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Le désir de surprendre, d’être plus important devant mon prochain, d’être admiré me pousseraient ensuite à écrire mes propres récits, profitant des loisirs estivaux de Torrentbé. En attendant, victime de ma timidité et de mon asociabilité, je cherchais naiVement l’occasion d’émerveiller les autres avec de brusques démonstrations de largeur ou d’audace.

Ma grand-mère avait l’habitude de laisser son sac dans sa chambre pendant que nous mangions et sous n’importe quel prétexte, je me levais de table et lui piquais tranquillement ses sous : d’abord, des petits illets ; ensuite, des billets de vingt-cinq pésètes- une somme élevée à cette époque-là. Avec le fruit de mon butin, je montais la grande rue de Sarria et m’arrêtais à la confiserie qui appartient encore, je crois, au p le surréaliste J. V. Foix a, échangés contre des and,’ arrivé au collège, je camarades.

Cette lib le plus aujourd’hui : nd-mère étaient que, une fois descendant à mes marquables pace que mon rare attrait pour les sucreries me maintenaient Swipe to Wew next page de manière dédaigneuse en dehors de la soudaine folie- ‘attirèrent des amitiés intéressées et encourageaient mes sentiments d’audace et de vanité. Je me souviens d’un jour où un des pères, en voyant le sol couvert de papiers de bonbons, m’a demandé de qui ils provenaient : je me dressai de mon siège et inventai une fête d’anniversaire d’un membre de la famille.

Le prêtre fut convaincu par l’explication et, avec une attitude de grand seigneur, typique de ces temps-là, il ordonna au pauvre diable- un élève d’origine modeste, qui ne payait pas l’inscription et s’occupait du nettoyage des classes- de balayer devant nous ous avant de commencer la leçon. Le jeune garçon lui obéit sans rougir et je crains beaucoup que personne n’ait rougi à cause de lul. Ce même désir de me faire valoir face aux autres malgré mon caractère secret et introverti, me poussa plus en avant dans un épisode douloureux qui me conduirait à détester à jamais le collège.

Le professeur de mathématiques, du nom de Mercader, s’était absenté quelques minutes de la classe et, à son tour averti par un fayot d’un grave manquement au silence, voulut savoir ceux qui avaient participé au brouhaha. Certains, dans les rangs e devant, levèrent le bras et, moi d ceux qui avaient participé au brouhaha. Certains, dans les rangs de devant, levèrent le bras et, moi désireux de me faire remarquer devant les autres, j’ai aussi levé le mien sans m’apercevoir que dans la zone où j’étais, j’étais le seul à le faire.

Monsieur Mercader me demanda avec qui j’avais parlé • comme mon geste était pure fanfaronnade et comme je n’avais échangé de parole avec personne, mes lèvres restèrent scellées. Ma rébellion provoqua de la stupeur et je fus puni face au mur, à droite du tableau, pendant l’heure de récréation. Cincident emblait être oublié quand quelqu’un- peut-être le professeur lui-même- remarqua écrit sur le mur le mot Mercado suivi d’un terme méprisant.

Gêné, avec un sérieux feint, il essaya de vérifier qui était le coupable, et vu qu’il ne se dénonçait pas, il suspendit la récréation jusqu’à nouvel ordre. Il y avait un suspect- un certain Masnou- que Monsieur Mercader avait repris quelques jours auparavant ; mais le garçon niait être l’auteur de cet écrit. Comme j’avais compati pour lui alors que nous sortions de la classe, il en a déduit de manière erronée, que je le faisais par remords e