Questions sur le droit et les institutions de l’eau dans l’Egypte ancienne

Thierry RUF Questions sur le droit et les institutions de l’eau dans l’Égypte ancienne L’ORIG-E,et le la structure fonctionnement du système ancien de valorisation de l’eau du Nil sont mal connus. Le terme irrigation est d’ailleur or 17 impropre pour qualifi l’ Sni* to View l’agriculture antiques est préférable d’empl et culture de décrue. ulique et de mersion contrôlée Certes, l’irrigation artificielle au clzadouf ou à la saggia, apparue à l’époque ptolémaïque, a probablement été pratiquée sans discontinuité jusqu’au XVIII— siècle. s descriptions du début du X I X – iècle montrent qu’elle était encore réservée aux jardins des élites sociales qui se trouvaient sur les bourrelets alluviaux, hors de portée des hautes eaux de l’inondation. En 1830, le principal mode d’artificialisation de l’écosyst cultivé est toujours et encore la submersion contrôlée. Ainsi, la production d’aliments de base, le blé et l’orge, ne dépendait pas des instruments d’exhaure (pompage).

La vallée et le delta étaient submergés par la crue habilement captée c’est-à-dire au moment des plus basses eaux : elles sont difficiles à capter dans le système de canalisation des hautes aux. Dès la fin du X X —siècle, le débit moyen d’étiage de 500 n13 / seconde apparaît pour la première fois comme un facteur limitant l’extension d’une culture nouvelle : le coton. En 1964, lors de la dernière crue du Nil, déjà 80 % des terres agricoles avaient été converties à l’irrigation pérenne.

Il faut distinguer la période historique où apparait une technique, et le moment où elle se généralise. Le chadouf et la saggia sont des instruments incontestablement très anciens. Pourtant, leur usage reste exceptionnel, tant que les difficultés liées aux sariatiorzs u niveau des plans d’eau ne sont pas levées. 181 THIERRI- Les peuples de la lallPe et du delta du Nil ont connu pendant des milliers d’années un zrnisa:c ! zydrmiliqiic iricertiriri. Certes. chacun connaissait et attendait la ux c dans les jours qui suivent le solstice d’été. 1 n] asait pas do doute sur le retour du phénomkne. mais personne ne poux ait prévoir son déroulement : précoce ou tadiFe, la crue poulait être Insuffisante ou trop abondante. Le Itrruit des m i . Y dans le lit mineur du Nil était tout aussi irrégulier. En outre. l’incertitude rignait non seulement par rapporta —ix onséquences d’une inauvaise crue niais aussi par la probabilité de succession de PAG » 7 face i une a année de iaches inaigres inais soufrait terriblement de disette en cas de r—pLititioiz de mmwiscs iiiordatiori—.

Les sfiucfiires +pdrniihps —nrierriiesdu—uns IR vallie ilu Nil. Barois. (1 587) Brunhes (1902j et Besançon (1957) ont défini l’organisation hydraulique et les principes de maitrise des hautes eaux du Nil. Barois a publié les cartes des séries de bassins (li&{) appartenant i une mEme unité de gestion des eaux : la série de Soliagia comprend 21 basslns principaux comrant 140 000 liectares sur 50 hin de la Vallie [fig. l]. Celle du Bahr al-Youssef est plus grande encore : 16 bassins couvrant 170 000 hectares entre Deirout et El-l_aoun [fig. 1 . En 1981, nous mons trouve en place l’ane des dernieres digues de cette série, au nord d’El-l_aoun. J. Brunhes l’avait visité et photographié en 1900 ou 1901. Il serait intéressant de fouiller la structure de cette digue transversale pour dater 1 constructlon et les diverses interventions. Dans le delta, la notion de chaîne de bassins est bcaucoup moins éiidente. 11 y avait toute une série de canaux rrKlj pour capter et étaler les hautes aux. La submersion était probablement moins prolongée que dans la k. llée. Conime la conversion i l’irrigation pérenne a dSbut6 dans le centre du delta, avec le surcreusenient des canaux izili puis le raccordement de tous les canaux aus grands collecteurs venus du barrage du delta, on ne distingue plus gukre de traces de l’ancienne organisation hydraulique. Besançon ; bien rendu co pe d’admission des PAGF 3 3 l’ancienne organisation hydraulique. Besançon ; bien rendu conipte du principe d’admission des hautes eaux, de remplisi sage des hiitl, et de vidange progressive du systiime.

On peut onc caractériser l’ensemble du systPnic hydraulique par les compartiments de stockage temporaire de l’eau et les ourrages qui font l’objet de nianœuvres au cours de la crue [fig. 31. QUESTIONS SUR LE DROIT ET LES INSTITUTIONS DE L’EAU ouvrages hydrauliques villes des plateaux Escarpements arabique et libyque Fig. 1 . – Bassins de la Haute-Égypte compris entre Sohag et Siout D’après H. Barois, 1887. L’irrigation en Égypte. Fascicule H, Planche Il. 13 hautes eaux (canal Nili) Ouvrage (hypothétique) de répartition des hautes eaux entre bassins contkus (let 2). Digue longitudinaleprincipale henal éventuellement endigué de progression des hautes eaux vers les bassins d’aval Io Ouverture exceptionnellepratiquee dans la digue longitudinale en cas d’attente molonde d’arrivée de la crue 4 Digue transversale ordinaire 5 Digue transversale terminale Prise mise en eau lors de la crue 11 Vidange directe dans le Nil l’étiage (moisde septembre- octobre 6 (mois dj –0 t e&j -ta û) et hors service lors de rétiage 12 Vidange vers le Fayoum pour la série du Bahr el Youssef La largeur du lit maieurva PAGFSOF13 00 mètres.

Dans la eaux et de retour i l’Ptirrge du fleuve et identifier les parades, ‘est- les actes techniques probables sur les ouvrages [tableau 11. Conditions de crue parades effets Crue en avance Destruction des cultures d’@té Report de l’ouverture du canal cultivées avec irrigarlon h partir d’amenCe des hautes eaux le d’un puits dans ICS zones basses. plus tard possible. Crue en retard Retard des semis, risques de Aucune solution. dégât sur les cultures (par l’action du vent sec et chaud du -rlmlwi– Crue trop forte Digues nienades. Mobilisation exceptionnelle des hommes par ln corvee. Crue trop faihle Terres trop hautes non cultivées.

Submersion trop rapide. anque d’épaisseur à la lame d’eau. Percement exceptionnel de la dieue longitudinale. Pendant la crue. entre juillet et octobre, le fonctionnement du système des bassins comportait des actes successifs precis, dont la mise en euvre soulthe toute une série de questions pour lesquelles nous ne disposons pas de réponses satisfaisantes [tableau 21. Commentaire Opération Ouverture initiale de l’ouvrage de prise sur le Nil. 287 Questions non résolues A l’origine, la crue empruntait Quelles sont les dates de consles chenaux naturels dans la berge. [l n’est peu certain qu’il y ait toujQurs eu un ouvrage qui

Zommandait l’entrée des hautes :aux dans le canal. La mise en :au du système pouvait s’opérer sans intervention précise. truction d’ouvrages pilotant 1 ‘admission d’eau? Qui décidait de l’ouverture (et plus tard de la fermeture) de l’ouvrage? PAGF70F17 du second et ainsi de suite, de l’amont vers l’aval. L’ordre de remplissage était Qui décidait de l’ouverture et obligatoirement d’amont en de la fermeture des pertuis sur aval, sauf s’il existait une parti- le canal d’amenée de l’eau et tion de la vallée en deux bassins sur les digues transversales? de part et d’autre du canal Quelle pression exerçaient les ‘amenée. avait un ou plu. délégués du pouvoir politique sieurs ouvrages (pertuis) qu: qui avaient une concession fonpermettaient les transferts d’ear cière et fiscale sur un hôd)) d’un bassin amont vers [‘aval, ou une partie d’un hôd D? Y avait-il des conflits sur l’ouverture des pertuis? Vidange complète du système jusqu’? l’exutoire de la chaine de bassins. L’exutoire ouvert dans l’ultlmc bassin était généralement ur pertuis installé sur la digur longitudinale du Nil. Tableau 2. Qui ouvrait l’exutoire final? Y avait-il une coordination dans la vidange des bassins ? Y avait-il des exutoires secondaires ? Actes successifs pour la submersion et la vidange d’une chaîne de bassins. PAGF bassins; la possibilité d’établir une stratégie d’ordre d’ouverture et de fermeture selon un scénario préétabli, synthpse des connaissances hydrauliques de l’administration des eaux; la possibilité d’ètre informé rapidement de la situation en amont, en particulier lors des premiers jours de remontée des eaux. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous considérons que les nilom6tres renseignaient le gouvernement i- posreriori sur l’importance de la crue afin de prendre es décisions d’ordre fiscal.

Il n’y aurait pas eu de coordination hydraulique d’une chaine de bassins 5 une autre. La question du dsoit foncies, du &oit de l’eau ou du dsoit à l’eau. Entre bassins dune mème chine. il delait exister des priorités dans l’ensemble des opérations de submersion : remplissage, durée de submersion, vidange. Mais les règles de gestion doivent ? tre examinées en se référant aux terrains concernés, décrits selon leur emplacenient et selon leur statut foncier. Clossenicrtt dcs tcrrcihw ciilfiiGv. La première distinction entre les terrains est leur cote par rapport u niveau des hautes eaux. l. Les terres jamais inondées ont un intérèt seulement lorsque l’on peut y installer un puits et un système d’exhaure et en assurer le fonctionnement. Le droit foncier et le droit de l’eau dépendent de la situation sociale des fondateurs du système d’exhaure : ainsi. les nobles disposant des moyens nécessaires en capitaux, traction et tralail créent un ver er et « ardin potager et imposent des rèeles d’arrosage verger et jardin potager et imposent des règles d’arrosage aux employés. F. Les terres soumises i l’inondation connaissent des submersions inégales.

L’eau ne parlient ni aux mêmes dates ni avec la même hauteur dans les difliérents bassins. Elle ne se retire pas non plus dans les nièmes conditions. Les derniers bassins d’une chaine peuvent souffrir, lors de crues trop faibles, de manque d’eau au remplissage, et lors de crues trop abondantes er tardives, d’un temps tres long de idange. Dans un même bassin. les terres d’amont risquent de ne pas ètre inondées sufisamment longtemps. Dans la submersion, l’ilément majeur est la durie plus que ln quantité d’eau appliquée. La submersion contrdée g d. utres fonctions que le maintien ans le sol de conditions hydriques favorables aux plantes cultivées en hiver. La durée de submersion permet le dip6t des alluions du Nil. Les élénients min& » apportés par le limon représentent 289 l’équivalent de l’exportation des minéraux contenus dans une tonne de grains de blé produite à Phectare. La crue joue aussi un rôle fondamental dans le dessalage des terres. Après la décrue, la dessication des sols en profondeur équivaut ? l’effet dun labour. L’alternance de conditions hydriques permet de limiter le développement des mauvaises herbes. La décrue laisse I s à être semés. Un 17