Letravail

Le travail Le travail est un objet de réflexion privilégié pour les économistes et les sociologues. Ils le placent au cœur de leurs réflexions parce qu’il est créateur de richesses, s’interrogent sur son organisation, ses fonctions sociales, les rapports sociaux qui s’y nouent etc… En philosophie, il s’agit d’interroger le sens de cette activité : Qu’est•ce qui se joue pour l’homme dans le travail ? Quelle est sa place parmi les autres activités humaines ?

Par le travail l’homme se réalise-t-il ou bien au hautes expressions d humanité ou est-il la la nature ? Nous allons examine or 13 to View ? Est-il une des plus dance relativement ? référant à la tradition philosophique. Nous allons voir en particulier comment depuis l’Antiquité, dans notre culture, la vision de cette notion a évolué. Si aujourd’hui nous vivons une époque dans laquelle le travail est une valeur centrale, cela n’a pas toujours été le cas, loin de là.

Certains auteurs contemporains d’ailleurs nous invitent à « désenchanter » ce concept, à lui donner moins d’importance. I – Le mot « travail » Comme toutes les notions complexes, il n’est pas possible de onner une définition du travail qui soit indépendante d’une philosophie, c’est-à-dire d’une conception particulière de cette activité dans le cadre d’une vision plus générale de l’homme, conception de la place des différentes activités humaines les unes relativement aux autres. On peut s’interroger sur l’extension de cette notion dans le langage courant.

Ainsi, SI l’on considère le travail comme un effort produit en vue d’une fin, on peut dire que renfant à l’école travaille, que la personne qui jardine travaille etc… En ce sens, on distingue le ravail du jeu ou du loisir qui sont des activités libres (idée d’absence de contraintes naturelles ou sociales) et qui ont leur finalité en elles-mêmes et non dans un résultat extérieur. Si l’on adopte un point de vue plus économique ou social on avancera les critères de la productivité économique ou de l’utilité sociale : le travail sera une activité rémunérée productrice de biens ou de services.

On peut encore concevoir essentiellement le travail comme une activité qui se passe entre l’homme et la nature et le définir comme l’action par laquelle il agit et ransforme la nature en vue de satisfaire ses besoins. Cette question du rapport de l’homme à la nature à travers le travail est au cœur de la réflexion de deux auteurs qui développent deux thèses bien différentes (ce qui illustre ce je disais plus haut de l’impossibilité de donner UNE définition de cette notion), à savoir Marx et Hannah Arendt. 0) Marx définit ainsi le travail comme une activité spécifiquement humaine, consciente et volontaire par laquelle non seulement il agit sur la nature pour satisfaire ses besoins, mais grâce à laquelle il « modifie sa propre nature », autre 3 grâce à laquelle il « modifie sa propre nature », autrement il se réalise en tant qu’homme : Le travail est de prlme abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle dune puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ, c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par l’habileté de ses cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Le Capital, 1867. 0) Pour Hannah Arendt au contraire, le travail manlfeste notre soumission à la nécessité, à la nature : « Le travail est l’activité qui correspond au processus biologique du corps humain, dont la croissance s ontanée, le métabolisme et éventu PAGF 13 corps humain, dont la croissance spontanée, le métabolisme et éventuellement la corruption sont liés aux productions élémentaires dont le travail nourrit ce processus vital ». (Condition de l’homme moderne) Il – La place et le rôle du travail parmi les activités humaines : perspective historique.

Le travail n’a pas toujours eu, idéologiquement, la place qu’il occupe aujourd’hui. Selon la philosophe contemporaine Dominique Méda, dans Le travail, une valeur en voie de disparition, il n’a acquis cette valeur qu’il y a deux siècles. Elle nous invite, dans ce livre, a en faire la généalogie, à voir que nos catégories sont héritées, déterminées historiquement. Selon elle, les sociétés industrielles ont développé des pensées de « légitimation » du travail. Il serait le « propre de l’homme permettrait la réalisation de notre humanité et serait au fondement même du lien social.

Dans ce contexte, faire un détour par l’histoire, c’est relativiser cette vision et donc se donner l’occasion, aujourd’hui, de penser autrement le travail | 0) L’antiquité Comme le montre le texte qui suit d’Hannah Arendt, le travail chez les grecs n’est pas une activité noble, réservé aux hommes. II est bien plutôt ce qui nous rattache à l’animalité et dont on dot chercher à se libérer, si besoin est en le réservant ? une certaine catégorie ‘ « hommes dont on sacrifiera la liberté pour mieux l’assurer pour d’autres.

Ce qui explique l’institution de l’esclava e. Dire que le travail et l’artis ép d’autres. Ce qui explique l’institution de l’esclavage. Dire que le travail et l’artisanat étaient méprisés dans l’antiquité parce qu’ils étaient réservés aux esclaves, c’est un préjugé des historiens modernes. Les Anciens faisaient le raisonnement inverse : ils jugeaient qu’il fallait avoir des esclaves à cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie.

Cest même par ces motifs que l’on défendait et justifiait l’institution de l’esclavage. Travailler, c’était l’asservissement à la nécessité, et cet asservissement était inhérent aux condltions de la vie humaine. Les hommes étant soumis aux nécessités de la vie ne pouvaient se libérer qu’en dominant ceux qu’ils soumettaient de force à la nécessité. La dégradation de l’esclave était un coup du sort, un sort pire que la mort, car il provoquait une métamorphose qui changeait l’homme en un être proche des animaux domestiques.

C’est pourquoi si le statut de ‘esclave se modifiait, par exemple par l’affranchissement, ou si un changement des conditions politiques générales élevait certaines occupations au rang d’affaires publiques, la « nature » de l’esclave changeait automatiquement. L’institution de l’esclavage dans l’antiquité fut une tentative pour éliminer des conditions de la vie le travail. Ce que les hommes partagent avec les autres animaux, on ne le considérait pas comme humain. C’était d’ailleurs aussi la raison de la théorie grecque, si mal comprise, de la nature non humaine de l’esclave. Aristote, PAGF s 3