Comment doit-on envisager les relations de la justice et de la vengeance ?

Comment doit-on envisager les relations de la justice et de la vengeance ? l. Justice et vengeance se distinguent 1)Justice et vengeance : différentes par nature a. Justice = loi universelle / Vengeance = désir personnel Nous rencontrons d’ vengeance : en effet, impartiale, universell une puissance perso Tandis que la justice org Jus to neKtÇEge ntre Justice et mme une puissance la vengeance est relève de la passion. désir.

D’un côté, la justice est une institution elle est garante de l’Egalité, de l’Equité et de la Liberté. Elle est la norme du droit. Selon Aristote, dans on Ethique à Nomarque, « Le juste est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité ; et l’injuste est ce qui est contraire à la loi et qui manque d’égalité. Japrès cette approche, nous pouvons répondre que la vengeance est injuste, dans la mesure où elle n’est pas conforme à la loi.

La prétention de la loi n’est pas celle de la vengeance : la loi est une règle, la vengeance un désir ; la loi est universelle, la vengeance est particulière ; la loi est impartiale, la vengeance traduit toujours l’idée de partialité. Si la vengeance est toujours arbitraire, c’est en raison de son caractère rivé : elle dépend de la seule décision de l’individu offensé. De plus, dans le cas de la ven vengeance, le choix de la peine n’est pas fixé d’avance. La vengeance est sans mesure, elle ne se préoccupe pas d’équivalence ou de proportionnalité.

L’authentique justice, c’est celle de l’instltution qui veille à l’application pertinente de la loi à chaque cas particulier de litige et de conflit. Contrairement à la vengeance qui est un acte unilatéral, la justice revêt un caractère public, étatique. L’application de la peine s’y exerce sous le contrôle de la loi. La loi, dans l’impersonnalité de son utorité, va mettre fin au cortège indéfini des règlements de compte individuels. Dans tout code pénal existe une échelle des délits et des peines.

Une telle règle de proportionnalité a toujours constitué la règle de base de toute législation pénale : même si de nos jours des pratiques telles que la pendaison, le bûcher ou l’écartèlement nous semblent des manifestations de cruauté insoutenable, de l’ordre de la justice, elles étaient strictement codifiées selon une stricte corrélation entre le type, la qualité, et l’intensité corporelle et la gravité du crime commis. Aujourd’hui elle repose sur Féchange contradictoire des opinions de l’accusation et de la défense.

Elle s’exerce par le biais d’un procès, qui est un lieu de confrontation des intérêts et des interprétations. b. Impossibilité de rendre justice soi-même Se venger, c’est vouloir faire justice soi-même, ce qui est une contradiction dans les termes car on ne peut être à la fois juge, et partis. La justice exige d partis. La justice exige du jugement, donc une analyse objective et un regard impartial. Un authentique juge met en balance les analyses et les points de vue opposés sur une affaire ; le ugement est souvent un équilibre, et il requiert la présence d’un tiers.

Ce tiers se présente sous la forme d’un triple constituant • vient d’abord l’Etat, puisque l’institution judiciaire en relève et constitue l’un de ses trois pouvoirs, a côté du législatif et de l’exécutif ; puis le personnel judiciaire, où domine la haute figure du juge, garante de la neutralité et de l’impartialité exercées par la justice ; et enfin le langage, qui tient une place essentielle car c’est la parole, sous la forme du débat, à la fois pluriel et contradictoire, qui permet la mise à distance de la violence. On estime que la vérité sur une affaire, le juste, jaillit de cette opposition des points de vue. our qu’il soit équitable, qu’il laisse à chacun une égale possibilité de se défendre, un procès doit suivre une procédure rigoureuse. On n’accuse ni a tort, ni arbitrairement ; des preuves sont exigées, ainsi que des témoignages, des enquêtes, des expertises, des débats… Une accusation ou une défense ne sont valides que si elles respectent le code de procédure judiciaire. C’est dans les procédures pénales, qui régissent le cours de tout procès, que l’on peut repérer la rupture entre justice et engeance. Le procès établit une distance, là ou l’on peut repérer la rupture entre justice et vengeance.

Le procès établit une distance, là ou la vengeance est spontanée, irréfléchie. En ce sens, la vengeance ne peut jamais être considérée comme juste. 2) Critique et dépassement de la vengeance a. Vengeance pulsion négative On peut dès lors émettre une critique de la vengeance, et tenter de la dépasser. L’émotion spontanée est rarement bonne conseillère, est ce n’est pas parce que naît en un individu une pulsion de vengeance, qu’il est bon de la satisfaire. La colère ontenue, maintenue en soi, ne produit souvent que des catastrophes qui nous installent durablement dans la honte, le regret et la faute.

De plus, si la vengeance trouve à être satisfaite, c’est souvent au prix d’un délit, voire d’un crime. C’est la fameuse spirale funeste de la violence qui appelle la violence, de la vengeance qui excite la vengeance. Il n’est alors possible de s’arrêter que lorsqu’une intelligence s’élève pour refuser la barbarie et instaurer la justice. b. Vengeance = acte illusoire «Le désire de vengeance est un désir d’équilibre », écrit Simone Weil. La vengeance serait donc le désir d’équilibrer sa souffrance en infligeant à son offenseur une souffrance comparable.

Mais en rétablissant l’équilibre, on ne rétablie pas pour autant la justice. Pour surmonter ce désir, il faudrait alors « accepter le déséquilibre ». Il est certain que l’on ne retire aucun bien du mal que fon inflige à son ennemi, mais l’on imagine pourt certain que l’on ne retire aucun bien du mal que l’on inflige à son ennemi, mais l’on imagine pourtant que cela nous fera du bien et nous apportera un certain soulagement. On imagine que la vengeance nous rendra justice ; qu’en rendant le mal pour le mal, n détruit le mal qui à été fait, et que le bilan de l’affaire serait en quelque sorte une somme nulle.

Mais cela n’est qu’imaginaire, illusoire. La vengeance n’éradique pas le mal, elle le redouble. De plus, une fois perpétré, l’acte de vengeance risque d’engendrer le dégout et l’amertume plutôt que la satisfaction et le plaisir. Accepter le déséquilibre, c’est respecter l’humanité de celui qui n’a pas respecté la notre, ou celle de personnes extérieures, qui comptent plus ou moins à nos yeux. Le renoncement ? la vengeance doit exclure tout soucis de réciprocité. Selon Emmanuel Levinas, notre responsabilité envers l’autre s’impose ? nous, quelque soit son attitude envers nous.

La relation à l’autre est « non-symétrique b. Selon lui, le « méchant » ne mérite pas la vengeance. Étymologiquement, le méchant c’est celui qui est malchanceux ou malheureux, deux bonnes raisons pour réfréner notre désir de vengeance. c. Vengeance faiblesse Une autre idée consiste à penser que la vengeance est le propre des faibles, des hommes médiocres, incapables d’affirmation, guidés en toutes choses pas les sentiments négatifs qui émanent du ressentiment. Elle use toujours, pour s’exprimer, de moyens étournés, vils et bas.

L’esprit de j ressentiment. Elle use toujours, pour s’exprimer, de moyens détournés, vils et bas. L’esprit de justice et les actes qu’il inspire émanent au contraire de la maîtrise de si, de la force de la grandeur d’âme. « Etre juste implique toujours une condition positive Y. A la subjectivité partiale et passionnelle de la vengeance répond l’impartialité, l’objectivité « inaltérable, haute, claire et profonde » de la justice, qui s’exprime toujours dans le silence des passions.

La vengeance, si elle est désir, n’est-elle pas au fond désir de justice ? En ce sens, la vengeance est-elle nécessairement un mal ? N’est-elle pas une forme dissimulée de a justice ? Il. Intimité entre Justice et vengeance 1) La vengeance comme une forme de justice a. Désir d’une justice plus haute La pratique de la vengeance se présente à ceux qui y recourent comme une façon de rendre la justice, voire parfois même comme la meilleure façon de rendre à chacun ce qui lui est dû.

Lorsque nous avons subit un affront, une atteinte à notre dignité, lorsqu’un proche à été agressé, violenté voire tué, lorsque l’honneur de notre clan à été souillé, l’idée de vengeance ‘impose à l’esprit. Nous sommes alors submergés par des émotions puissantes telles que la colère, la haine, la rancœur et une profonde tristesse. par un principe d’équilibre psychique, nous ressentons le besoin impérieux de décharger ces émotions négatives, de nous défouler, de nous débarrasser de ces sentiments pesants.

L *AGF 6 rif q émotions négatives, de nous défouler, de nous débarrasser de ces sentiments pesants. La vengeance va alors satisfaire cette pulsion de revanche violente. A ce titre le lynchage n’est que la réunlon d’individus pour se défouler sur une personne dont la umeur fait entendre qu’elle serait coupable. Le lynchage repose sur la croyance en un sens naturel de la justice de la part de la foule, ainsi que sur le refus d’un procès équitable, en bonne et due forme. La punition expéditive et sans procès est censée garantir le bon rétablissement de l’ordre social.

Ce qui motive également le désir de vengeance, c’est notre interprétation du mal subit. En effet, nous interprétons souvent notre malheur comme une forme criante d’injustice. Ce sentiment d’injustice déclenche la révolte et le besoin de réparation. Nous voulons lors rendre au responsable de notre peine la monnaie de sa pièce, lui rendre œil pour œil et dent pour dent. une fois la vengeance orchestrée et consommée, nous croyons que l’ordre est rétabli, que les choses reviennent à leur place respective.

La vengeance semble juste car elle consiste à maintenir un principe général d’équilibre du monde. Ce raisonnement procède d’une croyance en une spiritualité et une moralité du monde, qu’il faut conserver. b. La figure du justicier De cette croyance est née la figure du justicier. De prime abord, le justicier n’est pas le meurtrier : lorsqu’il tue, c’est moins pour se enger que pour punir (il ne verse le sang que de ceux q lorsqu’il tue, c’est moins pour se venger que pour punir (il ne verse le sang que de ceux qui l’ont versé et qui sont restés impunis).

Chez le justicier, la vengeance n’est ni passion, ni cruauté, mais rexistence de la juste réciproclté, de la juste équité entre le crime et la peine. En la figure du justicier, la vengeance est « juste Le justicier est celui qui transforme le désir de vengeance en un principe de justice pour combattre Vinjustice. Autrement dit, dans le désir de vengeance, existe le besoin d’une ustice stricte, d’une justice idéale. Par ailleurs, la thématique du justicier nous oriente vers l’idée que la vengeance n’est justice que lorsque la justice elle-même prend conscience de ses limites.

Le désir de vengeance reflèterait alors le désir d’une justice plus haute, d’une justice plus juste. Il y a dès lors de la justice dans la vengeance. Mais y a-t-il pour autant de la vengeance dans la justice ? 2) La justice comme un acte de vengeance Il semblerait que oui si on définit la justice par la loi. En effet, la Loi du Talion semble confondre, voire dissoudre en une même ssence justice et vengeance. C’est une loi qui s’adapte à chaque particulier et consiste à faire payer la dette exacte. Il s’agit de respecter un principe de juste proportion entre le mal subit et le mal rendu.

Il faut remarqué que le principe de la vengeance n’est pas remis en question ; il est simplement normalisé, encadré pas un soin d’égalité entre ce qui est subit et ce qui es est simplement normalisé, encadré pas un sain d’égalité entre ce qui est subit et ce qui est rendu. Aristote énonçait que la justice est la vertu qui consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. Bien ue la Loi du Talion soit absente du droit positif dans la mesure où son énoncé est extrêmement archaïque, on peut considérer que son esprit Siy retrouve selon une interprétation moderne.

En effet, si elle évoque traditionnellement la vengeance, son énoncé peut aussi être compris comme un principe d’égalité devant la loi. L’œil du fort vaut l’œil du faible, la dent du riche celle du pauvre. Ainsi, la loi du talion peut être vue comme un concept très moderne. Le concept contemporain de légitime défense, qui doit être proportionnée à l’attaque, peut sembler être un héritage de la Loi du Talion. La légitime défense consiste à se protéger soi-même, protéger autrui, ou un bien de l’attaque d’un tiers.

Toutefois, dans le cadre de la légitime défense, il n’est pas question d’une réponse a posteriori consistant en une vengeance permise et encadrée par la Loi (comme dans le cadre de la Loi du Talion), mais d’un acte préventif visant à protéger la personne, autrui, ou un bien devant une atteinte injustifiée ou illégale. La justice apparait donc dans notre société actuelle comme Faction de contenir la vengeance, d’en limiter les effets, la démesure, et son risque d’extension illlmltée.