Laberge

A ! vert* 4 année, n 16 OCTOBRE DÉCEMBRE 1991 bulletin de la Bibliothèque nationale du Québec Stéphane po u lin ah ! belle cité Ma bea or28 Sni* to View b H toundra /tundra Certains ouvrages pour la jeunesse tranchent par leur audace comme celui-ci, illustré par Stéphane Poulin : un abécédaire bilingue présentant Montréal, ses quartiers, son cosmopolitisme,… Il est destiné aux enfants de tout âge. Ah! belle cité/A beautiful city C 1985 Stéphane Poulin, publié aux Livres Toundra. enseignements que nous possédons sur la première édition de l’œuvre. Deux fragments, l’un manuscrit t l’autre dactylographié, du chapitre intitulé Les pommes de terre gelées constituent les seuls détails que nous ayons sur le projet d’une seconde édition du roman. Enfin, plus de quatre cents feuillets d’un Peintre fataliste de la réalité quotidienne, qu’il décrit jusque dans ses détails les plus vils et les plus humbles, Albert Laberge poursuit néanmoins un idéal llttéraire que peu d’écrivains et de critiques ont pu comprendre.

Dans ses carnets de notes, il a consigné quelques réflexions sur le rôle de l’écrivain de mœurs, ainsi qu’il se désigne. Fait intéressant, on y trouve ussi des ébauches de pl usieurs nouvel les dont certaines sont inédites et d’autres, bien connues comme La veillée au mort et La vierge folie. Notes biographiques Albert Laberge naît à Beauharnois le 18 février 1871. Dès son jeune âge, il manifeste de bonnes dispositions pour l’étude et ses parents l’inscrivent au cours classique, d’abord dans sa ville natale, puis au collège Sainte-Marie ? Montréal.

Il découvre Maupassant, Zola, Baudelaire et Verlaine grâce à son oncle, le docteur Jules Laberge. La lecture de certains auteurs c o m m e Huysmans, T ain e et Renan entraîne son renvoi du collège en B PAGF OF Ta i n e et Renan entraîne son renvoi du collège en Belles-lettres. À partir de 1892, il étudie en cours du soir à l’Institut Leblond de Brumath et travaille le jour dans un bureau d’avocats. puis, il entre à La Presse en 1896 à titre de rédacteur sportif et y demeure jusqu’à sa retraite en 1 932 .

Nommé critique d’art en 1 907, Albert Laberge donne libre cours à son penchant pour la littérature et les arts. 11 participe à la première séance de l’École littéraire de Montréal en novembre 1895 en compagnie de ses amis jean Charbonncau et Louvigny de Montigny. En 1903, il ntreprend la rédaction de La Scouine qu’il ne termine qu’en 1918, son travail ne lui laissant que de rares moments de loisirs.

Intérêt du fonds Albert-Laberge C e fonds, dont nous avons complété l’acquisition en mai 1987, contient une épreuve incomplète de la mise en pages de LJ n exemplaire annoté du journal La Semaine du 24 juillet 1909 dans lequel paraît le conte Les foins, l’un des extraits de La Scouine publié en feuilleton, permet de mesurer l’effet que produit chez l’écrivain le rejet de son texte par les autorltés religieuses de ‘époque. Albert Laberge choisit alors de publier ses ouvrages en ?ditions privées et à tirage limité, dont il n’envoie des exemplaires qu’à un etit nombred’amis.

Dans une I PAGF limité, dont il n’envoie des exemplaires qu’à un petit nombred’amis. Dans une lettre adressée en décembre 1937 au sculpteur Alfred Laliberté, il s’exprime ainsi : «Quand vous aurez lu ce livre, enfouissez-le dans un tiroir car il n’est pas pour le public». manuscrit de Lamente auquel Laberge a travaillé jusqu’à la fin de sa vie apportent des précisions sur le deuxième roman de l’écrivain, demeuré en grande partie inédit.

L’intérêtdeccs papiers réside également ans les manuscrits d’environ cent cinquante nouvelles, cri tiques et essais parus dans des journaux ou des recueils entre 1922 et 1955. O ny trouve notamment une version complète de tous les textes qui composent la série de nouvelles intitulée La fin du voyage. Ava n t de compléter ce rapide survol du fonds, jetons un coup d’œil sur les documents iconographiques qu’il contient.

En premier lieu, ony remarque une vingtaine de photographies d’écrivains et d’artistes auxquels l’auteur a consacré quatre ouvrages de souvenirs et de critiques et en second, pas moins de cent caricatures, dessins et reproductions. Ces œuvres émontrent l’amitié de Laberge pour les peintres et dessinateursde son temp ci figurent les très belles très belles Scènes d’autrefois d’Edmond -Joseph Massicotteetles amusantes caricatures d’Albéric Bourgeois, confrère de l’écrivain à La presse.

Grâce à ces papiers, il est maintenant possible de mieux connaître l’homme original que fut Albert Laberge. Nous espérons que leur inventaire apportera un nouvel éclairage à l’œuvre encore méconnue de cet ecrivain, FRANCE OUELLET Secteur des archives privées La revue Relations : 50 ans d’histoire La revue Relations a célébré ses 50 ans d’existence à la Bibliothèque nationale le 7 octobre dernier. L’attachée de presse de la revue a profité de l’occasion pour nous faire connaitre les origines de Relations.

Rappelons que la Bibliothèque nationale du Québec possède la collection complète de la revue Relations disponible ? sa salle de consultation du 449 9 , avenue de l’Esplanade. « Relations est une revue qui prend le parti des pauvres dans un pays riche, une revue chrétienne dans un pays sécularisé, une revue sérieuse dans un pays qui ne lit plus que la télévision, une revue à tentations socialistes dans un milieu qui dérive à droite vec enthousiasme, et une revue féministe qui a été rédigée pendant ses trente premières a n n é e s par un club de vieux garçons… ?. Cette définition de la revue ar l’un de ses membres les plus émi PAGF s OF définition de la revue par l’un de ses membres les plus éminents, le jésuite Julien Harvey, frappe d’autant plus qu’elle reflète un état d’esprit que l’on retrouve aussi dans un texte de sonactuelledirectrice, Gisèle Turcot : le sentiment du paradoxe.

Madame Turcot définit ainsi les tâches des artisans de Relations : «rester favorables au socialisme et au syndicalisme, sans être adicalement à gauche et malgré le déclin des idéologi es ; rester aux aguets de l’évolu tion des pol i tiques sociales, dans une société qui remet en cause les acquls de l’État-providence; prendre parti des pauvres, dans une société qui valorise la réussite économique; frayer des passages aux frontières du christianisme et d’une société sécularisée… ?. Fondée à Montréal, en 1 941 , par un groupe de Jésuites intéressés aux questions sociales et épris de justice, issus en fait du mouvement de l’Ecole sociale populaire, la revue Relations apportera pendant plusieurs nnées une réflexion neuve à une collectivité encore peu évoluée. Elle apporte aussi un appui précieux à une classe ouvrière encore mal organisée et dont les syndicats catholiques et américains se disputent l’adhésion.

Les fondateurs poursuiventcette tâche avec constance jusqu’à ce qu’éclate l’affaire de la sllicose en 1948. La revue dénonce avec vigueur le scandale des maladies industriel OF l’affaire de la silicose en 1948. La revue dénonce avec vigueur le scandale des maladies industrielles. L’affaire est aussitôt reprise par Le Devoir et fait beaucoup de bruit. Le Devoir, complètement indépendant, oursuit sa campagne contre des conditions de travail inadmissibles. Par contre, Relations est à la merci d’un pouvoir religieux réactionnaire.

Celui- ci est de son côté dépendant d’un pou voir pol i tique conservateur et tyrannique, dépendant des maitres de l’économie. La dénonciation de Relations sur la silicose est plus que n’en peuvent supporter ces bonnes gens! La revue est sommée de se rétracter et son directeur, le père D’Auteuil Richard est exilé au Manitoba. Cest le moment le plus sombre de l’histoire de la revue. Celle-ci publiera la rétractation exigée dans un numéro dont la couverture est… oire.

C’est aussi le début d’une assez longue période conservatrice liée au c o n te x t e politique national (Duplessis), mondial (guerre froide et maccarthysme ) et rel igieux (règne de Pie XI ) . La revue, après avoir subi à divers degrés les contrecoups des bouleversements historiques au Québec, dans le monde, dans la Compagnie de Jésus et dans l’Eglise, prendra d’abord acte des débuts de la révolution tranqullle, puls ? compter de 1967 s’engagera résolument dans une phase progressiste qui restera à des degrés div 7 OF degrés divers selon les circonstances, son orientation fondamentale.

Dès le début des années soixante, certains auteurs de Relations abordent avec lucidité des thèmes qui sont encore dans l’actualité • le type d’Etat et de société qu’ conviendraient à un Québec souverain, le rôle de l’ État dans la société, la démocratisation de l’enseignement, les places respectives du laic et du religieux dans le monde. À mesure que se transforme la société, surgissent les questions de l’évolution de la femme, de l’avortement, de l’euthanasie, de l’environnement, avec les nouveaux problèmes dans le secteur de l’éducation, de l’organisation socio-économique, des ommunications, de la culture, etc.

Relations est sans doute la seule publication québécoise d’intérêt général qui se soit préoccupée d’une façon aussi constante et LU approfondie de l’actualité internationale. C e tt e caractéristique est attribuable non seulement à une préoccupation intellectuelle, mais en grande partie à sa qualité d’organisme jésuite, qul lui crée des liens avec une puissante organisation internationale ainsi qu’un impressionnant réseau de contacts dans le monde. Il va de soi que la problémati ue reli ieuse n’a jamais cessé d’être au centre des PAGF 8 OF