Objet d’étude no 2 : le personnage de roman, du XVIIe à nos jours. Séquence 1 : le personnage de roman, reflet du monde ? Séance : Maupassant, Bel-ami (1885), incipit. Introduction Bel ami est un roman d’apprentissage de Guy de Maupassant décrivant l’ascension sociale de Georges Duroy, un arriviste qui parvient à ses fins en séduisant les femmes. Paru en feuilletons dans la revue « Gil Blas » au cours du mois de mai 1885, Bel-ami est généralement considéré comme un roman de la veine naturaliste, visant à raconter de manière très scientifique, en décrivant un cadre spatial, temporel et social xtrêmement précis.
Dans cet incipit, Mau dans un état d’extrê et la notoriété dont il Problématique : org pauv ieux protagoniste tera avec la fortune Cet incipit remplit-il bien son rôle ? plan : Dans ce commentaire, nous verrons tout d’abord en quoi cet incipit présente les caractéristiques traditionnelles d’un début de roman (l), avant de nous focaliser sur le portrait ambivalent du héros dressé par le narrateur (Il). Enfin, nous nous intéresserons à la manière dont ce passage annonce le reste du roman en introduisant les enjeux majeurs (Ill). l. Un incipit traditionnel 1. Le cadre spatio-temporel
Dès la première phrase, l’a SWipe page l’action se situe dans un lieu précis : « le restaurant » (1. 2), désigné plus loin par « gargote » (1. 8) L’action se déplace ensuite vers le « trottoir » (LIO), et grâce ? l’indication « la rue Notre-Dame-de-Lorette » (l. 16), le lecteur sait dès le 4è 5 que l’action se situe à Paris. La date est également indiquée de manière très précise : « on était au 28 juin » (1. 11). Le moment de la journée peut se déduire : le lecteur arrive « in medias res », alors que l’action est commencée, après un repas (déjeuner ou dîner). . Le contexte narratif L’intrigue se dessine également assez vite : Georges Duroy, le protagoniste, apparaît dès la 1ère phrase. C’est un jeune homme pauvre : « il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois » (1. 11), qul mène une vie modeste : son seul « grand plaisir » est d’aller boire une bière le soir « deux bocks sur le boulevard » (LI 5). Il semble assez indécis sur ce qu’il va faire de sa journée : il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire » (1. 0), ce qui contraste avec son attitude conquérante : «paitrine bombée, jambes entrouvertes, il avançait rutalement » (I. 18-19). 3. La situation d’énonciation Le point de vue apparaît d’abord comme externe : comme s’il assistait à la scène, le narrateur décrit les actions du personnage (en témoignent les nombr action) : « sortit » l. 1 actions du personnage (en témoignent les nombreux verbes d’action) : « sortit » 1. 1 ; « cambra » 1. 3 ; « frisa sa moustache d’un geste militaire et familier 1. 3-4. Dans le 4ème 5, le lecteur est plongé dans les pensées calculatrices du personnage : « il réfléchit que » (1. 2). La réapparition des verbes d’action du 5ème S marchait » 1. 18 ; ? avançait » 1. 19; « inclinait » 1. 21) marque un retour au point de vue externe : le narrateur reprend de la distance par rapport ? son protagoniste et en profite pour dresser son portait. Transition Cette première page du chapitre 1 de Bel-ami présente donc bien toutes les caractéristiques de l’incipit traditionnel, en présentant ? la fois le cadre spatio-temporel et le personnage principal. Mais ce héros n’est-il pas plutôt dépeint comme un anti-héros ? Il.
Un portrait à double-tranchant 1. Un portrait physique flatteur Même si le portrait physique intervient assez tard, le lecteur a éjà une idée de l’aspect de Georges Duroy à travers la manière dont il est caractérisé : « par pose d’ancien sous-officier » (1. 3), « joli garçon » (1. 5). Le regard que lui portent les femmes portent sur lui confirme l’idée qu’il est bel homme. Dans le 5ème 5, et toujours avant le portrait à proprement parler, Georges Duroy est décrit comme un personnage conquérant, à fière allure : « poitrine bombée » 1. 8 ; « battait le pavé 1. 21-22 ; « l’air d personnage conquérant, à fière allure : « poitrine bombée » 1. 18 ; « battait le pavé 1. 21-22 ; « l’air de toujours défier qqn » 1. 22. vec beaucoup de prestance malgré sa pauvreté : « son chapeau haut de forme assez défraichi » (1,21). Sa description physique montre un jeune homme qui accorde une grande importance à son apparence, par exemple en étant coiffé selon la mode de l’époque : « des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne »1. 7-28) et en arborant « une moustache retroussée » (1. 26). 2. Un portrait en mouvement L’originalité de ce portrait tient au fait que la description physique différée ne laisse pas le lecteur dans le doute quant à l’allure générale du héros, car les verbes d’action du 2ème et 5ème 5 onnent une idée assez précise de ses attitudes : « il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire et familier, et jeta sur les dineurs attardés un regard rapide et circulaire » 1. à 5. « Il marchait ainsl qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards » (l. 18). Avant de présenter un portrait statique, le narrateur montre Duroy en mouvement, car c’est un personnage qui se définit davantage par ce qu’il fait (par ambition et vanité) que ce qu’il est (petit provincial pauvre qui cherche à faire fortune dans la capitale). Ce parcours physique dans les rues de Paris annonce déjà son arcours plus symbolique dans la société.
PAGF physique dans les rues de Paris annonce déjà son parcours plus symbolique dans la société. En effet, les verbes d’action décrivent souvent des mouvements rapides, vers l’avant (marcher, avancer), qui montrent son désir dactions mais aussi son manque de scrupules (il pousse les gens simplement « pour ne point se déranger de sa route » (1. 20-21) 3. Un portrait psychologique ambigu Malgré les nombreux traits mélioratifs de son portrait, Georges Duroy est décrit de manière ambiguë.
S’il a certes de l’élégance, il s’apparente également à un voyou, vec son chapeau incliné « légèrement sur l’oreille » (121) et son air de « mauvais sujet des romans populaires » (1. 28). Par ailleurs, sa description physique inscrit en creux un portrait psychologique pour le moins critique : il apparaît comme vaniteux et séducteur, dans le 2ème S, agressif sans raison dans le 4ème : « avançait brutalement » 1. 19 ; heurtant les épaules, poussant les gens » (1. 20). De même, la gradation « l’air de toujours défier qqn, les passants, les maisons, la ville entière » (1. 2), rend son attitude conquérante assez ridicule, dessinant un héros ambitieux mais sans réelle ompétence. Enfin, le passage écrit en focalisation interne, montre un esprit calculateur, voire mesquin. Il préfère en outre garder le peu d’argent qu’il lui reste pour des « collations au pan et au saucisson, plus deux bocks que pour de v qu’il lui reste pour des « collations au pain et au saucisson, plus deux bocks », que pour de vrais repas, ce qui construit l’image d’un personnage peu responsable. Transition .
Ce portait ambigu du héros concourt à construire le cadre et ? mettre le lecteur en situation, mais il sert également à présenter des thèmes majeurs qui se retrouveront tout au long du roman Bel-ami, remplissant ainsi une fonction proleptique. III. Un incipit proleptique 1 . L’argent C’est certainement le thème le plus évident de cet incipit, et il apparaît dès la 1 ère phrase, dans ce début « in medias res » : « la monnaie de sa pièce de cent sous » (l. 1). Il est à noter que l’argent apparait avant même le personnage principal.
On l’a dit, le 4ème 5 fait la part belle aux calculs monétaires les plus prosaïques. La pauvreté de Duroy est par ailleurs sans cesse rappelée au détour d’une phrase : son chapeau est élégant mais « assez défraîchi » 1. 1 ; son complet n’a qu’une valeur de « soixante francs » 1. 24 ; etc. Ces passages sur Fargent montrent par ailleurs la trivialité du personnage qui ne cherche qu’à s’en i r chir sans se soucier des moyens pour y arriver (par la séduction, ses conquêtes, en écrasant les autres sur son chemin). 2.
Les femmes et la séduction c’est qu’il « porte beau c’est-à-dire qu’il a l’air jeune et fringant, et qu’il joue en joue : « en cambra la taille » (1,3), etc. Comme on l’a dit, c’est qqn qui apporte une très grande importance à son apparence. Il observe les clientes du restaurant d’un regard qui « s’étend omme des coups d’épervier » (l’épervier désigne ici un flet ? poisson). Cette comparaison avec la pêche est représentative de son rapport aux femmes : il chasse tout au long du roman celles qui lui paraissent intéressantes car susceptibles de l’aider dans son ascension soclale.
Ce phénomène est déjà visible dans le 3ème 5 : les femmes du restaurant sont mentionnées selon une gradation de leur richesse : « trois petites ouvrières « une maîtresse de musique « deux bourgeoises » (I. 6 à 8) Ce qui montre que son désir de séduction s’accompagne toujours d’un désir de richesse. 3. arrivisme de Georges Duroy Les femmes du restaurant citées par ordre de fortune sont ? l’image de la volonté de l’ascension sociale de Georges Duroy (de la moins riche à la plus aisée).
Il fait tout pour se faire remarquer : attirant le regard des dames dans le restaurant, bousculant les passants dans la rue, battant le pavé (et donc faisant beaucoup de bruit pour se faire entendre). L’adjectif « tapageuse » (1-25) met en avant cette volonté de conquête des regards. Non seulement se montre nt calculateur avant cette volonté de conquête des regards. Non seulement se montre-t-il bassement calculateur, mais il dopte une attitude de soldat conquérant, prêt à écraser ceux qui se placent sur son chemin.
La gradation « quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière » (1. 22-23) laisse également entrevoir son ambition démesurée et sa mégalomanie. Conclusion : Bien qu’original par le traitement du protagoniste, cet incipit de Bel-ami remplit bien sa fonction de mise en contexte et de représentation du personnage principal. Ce début est également représentatif du reste de ce roman naturaliste où nous suivrons l’itinéraire du pauvre mais séducteur Georges Duroy, jusqu’au triomphe social et économique, en ntroduisant les thèmes majeurs : l’argent, la séduction et l’arrivisme.
Autres problématiques possibles : 1. Cet incipit remplit-il bien son rôle ? 2. Quel portrait du héros cet incipit propose-t-il ? 3. En quai cet incipit de Bel-ami est-il annonciateur du reste du roman ? 4. Georges Duroy, un anti-héros ? 5. En quoi cet incipit annonce-t-il un roman réaliste ? 6. En quoi le narrateur présente-t-il le personnage principal ici ? 7. En quoi Georges Duroy est-il présenté comme un personnage ambitieux ? 8. En quoi ce texte présente-t-il les en•eux du roman tout entier ?