béranger tourne le dos à la glace, et fait face aux rhinocéros. 2. De la confusion à la résistance Dans le début du monologue, il doute, culpabilise, hésite, uis il est attiré par les rhinocéros. A la fin du monologue, il a un sursaut, décide de résister, de rester un homme. On a un champ lexical de la guerre : ‘je me défendrai Ma carabine, ma carabine! je me défendrai Je ne capitule pas! i le vocabulaire devient militaire, il entre en résistance. Cest une fin ouverte, le spectateur peut être soulagé mais se demande : Béranger arrivera-t-il à résister? On a pas de triomphe de l’humanité, le rhinocérisme semble gagnant, illustrant le totalitarisme triomphante, l’issue peut être fatale (d’où l’aspect tragique du dénouement), avec l’expresslon « jusqu’au bout » (c’est ? dire peut être jusqu’à la mort), même si le futur (je resterai [un homme] i’ laisse un petit espoir.

Béranger, l’homme moyen, plutôt faible, alcoolique, représente l’homme en général (il n’est pas un PAGF 19 Béranger, [homme moyen, plutôt faible, alcoolique, représente l’homme en général (il n’est pas un surhomme), et il proclame la dignité de l’homme. Conclusion Notre héros est un anti-héros, pris par le doute : on a un renversement des valeurs, le personnage est tenté de se ranger du côté de la majorité, être beau c’est être transformé en rhinocéros. Ionesco critique une majorité qui serait mal éclairée.

Ce combat pour l’humanité agonisante à l’image d’un monde en plein déclin illustre l’absurde de l’homme trahi par le conformisme et condamné à un mal existentiel profond. Ce monologue final montre la trajectoire insolite de Bérenger qui parvient, après avoir été tenté de rejoindre les rhinocéros, et au prix d’un violent combat intérieur, à demeurer tragiquement seul, mais humain. Paradoxalement, Bérenger ne réfléchit pas consciemment à son acte de résistance : ce monologue met en valeur une résistance émotionnelle et irréfléchie.

Il conclue la pièce de manière incomplète, mais constitue toutefois une sorte e catharsis (libération des pulsions négatives, ici la passivité) moderne : le thème apparemment absurde de Rhinocéros présente en effet un thème universel : le refus de la soumission passive, l’engagement pour survivre. Le rhinocérisme est gagnant ce qui illustre le totalitarisme triomphant. Lecture du texte Bérenger, se regardant to 7 9 place. si vilain que ça un homme. Et pourtant, je ne suis pas parmi les plus beaux! (II se retourne. ) Daisy! Daisy! Où es-tu, Daisy?

Tu ne vas pas faire ça! (Il se précipite vers la porte). Daisy! (Arrivé sur le palier, il se penche sur la balustrade. ) Daisy! Remonte! Reviens, ma petite Daisy! Tu n’as même pas déjeuné! Daisy, ne me laisse pas tout seull Qu’est-ce que tu m’avais promis! Daisy! Daisy! ((11 renonce à l’appeler, fait un geste désespéré et rentre dans sa chambre. ) Évidemment. On ne s’entendait plus. un ménage désuni. Ce n’était plus viable. Mais elle n’aurait pas du me quitter sans s’expliquer. (Il regarde partout. ) Elle ne m’a pas laissé un mot. Ça ne se fait pas.

Je suis tout à fait seul maintenant. (Il va fermer la porte à clé, soigneusement, mais avec colère. ) On ne m’aura pas, moi. (Il ferme soigneusement les fenêtres. ) Vous ne ‘aurez pas, moi (Il s’adresse à toutes les têtes de rhinocéros. ) Je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas ! Je reste ce que je suis. Je suis un être humain. Un être humain. (Il va s’asseoir dans le fauteuil. ) La situation est absolument intenable. C’est ma faute, si elle est partie. J’étais tout pour elle. Qu’est-ce qu’elle va devenir ? Encore quelqu’un sur la conscience.

J’imagine le pire, le pire est possible. Pauvre enfant abandonnée dans cet univers de monstres ! Personne ne peut m’aider à la retrouver, personne, car il n’y a plus personne. (Nouveaux barrissements, courses éperdues, nuages de poussière. Je ne veux pas les entendre. Je vals m 9 (Nouveaux barrissements, courses éperdues, nuages de poussière. ) Je ne veux pas les entendre. Je vais mettre du coton dans oreilles. (Il se met du coton dans les oreilles et se parle ? lui-même dans la glace. ) Il n’y a pas d’autre solutions que de les convaincre, les convaincre, de quoi ?

Et les mutations sont-elles réversibles ? Hein, sont-elles réversibles ? Ce serait un travail dHercule, au dessus de mes forces. D’abord, pour les convaincre, il faut leur parler. Pour leur parler, il faut que j’apprenne leur langue. Ou qu’ils apprennent la mienne ? Mais quelle langue est- ce que je parle ? Quelle est ma langue ? Este du français, ça ? Ce doit bien être du français ? Mais qu’est-ce du français ? On peut appeler ça du français, si on veut, personne ne peut le contester, je sus seul à le parler. Qu’et-ce que je dis ?

Est-ce que je me comprends, est-ce que je me comprends ? (Il va vers le milieu de la chambre. ) Et si, comme me l’avait di Daisy, si c’est eux qui ont raison ? (Il retourne vers la glace. ) Un homme n’est pas laid, un homme n’est pas laid (Il se regarde en passant la main sur sa figure. ) Quelle drôle de chose ! A quoi je ressemble alors ? A quoi ? (Il se précipite vers un placard, en sort des photos, qu’il regarde. ) Des photos ! Qui sont-ils tous ces gens-là ? M. Papillon, ou Daisy plutôt ? Et celui-là, est-ce Botard ou Dudard, ou Jean ? Ou moi, peut-être ! Il se préciplte de nouveau vers le placard d’où il sort deux ou trois tableaux. ) Oui, je me reconnais ; Cest m vers le placard d’où il sort deux ou trois tableaux. ) Oui, je me reconnais ; C’est moi, c’est moi. (Il va raccrocher les tableaux sur le mur du fond, à coté des têtes des rhinocéros. ) C’est moi, c’est moi. (Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci eprésentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles.

Bérenger s’écarte pour contempler les tableaux. ) Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau. (Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers la glace. ) Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ca viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains. ) Mes mains ont moites.

Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. ) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur ! (Il écoute les barrissements. ) Leurs chants ont du charme, un peur âpre, mais un charme certain ! Sine pouvais faire comme eux. (Il essaye de les lmlter. ) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh,