masque nègre

Léopold Sédar SENGHOR, Oeuvre poétique (Seuil, Paris, 1990) Masque nègre A Pablo Picasso Elle dort et repose sur la candeur du sable. Koumba Tam dort. Une palme verte voile la fièvre des cheveux, cuivre le front courbe. Les paupières closes, coupe double et sources scellées. Ce fin croissant, cette lèvre plus noire et lourde à peine – oui le sourire de la femme complice? Les patènes des joues, le dessin du menton chantent l’accord muet. Visage de masque fermé à l’éphémère, sans yeux sans matière. Tête de bronze parfai Que ne souillent fard I ro or 2 de baisers O visage tel que Dieu Visage de l’aube du our émouvoir ma chair.

Sni* to View races de larmes ni re même des âges. mme un col tendre Je t’adore, ô Beauté, de mon oeil monocorde! Prière aux masques Masques! O Masques! Masques noirs masques rouges, vous masques blanc-et-noir Masques aux quatre ponts d’oul souffle l’Esprit Je vous salue dans le silence! Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion. Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui se fane Vous distillez cet air d’éternité ou’ je respire l’air de mes Pères. Masques aux visages sans masque, dépouillés de toute fos fossette comme de toute ride

Qui avez composé ce portrait, ce visage mien penché sur l’autel de papier blanc A votre image, écoutez-moi! Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable Et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril. Fixez vos yeux immuables sur vos enfants que lion commande Qui donnent leur vie comme le pauvre son dernier vêtement. Que nous répondions présents à la renaissance du Monde Ainsi le levain qui est nécessaire à la farine blanche. Car qui apprendrait le rythme au monde défunt des machines et des canons? Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins ? ‘aurore?

Dites, qui rendrait la mémoire de vie à Ihomme aux espoirs éventrés? Ils nous disent les hommes du coton du café de l’huile Ils nous disent les hommes de la mort. Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur. Le totem Il me faut le cacher au plus intime de mes veines L’Ancêtre à la peau d’orage sillonnée d’éclairs et de foudre Mon animal gardien, il me faut le cacher Que je ne rompe le barrage des scandales. Il est mon sang fidèle qui requiert fidélité Protégeant mon orgueil nu contre Moi-même et la superbe des races heureuses