anthologie fable de la fontaine

Anthologie des fables de Jean de la Fontaine (1621-1695) or 14 Sni* to View Thème : La satire politique Baptiste pouly Au 17ème siècle Jean de la Fontaine utilise ses fables pour dénoncer la société et le pouvoir politique. C’est avec beaucoup de subtilité et d’intelligence qu’il critique le pouvoir, l’absolutisme du « Roi Soleil » et la Cour. Il se montre en effet très rusé, » rusé La Fontaine, ont rédigé des poèmes satiriques, comme au 18ème siècle Jean-Pierre Claris de Florian, au 19ème siècle Victor Hugo (satire politique envers Napoléon Ill ) ou encore Jean Anouilh au 20ème siècle. Les fables de Jean de la Fontaine. LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom Capable d’enrichir en un jour l’Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n’en voyait point d’occupés A chercher le soutien d’une mourante vie : Nul mets n’excitait leur envie , Ni Loups ni Renards n’épiaient La douce et l’innocente proie.

Les Tourterelles se fuyaient Plus d’amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel ap Berger. Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi : Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse. – Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ; Vos scrupules font voir trop de délicatesse ; Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur En les croquant beaucoup d’honneur.

Et quant au Berger l’on peut dire Qu’il était digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire. Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir. On n’osa trop approfondir Du Tigre, ni de IOurs, ni des autres puissances, Les moins pardonnables offenses. Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints. L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance Qu’en un pré de Moines passant, La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu’il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger « herbe d’autrui ! quel crime abominable ! Rien que la mort n’était capable D’expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les iuee PAGF forfait : on le lui fit bien voir. Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

LES MEMBRES ET L’ESTOMAC Je devais par la royauté Avoir commencé mon ouvrage: A la voir d’un certain côté, Messer Gaster en est l’image,’ S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent. De travailler pour lui les membres se lassant, Chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme, Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster. « Il faudrait, disaient-ils, sans nous qu’il vécût d’air. Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme ; Et pour qui ? pour lui seul, nous n’en profitons pas ; Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas. Chommons, c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre. ? Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre, Les bras d’agir, les jambes de marcher Tous dirent à Gaster qu’il Enrichit le marchand, gage le magistrat, Maintient le laboureur, donne paie au soldat, Distribue en cent lieues ses grâces souveraines, Entretient seule tout l’ Etat. Ménénius le sut bien dire. La commune s’allait séparer du Sénat. Les mécontents disaient qu’il avait tout l’empire, Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité; Au lieu que tout le mal était de leur côté, Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.

Le peuple hors des murs était déjà posté, La plupart s’en allaient chercher une autre terre, Quand Ménénius leur fit voir Qu’ils étaient aux membres semblables, Et par cet apologue, insigne entre les fables es ramena dans leur devoir. LE LION, LE LOUP ET LE RENARD Un Lion décrépit, goutteux. n’en pouvant plus, Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse . Alléguer l’impossible aux Rois, c’est un abus. Celui-ci parmi chaque espèce Manda des Médecins ; il en est de tous arts : Médecins au Lion viennent de toutes parts , De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.

Dans les visites qui sont faites, Le Renard se dispense, et se tient clos et coi. Le Loup en fait sa cour, daube au coucher du Roi Son camarade absent ; le Prince tout à l’heure Veut qu’on aille enfumer Renard dans sa demeure, Qu’on le fasse venir. Il vient, est présenté ; Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire Je crains, Sire, dit-il, qu’un rapport peu sincère, Ne m’ait à mépris imputé D’avoir différé cet homma PAGF s OF hommage ; Mais j’étais en pèlerinage , Et m’acquittais d’un voeu fait pour votre santé.

Même j’ai vu dans mon voyage Gens experts et savants ; leur ai dit la langueur Dont votre Majesté craint à bon droit la suite. Vous ne manquez que de chaleur • Le long âge en vous lia détruite : D’un Loup écorché vif appliquez-vous la peau Toute chaude et toute fumante , Le secret sans doute en est beau Pour la nature défaillante. Messire Loup vous servlra, S’il vous plaît, de robe de chambre. Le Roi goûte cet avis-là : On écorche, on taille, on démembre Messire Loup. Le Monarque en soupa, Et de sa peau s’enveloppa ; Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire : Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.

Le mal se rend chez vous au quadruple du bien. Les daubeurs ont leur tour d’une ou d’autre manière : Vous êtes dans une carrière Où lion ne se pardonne rien. LE LOUP ET L’AGNEAU La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l’allons montrer tout à l’heure. Un Agneau se désaltérait Dans le courant dune onde pure. Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de tro uvaee ? plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, plus de vingt pas au-dessous d’Elle ; Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson.

Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l’an passé. Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. Je n’en ai point. Cest donc quelqu’un des tiens . Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos Bergers et vos Chiens. On me lia dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le loup l’emporte et puis le mange, Sans autre forme de procès.

La GÉnisse, la Chèvre et la Brebis, en sociÉtÉ avec le Lion La Génisse, la Chèvre, et leur sœur la Brebis, Avec un fier Lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis, Et mirent en commun le gain et le dommage Dans les lacs de la Chèvre uva pris. savez, c’est le droit du plus fort Comme le plus vaillant, je prétends la troisième. Si quelqu’une de vous touche à la quatrième, Je l’étranglerai tout d’abord . » LE CHENE ET LE ROSEAU Le Chêne un jour dit au Roseau : Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ; Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent, qui d’aventure Fait rider la face de l’eau, Vous oblige à baisser la tête Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil, Brave ‘effort de la tempête. Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr. Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n’auriez pas tant à souffrir Je vous défendrais de l’orage , Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des Royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l’Arbuste, part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu’à vous redoutables. Je plie, et ne romps pas. Vous avez ‘usqu’ici Contre leurs coups redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au Ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts. LES GRENOUILLES QUI DEMANDENT UN ROI Les grenouilles se lassant De l’état démocratique, par leurs clameurs firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique. Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique’ Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,

Que la gent marécageuse, Gent fort sotte et fort peureuse, S’alla cacher sous les eaux, Dans les joncs, les roseaux, Dans les trous du marécage, Sans oser de longtemps regarder au visage Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau. Or c’était un soliveau, De qui la gravité fit peur à la première Qui, de le voir s’aventurant, Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant; une autre la suivit, une autre en fit autant: Il en vint une fourmilière; Et leur troupe à la fin se rendit familière Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi. Le bon sire le souffre et se tient tou•ours coi.

Jupin en a bientôt la cervel Vous avez dû premièrement Garder votre gouvernement; Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire Que votre premier roi fut débonnaire et doux De celui-ci contentez-vous, De peur d’en rencontrer un pire. » 2-Autres Fables DU VENTRE ET DES AUTRES MEMBRES d’E-sope VIIe siècle av. J. – C. – VIe siècle av. J. -C. ), La Main et le Pied voulurent autrefois faire un procès au Ventre, en lui reprochant qu’ils ne pouvaient suffire à le nourrir, sans qu’il y contribuât de son côté. Ils voulaient l’obliger à travailler comme les autres membres, s’il voulait être nourri.

II leur représenta plusieurs fois le besoin qu’il avait d’aliments. La Main le refusa, et ne voulut rien porter à la bouche pour le communiquer au Ventre, qui tomba en peu de temps en défaillance par cette soustraction d’allments. Tous les autres membres devinrent faibles et atténués, par la disette où se trouva le Ventre. La Main reconnut alors son erreur, et voulut contribuer à l’ordinaire ? nourrir le Ventre ; mais il n’était plus temps, il était trop affaibli pour faire ses fonctions, parce uiil avait été trop longtemps vide ; il rejeta les viandes qu’on insi il périt ; mais toutes