Alexandrie et la mer Alexandrie est connue pour avoir été une des plus grandes cités de l’antiquité, rivalisant avec Rome. Cest LA fondation d’Alexandre le Grand, elle porte ses ambitions universelles. Cest aussi la vitrine des rois Lagides, successeurs d’Alexandre, les Ptolémées, qui en fond leur capitale, abandonnant l’ancienne Memphis loin dans les terres pour le littoral méditerranéen. Sa grandeur est célébré par nombre d’auteurs antiques. On doit les meilleurs descript- à Diodore de Sicile ( or 13 règne de X t Sni* to View surtout à Strabon qui son habitude, il séjou en 59 av. sous le ?taillée comme ? ans vers 25 av. en Égypte, au moment de la domination romaine. Alexandrie à suscité l’intérêt des anciens et alimente encore aujourd’hui notre imagination, pourtant elle a longtemps été délaissée par les archéologues, victime du succès au XIXe siècle des sites, encore relativement bien conservés, de la vallée du Nil, de Grèce et de Méditerranée orientale. Surtout, c’est un site confronté à un inconvénient majeur, la ville moderne, qui s’est construite et qui s’est développée jusqu’? aujourd’hui sur les ruines réduisant considérablement les possibilités de fouille.
Toutes les expéditions de la fin du siècle XIXe siècle sont des échecs. En 1889 Heinrich Schliemann, le grand découvreur de la ville de Troie espère y évalue le potentiel archéologique de la ville, mais ses conclusions ne sont pas encourageantes non plus, estlmant qu’ « aucune société archéologique étrangère disposant par ailleurs de sites pratiquement vierges n’aura intérêt à rechercher ? Alexandrie Seules les recherches par sondage de Mahmoud el-Falaki en 1866 ont été probantes et servent encore de références aujourd’hui.
Après la fondation du Musée gréco-romain en 1892 et endant tout le XXe siècle, l’intérêt du site alexandrin est revalorisé, surtout depuis les années 1980 et les explorations sous-marines de J. Y. Empereur (du Centres d’études alexandrines) et de Franck Goddio (de l’Institut européen d’archéologie sous-marine) qui ont considérablement enrichi nos connaissances de la ville antique. Aujourd’hui c’est sous l’eau qu’on peut contempler toute la majesté de l’antique cité. On va essayer de montrer que la mer est indissociable de la grandeur d’Alexandrie.
La fondation d’Alexandre le Grand Le choix du site C’est Alexandre le Grand qui fonde la ville d’Alexandrie et lui onne son nom. On sait qu’elle est fondée en 331 , juste avant sa visite à Horacle de Siwah, sur une mince bande de terre, entre la Méditerranée et le lac Maréotis, en face de lîle de Pharos. Alexandrie a comme toutes les cités son mythe fondateur, qui nous est rapporté par Plutarque dans La Vie d’Alexandre : Homère serait apparue ? Alexandre et l’aurait conseillé sur l’endroit où f 13 d’Alexandre ?
Il existe déjà deux sites d’importance en Égypte : Canope occupe le cap Zephyrium, rade naturelle dAboukir ne protège pas des vents du Nord Est. Se trouve sur la côte et sur le fleuve, la branche canopique. Naucratis est à 70km à vol d’oiseau à l’intérieur des terres, plus de 120km de navlgation lorsqu’on tient compte des sinuosités du Nil. Se trouve sur le fleuve mais loin de la côte. En fait toute la région littorale possède de grosses contraintes naturelles : Côte très basse, sans reliefs donc dépourvue de repères depuis la mer, aucun caps ni promontoires ni golfes. Région ou marécageuse ou aride.
Réputée pour ses bergers qui sont aussi brigands. Plus particulièrement la rade d’Alexandrie est très ouverte aux vents du large, ligne d’écueils, passes peu nombreuses, étroites, peu profondes. Loin de constituer un port naturel, idéal. Vent du Nord Est, soufflent surtout l’été. Enfin, le site est éloigné du Nil : manque d’approvisionnement en eau douce et de liaison avec l’arrière pays. Pourtant, ce site est l’un des moins pire d’Égypte. Il a quelques avantages, exceptionnels pour la région. L Ile de Pharos compte quelques ports naturels, notamment la baie d’Anfouchy, même si ils so ccès.
PAGF 13 d’aménagement portuaires antérieurs à la fondation d’Alexandrie (pieux et planches de bois datés au carbone 14 autours de 400). L’éloignement du Nil est aussi un avantage ! Alexandrie ne era pas soumise aux crues, ses ports ne connaitrons pas les ensablements. Mais surtout, c’est un site exceptionnel pour trois raisons, raisons qui laissent déjà deviner l’avenir grandiose de la cité Sa situation d’Isthme, plus facile à défendre. Plateau de roche calcaire, constructible à la différence de l’environnement marécageux.
L’intérêt d’un double système portuaire, ouvert sur la Méditerranée et ouvert sur le lac Maréôtis. La salubrité de l’air, c’est un espace balayé par les vents. Gros avantage pour une cité qu’on destine populeuse. (Cf. Platon) On retrouve les critères traditionnels d’une bonne installation recque. L’enceinte de la ville Selon le mythe, Alexandre aurait choisit l’emplacement de sa futur cité, mais il aurait aussi décidé de sa superficie en traçant son contour. La forme générale de ville est célèbre pour prendre la forme d’une chlamyde macédonienne. (pièce d’étoffe courte.
Venant jusqu’? l’arrière des genoux. Recta les deux coins inférieurs Les Égyptiens impressionnés, ou par mépris, surnomment le site Rakoté », « la bâtisse b, « la construction « le chantier ». Terme hellénisé en « Rhakotis » qui désignera un quartier de la ville. Murailles faites sous Ptolémée Ier. Les descriptions que nous vons de ces murailles différent selon les auteurs et nos connaissances archéologiques sont faibles : les murailles on de nombreuses fois été repoussées, démontées, les blocs réemployés pour suivre l’expansion de la ville par les Romains puis les Arabes.
Auteurs s’accordent sur leur grande solidité (résistent au siège du roi Séleucide Antiochos IV en 170) et leur étendue. Pour les détails, nos maigres connaissances corroborent surtout les dires de Strabon. Selon lui : Longueur de la ville de 30 stades, largeur de 7 à 8 stades. On estime la longueur de la muraille à 15 800m. Moins grandes que celles ‘Athènes et Syracuse. Mais la forme est tout à fait différente, celle d’Athènes englobaient le Pirée mais surtout la distance entre la ville et la mer, celle de Syracuse englobaient de vastes terres cultivables.
Ici, la ville correspond véritablement à l’ampleur des murailles. Ce qui fait d’Alexandrie la plus grande ville par sa superficie, après Rome, du monde méditerranéen. Un urbanisme grec On retrouve à l’intérieur de la ville un plan hippodaméen. Du nom d’Hippodamos de Milet, qui a appliqué cette configuration dans la reconstruction de Milet et l’aménagement du Pirée. Selon Diodore de Sicile, c’ ui est à l’origine du tracé à l’origine du tracé des rues. Selon le Pseudo-callisthène, il aurait aussi divisé la ville en 5 arrondissements.
Ville quadrillée d’un réseau de rues à angles droits, plan orthogonal, logique, qui forme des îlots délimités et fonctionnels. D’après Strabon, deux artères principales se croisaient à angle droit, la voie Canopique longue de plus de 5000m, large d’une trentaine de mètres, débouchait sur la Porte Canopique, on sait qu’elle était bordée de portiques, d’un magnifique gymnase, etc. À leur croisement, on trouvait certainement l’agôra, là encore attribut de la ville grecque. Commodité, trajets les plus courts.
Améliore les déplacements, éventuellement de troupes, mais surtout quotidiens entre le lac au Sud et la mer au Nord et entre la chôra ? l’Est et la chôra à l’Ouest. Déjà dans l’esprit d’Alexandre, une ville, asty, ne peut exister sans son espace agricole, sa chôra. Les limites exactes de la chôra d’Alexandrie ne sont pas connues. Certainement de Taposiris Magna au nord-ouest à Schédia au Sud-Est et à Canope au Nord-Est. Une chôra très étendue pour une nourrir une population considérable. On a longtemps parlé de 500 000 habitants.
Plus récemment, on a retrouvé des estes de vastes demeures citadines très différentes des vastes immeubles collectifs de Rome, ce qui a amené à réduire les estimations. Il s’agirait plutot de 400 000 habitants. Une ville qu’on a voulu dès le début de très grande taille, énormes chantiers. Une ville qu surgit littéralement. Dans PAGF 6 3 même, elle est tournée fondations même, elle est tournée vers la mer (murailles et réseau viaire qui connecte sa chôra à la mer). Bâtie sur un site aux contraintes très importantes mais qui a aussl ses avantages. ourtant, pour être exploités et réussir véritablement à la cité, ces avantages nécessitent des ménagements colossaux. Si bien qu’on a souvent parlé d’Alexandrie comme d’un défi à la géographie. Le gigantisme des infrastructures maritimes La plus grande partie des Infrastructures maritlmes alexandrines, même si elles ont certainement été envisagées par Alexandre, sont l’oeuvre des Ptolémées. Sans ces infrastructures, la situation d’Alexandrie ne serait pas viable. Alexandrie est établie sur un site particulier.
Elles permettent de relier la ville à la fois à l’Égypte l’ensemble de la Méditerranée. Le réseau portuaire Construction de l’Heptastade (7 stades, env. 1400m) entre Ille de Pharos et fisthme_ Construit sous Ptolémée Il mais certainement déjà décidé par Alexandre, puisqu’il s’inscrit dans le tracé orthogonal, prolongeant une rue (idem siège de Tyr). Délimite deux ports. L’Eunostos, et le Mégas Liman. L île de Pharos abritait le premier des vents d’Est et le deuxième des vents du Nord et d’Ouest. Complété par deux môles, pour plus de sécurité. Entrée de la corne du Taureau.
Situation types des mouillages antiques. L’idéal dune bonne installation portuaire. Qu’il y ait deux abris exposés différemment our pouvoir y accéder par tous vents. 7 3 était lui même subdivisé en plusieurs ports, qui profitaient des écoupages naturels. Le Timonion, port des rois. L’emporion, le port de commerce, bien intégré dans le réseau de rues. Communication entre les deux ports par des ouvertures dans l’Heptastade. Kibotos, le coffre, bassin artificiel à l’embouchure du canal. Zone de chantiers naval d’où sortaient certainement les énormes navires des rois.
Pour faire d’Alexandrie une véritable interface. Exploiter sa situation entre « deux mers » on aménage aussi des ports du côté du lac. On ne sait quasiment rien des ports lacustres. Si ce n’est que selon Strabon ils sont plus importants que les ports maritimes. Surtout. On connecte le lac à la mer par un canal. Débouche dans le Kibotos. On connecte aussi le Nil à la mer et à la ville par un canal d’une grosse dizaine de kilomètres. Ce dernier canal permettait aussi l’approvisionnement en eau douce, potable, qui faisait cruellement défaut à Alexandrie.
La septième merveille du monde Si ces aménagements sont impressionnant, ils n’égalent pas pour autant le célèbre phare d’Alexandrie, septième merveille du monde. Un ouvrage prodigieux, « thaumasia Des plus célèbres. Érigé sur Ille de Pharos, qui lui a donné son nom, et à toutes les onstructions de ce type. Liste entre début du Ille siècle et fin du Ile. Le phare est la septième merveille du monde, on le trouve dans les listes les plus tardives, en remplacement de la grande muraille de Babylone. Ier, la construction ne s’achève que sous le règne de son fils Ptolémée Philadelphe vers 283, au bout de 12 ans de travaux. On a ici trois documents qui nous renseignent sur le phare (en plus de la carte qui nous indique son emplacement). Premier document, deux revers de pièces frappées à Alexandrie : la première sous Antonin le Pieux, entre 138 et 161 ap. , la seconde sous commode ntre 180 et 192 ap. (donc aux alentours de 300 après la construction du phare) Second document, bien plus récent, peinture de Maarten van Heemskerck peintre hollandais du XVIe siècle. 1700 ans après la construction du phare) Troisième document, épigramme de Poseidippos sur le Phare, qui date lui de 280 av. J. c, donc seulement trois ans après la fin supposée des travaux. Poseidippos était un poète d’origine macédonienne de la cour des deux premiers Ptolémées. Son épigramme nous renseigne sur le constructeur du phare « Ce salut des Grecs, ce veilleur de Pharos, ô seigneur Protée, Sostrate de Cnide, fils de Dexiphanès Pa érigé » Architecte réputé. Une statue de Sostrate de Cnide avait été dressée à Délos Il nous renseigne aussi sur les motivations de sa construction. ? savoir fournir un repère aux navigateurs dans une réglon dangereuse comme nous l’avons déjà soulevé • d’innombrables stades Pendant le jour; la nuit, bien vite au milieu des vagues, le marin verra le grand feu qui, au sommet, brûle, Et il pourra alors courir droit sur la corne du Taureau, et il ne saurait manquer d’atteindre Zeus Sauveur, ô Protée, celui qui navigue de ce côté. » Poseidippos insiste sur la taille du monument. Cest un point qui fait débat. Certains s’accordent sur une hauteur de 135m.
Pour André Bernand, 120m c’est déjà très exagéré. Ce dont on est sûr, notamment grâce à l’étude des monnaies, c’est qu’il était en grande partie construit en marbre blanc, qu’il était constitué de trois étages de taille dégressive depuis la base (là encore, peut être respectivement 70m, 34m, gm). Que ces étages étaient pour le premier à base carrée, légèrement pyramidal avec aux sommets de ses quatre arrêtes des tritons soufflants dans des cornes; le second ctogonal; le troisième circulaire surmonté d’une statue.
Les pièces nous permettent de deviner tout ces éléments. Mais elles pêchent par leur manque de détail évidement. Aussi, il nous est difficile de savoir à quoi correspondait la statue, les discussions sont nombreuses autours de ce point. On pensait au début à non pas une mais deux statues, des Dioscures. Puis on a pensé à Poseidon. Puis à Zeus. Plus récemment, on a même pensé que Zeus et Poseidon pouvaient cohabiter sur le toit du phare. L’idée même d’une statue au sommet pose aussi des problèmes pour imaginer le foyer mentionné par Poseidippos