Histoire du Gabon Des origines à l’aube du siècle Etudes Africaines Collection dirigée par Denis Pryen Déjà parus p. -C. BAKLJNDA ISAHIJ CYICARO, Rwanda. L’enfer des règles implicites, 2006. J. AGI_JM FOMBENO, en Afrique noire fran J. F. MAKOSSO KIBA Y L’i. , en Afrique, 2006. M. ELOUGA, V. NGA 7 rofessionnels que agricole TAMBA (eds), Dynamiques urbaines en Afrique noire, 2006. Djibril DIOP, Décentralisation et gouvernance locale au Sénégal, 2006. Camille KIJYU, Les Haïtiens au Congo, 2006. Adama GA YE, Chine – Afrique: le dragon et l’autruche, 2006. Ali CISSÉ, Mali, une démocratie à refonder, 2006.
Jerry M’PERENG DJERI, Presse et histoire au CongoKinshasa, 2006. *riel BELCADHI, L’image de la Côte d’Ivoire dans le quotidien Le Monde, 2006. Théo DOH-DJANHOUNDY, Autopsie de la crise ivoirienne. La nation au cœur du conflit, 2006. sorcellerie, 2006. Nicolas METEGUE N’NAH du xxr siècle L’ Harmattan 5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris FRANCE L’Hannattan Hongrie Espace L’Harmattan Kônpesbolt Fac.. des Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest Université Kinshasa Sc. Sociales, Pol et Adm. ; BP243, KIN XI de Kinshasa – RDC L’Harmattan Italia l,’ sous-développement. Histoires de Ndéndé. Et, avec les annotations de Paul-Vincent Pounah et de Nicolas Metegue N’Nah, un ouvrage de: – Jocktane (Gabriel) : Histoire des Miènès au Gabon suivie de La vie d’un notable gabonais. Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, meme partielle par tous procédés, en tous pays, faite sans autorisation préalable de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires (articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle) N. Metegue N’Nah, 2006 wvm’. ibrairieharmattan. com harmatlanl—vvmladoo. ft diffusion. harmattan@wanadoo. t (Ç)L’Harmattan, 2006 ISBN: 2-296-01175-6 EAN : 9782296011755 A tous mes élèves et étudiants, En souvenir le voile sur nombre de points obscurs du passé de ce pays et, à l’heure actuelle, une synthèse est désormais envisageable, qui doit faire le point des connaissances établies, suggérer des directions de recherches possibles et combler une lacune en mettant à la disposition du public une vue générale de l’histoire du Gabon depuis les origines jusqu’à nos jours.
Mais une telle reconstitution intégrale – et, sans doute, très ambitieuse – du passé de l’entité politique connue actuellement sous le om de «Gabon» ne laisse pas de poser un certain nombre de problèmes capitaux qu’il importe, au préalable, d’élucider. Ceux-ci ont trait à la spécification de l’aire géographique concernée, ? l’évaluation de la masse de sources utilisables et à l’identification des grandes périodes de l’évolution des sociétés étudiées. – DU GABON EN QUESTION Le Gabon, tel que nous le connaissons actuellement, n’existe que depuis relativement peu, ses frontières n’ayant été définitivement fixées qu’en 19461. Avant cette date, le territoire gabonais, dont l’embryon fut la région éponyme correspondant à l’estuaire du Com02, Voir infra, p. 8. 2 Voir infra, p. 98. subit de nombreuses modifications qui en rendirent, pendant longtemps, les contours difficilement cemables.
A la fin du XIXe siècle, ce pays n’était encore qu’une nébuleuse aux limites mal définies dans un Congo français à la configuration imprécise dont hébergeait la capitale. Aus nsent-ils qu’on ne saurait 4 OF Pourtier, notamment, estime qu’à cet égard, «l_’année 1903 marque une charnière capitale pour le Gabon en ce sens, poursuit-il, que 1 on peut considérer le décret du 29 décembre 1903 comme constitutif de son espace d’Etat» 3.
Pourtant, après cette date, les frontières du Gabon restèrent encore longtemps très mouvantes: les circonscriptions du Kouilou et des Bacougnis (région de Pointe-Noire), intégrées à l’espace territorial gabonais le Il février 1906, en furent détachées douze ans plus tard; entre 1911 et 1915 – voire 1919, si l’on se réfère au traité de Versailles de cette année-là qui régla le sort des colonies allemandes le NordGabon appartint au Cameroun allemand; en 1919, la circonscription du Djouah – qui devint, par la suite, la circonscription de l’Ogoouélvindo – fut amputée de la région allant de Souanké ?
Madjingo, désormais incluse dans la circonscription moyen-congolaise de Karagoua-Koudou (future région de la Sangha) ; en 1923, des villages du Haut-Lésibi furent rattachés au Moyen-congo, qui reçut encore la subdivision de la Zanaga en 1924, la circonscription du Haut- Ogooué en 1925 et la subdivision de Divénié en 1934. De tous les morceaux de territoire ainsi perdus au fil des ans, seule, la région du HautOgooué, amputée de la subdivision de la Zanaga, fut restituée, en 1946, au Gabon dont les frontières sont restées, depuis, stables4.
Mais on comprend aisément que, dans la perspective d’histoire lobale qui est la nôtre dans cet ouvra e, toutes ces modifications territoriales appellent un c de précisions préalables. l’aire géographique que couvre notre étude: il appert, en effet, que le Gabon d’aujourdhui est sensiblement différent, à la fois, du «Gabao» des Portugais de la fin du XVe siècle, circonscrit ? 3 Pourtier (R. ) : Le Gabon. Tome 1 : Espace-histolre-soclété.
L’Harmattan, paris, 1989, p. Ill. 4 Il faut cependant relever qu’entre 1946 et 1952, quelques notables et élus du Hautogooué manifestèrent des velléités sécessionnistes qui, fort heureusement, n’eurent aucune suite fâcheuse. Voir, à ce sujet, Pourtier (R. ) : Le Gabon. Tome 1, o. c. , pp. 135-137 et Metegue N’Nah (N. ) : Histoire de la formation du peuple gabonais et de sa lutte contre la domination coloniale (1839-1960).
Thèse de doctorat d’Etat ès lettres et sciences humaines, Université de Paris l, Sorbonne, paris, 1994, pp. 394396. Voir aussi infra, pp. 273-275. 8 l’embouchure du Como, du Gabon de 1887, qui se limitait à une étroite bande côtière de moins de deux cents kilomètres de large s’étendant du Muni au Cabinda 5 et de celui de 1907-1918 qui, bien plus vaste, intégrait des réglons rattachées par la suite définitivement u Moyen-Congo.
Dans ces conditions, l’on pourrait se demander quel Gabon s’agirait-il ici. La réponse à cette question s’avère d’autant plus pressante que le présent ouvrage a la prétention de retracer l’histoire de ce pays «des origines à l’aube du XXIe siècle c’est-à-dire depuis les temps les plus reculés de l’évolution de l’humanité jusqu’à l’heure actuelle. Mais qu’était le Gabon en ces temps reculés? En d’autres termes u ‘était-il avant la fin du XVe siècle?
La réponse est sim en, puisqu’en tant 6 OF simple: il n’était rien, puisqu’en tant qu’entité politique ou géographique, il n’existait pas. Dès lors, ce serait s’exposer à l’anachronisme et forcer, en quelque sorte, la vérité que de donner à notre étude la profondeur historique que sous-entend son titre. Pourtant, malgré toutes ces remarques, fort pertinentes, il n’empêche qu’il existe bel et bien une histoire du Gabon recouvrant toutes les périodes de l’évolution de l’humanité.
En effet, s’il est vrai que le Gabon, en tant qu’entité politique, n’est né qu’au dix- neuvleme siècle, il n’en reste, cependant, pas moins que, sur son territoire actuel, vivaient déjà, depuis des millénaires, des êtres humains organisés ociétés plus ou moins structurées. Entre ces premiers habitants Gabonais actuels, il y a nécessairement un lien, comme il en existe entre l’homme de Cro-Magnon et le Gaulois du premier siècle avant Jésus-Christ ou le Français d’aujourdhul.
Ce lien n’est rien d’autre que l’héritage culturel et génétique issu des mélanges passés. par conséquent, l’histoire du Gabon ne saurait commencer seulement avec la création de la colonie française mais elle intègre aussi le passé populations vivant sur le territoire de ce pays aux époques les plus reculées. Ainsi, lorsqu’on parle de Ihistoire du «Gabon il faut ntendre, par-là, la reconstitution intellectuelle, intelligible et critique du passé vécu par les habi de ce nom pris dans ses 7 OF des sources. Selon le décret du 26 juillet 1886. 9 II- LES SOURCES DE L’HISTOIRE DU GABON Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Gabon ne manque pas totalement de sources pouvant servir à l’étude de son passé; celles-ci sont même assez variées, mais, seulement, leur utilisation se heurte à certains handicaps et difficultés. Les sources écrites, abondantes à partir de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, sont rarissimes, voire inexistantes, pour les siècles précédents. r conséquent, elles ne permettent pas d’explorer l’ensemble des périodes de l’histoire du Gabon, notamment les reculées. En outre, étant, pour la plupart, dues à des étrangers dont le complexe de supériorité et le mépris pour les sociétés autochtones étaient manifestes, elles ne donnent, le plus souvent, qu’une vue tronquée des faits. Les sources orales, dont l’utilisation est, depuis quelque temps, plus en plus admise dans les milieux scientifiques, permettent de remédier en partie à ces carences.
Elles comprennent la tradition orale, qui peut être exploitée pour la connaissance des périodes nciennes, et les récits des témoins directs des événements qui, eux, sont utiles pour la compréhension des périodes relativement récentes. Mais la collecte systématique de ces données orales est, pour l’instant, négligée l’apathie de leurs personnels qui, elle, est le plus souvent due ? l’incompétence. Car, il faut le souligner, la quasi-totalité des chercheurs en sciences humaines ou sociales dont dispose actuellement le Gabon ne sont pas formés et ne s’efforcent pas de se former à la manipulation des données orales.
Cela n’est dailleurs pas spécifique au Gabon. Il en est n effet ainsi dans nombre d’autres pays dont les sociétés n’ont pas connu jadis l’écriture et pour lesquelles les sources orales devraient être d’une importance capitale pour l’étude de leur passé. Cest pourquoi nous pensons que le combat pour la valorisation des sources orales doit se poursuivre par l’étude scientifique de ces dernières vue de l’élaboration de méthodes d’approche rigoureuses permettant den améliorer l’utilisation et de former les spécialistes en la matière.
C’est là la mission dévolue à une nouvelle science que nous avons 10 baptisée du nom d’ oralistique6 ou science des sources orales. II certain que, mieux exploitées qu’elles ne le sont actuellement, les sources orales feront progresser la connaissance du passé des peuples à tradition orale comme ceux du Gabon, surtout si on leur associe l’utilisation des sources dues à la recherche archéologique. Celle-ci est très récente au Gabon.
En effet, si le premier objet préhistorique fut déterré n 1887, il fallut cependant président Léon Mbar une activité assez intense jusqu’en 1967 et put identifier deux cent-cinquante sites archéologiques environ ? travers le territoire gabonais. Depuis les années 1980, quelques chercheurs pérant soit pour le compte du Centre International des Civilisations Bantu (C. LCLBA. )7 soit dans le cadre d’institutions universitaires gabonaises ont repris par intermittence les fouilles.
Ceux de l’unité de recherche baptisée «Projet Paléogab qu’animaient principalement des enseignants de l’Ecole Normale Supérieure de Libreville, ont publié, en 1987, un ouvrage8 qui en dit long sur l’ancienneté de l’occupation du sol gabonais par l’homme. Ainsi se dévoile peu à peu le mystérieux passé du Gabon et nous commençons, malgré la rareté des sources, à entrevoir de plus en ettement l’étendue de l’histoire de ce pays.
Il est donc désormais possible de repérer les grandes divisions de cette histoire pour meux en comprendre le développement. Ill. ESSAI DE PERIODISATION GABON DE L’HISTOIRE DU Si l’on s’en tient à la bonne vieille tradition européenne chère, notamment, à l’école méthodique ou positiviste dont les plus célèbres maîtres à penser furent, sans conteste, Charles-Victor Langlois et 6 Nous exposons les principes de cette nouvelle science dans notre petit ouvrage intitulé «Principes de l’oralisti ue. Méthodologie des sources orales CERGEP 0 7