Baudelaire

Baudelaire lui dédie le poème « rêve parisien ». 2) Place du thème dans l’ uvre baudelairienne Ce thème suit une lente maturation. -> Tardif et à peine ébauché dans la première éditi on de 1857 : dans Spleen et idéal , nous pouvons relever « le soleil », « le crépuscule du soir », « le crépuscule du matin » dans Le vin , nous avons « le vin des chiffonniers Ajout des dix poèmes des Tableaux parisiens en 1861 -> Autre poème en 1868, « recueillement » Ce thème sera par la suite largement développé dans les poèmes en prose Le spleen de Paris (1862). ) Un thème clé de la sensibilité baudelairienne Ce thème s’articule avec d’autres thèmes essentiels -> Avec l’amour (ex : « à une passante »). > Antagonisme avec le thème de la nature. Baudelai re la hait (« L’Art est supérieur à la Nature ». ), re fuse les éléments naturels (jamais de description) ; chez lui, la nat ure reflète toujours un état d’âme, c’est un temple (« Correspondances ») ; il préfère l’artifice (au sens fort) et n’a de go tt que pour le paysage urbain qui est un anti-natur e.

Baudelaire ne veut pas pour autant la modernisation de la ville telle qu’Haussmann la conçoit : « le vieux Paris n’est plu s » (« la forme d’une ville Change plus vite, hélas! ue le c_ur d’un m ortel », « le cygne »). 2 OF s st Justement lié à l’industrialisation de Paris. Dans la ville, le Spleen devient presque palpable (« Spleen LIX). Le c hangement de la ville s’oppose à l’immobilisme de I a mélancolie tout en l’accentuant.

Il) REGARD SUR LA VILLE : LE PAYSAGE URBAIN 1) La Ville Le paysage urbain idéal est froid : importance des miroirs, décors, façades ; règne du minéral, de l’i nanimé (voir les poèmes « paysages », « rêve parisien » ; « Enivrante mon otonie Du métal, du marbre et de l’eau’ r) -> Rêve d’un architecte urbaniste qui banniraient t out élément naturel de sa composition, sorte d’arch tecture de l’esprit permettant l’évasion. Mais dans « rêve parisien », le poète finit par se réveiller et retrouver la réali 2) La ville réelle : un chaos vivant a) Le règne de l’incongru.

La ville est le lieu de tous les possibles, chaos, voisinages étranges, règne du caprice, du zig-zag, règne du brouillage (pluie, brouillard, brume). Ex : « les petites vieil les » (« plis sinueux des vieilles capitales ») ; « Le cygne » (« bric-à-brac confus »). Règne de l’angulaire, même pour les habitants (voir « les sept vieillards’ -> vieillard « cassé » et non « voûté »). Les ieilles sont des monstres disloqués (« les petites vieilles ») -> êtres qui se soumettent au caractère anguleux du paysage. b) Un chaos qui reste vivant « Chaos des vivantes cités » 3 S vieilles ») stérile mais son agi tation finit par créer une fécondité seconde.

Ruptures, explosions, angles dro its déchiquètent le paysage et conduisent ce bric- -brac à sa fin naturelle : le tas d’ordure, l’informe. Mais au r de ce dernier se révèle une nouvelle fécondité : « labyrinthe fangeux où l’humanité grouille en ferments orageux »; lieu s ordide qui se prête au sublime, au rêve (« paysage ») Dans les plis sinueux des grandes capitales Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements » (« Les petites vieilles). e bizarre, l’ordure se trouve stylisés par le verb e poétique.

Ill) REGARD SUR LA VILLE : LA RENCONTRE DE SOI ET D E L’AUTRE 1) Solitude et multitude Le poète est le solitaire qui contemple la foule ; c’est le flâneur / voyeur, témoin d’existences c ontradictoires (luxe / sordide ; laborieux/ oisif ; pureté / infamie). Gr ouillante agitation qui témoigne de la complexité h umaine : image-clé de la fourmilière (ex : dans « les petites vieilles » « fourmillant tableau » ; dans « les sept vieillards , « fourmillante cité »). Le regard du poète est double : regard du flâneur ( ponts, Seine, quais), mais aussi regard panoramique (« crépuscule du « crépuscule du matin »). oir’ -> Originalité de Baudelaire : l’idée de la solitud e dans la foule ; « Le cygne » nous dit son sentiment d’exil dans la 4 OF S le spleen de Paris se double d’un aspe ct bienfaisant l’anonymat qui permet au poète d’oublier son être m 2) La découverte de l’autre -> Rencontre de la solitude avec la multitude : (ex « à une passante »). Le regard du poète n’est pas eulement extérieur, à travers la complexité des visages de la foule, il reconnaît sa propre complexité (pur / infâme) et s urtout sa propre misère.

La misère du poète est en effet l’image de la misère universelle. Son drame Intime prend sa vé ritable dimension dans la foule ; sa souffrance s’intègre à celle de tout un peuple. Sympathie (au sens fort, étymologiquement : « sen tir avec ») de Baudelaire pour les laissés pour comp te de la société ; humanité et fraternité envers « les petites vieill es », « les sept vieillards » (« frisson fraternel ») ; commune inquiétude étaphysique avec « les aveugles » ; sollicitude pour les prostituées, les chiffonniers.