Personnages : (La terre) • Hourdequin (Alexandre). — Fils unique d’Isidore. Né en 1804. Commence d’exécrables études au collège de Chateaudun. La terre le passionne. A la mort de son père, il a vingt-sept ans et devient maître de la Borderie. Alexandre est pour les méthodes nouvelles, qul exigent des capitaux. Aussi, en se mariant, cherche- t-il de l’argent et non du bien. Il épouse une sœUr du notaire Baillehache, qui lui apporte cinquante mille francs.
Carré des épaules, large face haute en couleur, n’ayant gardé que des mains petites de son affinement de bourgeois, il aime la terre d’une assion où n’entre pas seulement l’âpre avarice du paysan ; c’est une passion sentimentale, intellectuelle presque, car cette terre, il la sent la mère com et où il retournera [9 entière, ainsi qu’à un en-. vw Sni* to mieux féconder qu’il que ses serviteurs dé le commerce. ie, sa substance, nt, son existence et c’est pour la Lions, les machines miques que fraude De grands mécomptes intimes l’ont assailli, il a vu son fils Léon s’engager, il a perdu sa femme et sa fille et s’est trouvé brusquement seul, l’avenir fermé, sans l’encouragement désormais de travailler pour sa race. Mais il reste debout, violent et autoritaire, il s’obstine devant les paysans qui ricanent de ses inventions et souhaitent la Swipe to View next page la ruine de ce bourgeois assez audacieux pour tâter de leur métier.
Il mène une VIe large de gros homme sanguin, décidé ? ne jamais rester sur ses appétits ; de tout temps, il a été un mâle despotique pour ses servantes, et l’une d’elles, Jacqueline Cognet, a fini par se l’attacher, le prenant dans sa chair, lui inspirant un besoin physique irrésistible. Mais, au-dessus de cet amour où il s’acoquine, dont il souffrira et dont il mourra, Alexandre
Hourdequin garde toujours la passion de la terre, il lutte contre le libre-échange qui ruinerait les campagnes, rêve toujours d’engrais supérieurs, adopte de nouvelles machines, toute sa fortune y passe, bientôt la Borderie ne lui donnera plus de quoi manger, tant l’agriculture souffre. Maire de Rognes, ii ne rencontre qu’hostilité chez les petits agriculteurs, il doit abandonner son écharpe, et il pressent la catastrophe qui terminera l’antagonisme séculaire de la petite propriété et de la grande, en les tuant toutes les deux [473]. l meurt dans un accident provoqué par Tron, un de ses valets. mant de Jacqueline [4811. (La Terre. ) Hourdequin (Isidore). — Bourgeois de Châteaudun, né en 1767. Il descend d’une ancienne famille de paysans de Cloyes, affinée et montée à la bourgeoisie, au seizième siècle. Employé aux gabelles, orphelin de bonne heure, possédant une soixantaine de mille francs, il a été privé de sa place parla Révolution et a su faire fortune dans les biens nationaux. Il a payé trente mille francs, le cinquième de leur valeur, les ce 31 fortune dans les biens nationaux.
Il a payé trente mille francs, le cinquième de leur valeur, les cent cinquante hectares de la Borderie, ancien domaine des Rognes-Bouqueval, pas un paysan n’ayant osé risquer ses écus. Isidore avait seulement rêvé une spéculation, mais la dépréciation de la terre ne cessant pas, il a gardé le bien et s’est marié avec la fille d’un fermier voisin, qui lui apportait cinquante hectares ; il est définitivement revenu ? ta culture, abandonnée depuis trois siècles par sa famille; mais il s’est consacré à la grande culture, l’aristocratie du sol, qui remplace l’ancienne toute-puissance féodale [87].
Il meurt en 1831. (La Terre. ) Hourdequin (Léon). —Fils d’Alexandre Hourdequin. S’est engagé ar haine de la terre et a été fait capitaine, après Solferino [87]. Ne se montre même pas une fois par an. Ayant surpris le manège de Jacqueline Cognet, qui fait du maître la risée de la ferme, il veut tenter le jeu classique de se laisser surprendre avec la fille pour obtenir qu’elle soit chassée. Mais cette fine mouche sait lui résister et elle brouille irrémédiablement le père elle fils [438]. (La Terre. Hourdequin (Mademolselle). —Deuxième enfant d’Alexandre Hourdequin. Jeune fille délicate et charmante, tendrement aimée de son père. Elle sera héritière de la Borderie, puisque l’aîné a oulu courir les aventures. Mais elle meurt jeune, peu de temps après sa mère [87]. (La Terre. ) . Bonne des Badeuil. Chétive, maigrichonne, l’air Honorine — pauvre et honteux. Surp 3 1 Bonne des Badeuil. Chétive, maigrichonne, l’air Honorine. — pauvre et honteux. Surprise aux bras d’un homme et chassée par MHardy. ercepteur de Cloyes. Habite rue Beaudonnière une petite maison gaie, entre cour et jardin. Gros homme coloré et jovial, à la barbe noire bien peignée, redouté des paysans qui réclament en vain contre les contributions et qui l’accusent de les étourdir avec des histoires [329]. La Terre Tron. — Garçon de cour à la ferme de la Borderie. Sorte de géant à la peau blanche, au poil roux, à l’air enfantin, avec des yeux doux et stupides. Il est originaire du Perche.
Amant de la Cognette, à qui ce beau mâle inspire de véritables fringales, il ressent pour elle une jalousie de brute, il a des colères sournoises que sa force rend terribles [287]. Congédié par le maître, il ouvre une trappe sous les pas d’Alexandre Hourdequin; puis, comme la Cognette ne lui pardonne pas ce meurtre imbécile, qui la ruine, il met le feu à la ferme [515]. (La Terre. ). ). Charles, elle se révolte t devient insolente [182]. (La Terre. ) Delhomme. — Mari de Fanny. Gendre du père Fouan.
Beau-frère de Jésus-Christ et de Buteau. A trente-neuf ans, il est rose et placide, il a une large face de terre cuite rasée soigneusement, trouée de deux gros yeux bleu faiënce, d’une fixité de bœuf au repos. Se laisse conduire en toutes choses par sa femme, est d’esprit borné, mais si calme, si droit, que souvent, à Rognes, on le prend pour arbitre. Avec ses vingt hectares de biens, ses dix arpe 1 souvent, à Rognes, on le prend pour arbitre. Avec ses vingt hectares de biens, ses dix arpents de vignes, il est le plus riche u pays.
D’abord conseiller municipal, il finit par devenir maire. En politique, il a une seule idée, celle que le gouvernement soit solide pour faire aller les affaires; afin de ne pas se tromper, le mieux à son avis est d’envoyer à l’empereur le député qu’il demande [369]. Delhomme voit d’un bon œil son fils Nénesse devenir tenancier d’une maison publique, métier qui rapporte gros. (La Terre. ) Delhomme (Madame), née Fanny Fouan. — Elle a été épousée par un amoureux honnête et riche, sans môme être enceinte [1 5], chose peu commune à Rognes.
Fanny est très brune, elle a des ains sèches de travailleuse, des yeux vifs, une figure agréable gâtée par un grand nez. Chez elle, l’intelligence du père s’est tournée en orgueil. C’est une gaillarde active, qui gouverne sa maison et son mari. Elle s’est créé un intérieur net et froid, d’une propreté méticuleuse, où le carreau est usé à force de lavages. Fanny est d’une susceptibilité outrée, elle a une vanité méfiante de paysanne honnête qui se blesse et boude au moindre mot mal compris.
Elle a recueilli son père, le vieux Fouan, mais ne tolère aucun de ses défauts et dit que quatre vaches seraient plus aciles à conduire [293]. Elle en arrive à une véritable persécution, des paroles cruelles sont échangées, Fouan s’en va, Fanny jure de ne plus lui adresser la parole et, lorsqu’il meurt, elle ne désarme pas ; la blessur PAGF s 1 jure de ne plus lui adresser la parole et, lorsqu’il meurt, elle ne désarme pas ; la blessure de son amour-propre saigne toujours, au point qu’elle demeure l’œil sec devant le cadavre.
Sourdement envieuse et de nature peu sociable, elle s’est fâchée avec tout le pays. Lorsque son mari devient maire, elle est gonflée d’un tel orgueil qu’elle en claque dans sa peau [504]. La Terre. ) Delhomme (Ernest), dit Nénesse. Fils des Delhomme. A onze ans, blond, mince et fainéant, il a toujours un miroir au fond de sa poche [50]. Jeune homme, tourmenté d’un besoin d’élégance citadine, fier de savoir jouer du piston, il se met comme un garçon de la ville, il se dandine d’un air louche de fille, avec son cou long, sa nuque rasée, ses yeux bleus, sa face molle et jolie.
Nénesse a toujours eu l’horreur de la terre, il part pour Chartres où il va servir chez un restaurateur qui tient un bal public [2931. Ses parents l’ayant assuré contre la conscription, il ne sera pas soldat; Il tire d’ailleurs un bon numéro, le 214, ce qui donne à sa mère le profond regret des mille francs versés à l’assurance. A vingt et un ans, c’est déjà un petit bourgeois. Habillé par un tailleur de la ville, il vient faire le faraud à Rognes et plaisante les complets de Lambourdieu, dont il était tier autrefois.
Plein de la volonté de parvenir, il a Imaginé de reprendre l’ancienne maison de tolérance de sa grand’tante Badeuil, ce qui, dit-il, vaut mieux que. de cultiver la terre et permet d’être un monsieur tout de suite [4611 1 dit-il, vaut mieux que. de cultiver la terre et permet d’être n monsieur tout de suite [461]. Il s’entend avec les Charles, épousera leur petite-fille, Elodie Vaucogne, et tiendra le 19 avec elle [488]. (La Terre. ) Lengaigne. — Débitant de tabac et cabaretier à Rognes.
Très long, l’air figé, ayant une petite tête de chouette sur de larges épaules osseuses, il cultive ses terres pendant que sa femme pèse le tabac et descend à la cave. Ce qui donne une importance à Lengaigne, c’est qu’il rase le village et coupe les cheveux, un métier rapporté du régiment [55]. Il est libre penseur et vaguement républicain, mais sa situation de buraliste lui erme la bouche, il se borne à gronder dans les coins contre les bourgeols d’aujourd’hui qui ont tout gardé dans le partage, ne font les lois que pour eux et vivent de la misère du pauvre monde.
Il exprime ainsi le sentiment de tout le village, la haine séculaire indomptable, du paysan contre les possesseurs du sol [571. Mais la vraie colère de Lengaigne est contre Macqueron, le cabaretier voisin ; une vieille rivalité les sépare; quand l’un a de la chance, l’autre est ulcéré; ils s’exècrent au point de souffrir d’une mitoyenneté future, dans le cimetière de Rognes [513]. (La Lengagne (Suzanne). — Fille des Lengaigne. Blonde, laide, effrontée.
A été mise en apprentissage chez une couturière de Châteaudun et siest envolée au bout de six mois à Chartres, puis à Paris, pour faire la noce. On dit qu’avant son départ de Rognes, un oncle à elle lia 7 1 Chartres, puis à Paris, pour faire la noce. On dit qu’avant son départ de Rognes, un oncle à elle l’avait eue déjà, un Jour qu’ils épluchaient ensemble des carottes [129]. Après trois ans de folle existence, Suzanne risque brusquement une réapparition au village, pendant les vendanges, et elle produit une sensation xtraordinaire, avec sa robe de soie dont le bleu riche tue le bleu du ciel.
Cet ancien laideron apparaît en une splendeur, nippée chèrement, grasse, avec une figure de prospérité [347]. Les gens du pays l’admirent, ses parents sont fiers d’elle. Plus tard, de sales noces la conduisent à l’hôpital, » alors, pour les siens, elle n’est plus que cette pourrie de Suzanne [165]. (La Terre. ) Lengaigne (Victor). — Frère de Suzanne. Avant le tirage au sort, c’était un grand garçon gauche. Il a été en garnison à Lille, un pays dont il ne trouve rien à dire, sinon que le vin y est cher [222].
A son retour du service, il est crâne et blagueur, personne ne le reconnaît, avec ses moustaches et sa barbiche, son air de se licher du monde, sous le bonnet de police qu’il affecte de porter encore [346]. Il crâne devant les conscrits, braillant plus haut qu’eux, les poussant à des paris imbéciles [464]. (La Terre. ) Lequeu. — Maître d’école à Rognes. Grand jeune homme maigre, dont la face blême se hérisse de quelques polls jaunes.
Cest un fils de paysan, qui a sucé la haine de sa classe avec l’instruction , il ne peut faire aimer leur condition à ses élèves qu’il traite de auvages et de b ne peut faire aimer leur condition à ses éleves qu’il traite de sauvages et de brutes, avec le mépris d’un lettré, et qu’il renvoie insolemment au fumier paternel [146]. Cachant des idées avancées sous sa raideur correcte, il chante au lutrin, prend soin des livres sacrés mais a formellement refusé de sonner la cloche, une telle besogne étant indigne d’un homme libre [391.
Dans les discussions de cabaret, il garde nu sourire aigre d’homme supérieur que sa position force au silence, mais, dévoré de rancune contre les paysans qui le méconnaissent, vert de bile evant sa situation gâtée, déçu dans l’espoir longtemps nourri d’épouser Berthe Macqueron, il finit par afficher des doctrines anarchistes; à la grande stupéfaction de Jésus-Christ, il prêche violemment la grève de la terre, les disettes, le sac des villes, la noyade générale dans des flots de sang [471] (La Terre. ) Leroi, dit Canon. — Ouvrier charpentier.
A lâché paris à la suite d’histoires ennuyeuses et préfère vivre à la campagne, roulant de village en village, faisant huit jours ici, huit jours plus loin, allant d’une ferme à une autre, lorsque les patrons ne veulent plus de lui. Le travail ne marchant pas, il mendie le long des routes, il vit de légumes et de fruits volés, heureux qu’on lui permette de dormir dans une meule. En loques, très sale, très laid, ravagé de misère et de vices, le visage si maigre et si blême, hérissé d’une barbe noire, que les femmes, rien qu’à le voir, ferment leur porte.
De passage à Rognes, Canon est d PAGF 31 barbe noire, que les femmes, rien qu’à le voir, ferment leur porte. De passage à Rognes, Canon est devenu l’ami de Jésus- Christ, il tient des discours abominables, parlant de couper le cou aux rlches, traitant les paysans de culs terreux, leur expliquant a révolution sociale qui doit donner le bonheur à tous [371]. Il blague Jésus-Christ à cause de ses idées rétrogrades, vieilles de cent ans, mais trouve son maître dans Leque, le maître d’école anarchiste plein de dédain pour le socialisme autoritaire et scientifique, appris par Canon dans les faubourgs parisiens [471]. La Terre. ) Loiseau. — Vieux paysan sourd, oncle de Macqueron. Est conseiller municipal de Rognes et ne vient jamais aux séances, parce que, dit-il, ça lui casse la tète. Loiseau est à l’entière dévotion du maire Alexandre Hourdequin, son fils travaillant à la Borderie [1581. (La Terre. ) Jésus-Christ. ?? Fils aîné du père Fouan et de Rose Maliverne. Frère de Buteau et de Fanny Delhomme. Père d’Olympe Fouan, dite la Trouille.
Un ancien soldat qui a fait les campagnes d’Afrique et qui, paresseux et s’est mis, dès son retour, à battre les champs, refusant tout travail régulier, vivant de braconnage et de maraude, comme s’il rançonnait encore un peuple tremblant de Bédoulns. A quarante ans, c’est un grand gaillard, d’une belle force musculaire, les cheveux bouclés, la barbe en pointe, longue et inculte, avec une face de Christ ravagé, un Christ soûlard, violeur de filles, détrousseur de grandes routes. Au fond de ses