Bachelard

Gaston Bachelard et l’image poétique [La psychanalyse bachelardienne] n’emprunte guère à Freud que son nom : elle [n’étudie pas le fonctionnement de Pinconscient mais décrit la pensée nave , elle ne s’attache pas aux rêves ces messages nocturnes du refoulé, mais à la rêverie diurnes de l’homme pensif cette activité onirique dans la quelle une lueur de conscience subsiste . C’est en quoi elle set exploration de l’imaginaire non de Pinconscient . Dune manière générale , Bachelard à Freud de ne voir dans le rêve que le masque d’une idée , d’un concept. [Bachelard détourne un concept freudien , celui de complexe Alors que ce substantif parle des conduites d’origine inconsciente universellement pa réseaux d’images liés un catégorie de rêveurs s’oriente selon divers Bachelard est un phil e pour spécifier des erles , à une même -veries sur le feu st attachée aux thèmes fondamentaux de la philosophie des sciences et du rationalisme , mais il doit oublier son savoir , rompre avec toutes ses habitudes des recherches philosophiques s’il veut étudier les problèmes posés par l’imagination poétique .

Ici , le passé de culture ne compte pas les efforts de constructions de pensée est inefficaces. Il faut être présent résent à l’image dans la minute de l’image : s’ il ya une philosophie de l’ image , cette philosophie do Swipe to View next page doit naitre et renaitre à l’occasion d’un vers dominant , dans l’adhésion totale à une image isolée , très précisément dans l’extase même de la nouveauté d’ image . [L’image poétique est un soudain relief du psychisme], relief mal étudié dans des causalités psychologiques subalternes .

Rien non plus de général et de coordonné ne peut servir de base à une philosophie de la poésie . La philosophie de la poésie doit reconnaitre que l’acte poétique ‘a pas de passé , du moins pas de passé proche le long du quel on pourrait suivre sa préparation et son avenement. ] Quand nous avons à faire mention du rapport d’ une image poétique nouvelle et d’un archétype dormant au fond de l’inconscient , il nous faudra faire comprendre que ce rapport n’est pas causale . l’ image poétique n’est pas soumise à une poussee [L’ image poétique n’est pas l’écho d’ un passé.

C’est plutôt l’inverse : par l’éclat d’une image , le passé lointain résonne d’échos et l’on ne voit guère à quelle profondeur ces échos vont se répercuter et s’éteindre . Dans sa nouveauté , l’image poétique a un être propre, un dynamisme propre . Elle relève d’une ontologie directe. En effet l’ image poétique échappe à la causalité] . Mais les causes alléguées par la psychologie et le psychanalyste ne peuvent jamais bien expliquer le caractère vraiment inattendu de l’image nouvelle . Le poète ne me confère pas le passé de son image et cependant son image prend tout de suite racine en moi .

La communicabilité d’une image singulière est un fait de grande signification ontologique L’acte poétique , l’image 31 d’une image singulière est un fait de grande signification ntologique L’acte poétique , Pirnage soudaine , la flambée de Hêtre dans l’imagination , échappent à des enquêtes psychologiques . [IL faut en venir à une phénoménologie de l’imagination . Entendons par là une étude de phénomène de l’image poétique quand l’image émerge dans la conscience comme un produit direct du cœUr , de l’âme , de l’être de Ehomme saisi dans son actualité . La psychologie fait apprendre à Bachelard la relation qui existe entre l’image et le désir , mais lui , il le dépasse pour se lancer dans la recherche du départ de l’image dans la subjectivité du ujet créateur. L’image poétique est en effet essentiellement variationnelle Elle n’est pas constitutive . [On demande au lecteur de ne pas prendre une image comme un objet encore moins comme un substitut d’objet mais d’en saisir la réalité spécifique . Il faut pour cela associer l’acte de la conscience au produit la plus fugace de la conscience : l’image poétique.

De point de vue phénoménologie , l’image n’a besoin d’un savoir . Elle est le bien d’une conscience nave En son expression , elle est jeune langage . Le poète en la nouveauté de ses image , est toujours origine de langage . Pour ien spécifier ce que peut être une phénoménologle de Plmage , pour spécifier que Fimage est avant la pensée , il faudrait dire que la poésie est plutôt qu’une phénoménologie de l’esprit , une phénoménologie de l’âme. Cela nous fait penser à l’affirmation très précieuse de Novalis pour qui la poésie n’est que l’art dynamique de l’âme. 1 l’affirmation très précieuse de Novalis pour qui la poésie n’est que l’art dynamique de l’âme. Pierre – jean jouve écrit : « la poésie est une âme inaugurant une forme] . L’âme inaugure. L’âme vient inaugurer la forme , ly habite , s’y complaire . Puisque la phénoménologie prétend aller aussi loin, descendre aussi profondément, une enquête phénoménologique sur la poésie doit dépasser, par obligation de méthodes, les résonances sentimentales avec lesquelles, plus ou moins richement – que cette richesse soit en nous ou bien dans le poème – nous recevons l’œuvre d’art.

Cest ici que [doit être sensibilisé le doublet phénoménologique des résonances et du retentissement. Les résonances se dispersent sur les différents plans de notre vie dans le monde, le retentissement nous appelle à un approfondissement de notre propre existence. Dans la résonance, nous entendons le poème, dans le retentissement nous le parlons, il est nôtre. Le retentissement opère un virement d’être. Il semble que l’être du poète soit notre être. La multiplicité des résonances sort alors de l’unité d’être » du retentissement.

Plus simplement dit, nous touchons là une impression bien connue de tout lecteur passlonné de poèmes : le poème nous prend tout entier. Cette saisie de l’être par la poésie a une marque phénoménologique qui ne trompe pas. ] L’exubérance et la profondeur d’un poème sont toujours des phénomènes du doublet résonance-retentissement. Il semble que par son exubérance, le poème réanime en nous des profondeurs. [Il s’agit en effet , par le retentissement d’une seule image poétique , 1 nous des profondeurs. oétique , de déterminer un véritable réveil de la création poétique jusque l’âme du lecteur . par sa nouveauté , une image poétique met en branle toute activité linguistique . ‘image poétique nous met à l’origine de l’être parlant . I Par ce retentissement, en allant tout de suite au delà de toute psychologie ou psychanalyse, nous sentons un pouvoir poétique qui se lève naiVement en nous-mêmes. [Cest après le etentissement que nous pourrons éprouver des résonances, des répercussions sentimentales , des rappels de notre passé. Mais l’image a touché les profondeurs avant d’émouvoir la surface. Et cela est vrai dans une simple expérience de lecteur. Cette image que la lecture du poème nous offre, la voici qui devient vraiment nôtre. [Elle prend racine en nous-mêmes. ] Nous l’avons reçue, mais nous naissons à l’impression que nous aurions pu la créer , que nous aurions dû la créer. [Elle devient un être nouveau de notre langage] , elle nous exprime en nous faisant ce qu’elle exprime , autrement dit, elle est à la fois un devenir ‘expression et un devenir de notre être.

Ici, l’expression crée de l’être. [Ainsi l’image poétique, événement du logos, nous est personnellement novatrice. ] Nous ne la prenons plus comme un « objet Nous sentons que l’attitude « objective » du critique étouffe le « retentissement refuse, par principe, cette profondeur où doit prendre son départ le phénomène poétique primitif. Et [quant au psychologue, il est assourdi par les resonances e PAGF s 1 phénomène poétique primitif. Et [quant au psychologue, il est assourdi par les résonances et veut sans cesse décrire ses sentiments.

Et quant au psychanalyste, il perd le retentissement, tout occupé qu’il est à débrouiller l’écheveau de ses interprétations. Par une fatalité de méthode, le psychanalyste intellectualise l’image. Il comprend l’image plus profondément que le psychologue. ] Mais, précisément, il la « comprend Pour le psychanalyste, l’image poétique a toujours un contexte. En interprétant l’image, il la traduit dans un autre langage que le logos poétique. Jamais alors, à plus juste titre, on ne peut dire traduttore , traditore [En recevant une image poétique nouvelle, nous éprouvons sa valeur d’intersubjectivité.

Nous savons que nous la redirons pour communiquer notre enthousiasme. Considérée dans la transmission d’une âme à une autre, on voit qu’une image poétique échappe aux recherches de causalité. ] Les doctrines timidement causales comme la psychologie ou fortement causales comme la psychanalyse ne peuvent guère déterminer l’ontologie du poétique : une image poétique, rien ne la prépare, surtout pas la culture, dans le mode littéraire, surtout pas la perception, dans le mode psychologique.

Nous en arrlvons donc toujours à la même conclusion : [la nouveauté essentielle de l’image poétique pose le problème de a créativité de l’être parlant. par cette créativité, la conscience imaginante se trouve être, très simplement mais très purement, une origine. ] Cest à dégager cette valeur d’origine de diverses images poétiques que doit s’attacher, dans une 1 Cest à dégager cette valeur d’origine de diverses images poétiques que doit s’attacher, dans une étude de l’imagination, une phénoménologie de l’imagination poétique. Le vrai phénoménologue se doit d’être systématiquement modeste.

Dès lors, il nous semble que la simple référence à des puissances phénoménologiques de lecture, qui font du lecteur n poète au niveau de l’image lue, est déjà touchée d’une nuance d’orgueil . Il y aurait pour nous immodestie à assumer personnellement une puissance de lecture qui retrouverait et revivrait la puissance de création organisée et complète touchant l’ensemble d’un poème. Encore moins pouvons-nous espérer atteindre à une phénoménologie synthétique qui dominerait, comme croient pouvoir le faire certains psychanalystes, l’ensemble d’une œuvre .

Cest donc au niveau des images détachées que nous pouvons « retentir » phénoménologiquement. [Le phénoménologue n’a ici rien de commun avec le critique ittéraire qui, comme on en a souvent fait la remarque, juge une oeuvre qu’il ne pourrait pas faire, et même, au témoignage de faciles condamnations, une oeuvre qu’il ne voudrait pas faire. personne ne sait qu’en lisant nous revivons nos tentations d’être poète. Tout lecteur, un peu passionné de lecture, nourrit et refoule, par la lecture, un désir d’être écrivain. Quand la page lue est trop belle, la modestie refoule ce désir. Mais le désir renaît. [De toute façon, tout lecteur qui relit une œuvre qu’il aime sait que les pages aimées le concernent. ] Jean Pierre Richard dans son eau livre : Poésie et profondeur, écrit entre autres, 7 1 concernent. ] Jean Pierre Richard dans son beau livre : Poésie et profondeur, écrit entre autres, deux études, l’une sur Baudelaire, l’autre sur Verlaine. Baudelaire est mis en relief, précisément parce que, dit-il, son œuvre « nous concerne D’une étude à l’autre, la différence de ton est grande.

Verlaine ne reçoit pas l’adhésion phénoménologique totale, à la différence de Baudelaire. Et c’est toujours ainsi ; dans certaines lectures qui vont à fond de sympathie , dans l’expression même nous sommes « partie prenante « . Dans son Titan, Jean-Paul Richter écrit de son héros : « Il lisait les éloges des grands hommes avec autant de plaisir que s’il eût été l’objet de ces panégyriques» De toute manière, la sympathie de lecture est inséparable d’une admiration. (En effet , il semble que la joie de lire soit le reflet de la joie d’écrire comme si le lecteur était la fantôme de l’écrivain .

Du moins le lecteur participe à cette joie de création que Bergson donne comme le signe de la création Ici, la création se produit sur le fil ténu de la phrase, dans la vie éphémère d’une expression. Mais cette [expression poétique, out en n’ayant pas une nécessité vltale, est tout de même une tonification de la vie. Le bien dire est un élément du bien vivre. L’image poétique est une émergence du langage,] elle est toujours un peu au-dessus du langage signifiant. A vivre les poèmes on a donc l’expérience salutaire de l’émergence.

C’est l? sans doute de l’émergence à petite portée. Mais ces émergences se renouvellent ; la poésie met le langage en état d’émergenc petite portée. Mais ces émergences se renouvellent ; la poésie met le langage en état d’émergence. La vie s’y désigne par sa vivacité. Ces élans linguistiques qui sortent de la ligne ordinaire du langage pragmatlque sont des miniatures de l’élan vital. un micro-bergsonisme qui abandonnerait les thèses du langage- instrument pour adapter la thèse du langage-réalité trouverait dans la poésie bien des documents sur la vie tout actuelle du langage. Ainsi, à côté des considérations sur la vie des mots telle qu’elle apparaît dans l’évolution d’une langue à travers les siècles, l’image poétique nous présente, dans le style du mathématicien, une sorte de différentielle de cette évolution. Un grand vers peut avoir une grande influence sur l’âme d’une langue. Il réveille des images effacées. Et en même temps il sanctionne l’imprévisibilité de la parole. Rendre imprévisible la parole n’est il pas un apprentissage de la liberté ?

Quel charme l’imagination poétique trouve à se jouer des censures Jadis, les Arts poétiques codifiaient les licences. Mais la poésie contemporaine a mis la liberté dans le corps même du langage. [La poésie apparaît alors comme un phénomène de la liberté. ] Alnsl, même au niveau d’une image poétique isolée, dans le seul devenir d’expression qu’est le vers, le retentissement phénoménologique peut apparaître ; et dans son extrême implicité il nous donne la maitrise de notre langue .

Chercher des antécédents à une image, alors qu’on est dans l’existence même de l’image, c’est, pour un phénoménologue, une marque invétérée de psychologisme. Prenons, au PAGF 31 l’image, c’est, pour un phénoménologue, une marque invétérée de psychologisme. Prenons, au contraire, l’image poétique en son être. [La conscience poétique est si totalement absorbée par l’image qui apparait sur le langage, au-dessus du langage habituel, elle parle, avec l’image poétique, un langage si nouveau qu’on ne peut plus-envisager utilement des corrélations entre le passé et e présent].

Nous donnerons par la suite des exemples de telles ruptures de signification, de sensation, de sentimentalité, qu’il faudra bien nous accorder que [l’image poétique est sous le signe d’un être nouveau. Cet être nouveau, c’est l’homme heureux. Heureux en parole, donc malheureux en fait, objectera tout de suite le psychanalyste. pour lui, la sublimation n’est qu’une compensation verticale, une fuite vers la hauteur, exactement comme la compensation est une fuite latérale. Et aussitôt, le psychanalyste quitte l’étude ontologique de l’image ; il creuse l’hsloire d’un homme ; il voit, il montre les souffrances secrètes de oète. II explique la fleur par l’engrais. [Le phénoménologue ne va pas si loin. Pour lui, l’image est là, la parole parle, la parole du poète lui parle. Nul besoin d’avoir vécu les souffrances du poète pour prendre le bonheur de parole offert par le poète – bonheur de parole qul domine le drame même. ] [il s’agit de passer, phénoménologiquement, à des images invécues à des images que la vie ne prépare pas et que le poète crée. Il s’agit de vivre l’invécu et de s’ouvrir à une ouverture de langage. ] On trouvera de telles expériences dans de rares poèmes. Tel