« Marseille-provence capitale européenne de la culture: bilan d’une annee’ or 16 Sni* to View A la veille de la clôture de Marseille-provence capitale européenne de la culture, il est l’heure de dresser un bilan préliminaire sur cette année culturelle. Depuis 2005, les états membres de l’union européenne accueillant les cap ‘tales européennes de la culture sont désignés avec des règles précises de rotation. A partir de 2006 ce sont les villes qui ont dû candidater.
En 2006, la France apprenait qu’elle ont pu voir le jour pendant cette année culturelle comme par exemple les « nouveaux commanditaires » qui permet de mettre n lien un artiste, un citoyen commanditaire et un médiateur culturel. Les « quartiers créatifs » ont aussi mis en relations des artistes avec des quartiers urbains en rénovation. On peut aussi mentionner la création de nouvelles infrastructures culturelles comme le MuCEM. Pour tenter de dresser un bilan de cette année qui se termine, nous allons étudier les questions de territoire, puis nous nous interesserons au bilan en terme de fréquentation.
I Bilan du projet de valorisation du territoire insufflé par Marseille Provence 2013 1) Un objectif de démocratisation de la culture remis en cause Récemment, l’Institut nat istique et des études PAGF 16 accessible à tous, le programme social et participatif de MP2013 appelé « Quartiers créatifs » proposait quatorze résidences d’artistes dans des zones dites sensibles avec pour projet d’associer les habitants, le tissu assoclatifs et les artistes impliquant des programmes de rénovation urbaines.
Aujourd’hui, dans l’optique de dresser un bilan, on peut dune part critiquer l’inégale irrigation de ce projet : parmi les quatorze quartiers créatifs répartis sur le territoire de Marseille-Provence 2013, trois sont situés dans les quartiers nord de Marseille, dont les désormais fameux Jardins Possibles. On peut également critiquer son utilité.
Toujours pour reprendre l’exemple des Jardins Possibles, qui cristallisent l’échec d’un ancrage local du projet, voicl diverses réactions d’habitants : « La concertation, ce n’est pas que demander un avis sur la couleur des fleurs, c’est la prise en compte des besoins » ou encore « On aurait pu utiliser cet argent pour construire du durable, du vrai.
Les organisateurs sont loin de la réalité de notre quotidien » 2. Ils estiment que les organisateurs n’ont pas assez pris en compte leur besoin et affirment que le budget alloué au programme (près de 420 00 euros de subventions publiques) aurait pu servir a financer d’autres projets liés à la réinsertion des jeunes et à l’emploi.
L’initiative est également critiquée dans le quartier de Griffeuille d’Arles : le projet MasToc qui avoisine les 200 000 euros a laissé indifférent les habitants du quartier et ils se demande quelle pourrait être son avenir après l’année Capitale3 La question de la sensibilisation à l’art et à la culture ne semble ainsi dans ce 16 l’année Capitale3 ainsi dans ces cas là pas avoir été remplie. Au contraire, « Quartiers créatifs un des points forts de la candidature de
MP2013 semble avoir engendré des frustrations et de la colère auprès de la population de la métropole ne réussissant pas son pari de brassage populaire : les habitants ont certes assisté aux spectacles, mais estiment ne pas avoir assez participé et pu s’identifier aux différentes manifestations. Les artistes locaux, ayant peu été sollicités, ont également l’impression d’avoir été mis à l’écart.
Un scandale autour du MuCEM incarne également cet échec de démocratisation de la culture, celui du combat de Rudy Ricciottl, son architecte, qui tenait à ce que le musée reste visible depuis ‘extérieur pour permettre aux promeneurs qui ne paient pas leur billet d’entrée de pouvoir tout de même avoir un aperçu des œuvres exposées. « Ce musée ne peut pas être une boîte noire refermée sur elle-même, mais un lieu ouvert sur la ville, porteur de porosité sociale. Une main tendue aux gamins des quartiers nord »4 disait-il à la ministre de la Culture, Madame Aurélie Filippetti lors de sa visite du chantier.
En réponse à cela, comme pour contenter l’architecte et étouffer la polémique, les façades vitrées sont recouvertes de sombres rideaux, qui obstruent la vue et laissent entrevoir les œuvres. A noter que de nombreux journalistes constataient dès novembre 2012, lors d’une conférence débat autour du programme de l’année, ce déficit démocratique : « Ce qui me frappe, c’est que Marseille-Provence 2013 n’existe pas aux yeux du Marseilla 6 « Ce qui me frappe, c’est que Marseille-Provence 2013 n’existe pas aux yeux du Marseillais moyen.
Cest un immense paradoxe • on a peine à croire que l’événement débute dans moins de deux mois ! » affirmaityann Terrou, correspondant local d’Europe 1. 5 2) un fort volontarisme des élus et des rivalités territoriales freinant un travail collectif entre les collectivités territoriales Une des particularités de cette année Capitale est la taille du partenariat qui concerne une centaine de communes, onze collectivités et leurs groupements, « une réalité qui justifie un jeu collectif » affirmaitJacques Pfister lors d’une conférence de presse en janvier 20136.
A l’inltiative du premier directeur général de l’association, Bernard Latargé qui souhaitait se positionner dans un esprit métropolitain, le conseil d’administration de l’association MP2013 est ainsi représenté par de nombreuses couleurs politiques, avec qui il entend de mener un travail collectif nécessitant des concessions.
Ainsi, il n’y a pas de majorité de droite ou de gauche et de grosses collectivités, telles la municipalité de Marseille, ont accepté davoir la même représentativité que des communes plus modestes. Précisions que des manifestations ont eu lieu hors Marseille. Aussl, dans un soucis de respect d’un équilibre territoriale sur le programme et le budget, l’investissement était équivalent au budget apporté.
Cependant, les rivalités territoriales et le contexte politique des municipalités ont constitué un frein à cette volonté de fédérer les collectivités autour de cette année de capitale europeenne qui est evenu un instrument des élus pour protéger l’intérê PAGF s 6 cette année de capitale européenne qui est devenu un instrument des élus pour protéger l’intérêt de leur ville Dès mars 2009, un premier scandale éclate : l’affaire du « guichet unique Renaud Muselier, alors député de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, souhaitait instaurer la création d’un guichet unique à la mairie de Marseille afin de présélectionner les projets candidats à la labellisation pour 2013, alors que c’est normalement l’association Marseille-provence 2013 qui est censée assurer ce rôle. Jacques Pfister, président de la Chambre de Commerce I tranchera affirmant que « c’est l’association et elle seule qui sélectionne les projets culturels ? labelliser »7, la mairie fera marche arrière.
Cependant, cet épisode, opposant élus de gauche et de droite, aura créé des divisions et fragilisé la légitimité de l’association La compétitivité et les rivalités entre territoires pousseront la ville de Toulouse à se retirer du programme en décembre 2010, la municipalité estimant qu’« il n’était pas évident qu’on ait des retombées à hauteur de notre engagement. Marseille aura son Mucem, ici il ne restera rien » justifiait Valérie Paecht-Luccioni, chargée de la culture à Toulon Provence Méditerranée8. Ce retrait engendrera un manque de 6 millions d’euros à compenser. Plus récemment, c’est l’annulation d’une grande exposition consacrée à Albert Camus en mai 2013 qui a ébranlé l’année Capitale lorsque la mairie d’Aix fut accusé d’avoir censuré le projet du commissaire de l’exposition Benjamin Stora et de l’avoir évincé en raison de divergences idéologiques. La polémique fera beaucoup de bruit et résonnera jusqu’aux oreille 6 6 raison de divergences idéologiques.
La polémique fera beaucoup de bruit et résonnera jusqu’aux oreilles de la ministre de la Culture qui exprimera son refus de financer l’exposition. On peut finalement parler de « métropole introuvable b, comme l’affirme l’écrivain Boris Grésillon spécialiste géographie urbaine, et les rivalités territoriales auront semble t-il eu raison de cette volonté de maillage collectif « Au-delà de la façade unie présentée pour l’emporter, les vieilles rivalités et concurrences locales sont plus que jamais présentes, entre Aix-la-bourgeoise et Marseille-la- populaire, entre Arles tournée vers le Rhône et surtout Toulon, réfecture du Var » affirme t-i19.
Avec le projet loi sur les collectivités territoriale du gouvernement Ayrault, une nouvelle métropole Marseille-provence devrait voir le jour. Au vu de cette année de capitale européenne de la culture où, comme on a pu le contacter, les collectivités ont peiné à travailler ensemble, on peut se demander si ce projet gouvernemental nia pas été imposé de façon autoritaire sans prendre en compte les réalités du territoire. De nombreuses communes ont d’ailleurs manifesté de fortes résistances. i) 3) Le succès d’une méthode économique vecteur de dynamisme du territoire Marseille-Provence 2013 a beaucoup parié sur le secteur privé en allant chercher des fonds auprès des entreprises.
L’association a réussi à réunir près de 15. 6 million d’euro sur un budget total de 90. 6 millions d’euro (à titre de comparaison la commission européenne n’a donné « que » 1. 5 million d’euro). Ce lien public- prlvé est très fort dans la conception même de l’événement avec le choix 7 6 d’euro). Ce lien public-privé est très fort dans la conception même de l’événement avec le choix du président de l’association Marseille-Provence 2013 : Jacques Pfister, président de la hambre du commerce et de l’industrie. Il a su entretenir des liens étroits avec le secteur privé qui ont permis de mobiliser plus de 80 entreprises et de réunir plus de 15 millions d’euros.
La candidature de Marseille Provence 2013 répond ainsi directement aux objectifs du secteur économique pour redorer l’image de la ville de Marseille afin d’attirer les investisseurs et les entreprises. Le Club Top 20 regroupe plus de 70 chefs d’entreprises emblématiques du territoire qui partagent l’ambition de hisser Marseille Provence dans les vingt premières métropoles européennes. Pour eux, la candidature de Marseille a été vue omme une opportunité et ils ont donc manifester leu engouement pour participer à ce projet. Grâce à leur soutien, Marseille-Provence 2013 a ainsi pu bénéficier du soutien de 5 partenaires officiels qui ont donné chacun 1 million d’euro ce qui a permis l’émergence d’un modèle économique actif.
L’idée innovatrice impulsé par la Chambre du commerce et de l’industrie de Marseille et l’association MP2013 a dès lors été d’Inclure le secteur économique et industriel dans les projets artistiques à travers des résidences d’artistes en entreprises appelées les Ateliers de l’Euroméditerannée (AEM). Ce rogramme très innovant et étalé sur quatre années a permis la création d’une soixantaines d’oeuvres au sein d’entreprises. Il se distingue d’une part de par son financement privé-public mais aussi par son approche collaborative. Contrairem par son financement privé-public mais aussi par son approche collaborative. Contrairement à un modèle basé sur la commande d’œuvre, il s’agissait ici de mettre en relation un artiste et une entreprlse capable de l’accueillir.
Ces ateliers ont donc été l’occasion d’explorer un nouveau de modèle de production dont l’enjeu été de faire entrer l’art et la culture dans les lieux de ravail, tout en initiant de nouveaux modèles de financement pour la création contemporaine. Il est important de préciser que pour l’entreprise, il ne s’agit pas seulement de communiquer sur ses actions et d’acquérir plus de visibilité. Chaque résidence est cofinancée par MP2013 et la structure d’accueil qui deviennent tous deux coproducteurs de l’œuvre réalisée. « L’innovation vient de la mutualisation des ressources. On diversifie les financements en complétant notre apport par des fonds privés ou alors, lorsqu’on travaille avec des structures publiques, en allant chercher des budgets qui ne sont pas culturels. ? explique Sandrina Martins, chargée de mission AEM chez MP201310.
L’entreprise reçoit un artiste en résidence dans ses locaux durant plusieurs semaines et se voit ainsi impliqué de façon beaucoup plus profonde qu’avec du mécénat ou du sponsoring classique. « Il ne dagit pas de faire de la publicité pour l’entreprise, ni d’Illustrer son actlvité affirme Bernard Latarjetl 1. Ces projets visent ainsi à toucher directement le salarié de l’entreprise. Ils proposent de l’embarquer dans la création commune d’une oeuvre et permet de tisser un lien tout en le sensibilisant à la réation contemporaine. Les œuvres réalisées soulèvent des questions sur leurs activi sensibilisant à la création contemporaine. Les œuvres réalisées soulèvent des questions sur leurs activités de salarié.
Par exemple l’artiste Djamel Kokene, en résidence au Tribunal de Commerce de Marseille, a crée une sculpture qui « nous convie à nous interroger tant sur les paradoxes de la coupure (le fait de trancher) qu’induit la Loi à travers ses différents degrés d’application que sur la perception sensible que l’on peut avoir d’une œuvre »12. Ce programme innovant de résidences permet insi de capter l’attention d’une nouvelle façon et en allant directement le chercher le public sur son lieu de travail. En quatre ans, soixante AEM ont pu être mis en place avec un budget global de trois millions d’euros, dont la moitié fut à la charge de MP2013. Les oeuvres réalisées dans le cadre des AEM alimente les différentes manifestations de la capitale culturelle, tout au long de l’année.
Il Bilan en terme de fréquentation et de communication Les chiffres globaux de cette année en terme de fréquentation et de tourisme ne sont pas encore paru mais on peut déj? egarder ce qui s’est passé pendant les onze premiers mois d’existence de Marseille-Provence 2013 1) La fréquentation Marseille-provence 2013 avait pour objectif d’attirer sur le territoire de la Provence IO millions de spectateurs pour cette année de capitale européenne de la culture. Les chiffres sont aujourd’hui très proches de cet objectif et on peut espérer qu’il sera atteint. En novembre, un bilan de la fréquentation montrait que déjà 8 million de spectateurs avaient plébiscité la capitale européenne de la culture. On peut toutefois constater que la fréquentatio