Sylvia Plath. Esther Greenwood. Découvrir son moi à travers un personnage fictif. L’imaginaire de l’auteure a trompé Sylvia Plath en dépeignant son portrait dans La cloche de détresse, et ce bien malgré elle. Devant Vincapacité de cette femme à se voir telle qu’elle est, cette œuvre est le seul regard inconscient qu’elle a porté sur elle-même. pour moi, Esther est en quelque sorte le double de Sylvia. L’auteure s’en servira comme protection, sa propre folie. Cette inaptitude se reflète Esther, ou Sylvia, nie Sni* to View iltre, afin d’analyser e de l’ouvrage. e qu’elle est : l’unique moyen d’enfin agir librement et ‘accomplir tout ce qu’elle désire est de le faire à travers une autre identité, comme celle d’Elly Higginbottom. Il suffit de s’attarder au nom qu’elle s’est attribuée pour comprendre davantage sa vision pessimiste, Higgin « bottom donc « bas » en français. La tension palpable lors de la séance photo expose une fois de plus l’inaptitude d’Esther à se faire face. « Je ne voulais pas être photographiée, car je savais que j’allais pleurer »1 .
Elle est terrorisée à la simple : ce serait la fixer à jamais sur un bout de papier, à un moment où elle n’est pas accomplie, où le vide qui l’occupe prend toute la place ? ‘intérieur d’elle-même. Ce serait la mettre face à son existence vacante, la plonger dans un vertige existentiel. Devant la question insoutenable de son avenir, la meilleure réponse qu’elle a à offrir est la poésie. Ne sachant pourquoi elle existe, Esther ne peut pas décider de son avenir, le futur étant une notion trop abstraite alors que son présent est à peine esquissé.
Or, la poésie lui permet d’être tout ce qu’elle veut à la fois. N’ayant ? PLATH, Sylvia, La cloche de détresse, L’imaginaire Gallimard, New- York, 1972, p. 115 faire aucun choix définitif, un poète revêt l’identité qu’il désire. Le oment représentant le plus la réelle incapacité d’Esther à se faire face est lorsqu’elle doit se regarder dans la glace : elle parle d’elle-même comme si le reflet que lui renvoyait le miroir ne lui appartenait pas. L’auteure utilise des termes tels que « du visage » et « le crâne » qui détache Esther d’elle-même, donc de Sylvia Plath également.
Elle va même jusqu’? prétendre que l’infirmière a commis une erreur : c’est un portrait qu’Esther a entre les mains, ce n’est pas un miroir. Elle fuit son image. Le simple fait d’utiliser le roman autobiographique est un écran rotecteur pour Sylvia Plath, elle e protèee d’elle-même : PAG » OF d jamais accepté que La cloche de détresse soit une biographie, elle a donc troqué son nom pour Esther et nié que c’était l? son histoire. C’est pourquoi son livre est un roman autobiographique.
L’auteure créer donc Esther, qui contient notamment le même nombre de lettre que son propre prénom, Sylvia, indice prometteur de cette transformation. La cloche de détresse est en quelque sorte la deuxième naissance de Sylvia Plath. À travers ces pages, par ces mots, l’auteure accouche d’elle- même. En fait, elle est obsédée par fidée de sa naissance. C’est exactement comme si elle sentait que quelque chose clochait en elle, la première fois qu’elle est venue au monde. Forcément, c’était un échec pour qu’elle se sente aussi instable et vide à l’intérieur.
Elle veut donc sans cesser tenter de se refaire dans La cloche détresse. Lorsqu’elle observe l’accouchement de la femme, elle nous donne l’impression qu’Esther assiste à sa propre naissance : elle se transpose à la place de la femme enceinte. Ce retour à l’origine se retrouve également lors de la descente en ski avec Buddy. Au début de cette scène, juste avant qu’elle ne évale la piste enneigé, le silence est palpable. Esther ne peut émettre aucun son, car le vent s’engouffre dans sa bouche pour le recouvrir aussitôt.
Cette quiétude rappelle étrangement le lourd silence qui, on peut l’imaginer, règnerait dans le ventre d’une mère. Plath précise même qu’Esther « fille] droit vers [s]on propre passé »2. Cela donne l’impression qu’elle refait s rs, la mort devenant ainsi PAGF3CFd propre passé « 2. Cela donne l’impression qu’elle refait sa vie à l’envers, la mort devenant ainsi sa naissance. Lorsqu’Esther s’écroule finalement, elle est comparée à un bébé dans son fœtUS, on omprend alors réellement qu’elle souhaite recommencé sa naissance.
Le même constat peut être fait lors de son empoisonnement alimentaire suite ? l’ingestion du homard et du caviar. En effet, c’est comme si elle voulait vomir sa vie, la rejeter, pour ainsi mieux la recommencer. Son propre être la dégoute, la rend malade alors la seule solution est de renouveler son commencement. Elle veut renaître, elle veut se guérir de son mal. Suite ? l’écoute du film, on comprend qu’elle ne pourra jamais se débarrasser tout à fait de ce vide, ce mal qui ‘habite. C’est la seule chose qui lui permet d’écrire, et écrire c’est toute a vie.
Son malheur, son existence et ses écrits sont intimement liés et ne peuvent être dissous. Inévitablement, son histoire personnelle, soit son dégoût d’elle-même et son vide existentiel, ont mené l’écrivaine à une fin tragique. Incapable de supporter davantage la douleur, la seule solution recevable pour elle était la mort. Percevoir son départ comme une libération est particulièrement tragique, mais sa vie ne laissait refléter aucun espoir de rétablissement. Sylvia Plath est née pour écrire et c’est aussi ce qui l’a tuée. 990 mots 2 PLATH, sylVia, La cloche de aeinaire Gallimard, New-