Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme Inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’ame et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas ! Cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blond Son nom ? Je me sou Comme ceux des ai Son regard est pareil ns or 12 nore, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Verlaine Poèmes saturniens Nuit rhénane Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d’un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes légendes. Ici le poème se met à l’écoute d’un autre poème ( » Écoutez la chanson… » mise en abyme). Cet autre poème raconte une hallucination (sans doute due à l’absinthe, évoquée par les femmes aux cheveux verts, à la troisième strophe, nommées » fées « ) prise comme une réalité. Ces 7 (chiffre mystique) femmes » incantent l’été « . Ces figures mystiques ont une véritable liaison avec le poète.
Cette liaison rend le lecteur mal à l’aise, ce qui est renforcé par les allitérations en v ( » mon verre est plein d’un vin… et les voyelles nasalisées. ll- L’univers rassurant du réel. Mais l’auteur revient rapidement au monde du réel, qui s’oppose au monde fantastique principalement par les femmes sages et stéréotypées ( » les filles blondes au regard immobile et aux nattes repliées Ily a rejet du monde précédent (i’ que je n’entende plus le chant du batelier La première strophe est aussi rejetée par les sonorités le rythme nerveux du premier vers de la 2ème strophe marque une rupture vec la strophe précédente.
Ill- L ‘ivresse et le rire. Le poème s’ouvre en fait au premier vers sur le vin (son inspiration ? ) ; ce thème n’est continué que dans la 3ème strophe et le dernier vers. La troisième strophe est en fait un récapitulatif du poème et de la poésie d’Appalinaire en général ; c’est un monde mystique où se mélangent les oxymores poétiques Le Rhin le rhin est , la répétition renforce cette idée), les » lieux-communs Ivre… » poétiques ‘ l’or des nuits les figures légendaires ( » les fées 12 idée), les » lieux-communs poétiques » l’or des nuits « ), les igures légendaires les fées « ) et les éléments bien réels ( » Le Rhin… u les vignes se mirent « , le Rhin est une région viticole). Mais ce poème libérateur, amenant le rire, se brise en même tant que celui-ci : le dernier rire, l’éclat, brise le verre, l’alcool, l’inspiration du poème et donc le poème lui-même. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, plus mon petit Liré, que le mont palatin, Et plus que l’air marin la doulceur angevine. Joachim du Bellay, Les Regrets Joachim du Bellay Annonce des axes d’étude Lecture analytique du sonnet 19 deuxième quatrain est une longue interrogation qui commence par le futur (normalement futur certitude, mais avec forme interrogative = doute, incertitude qui renvoie à un certain mal- être).
Le poète doute de revoir un jour son village natal pathétique voir même tragique. L’expression « reverrai-je » est répétée dans la strophe • lamento (chant de lamentation) + enjambement (continuité) = longue lamentation. Régularité dans le rythme du poème -s mélancolie -s tristesse rampante Le découpage des alexandrins est un peu brouillé, enjambement brouille le découpage déstabilisation du personnage. Sonorités en [s] et [z] -> allitération « Hélas’ « saison » « maison’ souffrance (il « petit » « village » « cheminée » -> tristesse [l] « village » ‘Hélas » et [on] « maison », « saison » nasale qui exprime souvent la tristesse
La mélancolie est très présente dans le poème. 2. Le regret du foyer natal Ce sonnet s’ouvre sur deux vers qui présentent deux grands voyageurs de la mythologie grecque : Ulysse et Jason (celui qui a conquis la toison d’or). Ulysse est le héros de l’Odyssée d’Homère, tandis que Jason a participé à l’expédition des Argonautes, partis ? la conquête de la toison d’or. Ces deux personnages évoquent le voyage. Champ lexical « petit », « pauvres » puis « maison », « cheminée », « clos » modestie, humilité La maison doit être vue ici sous un aspect sentimental plutôt que matériel = son entourage, sa vie tranquille en Anjou . umer la cheminée » -> impression qu’une seule cheminée pour tout le 2 tranquille en Anjou . « fumer la cheminée » impression qu’une seule cheminée pour tout le village = intimité et union du village « de mon petit village fumer la cheminée » mauvais ordre antéposition par rapport à cheminée mise en valeur de « petit village » traduisant l’affectif Au XVIème siècle, il y a beaucoup de différences sociales bourgeois / campagnard. Du Bellay inverse les conventions : il préfère son terroir à la ville. « mon », « ma », « mes », adjectifs possessifs -> affectif « beaucoup davantage » laisse rêver Il.
Critique de Rome au profit du pays natal Le premier et deuxieme tercet dressent une comparaison vers 9, 11, 12, 13 « plus que », vers 14 « Et » récapitulation. Les tercets se présentent comme une série d’oppositions brèves, rythmées par la répétition de « plus que », dont les deux éléments sont tantôt dissociés, tantôt réunis, pour introduire une légère variation. La rapidité de ces oppositions contrastant avec l’ampleur des quatrains donne le sentiment d’une précipitation et d’une accélération du rythme. Opposition de 2 modes d’existence génère une certaine colère -> critique de Rome (Rome païenne)
Palais = richesse, univers public, spacieux, brillant, Rome (civilisation) différent de privé (famille), modeste – audacieux (doit se prononcer « audac-i-eux » pour que l’alexandrin fasse bien 12 syllabes) -> prend ici le sens de orgueilleux « marbre dur » (Romains durs) comparé à fine ardoise -> fragile -> humaine en comparalson aux Romains qui sont donc PAGF s 9 comparé à fine ardoise -> fragile -> humaine en comparaison aux Romains qui sont donc présentés comme inhumains « dur », « latin », « palatin -> masculin comparé à « douceur », « fine » « angevine » féminin – Liré inconnu obscurité intime / « mont connu air marin » (qualifie Rome car la ville est proche de la mer) -> salé rude / air angevin « douceur’ Critique de Rome au profit de son pays natal Vers 9 « aïeux » fidèle au passé, aux racines Vers 1 1 « gaulois » -> pays, patrie, régionalisme différent de Rome, universaliste, qui veut tout posséder. Revendication patriotique contre envahissement de l’Italie, peut- être même nationaliste (avant on se sentalt chretien mais après on se sentait plus français). Triste voyage à Rome (exil à Rome) différent de « heureux », « beau voyage », « usage et raison » expérience mène à la sagesse, voyage leçon de vie Il n’aurait pas mis autant de valeur à son pays natal si il n’était pas partit. Exil, souffrance sagesse humanisme Comme Ulysse qui fait un long voyage spirituel, quand il revient chez lui après un long voyage douloureux il a un cœur profond, il revient sage. retourné, plein d’usage et raison » : le voyage enrichit l’âme. « Le reste de son âge » on est sage quand on a vécu, quand on a grandit. Conclusion : Heureux qui, qui comme Ulysse, a fait un beau voyage parle en fait, au delà de la simple expérience autobiographique de Du Bellay, de la vie en général. pour Du Bellay, la vie est un trajet, un voyage. Il parle de ses sentiments personnels PAGF 19 général. Pour Du Bellay, la vie est un trajet, un voyage. Il parle de ses sentiments personnels, mais, en même temps, il donne une leçon spirituelle, celle de la vie de l’âme à travers le grand voyage que tous les hommes connaissent. En cela, il est bien un humaniste.
C’est le poème le plus célèbre de Du Bellay. Précurseur de la poésie moderne. Poème = étendard revendiquant une révolte contre l’impérialisme Romain. Le voyage est à relier principalement à l’évasion, fuite en dehors d’un monde décevant, fuite d’un tête-à-tête insupportable avec oi-même. Les deux thèmes ont leur origine dans le voyage du jeune adulte à file Maurice et restent de ce fait étroitement liés. Le voyage est envisagé comme un voyage lointain. Le voyage est lié à la mer La mer est elle-même synonyme de liberté « Homme libre, toujours tu chériras la mer’. Le voyage se révèle décevant car le poète emmène avec lui son mal de vivre.
Le voyage peut prendre la forme de l’embarquement pour Cythère, c’est-à-dire l’évasion vers une solitude amoureuse ? deux comme dans « invitation au voyage » Les bateaux restent au port : au voyage réel se substitue le oyage rêvé. La promesse de voyage est plus belle que le voyage lui-même. Voir la fin de « l’invitation au voyage Baudelaire illustre à sa manière le thème du voyage immobile comme l’avait fait avant lui Xavier de Maistre avec « ‘Voyage autour de ma chambre » (1795). Mais là encore déception, c’est la réalité grise du spleen qui a le dernier mot. Le dernier voyage : la mort vécue comme un voyage 7 2 réalité grise du spleen qui a le dernier mot.
Le dernier voyage : la mort vécue comme un voyage en bateau (le bateau de Charon, le passeur des morts dans l’Antiquité) « O mort ieux capitaine », « levons l’ancre’ . Mais toujours le même doute. L’exotisme, c’est le rêve de pays lointains, différents de la grisaille parisienne. Étudie les rapports entre exotisme et parfums, exotisme et voyage, exotisme et amour sensuel par exemple ? partir de « la chevelure Cexotisme lui aussi se révèle décevant. Voir «Moesta et errabunda». D’une manière générale dans la poésie d’inspiration chrétienne, la vie est un voyage, la vie est un pèlerinage. pense aussi au thème des Bohémiens, avec qui le voyage devient errance sacrée, où le bohémien est un symbole du poète qui ne eut pas rester installé..
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « Bohémiens en voyage » Paul Verlaine, Poèmes saturniens, « Grotesques » Arthur Rimbaud, Poésies, « Ma Bohême » Guillaume Apollinaire, Alcools, « Saltimbanque » Sachant que de plus Baudelaire s’est inspiré d’une gravure de Jacques Callot, « Le Départ des bohémiens » 1621 et Apollinaire de Pablo Picasso, « Les Bateleurs » huile sur toile, 1905 Le terme de poésie vient de poésis qui signifie création. Le poète est ainsi un créateur d’univers, de lieux… Etudie bien chez Baudelaire ce que signifie Spleen et idéal. Le oyage c’est avant tout une volonté de s’ouvrir aux autres de découvrir d’autres terres, d’autres cultures ou d’autresmodes de pensée comme l’ont beaucoup fait les romantiques. d’autres terres, d’autres cultures ou d’autresmodes de pensée comme l’ont beaucoup fait les romantiques. C’est aussi une entreprise qui peut être accomplie contre notre plein gré lors d’un exil. Mals le voyage ne se résume pas qu’à un déplacementphysique, le voyage est aussi abstrait avec les rêves, il peut être sentimental avec la mélancolie ou sans retour avec la mort. Les poètes ont abordés ce thème et ils l’ont rapproché de ombreuxautres sujets, en lien avec le voyage. Comme dans « L’Albatros » de Rimbaud où la condition du poète est vue comme un exil du reste de la population Ainsi, le voyage est abordé dans la poésie et soustous les aspects qu’il peut revêtir.
Nous avons sélectionné sept poèmes d’auteurs, d’époque et de mouvement littéraire variés répartis en deux chapitres. Premièrement, le voyage physique avec« Bohémien en voyage » de C. Baudelaire, le voyage exotique avec « Kuchiuk-Hanem » de Louis Bouilhet et enfin l’exil avec « En regardant vers le pays… » de C. d’OrIéans. Deuxièmement, e voyage abstrait,caractérisé par les rêves avec « Kaléidoscope » de P. Verlaine et « Phantasma » de C. Cros, la douleur liée ? l’éloignement de sa terre natal avec la mélancolie exprimé dans « El Desdichado » de G. De Narvalet enfin la mort qui symbolise notre dernier voyage sans retour avec « Quand Jodelle arriva… »de T. A. Audigné.
L’albatros Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les g oiseaux des mers, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait . Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Charles Baudelaire 350 57′ Latitude nord 1 5016′ Longitude ouest C’est aujourd’hui que c’est arrivé Je guettais l’événement depuis le début de la traversée La mer était belle avec une grosse houle de fond qui nous faisait rouler Le ciel était couvert depuis le matin Il était 4 heures de l’après-midi J’étais en train de jouer aux dominos Tout à coup je poussai un cri et courus sur le pont C’est ça c’est ça Le bleu d’oultremer Le bleu perroquet du ciel Atmosphère chaude On ne sait pas comme cela s’est passé et comment définir la chose Mais tout monte d’un degré de tonalité Le soir j’en avais la preuve par uatre Le ciel était maintenant p