Quelles sont les revendications de Boko Haram ? Fondé en 2002 par Mohamed Youssouf, le groupe est considéré comme une secte de mouvance salafiste qui revendique la création d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Il prône le retour à la pureté de l’islam par l’application stricte de la charia, la loi islamique. Boko Haram défend une version radicale de l’islam, qui interdit aux musulmans de prendre part à toute activité politique Goodluck Jonathan, un chrétien.
Le groupe islamiste armé Boko Haram a revendiqué ce lundi, dans une vidéo obtenue par l’AFP, l’enlèvement de plus de 00 lycéennes mi-avril dans le nord-est du Nigeria, qui a suscité une très vive émotion dans le pays et à l’étranger. Grâce aux réseaux sociaux, ce qui n’était au départ que des manifestations réunissant plusieurs centaines de personnes Lagos et Abuja, la capitale du Nigeria, s’est en quelques jours transformé en un phénomène planétaire.
Dans un premier temps, la mobilisation n’a eu que très peu d’impact l’international comme au sein du gouvernement nigérian. Jusqu’à ce que les manifestants et les familles des victimes ’emparent de Twitter pour se faire entendre, avec un seul signe de ralliement : #BringBackOurGirls rendez-nous nos filles Les déclarations, lundi 5 mai, d’Aboubakar Shekau, le chef de Boko Haram, n’ont eu aucun effet apaisant. Ricanant, provocateur, flanqué de quelques combattants au visage masqué, il a pour la première fois revendiqué son acte. « J’ai enlevé vos filles.
Je vais les vendre sur le marché, au nom d Allah D, clame-t-il dans un enregistrement vidéo de cinquante-sept minutes transmis à l’AFP. Puis il précise qu’il en gardera certaines « comme esclaves J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter l’école et vous marier Une fille de 12 ans, je la donnerais en mariage, même une fille de 9 ans je le ferais ajoute le chef de ce mouvement re 2 OF s donnerais en mariage, même une fille de 9 ans je le ferais ajoute le chef de ce mouvement rebelle, qui a basculé dans un fanatisme aussi absurde que destructeur.
L’incapacité des autorités nigérianes à retrouver les lycéennes suscite chaque jour un peu plus de mécontentement et d’interrogations. Pourquoi cette école a été ouverte pour des xamens alors que toutes les autres de l’Etat sont fermées ? Comment les ravisseurs ont-ils pu s’enfuir alors que les routes sont quadrillées ? se demande le professeur Khalifa Dekoua, suggérant que les ravisseurs ont pu bénéficier de complicités dans les sen,’ices de sécurité.
Des manifestations se tiennent quotidiennement au Nigeria, mais aussi dans le reste du monde, pour demander le retour des filles et dénoncer l’incurie du pouvoir. Sur les réseaux sociaux, la campagne Bring Back Our Girls (« ramenez nos filles ») aurait fait l’objet de plus de 850 000 weets. Dans cette affaire, l’opinion publique s’est autant révoltée de l’impuissance des autorités que du rapt lui-même. Les militants de ce groupe extrêmiste, qui prônent un islam radical et rigoriste, sont partisans du djihad (guerre sainte).
Sur les quelque 160 millions d’habitants que compte le pays, le plus peuplé d’Afrique, la majorité musulmane se trouve au Nord, le Sud est à majorité chrétienne. En quelques années, Boko Hakam est passée du statut de secte salafiste réactionnaire à celui de formation djihadiste terroriste. Ses membres ont peu à peu lancé, à partir de 3 OF s celui de formation de leur base du nord-est du pays, des attaques contre les symboles de l’Etat, principalement des postes de police.
Après avoir fait un temps profil bas, la secte a élargi son champ d’action depuis mi-2010. Elle mène régulièrement des raids meurtriers ailleurs dans le pays visant policiers, militaires, hommes politiques et responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Cet enlèvement s’est produit le 14 avril dans l’Etat de Borno (nord-est), région ravagée depuis cinq ans par les ttaques du groupe islamiste Boko Haram, dont le nom signifie «l’éducation occidentale est un péché » en langue haoussa.
Au moins 1 500 personnes ont été tuées dans la région au cours des trois premiers mois de 2014, selon Amnesty International. Caffaire des lycéennes met cruellement en lumière les flottements des autorités. Flottements qui se font notamment sentir dans les chiffres qui circulent à propos du nombre de jeunes filles enlevées. Ainsi, selon les responsables de l’Etat de Borno, 129 élèves âgées de 11 à 16 ans ont été nlevées de nuit dans un dortoir de leur lycée par des hommes armés qui les ont emmenées à bord de camions. 2 d’entre elles ont ensuite retrouvé la liberté. Mais les habitants de Chibok, et notamment la directrice du lycée, affirment de leur côté qu’en fait, 230 élèves ont été enlevées et que 187 d’entre elles sont toujours en captivité. Dans un premier temps, le gouverneme 4 OF S un premier temps, le gouvernement avait affirmé que toutes avaient été libérées, à l’exception de huit toujours détenues. Conséquence : les familles jugent sévèrement l’attitude du pouvoir. Et vont parfois jusqu’à parler d’«indifférence».
Elles disent avoir perdu confiance dans l’opération de secours menée par les sen,’ices de sécurité. Si le groupe s’est toujours réclamé des talibans afghans, des spécialistes du terrorisme le soupçonnent d’entretenir des liens avec Aqmi, la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Longtemps, leurs combattants se sont formés en Somalie auprès des shebabs. Dans ce contexte, les familles se sont organisées pour pallier les défaillances officielles. Elles se sont cotisées pour acheter de l’essence et ont lancé leurs propres recherches.
Au cours de ces opérations, «nous n’avons croisé aucun soldat», rapporte un habitant cité par France 24. «Nous sommes pauvres et sans aucune influence et nous pensons que cela explique pourquoi le gouvernement ne s’intéresse pas à nos filles», explique le père de l’une des captives. «Mais nous espérons que si les Nigérians, riches et pauvres, haussent la voix de toutes parts, cela poussera le gouvernement à réfléchir à la meilleure façon d’agir pour libérer nos filles». Le pouvoir nigérian est-il en train d’apprendre à ses dépens ce que pression populaire veut dire?