La specificite semantique

La nécessité du travail est imposée par l’enrichissement continue de la langue avec de proverbes et les différents opinions sur les spécificités structurales et sémantiques des proverbes français. Le but essentiel que nous nous sommes proposes s’axe sur les spécificités structurales et sémantiques des proverbes français ; conformément au but on peut formuler les objectifs suivants : Présenter le proverbe a travers les siècles ; Définir le proverbe ; Chapitre l. Le proverbe 1. Le proverbe : définitions a travers les siècles C’est quoi un proverbe ? L’origine de proverbe vient du atin proverbium. Le Gaffiot (dictionnaire latin/français, célèbre référence des latinistes) traduit proverbium par « proverbe ; dicton ». La plupart des autres dictionnaires font de même, ajoutant parfois « sentence », « aphorisme ou « adage Le Dictionnaire latin/français d’Henri Gœlzer précise « expression » et surtout « parabole, énigme » qui entraînent proverbium vers un sens plus spécifique.

Et la construction du mot le confirme : Étymologie de proverbium – Son préfixe « pro » est une préposition latine signifiant « devant, pour, dans le but de, au lieu de ». Il marque l’objectif à atteindre ou le remplacement d’une chose par une autre. La racine « verbium » renvoie à verbum, qui signifie « mot, terme 20F 13 signifie « mot, terme », mais aussi « expression, parole et au pluriel : « discours ; verbe ; le Verbe (Dieu) » Proverbium signifie donc à la fois « au lieu du discours » et « dans le but du discours Dans le premier cas, il désigne une façon de s’exprimer qui en remplace d’autres.

Il est comme un résumé qui dit les choses « autrement ». Dans le second, il exprime une volonté d’aboutir à du discours, ce qui implique que le message contienne un sens interprétable. Proverbium devient alors une formule à déchiffrer, une énigme. Enfin, pris dans son sens de verbe, verbium suppose la notion d’action. Proverbium signifie alors « pour agir il prend la direction du conseil. Au fil du temps, « proverbe » a été expliqué ou analysé de bien des façons. Socrate (Ve siècle avant J. -C. écrit qu’ils sont « des manières de dire courtes et mémorables Platon, son élève, insiste sur son aspect populaire et écrit dans son Protagoras que les proverbes émanent du « plus modeste des Spartiates » En 1694, le premier Dictionnaire de l’Académie donne cette éfinition : « espèce de sentence, de maxime, exprimée en peu de mots, et devenue commune et vulgaire. » (Vulgaire vient du latin vulgus : la foule. ) Plus tard, les dictionnaires du XIXe feront les premières tentatives de différenciation entre « proverbe », « adage « sentence » et « maxime Mais ainsi que vous pouvez le voir dans « Proverbe ou dicton ? , les frontières entre ces termes restent souvent minces. Les dictionnaires actuels ont parfo•s encore recours aux mots « maxime » ou « sentence Au-delà de ces termes, les énoncés des définitions 30F 13 ecours aux mots « maxime » ou « sentence ». Au-delà de ces termes, les énoncés des définitions sont plus ou moins explicites. Certains citent un caractère de brièveté, tous s’accordent sur un point : le proverbe relève du « populaire » ou du « commun ».

Plus parlant que d’autres dictionnaires, le Petit Robert propose : « Formule présentant des caractères formels stables, souvent métaphorique ou figurée et exprimant une vérité d’expérience ou un conseil de sagesse pratique et populaire, commun à tout un groupe social. » La définition du petit Robert révèle des caractéristiques ssentielles du proverbe : il est compris et reconnu par une communauté linguistique et il est fondé sur l’expérience. II procède ainsi d’un partage, d’une entente. Proverbe français, proverbe arabe, proverbe japonais…

Ainsi que le montre « Génie des Nations », le proverbe est même un moyen d’approcher les cultures et les mentalités. Pour lire ou comprendre la plupart des proverbes, il y a deux possibles : la métaphore et le figuré, qui présentent chacun deux niveaux de lecture. Les proverbes ne fonctionnent donc pas aussi simplement qu’on pourrait le croire. Mais leur ingéniosité formelle est parfois i réussie qu’elle ne se perçoit pas. On la réalise mieux en donnant leurs noms savants aux nombreuses figures stylistiques qu’il emploie.

Le partage par le groupe appelle la complicité, et les proverbes, le ludique. Ils peuvent se modifier, avoir des variantes, d’autant plus aisées qu’ils se prêtent aux jeux de mots. La phonétique comme la rythmique jouent souvent avec les sons. Plus les proverbes sonneront, plus on les retiendra, et plus on les répètera, plus leur carrière sera as 4 3 proverbes sonneront, plus on les retiendra, et plus on les répètera, plus leur carrière sera assurée. Appartenant par nature à l’oralité, les proverbes sont vivants. Au fil de leur chemin dans le temps, ils ont une histoire.

Certains se perdent, d’autres restent figés dans des tournures vieillottes qui ont souvent leur charme. Dans beaucoup de langues, le mot a la même origine latine que la nôtre, les Anglais disent proverb, les Italiens, proverbio. En Espagne, on dit également proverbio, mais aussi refran « refrain », et ce « refrain » insiste sur le sempiternel retour du proverbe ! Les proverbes ont traversé les époques en transportant toutes leurs petites vérités. Sans doute arrivent-ils à cerner en uelques mots assez d’universalité pour être restés valides.

L’humain y parle de lui-même, en général ou en particulier… Sujet inépuisable, aussi bien pour les simples que pour les lettrés. Sachons enfin qu’au XVIIe siècle, un proverbe était aussi une « petite comédie illustrant un proverbe » Cela rejoint l’idée qu’un proverbe a la possibilité de résumer toute une histoire. Ou des centaines de situations reliées entre elles par quelques mots. .2 Les énonces parémiques apparentes au proverbe Le terme « proverbe » est un terme générale, couvrant des concepts différents.

Quelques éléments permettent de les différencier, bien que les limites séparant les uns des autres ne soit pas véritablement tranchée: Le dicton constate plutôt un fait ; ‘aphorisme résume une théorie, tire une conclusion de faits observés , Cadage exprime plutôt un conseil juridique ou pratique , Le précepte énonce un enseignement d’ordre artistique, scientifique, philosophique ou moral ; La maxime 3 énonce un enseignement d’ordre artistique, scientifique, philosophique ou moral ; La maxime édicte une règle de conduite ; La sentence émet un jugement moral, souvent de manière dogmatique ;

Nous comprenons énoncé au sens que lui donne Maingueneau (2002). « L’énoncé est considéré comme une séquence verbale qui forme une unité de communication complète relevant d’un genre du discours déterminé. L’énoncé doit être appréhendé comme formant un tout, comme constituant une totalité cohérente. » Une question se pose : comment les proverbes, en tant que genre du discours, établissent-ils leur système ? autrement dit, quels sont les facteurs qui participent à former ce système ?

A nos yeux, ce sont des facteurs linguistiques qui comprennent des éléments morphologiques, sémantiques, yntaxiques. Néanmoins, le proverbe est aussi codé par les principes poétiques, la versification. Lorsqu’un proverbe est utilisé dans la communication, il peut atteindre un certain effet esthétique. C’est pourquoi on peut ajouter des facteurs littéraires qui comprennent des éléments tels que : thèmes, images, tropes, etc.

Ces facteurs, peut-on dire, sont caractéristiques du proverbe ‘analyse sémantique d’un message est la phase de son analyse qui en établit la signification en utilisant le sens des éléments (mots) du texte, par opposition aux analyses lexicales u grammaticales qui décomposent le message à l’aide d’un lexique ou d’une grammaire. ‘analyse structurale est une méthode d’analyse de contenus qui a pour objectif de permettre au chercheur de comprendre le plus correctement possible un locuteur en organisant l’analyse de son discours (écrit ou oral).

Le trait structurel et stylisti 6 3 locuteur en organisant Panalyse de son discours (écrit ou oral). Le trait structurel et stylistique le plus saillant du proverbe en français se trouve dans son organisation binaire. La forme binaire peut résulter de la juxtaposition des deux propositions et elles euvent être achevées ou elliptiques. * L’homme propose / Dieu dispose – deux propositions elliptiques : La structure binaire du proverbe est rattachée également sa forme courte. La brièveté est l’un des traits identifiables du proverbe.

Le proverbe en général est constitué par une petite quantité de mots, alors que l’exigence de manifestation du contenu doit être riche, donc, le proverbe doit emprunter la structure binaire comme un moyen d’expression adéquat. Grâce à la structure binaire, on peut décoder facilement des proverbes qui sont structurés en groupe de mots et dont la structure uperficielle est totalement close. Par ailleurs, la structure binaire va de pair avec un certain nombre de procédés stylistiques.

En effet, l’image prototypique du proverbe se fonde sur une structure binaire, soulignée par : – la rime et le o,’thme : * Menton luisant, ventre content – le rythme avec assonance (répétition d’une voyelle) et allitération (répétition d’une consonne). La structure binaire est soulignée encore par des figures rhétoriques récurrentes : – répétition d’un même terme dans chacun des deux membres de la formule * Net de corps, net d’âme – emploi de termes antonymiques ans les deux membres de la formule, afin de créer l’antithèse.

Dans le proverbe Tête de femme, tête de diable, l’auteur populaire compare « tête de femme » à « tête de diable La répétition des mots tête, de, l’emploi compare « tête de femme » à « tête de diable ». La répétition des mots tête, de, l’emploi de l’antithèse femme diable permet d’établir expressivement la relation de comparaison entre deux membres de l’énoncé proverbial. L’image comparante « tête de femme » et l’image comparée « tête de diable » deviennent plus expressives en présence de la structure binaire rythmique.

Le sens des proverbes à formes nominales dans le proverbe français se construit dans et par relation établie par la structure binaire. La rime et le rythme sont étroitement attachés l’un à l’autre. Ce sont des procédés stylistiques perçus comme caractéristiques du proverbe, comme nous l’avons déjà dit ailleurs. Pourquoi les proverbes ont-ils recours à la structure rimique et à la structure rythmique ? La réponse se trouve dans le mode de diffusion du proverbe. Les proverbes sont une création collective, transmis de génération en génération par voie orale.

Pour faciliter la émorisation, rien n’est plus efficace que la rime et le rythme. Les structures rythmiques et rimiques ont essentiellement une fonction mnémotechnique. En effet, il est plus facile à retenir une structure rythmée qu’une structure non-rythmée. Il existe effectivement des moyens mnémotechniques utilisant des structures rimiques et rythmiques. Cest pourquoi, la rime et le rythme existent dans le trésor de proverbes de toutes les langues du monde. Un proverbe est un énoncé autonome et clos.

Sur ce point, Anscombre écrit : « Un proverbe est clos dans la mesure où il peut à lui tout seul faire l’objet d’une énonciation autosuffisante, e requérant pas d’énonciations antérieures et postérieures pour former un discours complet. Et un proverbe est autonome B3 d’énonciations antérieures et postérieures pour former un discours complet. Et un proverbe est autonome dans la mesure où il ne lui est pas assigné de place fixe dans les discours dans lesquels il apparait » (2000 : 12). Un proverbe est porteur d’un message achevé et complet.

Le sens d’un proverbe est généralement la somme de l’ensemble de ses composantes lexicales et des relations syntaxiques qui s’installent entre elles. Cela explique le fait qu’on puisse toujours comprendre un roverbe qu’on n’a jamais entendu, ou un proverbe en langue étrangère. Un énoncé proverbial est sans rapport déictique avec le moment de l’énonciation. L’énonciation du proverbe implique une sorte de coupure entre l’énoncé et sa situation d’énonciation. Il n’y a pas de trace directe de l’énonciation, il n’y a aucune référence au moi-ici-maintenant. un proverbe peut être introduit dans les discours sous forme de citation. La propriété la plus fondamentalement distinctive du proverbe est de n’avoir d’autre existence dans le discours que cité » (Ollier, 1976 : 331). Dans la même lignée, Greimas note : Au niveau de la langue parlée, les proverbes et les dictons se découpent nettement de l’ensemble de la chaîne par le changement d’intonation : on a l’impression que le locuteur abandonne volontairement sa voix et en emprunte une autre pour proférer un segment de la parole qui ne lui appartient pas en propre, qu’il ne fait que citer. Il appartient aux phonéticiens de préciser en quoi consiste exactement ce changement de ton.

En se laissant guider par la perception, on peut toutefois prétendre qu’un proverbe ou un dicton apparaissent comme des éléments d’un code particulier, ntercalés à l’intérieur de messages échangés éléments d’un code particulier, intercalés à Pintérleur de messages échangés (1960 : 56-57). Quand on utilise un proverbe, on le cite. Traditionnellement, le proverbe est censé s’insérer dans le discours par une tournure du type : « comme on dit », « comme le dit proverbe », « le proverbe dit » indiquant qu’il s’agit d’un énoncé cité et non construit librement. . 3 Les caractéristiques formelles du proverbe Le caractère bien « frappé » du proverbe découle de sa nature phrastique. C’est parce qu’il s’agit d’une structure autonome ffrant un cadre idéal à une structuration stratifiée impliquant plusieurs dimensions à la fois, que le proverbe sert de support à l’étude de la prosodie, de la syntaxe, de la sémantique dans ses deux versions linguistique et pragmatique, et de l’analyse du discours.

Sur le plan prosodique, le proverbe se présente comme un énoncé obéissant à une fixité rythmique qu’on peut ramener à une structure le plus souvent binaire combinant assonances et allitérations appuyées par un « retour périodique d’éléments marqués » (Rodegem 1984 : 122) pouvant avoir la configuration ‘une rime interne. Cette structuration rythmique dépasse aux yeux de certains l’aspect formel pour s’ériger en signification : Meschonnic (1976 : 421 ) parle dans ce sens de « sémantique prosodique h.